Corps noir de 80 mm maximum, fin mais plus épais sur la médiane
3 fines lignes marginales. De l'intérieur vers l'extérieur : orange, grise et blanche
2 pseudo-tentacules pointus, noirs à bout blanc, à l'avant
Périphérie du corps généralement ondulée
Ver plat de One Tree, ver plat de l'aube
Dawn flatworm, One Tree Island flatworm (GB)
Proceros hancockanus Collingwood, 1876
Stylochopsis malayensis Collingwood, 1876
Prostheceraeus hancockanus (Collingwood, 1876)
Pseudoceros hancockanus (Collingwood, 1876)
Pseudoceros malayensis (Collingwood, 1876)
Pseudobiceros uniarborensis Newman & Cannon, 1994
Mer Rouge, Indo-Pacifique
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Espèce de la mer Rouge et de l'Indo-Pacifique, depuis les côtes africaines jusqu'à l'Australie orientale, la Papouasie Nouvelle-Guinée et probablement Hawaï. Elle est citée à Mayotte et à La Réunion.
Cette espèce se rencontre généralement en zones détritiques* du platier et sur les éboulis des pentes récifales externes.
Ce ver plat peut atteindre quatre-vingt millimètres de long pour quelques millimètres seulement d'épaisseur. Le corps est généralement noir opaque velouté, voire brun sombre, avec trois bandes marginales assez étroites qui se jouxtent. Depuis la zone centrale noire, on observe donc en allant vers la périphérie :
- une ligne d'un bel orange lumineux
- une ligne gris clair à foncé (probablement la zone centrale noire qui s'estompe)
- une fine marge blanche bien nette.
Néanmoins, cette espèce peut proposer quelques variations de teintes, comme un corps noir semé de mouchetis blancs ou encore un dos semi-transparent à marron clair. Parfois, une ou des zones plus claires sont présentes sur le noir central. Mais dans tous les cas, les bandes marginales restent constantes dans leur organisation.
A l'avant de l'animal, des "pseudo-tentacules", pointus, bien visibles, naissent des replis du corps. Ces extensions en forme d'oreilles de lapin sont noires avec l'apex* blanc et ne montrent pas les trois lignes marginales. Derrière ces pseudo-tentacules, une petite zone triangulaire claire marque la localisation des taches oculaires (ou yeux cérébraux). Le corps de P. uniarborensis est généralement ondulé sur sa périphérie alors que sa médiane présente un peu plus d'épaisseur, formant une arête arrondie.
La partie ventrale est brun-grisâtre avec une périphérie blanchâtre.
Importation : Il est admis depuis 2016 (Bolaños & al.) et en attendant des études moléculaires, que cette espèce est Pseudobiceros hancockanus et que P. uniaborensis est un un synonyme de junior de Pseudobiceros hancockanus (qui, lui ne serait pas celui que l'on croit) ! Cette fiche doit donc être mise à jour.
Les vers plats noirs avec des bandes marginales de couleur peuvent être rassemblés dans un groupe assez large, en nombre d'espèces comme en distribution géographique.
Parmi ces espèces, notons par exemple :
Pseudobiceros hancockanus : anciennement, on considérait que cette espèce était noire, qu'elle possédait une bande marginale orange immédiatement suivie d'une bordure blanche bien visible. Qu'il n'y avait pas de zone intermédiaire grise. Les pseudo-tentacules sont plutôt carrés et bordés de orange. Mais il est possible que cette espèce soit tout autre et doive être renommée.
Pseudobiceros hymanae : il montre une large bande orange marginale et un fin liséré noir externe.
Pseudobiceros gloriosus : le corps noir se dégrade en orange rosé mais la bordure marginale est bordeaux foncé. Pas de blanc périphérique.
Pseudobiceros splendidus : ovale, très aplati, aux bords lobés, il est noir. Les bords du corps sont marqués d'une bande jaune orange et d'un fin liseré noir qui court aussi sur la tranche de l'animal.
Pseudobiceros periculosus : tout noir, avec une simple bande orange marginale, parfois une très fine bordure claire. Pseudo-tentacules carrés bordés de orange.
Pseudoceros periaurantus : cette espèce est noire et ne présente qu'une bordure périphérique orange, sans autre ajout de couleurs.
Pseudoceros lactolimbus : tout noir, il porte une marge blanche dans laquelle se dégrade le noir du corps.
D'autres organisations de couleurs sont également possibles entre les bandes orange, blanches et noires et elles correspondent à d'autres espèces, décrites ou non décrites encore.
Les vers plats, particulièrement les plus colorés, peuvent être au premier abord confondus avec des Opisthobranches (nudibranches notamment, et ordres proches) tout autant bigarrés. En effet, certains nudibranches ont un corps ovoïde et semblent peu épais, à l'instar des vers plats. De plus, les deux plissements des bords à l'avant du corps des vers plats peuvent rappeler la forme des rhinophores* des opisthobranches. C'est le cas aussi de ces vers plats noirs à bordures colorées puisqu'il existe des Mollusques Opisthobranches à robe identique : noire bordée de couleur (Tambja morosa, Dendrodoris nigra, Dendrodoris limbata, Philinopsis gardineri...). Mais cette erreur ne résiste pas à une observation attentive : les vers plats sont extrêmement fins (les nudibranches ne le sont jamais autant), ils n'ont jamais d'organes de la respiration (panache branchial) implantés sur le dos et leur reptation est différente de celle des Opisthobranches.
Tous les Pseudocérotidés sont carnivores, se nourrissant sur des organismes invertébrés, souvent sessiles* comme des spongiaires ou des ascidiacés, mais les Pseudobiceros sont aussi connus pour manger des invertébrés libres comme des gastéropodes ou des crustacés. La nature exacte de ce que mange Pseudobiceros uniarborensis n'est pas connue avec précision, et a fortiori s'il se nourrit exclusivement sur une unique espèce-proie ou si son régime alimentaire est diversifié.
Les Polyclades sont hermaphrodites* avec des systèmes reproductifs mâle et femelle simultanément opérationnels, et conjointement utilisés pour la reproduction sexuée. Les vers plats du genre Pseudobiceros possèdent 2 stylets copulateurs (pénis), situés en partie ventrale. La reproduction ressemble à une sorte de "combat à l'épée" où chacun des protagonistes tente de perforer de ses stylets pointus le corps de son alter ego, et ce afin de lui inoculer sa semence. Dans le genre Pseudobiceros, les vers se présentent face à face, pénis érigés, pour ce "combat de danseurs", où il semble primordial d'accéder à la fonction du mâle.
Les spermatozoïdes* sont bi-flagellés, la fécondation interne. Les larves* ciliées* (la larve caractéristique des Polyclades est appelée larve de Müller, ressemblant parfois à une trochophore*) seront pélagiques* et nageuses, avant métamorphose*.
Les vers plats se reproduisent également par scissiparité*, un fragment de leur corps pouvant se développer et donner un nouveau ver plat complet, clone génétique du parent, qui peut donc lui-même régénérer le fragment manquant.
Comme chez la plupart des Polyclades, le tube digestif de Pseudobiceros uniarborensis comprend une bouche, située vers le milieu du corps, en face ventrale, et un pharynx musculeux, fort ondulé, caractéristique, vers l'avant du corps. Le système excréteur, des proto-néphridies*, est rudimentaire.
Pas d'appareil respiratoire différencié : la respiration est cutanée.
La tache oculaire, organe visuel primitif présent en arrière des pseudo-tentacules et organisé en forme de fer à cheval, est composée d'environ 60 yeux cérébraux (des cellules sensibles à la lumière, reliées au ganglion cérébral). Des zones d'afférences lumineuses sont aussi présentes au niveau des pseudo-tentacules mais compte tenu de la couleur noire de l'animal, elles ne sont pas visibles à l'œil nu.
Les déplacements sont favorisés par un épiderme cilié, avec une densité de cils beaucoup plus forte sur la face ventrale. De puissants muscles dorsaux-ventraux ainsi que circulaires participent également à ces déplacements, permettant même à certains vers plats de "nager" en pleine eau. Pseudobiceros uniarborensis est-il coutumier du fait ?
Il existe parfois une similitude dans les motifs et couleurs entre certains vers plats et certains Opisthobranches, notamment des nudibranches, partageant une même région géographique (ex : Pseudoceros imitatus/Phyllidiella pustulosa ; Pseudoceros goslineri/Platydoris formosa ; Pseudoceros sp. 15/Hypselodoris tryoni ; Pseudoceros laingensis/Goniobranchus aureopurpureus ; Pseudobiceros gloriosus/Dendrodoris arborensis ; Pseudoceros sapphirinus/Philinopsis gardineri... ). Il s'agirait de mimétisme* batésien*, le ver plat imitant la livrée aposématique* d'un animal toxique ou dangereux pour bénéficier de son immunité face aux prédateurs.
Notons que certains vers plats étant également toxiques (raison pour laquelle ils arborent des livrées si colorées destinées à prévenir), ce sont d'autres animaux qui imitent leur robe ! (ex : le juvénile de Platax pinnatus/Pseudoceros periaurantus).
C'est une espèce particulièrement fragile et capable d'autolyse*. Évitons de manipuler ces animaux !
Ver plat de One Tree : adaptation du nom scientifique de l'espèce, laquelle est dédiée à l'île de One Tree, près des côtes est-australiennes. Notre espèce a gardé le nom commun correspondant à son ancien nom : Pseudobiceros uniarborensis, dorénavant considéré comme un synonyme junior de P. hancockanus.
L'autre nom, ver plat de l'aube, provient de l'anglais, dawn flatworm. Il met en avant les couleurs et surtout la luminosité de la ligne orange entre noir et gris, tel un horizon pâle des aurores s'éclairant au lever de soleil.
Pseudobiceros : du latin [pseudo] = faux ; [bi] = deux et [ceros] = cornes. Nom de genre construit par A. Faubel en 1984 à partir du genre Pseudoceros. Si ce dernier évoquait les faux tentacules dans les replis marginaux à l'avant de l'animal, le "bi" vient mettre en avant d'autres "fausses cornes". En effet, les espèces du genre Pseudobiceros possèdent un système de reproduction mâle double, à deux "pénis". Ceux-ci ne sont visibles que durant les phases d'accouplement.
hancockanus : En 1876, Cuthbert Collingwood (chirurgien et zoologiste marin, 1826-1906) avait nommé cette espèce, sous le nom de Proceros Hancockanus, en hommage à Albany Hancock (1806–1873), le naturaliste anglais avec lequel il avait entretenait une correspondance. Collinwood déclare dans "On thirty-one Species of Marine Planarians, collected partly by the late Dr Kelaart, F.L.S., at Trincomalee, and partly by Dr. Collingwood, F.L.S., in the Eastern Seas" : "Cette espèce, j'ai beaucoup de plaisir à la relier au nom de feu M. Albany Hancock, le coadjuteur d'Alder, de qui, bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés, j'ai reçu de nombreuses et aimables lettres jusqu'à approximativement la date de son décès déploré". Hancock est effectivement mort 3 ans avant la description de Collingwood.
On peut estimer le choix de l’épithète assez malheureux (ou risible) pour des anglophones mais Collingwood, vu son argumentaire de 1876, l'a probablement proposé très innocemment...
Origine du nom du nom du synonyme P. uniarborensis :
P. uniarborensis : du latin [uni] = un ; et [arborensis] = lieu de l'arbre. Ce nom évoque One Tree Island (Queensland, Australie), île sur laquelle est implantée depuis 1976, une station de recherche gérée par l'Université de Sydney. C'est Newmann et Collins qui, en 1994,avaient décrit l'espèce sous ce nom. Il s'agit probablement d'une erreur due à la variation de couleurs. Mais des études moléculaires en diront sans doute plus...
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Platyhelminthes | Plathelminthes | Vers plats à symétrie bilatérale, portant des organes des sens simples sur la tête, tube digestif à une seule ouverture ventrale. Nombreuses espèces libres ou parasites. |
Classe | Turbellaria | Turbellariés | Vers plats libres (non parasites) mus par une ciliature ventrale. Tube digestif ramifié qui possède une seule ouverture au centre de la face ventrale. |
Sous-classe | Archoophora | Archoophores | |
Ordre | Polycladida | Polyclades | Turbellariés à intestin très ramifié. Espèces de grande taille. Planaires marines. |
Sous-ordre | Cotylea | Cotylés | Polyclades caractérisés par la présence d’une ventouse ventrale permettant aux vers de se maintenir sur le fond. |
Famille | Pseudocerotidae | Pseudocérotidés | Corps ovale, lisse ou à papilles. Tentacules proéminents formés à partir de la marge. |
Genre | Pseudobiceros | ||
Espèce | hancockanus (ex uniarborensis) |
Ondulations
Le corps forme sur sa périphérie de multiples ondulations où se déroulent les 3 bandes marginales :
- orange lumineux,
- gris et
- blanc.
Sur cette photo, on pourrait avancer que la bande grise correspond en fait à une zone d'éclaircissement de la zone noire centrale.
Archipel d'Alor, Petites îles de la Sonde, Indonésie, 12 m
10/04/2008
Tête
Les replis du corps forment les deux pseudo-tentacules. Ceux-ci sont noirs, avec un apex* blanc. Ils ne portent pas les couleurs des bandes marginales.
Derrière ces pseudo-tentacules, se trouve une petite zone de cellules photosensibles.
Archipel d'Alor, Petites îles de la Sonde, Indonésie, 12 m
10/04/2008
Oreilles de lapin !
Les pseudo-tentacules de cette espèce sont longs, pointus, en forme d'oreilles de lapin.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
30/12/2010
Crête dorsale
Le corps de ce ver plat est plus renflé en sa partie médiane.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
30/12/2010
Très fin et sans organe sur le dos
L'aspect ultra fin et l'absence d'organes différenciés (tel un panache branchial) sur le dos des vers plats permettent de distinguer ces derniers des nudibranches.
Il suffit d'observer...
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 2 m
2006
Mouchetis blancs sur fond noir
Sur cet individu malgache, le dos noir est semé de mouchetis blancs.
Nosy Be, Madagascar, 1 m
07/2009
Zones détritiques et pentes externes
Cette espèce se rencontre généralement en zones détritiques*, sur le platier, et sur les éboulis des pentes récifales externes.
Archipel d'Alor, Petites îles de la Sonde, Indonésie, 12 m
10/04/2008
Caractéristiques de couleurs plus pâles
Rencontré à La Réunion, cet individu est probablement Pseudobiceros uniarborensis. Mais les lignes marginales orange et blanches sont un peu... timides, ce qui rend l'identification de l'espèce un peu moins fiable que dans un cas de motif prototypique.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (974), 1,5 m
30/12/2010
A la Réunion
Ver plat de One Tree surpris sur la côte Ouest de La Réunion.
Les franges sont ici bien marquées, contrairement à la photo précédente, et, avec les mouchetis blancs sur le dos, justifient pleinement son autre nom vernaculaire : ver plat de l'aube.
Lagon de St-Leu, La Réunion, 1m, en PMT
Frédérique & Sébastien VASQUEZ
17/10/2015
En Nouvelle-Calédonie
L'espèce est présente, clairement identifiée, sur "le caillou" !
Nouméa, Nouvelle-Calédonie, 2 m
2006
Rédacteur principal : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Stéphane JAMME
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Bolaños M., Gan B.Q., Ong R.S.L., 2016, First records of pseudocerotid flatworms (Platyhelminthes: Polycladida: Cotylea) from Singapore: A taxonomic report with remarks on colour variation, Raffles Bulletin of Zoology, Supplement 34, 30-169.
Collingwood, 1876, On thirty-one Species of Marine Planarians, collected partly by the late Dr Kelaart, F.L.S., at Trincomalee, and partly by Dr. Collingwood, F.L.S., in the Eastern Seas, The Transactions of the Linnaean Society of London, Second Series, Zoology, 1, 91.
Newman L.J., Cannon L.R.G., 1994, Pseudoceros and Pseudobiceros (Polycladida, Pseudocerotidae) from Eastern Australia and Papua New Guinea, Memoirs of the Queensland Museum, 37, 205–266.
Newman L.J., Cannon L.R.G., 1997, Nine new Pseudobiceros (Platyhelminthes, Polycladida, Pseudocerotidae) from the Indo-Pacific, The Raffles Bulletin of Zoology, 45, 341–368.