Eolidien de 35 à 50 mm en extension
Rhinophores lamellés
Deux bandes brunes sur les rhinophores, palpes et papilles
Papilles dorsales en deux groupes bien espacés
Papilles spéciales au dessus des orifices génitaux
Acanthopsole pselliotes Labbé, 1923
Phidiana pselliotes (Labbé, 1923)
Facelina faurei Barnard, 1927
Rolandia hispanica Pruvot-Fol, 1951
Facelina pselliotes, nom original selon [J. Tardy 1969] et [H. Gantès 1980]
Atlantique, rare en Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Océan Atlantique et Manche : à partir de Roscoff, la Bretagne et le golfe de Gascogne, les côtes cantabriques espagnoles. En Afrique, les côtes marocaines ; l'espèce a été décrite à Dakar.
Elle est rare en Méditerranée. En effet, de rares spécimens ont été trouvés dans la mer de Marmara en Turquie, à Malte et à Grenade en Espagne. Sur les côtes méditerranéennes françaises, les seuls signalements (avec photos) proviennent de Cagnes-sur-mer, dans les Alpes-Maritimes et c'est, pour l'instant, le seul lieu qui semble accueillir cette espèce sur ce littoral.
La faceline de Pruvot-Fol fréquente des fonds rocheux, du niveau des basses mers de vives eaux à 25 mètres environ. Elle ne craint pas les eaux agitées de forts courants ou le ressac.
Grand nudibranche éolidien, mesurant 35 mm au repos et jusqu'à 50 mm en extension. Les palpes labiaux sont longs et effilés, toujours en mouvement quand l'animal est actif, relevés en S au-dessus du mufle au repos. Les rhinophores* portent une trentaine de lamelles. De très nombreux cérates* ou papilles dorsales, en rangées obliques, sont réparties en sept groupes triangulaires le long du dos. Sur le vivant, on ne distingue bien que l'espace entre le premier groupe et les suivants. Le nombre de cérates par groupe diminue d'avant en arrière : 60 environ pour le premier, 30 pour le second, puis 15, 8, 4, 2 et 1.
Les papilles du milieu du dos sont longues, jusqu'à 20 mm en extension, alors que celles des bords sont très courtes, millimétriques. Les papilles sont centrées par une expansion de la glande digestive, brune, qui se prolonge jusqu'au cnidosac* blanc tout à fait à la pointe. En position normale les grandes papilles sont enroulées en crosse, mais si l'animal est inquiété, elles se hérissent et s'agitent activement. Elles peuvent aussi s'automutiler en cas d'agression et repoussent rapidement.
L'orifice génital est situé en arrière du premier groupe de papilles, au bord droit du pied ; il est surmonté d'une lame charnue et de deux papilles spéciales qui jouent un rôle actif lors de la copulation. Ces papilles spéciales sont difficiles à voir en plongée.
Les palpes, les rhinophores, et les papilles dorsales sont rayées de deux bandes ocre-brun opaques, à limites floues, sur un fond bistre plus clair et plus transparent.
Le pied et le dos sont parsemés de multiples points blanc opaque. Les angles antérieurs du pied sont tentaculiformes et repliés en arrière sur l'animal en déplacement. L'extrémité postérieure du pied est effilée et dépasse largement les dernières papilles.
Pruvotfolia pselliotes se nourrit essentiellement d'hydraires de plusieurs genres : Obelia, Kirchenpaueria, Tubularia ou Sertularia.
Les hydraires sont gobés, puis râpés par la radula* et ingérés.
L'espèce semble très vorace. En aquarium, elle est difficile à garder plusieurs jours par manque de nourriture et elle peut être cannibale en cas de disette.
La reproduction a été observée en aquarium par Jean Tardy. Au moment de la copulation, la lame charnue et les deux papilles voisines de l'orifice génital se dilatent et s'allongent perpendiculairement au corps, de 2 et 3 cm. Les couples se forment tête-bèche. Les papilles allongées prennent le corps du partenaire en fourchette, tandis que les lames charnues accolées forment comme un canal qui guide le pénis jusqu'à l'orifice femelle. Pendant la copulation, les papilles dorsales s'enroulent, s'étirent et s'agitent en tous sens. Les corps convulsent violemment, jusqu'à s'arracher du substrat et continuent de se tortiller au bout des lames charnues. L'accouplement dure environ un quart d'heure.
La ponte a lieu deux jours plus tard. Les œufs forment un étroit ruban en spirale très régulière, de 2 à 3 cm de diamètre. Chaque ponte compte de 5 000 à 10 000 œufs.
Ils donnent des larves* véligères pélagiques*.
Pruvotfolia pselliotes a une activité essentiellement nocturne. Le jour, on trouve l’animal caché sous les pierres ou dans de profondes anfractuosités. Il sort la nuit et rampe activement en quête de nourriture ou de partenaire.
On le rencontre en plongée de nuit tout au long de l'année. Il est fréquent dans certains sites rocheux du bassin d'Arcachon.
Il fuit activement la lumière et regagne vite un creux de rocher à l'ombre. Si on le touche, il hérisse ses papilles dorsales instantanément.
Les dents chitineuses de la radula* permettent aux biologistes d'identifier avec certitude les nudibranches. La radula de Pruvotfolia pselliotes est unisériée et porte 20 à 25 dents très robustes.
Comme tous les éolidiens, Pruvotfolia pselliotes est capable de conserver les cnidocystes* embryonnaires de ses proies sans les faire éclater, et de les stocker à l'extrémité de ses cérates* dans un cnidosac*. Ces cellules urticantes fonctionnelles protègent ainsi le nudibranche. Les mouvements actifs des papilles envers un éventuel prédateur ont pour but de les mettre en contact avec celui-ci.
Faceline de Pruvot-fol : nom commun donné par le professeur Nardo Vicente en référence au nom de genre Pruvotfolia et à A. Pruvot-Fol qui avait décrit cet animal sous un autre nom (Rolandia hispanica) en 1951.
Pruvotfolia : ce nom de genre a été donné par Jean Tardy en hommage à Mme Alice Pruvot-Fol (1873-1972), malacologiste française, spécialiste des Mollusques Opisthobranches*, auteure de nombreuses descriptions nouvelles.
pselliotes : du grec [pséllion] = bracelet, anneau. En référence aux deux anneaux blancs des cérates (Labbé 1923).
L'holotype* provient des Traicts du Croisic (44)
Numéro d'entrée WoRMS : 139919
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Facelinidae | Facelinidés | Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés. |
Genre | Pruvotfolia | ||
Espèce | pselliotes |
Pruvotfolia de Bretagne
Espèce de l'ombre, Pruvotfolia est ici au pied d'un surplomb.
Sec de Quelhuit, Ile de Groix (56), 10 m
27/09/2007
Pruvotfolia d'Arcachon
En sortie nocturne, l'espace entre les deux premiers groupes de cérates est bien dégagé.
Chez Hortense, Cap-Ferret, (33), 10 m, de nuit
15/03/1999
Sur une gorgone
Pruvotfolia visite ici une gorgone Lophogorgia sarmentosa. Il n'est pas prouvé qu'elle s'en nourrisse, mais cette limace est tellement vorace... La profondeur importante diminue la luminosité et permet ces rencontres de jour.
Los Pinos, Côte Basque espagnole, 20-25 m
01/09/2007
Vite, aux abris !
Après avoir été dérangée, cette Pruvotfolia se hâte de retourner à l'ombre.
Grand-Banc, Bassin d'Arcachon (33), 2 m
09/05/2007
Sur la Côte Basque
Pruvotfolia se déplace activement et se rencontre sur tous types de supports.
Aroka Tikia, Côte basque (64), 25 m
3O/04/2006
Au Sénégal
Les spécimens africains gardent les mêmes caractères d'identification que ceux d'Europe. Les cérates des bords du dos sont bien plus petits et droits que ceux du centre.
Dakar, Sénégal
31/05/2003
A l'envers sous un surplomb
Le pied montre le détail de ses ponctuations blanches, et les appendices leurs anneaux bruns et bistres.
Karregrant, Ile de Groix (56), 11 m
05/11/2007
Détails de la tête
Détail de l'angle du pied, bien allongé, "tentaculiforme", et d'un palpe labial, avec ses anneaux bruns et clairs.
Pointe du Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 8 m, de nuit
19/08/1998
Détail des rhinophores
Mise au point sur les rhinophores lamellés et les palpes labiaux.
Saint Yves, Arcachon (33), de nuit, 16 m
26/12/2017
Papilles autour des orifices génitaux
On peut relativement bien observer les papilles modifiées autour des orifices génitaux, sur le côté droit de l'animal.
Carantec (29), 17m
01/06/2019
En train de pondre
Dans certaines conditions, les Pruvotfolia ont une activité diurne.
Carantec, La Vieille (22), 23 m
24/05/2009
Ponte de Pruvotfolia
La spirale régulière d'un ruban très fin.
Chez Hortense, Cap-Ferret (33), 10 m
01/11/2002
Distribution : rare en Méditerranée française !
La faceline de Pruvot-Fol est rare en Méditerranée. En effet, jusqu'à il y a peu, les quelques signalements connus provenaient de la mer de Marmara en Turquie, de Malte et de Grenade en Espagne.
Sur les côtes méditerranéennes françaises, le seul lieu qui a ce jour semble accueillir l'espèce est Cagnes-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, où elle a été signalée par deux fois au moins.
Cet individu a été rencontré de nuit, sur le sable cagnois.
Cagnes-sur-Mer (06), 10 m, de nuit
27/07/2022
Rédacteur principal : Michel BARRABES
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Gantès H., 1980, Opisthobranches Arcachon., Thèse Université Bordeaux 1.
Labbé A., 1923, Description sommaire de cinq espèces d'Eolidiens trouvées à la station du Croisic, Bulletin de la Société Zoologique de France , 48(4-5), 265-26.
Pruvot-Fol A., 1951, Etudes des nudibranches de la Méditerranée 2. Archives de Zoologie Expérimentale et Générale. 88, 1-80.
Ortea J. A., Urgorri, V., 1981, Runcina ferruginea Kress 1977, et Pruvotfolia pselliotes (Labbe, 1923) dans les eaux ibériques, Vie et Milieu, 31, 149-151.
Tardy J.P., 1969, Un nouveau genre de nudibranche méconnu des côtes Atlantiques et de la Manche : Pruvotfolia (nov. g.) pselliotes, (Labbe) 1923, Vie et Milieu, 20, 327-346.
La page de Pruvotfolia pselliotes dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN