Corps ovale à dos élevé et arc ventral prononcé, taille maximale 6 cm
Deux premiers tiers du corps brun foncé, dernier tiers blanc
Dorsale épineuse fortement échancrée
Premier rayon mou des pelviennes avec un long filament
Caudale fourchue avec deux longs filaments au bout de chaque lobe
Two-tone Chromis, half and half Chromis, chocolate dip Chromis (GB)
N.B : ces noms communs et leurs diverses dérivations désignent indifféremment les espèces à livrée brune et blanche du genre Chromis passées en 2021 au genre Pycnochromis, comme P. dimidiatus, P. fieldi, P. hanui, P. iomelas et P. margaritifer.
Randall et DiBattista, les descripteurs de Chromis fieldi en 2013, suggéraient de réserver “half and half Chromis” à Chromis dimidiata (mer Rouge), “two-tone Chromis” à Chromis fieldi (océan Indien) et “chocolate dip Chromis” à Chromis hanui (Hawaï). Les mêmes suggestions valent évidemment pour ces espèces sous leur nouveau nom valide dans le genre Pycnochromis.
Chromis fieldi Randall & DiBattista, 2013
Océan Indien
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique
On peut rencontrer Pycnochromis fieldi dans tout l’océan Indien, depuis les côtes orientales d’Afrique (du sultanat d’Oman au nord de l’Afrique du Sud) jusqu'à Sumatra et aux côtes occidentales d’Australie en passant par les Comores, Madagascar, les Mascareignes*, les Seychelles, les Maldives, le Sri Lanka, les îles Cocos (Keeling) et l’île Christmas.
L’espèce n’est pas présente en mer Rouge, où elle est « remplacée » par P. dimidiatus.
Pycnochromis fieldi se rencontre en milieu corallien dans les lagons* et sur les pentes externes. Elle privilégie les zones non exposées de 1 à 40 mètres de fond.
Description succincte : petit poisson-demoiselle de forme ovale à dos élevé et arc ventral prononcé. La taille maximale est de 6 cm. Le corps est brun gris dans ses deux premiers tiers et blanc, parfois jaunissant, dans le dernier, ces couleurs concernant aussi les nageoires impliquées. La caudale est fourchue et porte deux longs filaments au bout de ses lobes.
Description détaillée :
Le corps est ovale avec un dos élevé et un arc ventral prononcé. Il est comprimé latéralement. Sa hauteur (calculée à l’aplomb de la dorsale épineuse) entre environ 2,3 fois dans sa longueur standard (longueur sans la queue). La taille maximale dépasse rarement 6 cm.
Le corps est bicolore. Il est brun-gris très foncé en partie antérieure et blanc, parfois jaunissant, en partie postérieure. La ligne de démarcation, discrètement convexe, se situe à peu près aux deux tiers du corps : elle relie généralement la base du neuvième ou du dixième rayon dur de la dorsale à l’origine de l’anale ou à son premier rayon dur. Cette ligne a tendance à devenir floue à ses deux extrémités. Les écailles, de grande taille dès l’opercule*, ont une bordure foncée dans la partie brune.
La tête a un profil d’ogive. Elle est relativement petite (elle entre environ 3,2 fois dans la longueur standard). Les yeux sont grands (ils entrent environ 3 fois dans la longueur de la tête) et globuleux. L’iris* est grisâtre à marron, avec un anneau bleu argenté ou doré autour de la pupille. Ils sont situés près de la bouche, qui est petite, oblique, protractile* et présente des lèvres charnues brunes à violacées.
La taille des quatre premiers rayons de la dorsale épineuse augmente progressivement en allant vers l’arrière, les suivants ayant approximativement la même hauteur que le quatrième. La membrane de ces rayons est fortement échancrée. La dorsale molle est courte et déportée vers l’arrière ; ses rayons sont plus longs que les rayons durs.
L’anale est symétrique de la dorsale molle et a à peu près la même forme.
Les pelviennes et les pectorales sont de grande taille. Le premier rayon mou des pelviennes s’achève sur un long filament.
La caudale est fourchue. Les deuxième et troisième rayons principaux, ainsi que les quatorzième et quinzième s’achèvent sur un long filament. Ces rayons sont situés à proximité des rayons extérieurs, autrement dit de la pointe des lobes.
Les couleurs du corps marquent aussi les nageoires. La dorsale molle et l’anale sont donc blanches (avec un liseré bleu électrique), de même que la caudale, mais la partie brune de la dorsale épineuse peut présenter un dégradé de tons gris qui s’éclaircit en progressant vers l’arrière pour devenir blanc avant la ligne de démarcation entre les parties brune et blanche du corps. La partie antérieure de l’extrémité de tout ou partie des rayons durs est bleue. Les pelviennes sont brunes. Les pectorales sont translucides et portent une large tache noire à leur base.
Dans sa distribution, la demoiselle bicolore de Field peut être confondue avec Pycnochromis margaritifer, qui fréquente principalement l’océan Pacifique mais se rencontre aussi dans la limite orientale de la distribution de P. fieldi (l’île Christmas et le nord-ouest de l’Australie). Toutefois, la partie blanche du corps est nettement plus réduite chez P. margaritifer, puisqu’elle ne couvre que le pédoncule caudal et les derniers rayons mous des nageoires dorsale et anale.
Pycnochromis dimidiatus est endémique de la mer Rouge et ne devrait pas faire problème puisque P. fieldi ne fréquente pas sa zone de distribution. Cela dit, la différence visuelle entre les deux espèces est discrète : la ligne de démarcation entre les parties brune et blanche est chez P. dimidiatus plus droite, plus nette à ses deux extrémités, ainsi que légèrement postérieure à ce qu’elle est chez P. fieldi.
L’espèce se nourrit essentiellement de zooplancton*, mais elle peut aussi ingérer des algues filamenteuses.
La biologie de la reproduction n’a pas été étudiée, à notre connaissance, à la date de publication de cette fiche (avril 2023).
Des hybrides entre Pycnochromis fieldi (océan Indien) et P. margaritifer (océan Pacifique) ont été documentés dans les îles Cocos (Keeling) et à l’île Christmas, soit dans la zone de suture entre les deux océans. En revanche, la même étude menée à Socotra, zone de suture entre la mer Rouge et l’océan Indien, n’a trouvé aucun hybride entre P. fieldi et P. dimidiatus (mer Rouge). Les auteurs de l’étude supposent que cette absence est due à l’hydrodynamisme du golfe d’Aden, qui constituerait une barrière environnementale empêchant les deux espèces de se rencontrer.
La demoiselle bicolore de Field ne s’aventure que rarement au-delà de 1 mètre au-dessus du massif corallien qui lui sert d’abri. Elle peut être solitaire, ou former des bancs importants.
La nageoire dorsale comprend 12 rayons durs et 11 à 12 rayons mous, l’anale 2 rayons durs et 12 à 14 rayons mous. Les nageoires pectorales ont 17 rayons (rarement 16). Les pelviennes ont un rayon dur et 5 rayons mous.
La ligne* latérale est interrompue : sa partie antérieure, qui part de l’angle supérieur de l’opercule et longe le profil dorsal, s’arrête à l’aplomb du milieu de la dorsale molle. Elle comprend 17 écailles en forme de tubes. La partie postérieure, qui suit l’axe horizontal du corps sur le pédoncule* caudal, ne comprend que des écailles perforées.
Une étude basée sur des données moléculaires (ADN) montre que le genre Chromis est composé de trois clades* (groupes monophylétiques*) distincts et que ses espèces doivent donc être redistribuées (Tang et al., 2021).
Le premier groupe conserve le nom de genre Chromis, le second rejoint le genre Pycnochromis, et le troisième rejoint le genre Azurina. Chromis fieldi est comprise dans la vingtaine d’espèces de Chromis qui rejoignent le genre Pycnochromis.
Le statut de cette espèce n’est pas évalué par l’UICN*.
Demoiselle bicolore de Field : le nom de « demoiselle bicolore » est usuellement attribué à Pycnochromis dimidiatus depuis l’époque où elle était considérée comme présente dans tout l’océan Indien. La précision « de Field », traduction de l’épithète spécifique latine, permet de distinguer l’espèce de l’océan Indien décrite en 2013 de sa très proche cousine, cantonnée depuis à la mer Rouge.
