Faceline de Pruvot-Fol

Pruvotfolia pselliotes | (Labbé, 1923)

N° 797

Atlantique, rare en Méditerranée

Clé d'identification

Eolidien de 35 à 50 mm en extension
Rhinophores lamellés
Deux bandes brunes sur les rhinophores, palpes et papilles
Papilles dorsales en deux groupes bien espacés
Papilles spéciales au dessus des orifices génitaux

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Acanthopsole pselliotes Labbé, 1923
Phidiana pselliotes (Labbé, 1923)
Facelina faurei Barnard, 1927
Rolandia hispanica Pruvot-Fol, 1951
Facelina pselliotes, nom original selon [J. Tardy 1969] et [H. Gantès 1980]

Distribution géographique

Atlantique, rare en Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Océan Atlantique et Manche : à partir de Roscoff, la Bretagne et le golfe de Gascogne, les côtes cantabriques espagnoles. En Afrique, les côtes marocaines ; l'espèce a été décrite à Dakar.
Elle est rare en Méditerranée. En effet, de rares spécimens ont été trouvés dans la mer de Marmara en Turquie, à Malte et à Grenade en Espagne. Sur les côtes méditerranéennes françaises, les seuls signalements (avec photos) proviennent de Cagnes-sur-mer, dans les Alpes-Maritimes et c'est, pour l'instant, le seul lieu qui semble accueillir cette espèce sur ce littoral.

Biotope

La faceline de Pruvot-Fol fréquente des fonds rocheux, du niveau des basses mers de vives eaux à 25 mètres environ. Elle ne craint pas les eaux agitées de forts courants ou le ressac.

Description

Grand nudibranche éolidien, mesurant 35 mm au repos et jusqu'à 50 mm en extension. Les palpes labiaux sont longs et effilés, toujours en mouvement quand l'animal est actif, relevés en S au-dessus du mufle au repos. Les rhinophores* portent une trentaine de lamelles. De très nombreux cérates* ou papilles dorsales, en rangées obliques, sont réparties en sept groupes triangulaires le long du dos. Sur le vivant, on ne distingue bien que l'espace entre le premier groupe et les suivants. Le nombre de cérates par groupe diminue d'avant en arrière : 60 environ pour le premier, 30 pour le second, puis 15, 8, 4, 2 et 1.
Les papilles du milieu du dos sont longues, jusqu'à 20 mm en extension, alors que celles des bords sont très courtes, millimétriques. Les papilles sont centrées par une expansion de la glande digestive, brune, qui se prolonge jusqu'au cnidosac* blanc tout à fait à la pointe. En position normale les grandes papilles sont enroulées en crosse, mais si l'animal est inquiété, elles se hérissent et s'agitent activement. Elles peuvent aussi s'automutiler en cas d'agression et repoussent rapidement.
L'orifice génital est situé en arrière du premier groupe de papilles, au bord droit du pied ; il est surmonté d'une lame charnue et de deux papilles spéciales qui jouent un rôle actif lors de la copulation. Ces papilles spéciales sont difficiles à voir en plongée.
Les palpes, les rhinophores, et les papilles dorsales sont rayées de deux bandes ocre-brun opaques, à limites floues, sur un fond bistre plus clair et plus transparent.
Le pied et le dos sont parsemés de multiples points blanc opaque. Les angles antérieurs du pied sont tentaculiformes et repliés en arrière sur l'animal en déplacement. L'extrémité postérieure du pied est effilée et dépasse largement les dernières papilles.

Espèces ressemblantes

  • Spurilla neapolitana est plus trapue et les papilles dorsales sont toutes de taille voisine au centre du dos comme aux bords. Les rhinophores, les cérates et les palpes ne portent pas de bandes colorées brunes.
  • Facelina bostonensis et Facelina annulicornis ne présentent pas non plus de bandes colorées sur les cérates et les rhinophores.

Alimentation

Pruvotfolia pselliotes se nourrit essentiellement d'hydraires de plusieurs genres : Obelia, Kirchenpaueria, Tubularia ou Sertularia.
Les hydraires sont gobés, puis râpés par la radula* et ingérés.
L'espèce semble très vorace. En aquarium, elle est difficile à garder plusieurs jours par manque de nourriture et elle peut être cannibale en cas de disette.

Reproduction - Multiplication

La reproduction a été observée en aquarium par Jean Tardy. Au moment de la copulation, la lame charnue et les deux papilles voisines de l'orifice génital se dilatent et s'allongent perpendiculairement au corps, de 2 et 3 cm. Les couples se forment tête-bèche. Les papilles allongées prennent le corps du partenaire en fourchette, tandis que les lames charnues accolées forment comme un canal qui guide le pénis jusqu'à l'orifice femelle. Pendant la copulation, les papilles dorsales s'enroulent, s'étirent et s'agitent en tous sens. Les corps convulsent violemment, jusqu'à s'arracher du substrat et continuent de se tortiller au bout des lames charnues. L'accouplement dure environ un quart d'heure.
La ponte a lieu deux jours plus tard. Les œufs forment un étroit ruban en spirale très régulière, de 2 à 3 cm de diamètre. Chaque ponte compte de 5 000 à 10 000 œufs.
Ils donnent des larves* véligères pélagiques*.

Divers biologie

Pruvotfolia pselliotes a une activité essentiellement nocturne. Le jour, on trouve l’animal caché sous les pierres ou dans de profondes anfractuosités. Il sort la nuit et rampe activement en quête de nourriture ou de partenaire.
On le rencontre en plongée de nuit tout au long de l'année. Il est fréquent dans certains sites rocheux du bassin d'Arcachon.
Il fuit activement la lumière et regagne vite un creux de rocher à l'ombre. Si on le touche, il hérisse ses papilles dorsales instantanément.

Les dents chitineuses de la radula* permettent aux biologistes d'identifier avec certitude les nudibranches. La radula de Pruvotfolia pselliotes est unisériée et porte 20 à 25 dents très robustes.

Comme tous les éolidiens, Pruvotfolia pselliotes est capable de conserver les cnidocystes* embryonnaires de ses proies sans les faire éclater, et de les stocker à l'extrémité de ses cérates* dans un cnidosac*. Ces cellules urticantes fonctionnelles protègent ainsi le nudibranche. Les mouvements actifs des papilles envers un éventuel prédateur ont pour but de les mettre en contact avec celui-ci.

Origine des noms

Origine du nom français

Faceline de Pruvot-fol : nom commun donné par le professeur Nardo Vicente en référence au nom de genre Pruvotfolia et à A. Pruvot-Fol qui avait décrit cet animal sous un autre nom (Rolandia hispanica) en 1951.

Origine du nom scientifique

Pruvotfolia : ce nom de genre a été donné par Jean Tardy en hommage à Mme Alice Pruvot-Fol (1873-1972), malacologiste française, spécialiste des Mollusques Opisthobranches*, auteure de nombreuses descriptions nouvelles.

pselliotes : du grec [pséllion] = bracelet, anneau. En référence aux deux anneaux blancs des cérates (Labbé 1923).
L'holotype* provient des Traicts du Croisic (44)

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139919

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Facelinidae Facelinidés Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés.
Genre Pruvotfolia
Espèce pselliotes

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