Dragon bleu

Pteraeolidia semperi | (Bergh, 1870)

N° 2038

Mer Rouge, océan Indien, ouest Pacifique tropical

Clé d'identification

Corps très allongé pouvant atteindre 15 cm
Coloration très variable, blanche, bleutée, orange, jaune, brune
2 formes : cérates longs et étirés ou cérates courts et recourbés
Tentacules buccaux avec au moins 3 bandes violettes
Extrémité de la queue violette

Noms

Autres noms communs français

Limace à franges

Noms communs internationaux

Blue dragon nudibranch, serpent pteraeolidia, violet pteraeolidia (GB), Dragon azul (E), Schlangen-Fadenschnecke (D), Franjenaakstlak (NL), Khasoufitt (HE)

Synonymes du nom scientifique actuel

Flabellina semperi Bergh, 1870
Flabellina scolopendrella Risbec, 1928

Distribution géographique

Mer Rouge, océan Indien, ouest Pacifique tropical

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

Pteraeolidia semperi est présent en mer Rouge, dans tout l'océan Indien et le Pacifique tropical jusqu'à Hawaï et du sud du Japon à l'Australie (Queensland) et Rapa. Dans la zone DORIS, on le trouve à Mayotte, La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française.

Biotope

Le dragon bleu se rencontre dans les récifs coralliens, de la surface à une trentaine de mètres. La forme "frisée" se rencontre généralement à des profondeurs moins importantes.

Description

Le corps de ce grand éolidien est fin et très allongé, et peut atteindre 15 cm de longueur. La coloration est très variable, du blanc bleuté chez les plus jeunes, au brun marron chez les individus les plus grands et les plus âgés.

De la tête partent 2 très longs tentacules buccaux, fins avec 3 bandes violettes (quelquefois plus), et 2 rhinophores* lamellés, aux extrémités violettes. Une tache est présente sur la tête, en avant de chaque rhinophore.

Le corps porte 2 rangées de paires de papilles (cérates*) dont la taille décroît vers l'extrémité postérieure du pied. L'aspect des cérates peut être différent d'un individu à l'autre. Dans tous les cas, ils sont ramifiés avec 7 à 10 digitations dans la partie antérieure du corps, et seulement 1 à 3 au niveau de la queue. Dans certains cas, les papilles sont très longues, étirées et se chevauchent. Dans d'autres cas, les papilles sont rétractées et recourbées, laissant alors voir le corps entre 2 paires de cérates et donnant l'impression générale d'un animal "frisé". Une ligne claire court sur toute la longueur du corps, mais la plupart du temps elle n'est pas visible car masquée par les cérates. Le dos et les flancs portent des points blancs plus ou moins visibles. L'extrémité de la queue est violette.

Espèces ressemblantes

Jusqu'en 2015, le dragon bleu était connu sous le nom de Pteraeolidia ianthina. Une étude génétique a alors montré qu'il y avait au moins 2 espèces distinctes qui se cachaient sous ce nom. L'espèce indopacifique tropicale est renommé P. semperi (qui était jusqu'alors considéré comme un synonyme) et P. ianthina gardé pour l'espèce décrite par Angas à Sydney en Australie.

P. ianthina se distingue de P. semperi par seulement 2 bandes violettes sur les rhinophores, l'absence de tache blanche sur la tête en avant des rhinophores, des marques violettes ou brunes sur les flancs (au lieu de marques blanches), une taille plus réduite (10 cm au lieu de 15 cm maximum). Enfin c'est une espèce que l'on ne rencontre que dans les eaux tempérérs dans la région du Sydney (New South Wales, Australie).

Les juvéniles, avec leur couleur blanc bleuté et leur petite taille, peuvent facilement être confondus avec d'autres éolidiens du genre Flabellina, Facelina, ou Phyllodesmium. Pteraeolidia semperi s'en différencie principalement par ses longs tentacules buccaux avec plusieurs bandes violettes.

Les rhinophores des espèces du genre Aeolidia sont lisses. Ceux des Pteraeolidia portent des lamelles. Bergh, l'auteur du nom de genre en 1875, a dû prendre en compte ce caractère pour distinguer ce genre d'éolidien.

Les individus adultes, avec un corps très long, une coloration brunâtre et un aspect souvent "frisé" ne ressemblent à aucune autre espèce.

Alimentation

Pteraeolidia semperi adulte se nourrit d'hydraires riches en algues symbiotiques* (zooxanthelles*). Ces hydraires n'ont pas encore été identifiés. Les juvéniles préfèrent les hydraires coloniaux alors que les adultes préfèrent les hydraires solitaires du genre Ralpharia. Cet éolidien est capable d'intégrer et de "cultiver" ces zooxanthelles dans ses propres tissus. Ces algues, comme chez les coraux, en contrepartie de l'abri mais surtout du dioxyde de carbone (et des déchets azotés), lui fournissent des sucres en présence de lumière. Ce phénomène ne suffit pas à nourrir un individu qui doit continuer à chercher sa nourriture, mais lui permettra de tenir quelques jours sans rien consommer. Le développement de ces micro-algues est un processus lent, qui s'amplifie avec le temps, ce qui explique que les jeunes individus soient bleutés (sans zooxanthelles) alors que les individus âgés deviennent bruns, la couleur des zooxanthelles prenant le dessus sur celle de ce nudibranche.

Reproduction - Multiplication

Les individus sont hermaphrodites* et possèdent un orifice génital femelle et un pénis, situés dans la partie antérieure droite du corps. Il faut cependant 2 partenaires pour une fécondation, qui se fait tête bêche. Les pontes, de couleur blanche, sont disposées en un long cordon transparent enroulé en spirale sur le substrat. Il peut y avoir jusqu'à 5 000 œufs par ponte. En Australie, des observations ont montré que les adultes restent environ 2 à 3 semaines autour des pontes, se déplaçant la nuit pour se nourrir. L'éclosion a lieu au bout de 5 jours et les larves* sont planctoniques*.

Vie associée

Comme la plupart des éolidiens, Pteraeolidia semperi recycle les cnidocytes* embryonnaires (les cellules urticantes) des cnidaires qu'elle consomme. Ces cellules sont conservées, intactes, dans des réserves appelées cnidosacs* et situées à l'extrémité des cérates. Elles deviennent ainsi le moyen de défense de l'animal qui s'est approprié ces éléments à son propre usage. Dès lors et eu égard à l'efficacité de cette arme de défense, on ne leur connaît pas vraiment de prédateur.

P. semperi héberge également dans ses tissus des algues symbiotiques, les zooxanthelles. Ces zooxanthelles sont apportées par la nourriture, probablement lors de la phase juvénile car à l'âge adulte, P. semperi se nourrit principalement de tubulaires (Ralpharia sp) qui ne possèdent pas de zooxanthelles. L'assimilation des zooxanthelles commencerait quand P. semperi atteint environ 1,5 cm de long. Les hydraires contenant ces zooxanthelles ne sont pas encore identifiés.

Divers biologie

Les 2 aspects différents du dragon bleu dépendent de leur teneur en zooxanthelles. En effet, quand il y en a très peu, le corps est bleuté et les cérates sont déployés sur le dos. Par contre, quand la quantité de zooxanthelles est importante dans les tissus, la coloration devient brune et surtout, les cérates se contractent, se recourbent et prennent l'aspect d'éventail, ceci afin d'augmenter la surface exposée à la lumière du soleil. Par ce phénomène, le corps entre chaque paire de cérates est découvert lui aussi et exposé également à la lumière, augmentant l'efficacité de la photosynthèse* des zooxanthelles. Du fait de cette dépendance à la lumière, les individus "frisés" riches en zooxanthelles vivent généralement moins profond que les individus qui n'en n'ont pas encore.

P. semperi fait partie de ce que les anglo-saxons appellent des "solar powered sea slugs", c'est à dire des limaces à énergie solaire.

Informations complémentaires

Du fait des cnidocytes présents dans les extrémités des cérates, le contact avec cette espèce peut être douloureux, d'autant plus que les cnidocytes de Pennaria disticha peuvent nous causer de cuisantes brûlures.

Origine des noms

Origine du nom français

Dragon : du fait de sa longueur et des "franges" sur son corps, il fait penser aux dragons chinois lors des fêtes du nouvel an chinois,

bleu : car c'est la couleur la plus commune de cette espèce.

A ne pas confondre avec le nudibranche pélagique* Glaucus atlanticus appelé également dragon bleu.

Origine du nom scientifique

Pteraeolidia : du grec [pteron] = aile et [Aeolis] = fille d'Eole, dieu grec du vent,

semperi: en hommage au Professeur Karl Gottfried Semper, (1832-1893), zoologue allemand. Après une thèse en malacologie, il voyagea dans le Pacifique (Philippines et Micronésie), où il préleva et décrivit de nombreuses espèces marines. Spécialiste des échinodermes, il publia également des travaux sur des mollusques et quelques espèces terrestres.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Facelinidae Facelinidés Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés.
Genre Pteraeolidia
Espèce semperi

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