Pycnochromis : nom de genre formé par les mots grecs [puknos], qui signifie « compact, dense » et [chromis], qui est le nom d'un poisson qu'Aristote décrit dans son Histoire des animaux.
L’espèce-type* est Chromis chromis.
Le genre contient actuellement (avril 2023) 112 espèces acceptées.
fieldi : latinisation du nom de Richard Field, photographe sous-marin et auteur de guides de terrain sur la biodiversité marine des côtes de la péninsule arabique. Les descripteurs précisent qu’ils lui ont dédié l’espèce parce qu’il a été le premier à soupçonner que la population de Chromis dimidiata de l’océan Indien pouvait être une espèce différente de celle de la mer Rouge.
La localité du type* est l’île Maurice.
Numéro d'entrée WoRMS : 1605307
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Famille | Pomacentridae | Pomacentridés | |
Genre | Pycnochromis | ||
Espèce | fieldi |
Demoiselle bicolore
Le nom commun « demoiselle bicolore » est généralement attribué à Pycnochromis dimidiatus, mais il pourrait être donné à Pycnochromis fieldi puisque, sous leur ancien nom de genre, Chromis fieldi a été confondue avec Chromis dimidiata jusqu’en 2013 (les deux espèces, Chromis fieldi et Chromis dimidiata, ont été transférées dans le genre Pycnochromis en 2020).
Pour faire la différence entre ces deux espèces proches, nous ajouterons au nom commun la précision "de Field" pour P. fieldi.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
07/04/2012
Blanc jaunissant
La partie blanche du corps est parfois jaunissante, cette couleur pouvant prendre des proportions variables.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
30/12/2021
Corps comprimé latéralement
Le corps est fortement comprimé latéralement. Cette vue plongeante en atteste.
On y remarque également bien les nageoires pectorales translucides, qui portent une large tache noire à leur base.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
25/12/2021
Toutes voiles dehors
Toutes les nageoires sont bien déployées chez cet individu, qui tente probablement d’impressionner la photographe venue le déranger.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
25/12/2021
Filaments
Les rayons principaux les plus proches des rayons extérieurs de la caudale ornent ses lobes de deux longs filaments qui donnent une certaine élégance à ce poisson.
Le filament qui prolonge le premier rayon mou des pelviennes est plus discret.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
03/03/2012
Bleue ?
Au petit matin, sous un ciel gris et par très petit fond. Cette dominante bleue est probablement liée à la faible luminosité du site, mais elle pourrait aussi être l’effet d’un maintien de la livrée de nuit lié à ces mêmes conditions.
Plage de N'Gouja, Mayotte (976), océan Indien, 3 m
25/10/2021
Toujours proche de son abri
Cette espèce, qu’il s’agisse d’individus solitaires ou en banc, s’aventure rarement au-delà de 1 mètre au-dessus d’un abri corallien.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), océan Indien, 1,5 m, en PMT
10/03/2012
Distribution : à Mayotte
La distribution de l’espèce s’étend à tout l’océan Indien.
Cet individu a été photographié à N'Gouja, au sud-ouest de Mayotte.
Plage de N'Gouja, Mayotte (976), océan Indien, 1 m, en PMT
31/03/2018
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Frédérich B., Fabri G., Lepoint G., Vandewalle P., Parmentier E., 2009, Trophic niches of thirteen damselfishes (Pomacentridae) at the Grand Récif of Toliara, Madagascar, Ichthyological Research, 56, 10-17.
He S., Robitzch V., Hobbs J-P.A., Travers M.J. , Lozano-Cortés D., Berumen M.L., DiBattista J.D., 2019, An examination of introgression and incomplete lineage sorting among three closely related species of chocolate‐dipped damselfish (genus: Chromis), Ecology and Evolution, https://doi.org/10.1002/ECE3.5142
Randall J.E., DiBattista J.D., 2013, A new species of damselfish (Pomacentridae) from the Indian Ocean, aqua, International Journal of Ichthyology, 19, 1, 1-16.
Tang K.L., Stiassny M.L.J., Mayden R.L., DeSalle R., 2021, Systematics of Damselfishes, Ichthyology & Herpetology, 109, 1, 258-318.
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La page de Pycnochromis fieldi dans le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase
Les pages sur Pycnochromis fieldi (à ce jour encore sous l'ancien nom de Chromis fieldi) dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN