Croûte jaune crème opaque au contour irrégulier
De 2 à 10 cm de long habituellement
Surface très hispide et chaotique
Petites bulles translucides et treillis de fibres jaunes (non observés si contractée)
Petits fonds sur parois verticales
Prosuberites longispina Topsent, 1893
Suberites longispinus (Topsent, 1893)
Méditerranée et Atlantique proche, Manche Sud-Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Prosuberites longispinus est une éponge présente sur le littoral méditerranéen, en particulier au nord du bassin occidental (éponge commune sur la côte catalane, moins fréquente mais bien présente en Provence, Côte d'Azur et Corse), en Adriatique ainsi que dans les archipels de Macaronésie (Açores, Canaries, Madères) en Atlantique Est. Quelques rares observations sont également reportées de la région de Roscoff (Manche Sud-Ouest).
Cette éponge jaune recouvre les pierres et la roche des petits fonds sur des parois verticales semi-éclairées. Elle est principalement observée de 5 à 20 m avec un maximum de 60 m référencé.
Prosuberites longispinus est une éponge encroûtante au contour très irrégulier, de couleur jaune crémeux opaque et de consistance molle. Sa surface très hispide* et chaotique est couverte de petites protubérances et parfois de plus ou moins nombreuses petites bulles pédonculées formées par une fine membrane translucide également jaune. Un treillis lâche de grosses fibres jaunes est bien visible à la surface sur les éponges bien détendues, en particulier celles qui se couvrent de petites bulles. De discrets réseaux de veines (canaux aquifères* exhalants) convergent vers de petits oscules* rarement observables. Les spécimens contractés (forme de repos ?) ne montrent ni bulles, ni réseaux fibreux, ni oscules, leur surface est lisse avec de nombreux conules* irréguliers et de fins spicules*, répartis de façon peu dense, qui percent la peau. L'éponge jaune crémeux à bulles couvre habituellement des surfaces de 5 à 100 cm² pour une épaisseur de quelques mm.
Notez bien que les "fibres" et les "réseaux fibreux" visibles sont des épaississements de surface et non pas les vraies fibres de spongine* qui sont invisibles à l'œil nu.
Voir "Divers biologie" pour la description microscopique.
Protosuberites rugosus (Topsent, 1893), hispide, jaune ocre, revêtante et plus étendue que Prosuberites longispinus se caractérise par des tylostyles* plus courts (1,2 mm), plus grêles et plus serrés les uns contre les autres. Méditerranée occidentale.
Hymerhabdia typica Topsent, 1892 est fort ressemblante, a priori sans bulles. Tylostyles droits et plus courts : 800 µm de long en moyenne sur 13 µm de large. Distribution similaire.
Halicnemia verticillata (Bowerbank, 1862), jaune citron, forme de petites plaques de 2-3 cm et n'est présente qu'au nord de l'Europe à partir de la Manche.
Comme tous les spongiaires, Prosuberites longispinus est un animal filtreur* microphage* : les cils des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. L'eau entre par les nombreux petits trous (pores inhalants) et sort par les grands trous ou oscules* (pores exhalants). Au passage les cellules ciliées captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.
La reproduction peut être sexuée ou asexuée (bourgeonnement), sans plus de détails pour cette espèce peu étudiée.
Prosuberites longispinus se rencontre parfois associée avec les scyphopolypes de Nausithoe punctata.
Certaines éponges (information confirmée uniquement pour Cacospongia mollior, Dysidea avara et Dysidea fragilis) utilisent les scyphopolypes* de Nausithoe punctata, un scyphozoaire, comme substitut aux fibres squelettiques, réduisant vraisemblablement leurs dépenses métaboliques associées à la construction squelettique (Uriz et al., 1992). Le mutualisme* est avéré en ce que le scyphozoaire profite apparemment d'une protection accrue contre la prédation. Ces éponges possèdent en effet les capacités d'une défense chimique contre des prédateurs. De surcroît, le flux inhalant généré par l'éponge transporte de petites particules susceptibles d'être capturées par le scyphozoaire.
Description microscopique :
Le genre Prosuberites possède de gros spicules (mégasclères*) tous disposés verticalement, têtes en bas, au contact immédiat d'une plaque basale constituée de spongine* et les petits spicules (microsclères*) y sont normalement absents.
Prosuberites longispinus ne possède qu'un type de spicules, des tylostyles* longs et forts, droits ou légèrement courbés, de tailles variables (170 à 2000 µm) les plus longs atteignent environ 2 mm et caractérisent l'espèce, ils dépassent au-dessus de l'éponge et sont responsables de son aspect hispide, ils soutiennent le treillis de fibres de surface. La densité de ces grands spicules est la plupart du temps faible chez cette espèce.
Le rôle des petites bulles jaunes n'est pas connu, leur présence sporadique a été révélée par les auteurs de cette fiche DORIS, à suivre...
Éponge jaune crémeux à bulles est une proposition des auteurs de DORIS.
Prosuberites : du latin [suber] = liège, dérivation peu évidente.
longispinus : longues épines, se réfère aux grands spicules de 2 mm de long, des tylostyles*.
Numéro d'entrée WoRMS : 134252
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Demospongiae | Démosponges | Eponges dont la charpente est constituée de spicules siliceux (différenciés en méga- et microsclères) et de collagène dispersé ou structuré en fibres de spongine. Ovipares ou vivipares, larve typique = parenchymella. |
Ordre | Agelasida | Agélasides | |
Famille | Hymerhabdiidae | Hymerhabdiidés | |
Genre | Prosuberites | ||
Espèce | longispinus |
Éponge jaune pâle hispide, fibreuse, encroûtante et à bulles
La forme des croûtes est très irrégulière avec plusieurs prolongements étroits. Quelques bulles sont visibles en haut.
Arcs del Dui, Estartit, Costa Brava (Espagne), 19 m
18/09/2015
Forme contractée sans bulles
Sur les spécimens contractés (phase de repos ?), l'aspect de surface est lisse avec de nombreux conules irréguliers.
Aragnon, Côte Bleue (13), 14 m
12/08/2015
Surface de la forme contractée
L'aspect de cette éponge, lorsqu'elle est contractée, la seule forme vraiment décrite dans les publications, diffère nettement de sa forme à bulles. Observez les longs spicules peu denses (tylostyles de 2 mm environ) qui percent la surface de l'éponge.
Hotel Pietra, île Rousse, Corse (2B), 14 m
30/07/2015
Éponge des petits fonds semi-éclairés
Prosuberites longispinus en compagnie des autres habitants (éponges, ascidies, algues, bryozoaires, etc.) des petits fonds semi-éclairés.
Estartit, Catalogne espagnole, 12 m
18/09/2015
Forme à bulles à La Ciotat
Spécimen étudié par Jean Vacelet. Il note qu'il y a des tylostyles* courts, mais qui ne sont pas en palissade (cas de l'espèce ressemblante Protosuberites rugosus), et que les grands tylostyles atteignent 2000 µm alors que chez Protosuberites rugosus ils ne dépasseraient pas 1200 µm selon Topsent.
La Ciotat (13), 7 m
05/12/2015
Aux îles de Marseille
Spécimen étudié par Jean Vacelet et confirmé comme Prosuberites longispinus.
Grand Gongloué, archipel de Riou, Marseille (13), 20 m
05/12/2015
Forme à bulles
Jusqu'à la rédaction de cette fiche nous ne savions pas que les Prosuberites faisaient de tels "bourgeons", et leur nature reste incertaine (information de Jean Vacelet).
Arcs del Dui, Estartit, Costa Brava (Espagne), 14 m
18/09/2015
Bien bulleuse en Côte d'Azur
Prosuberites longispinus est plus rarement observée en Côte d'Azur, ici elle nous montre ses belles bulles jaunes.
Finié, Canne (06), 18 m
16/11/2009
Petits oscules discrets
Il est souvent difficile d'observer les oscules (flèches rouges) de cette éponge jaune crémeux.
La Ciotat (13), 23 m
01/11/2015
Petites méduses associées et faux oscules
Prosuberites longispinus se rencontre parfois associée avec les scyphopolypes de Nausithoe punctata, très discrets, ils font croire à de nombreux petits oscules (ou les matérialisent ?).
Arcs del Dui, Estartit, côte catalane (Espagne), 18 m
18/09/2015
Prosuberites longispinus avec Nausithoe punctata
L'association avec Nausithoe punctata est bien visible ici ainsi que les deux aspects de cette éponge, détendu (bulles et réseaux visibles) à gauche et contracté à droite.
Le Mugel, La Ciotat (13)
11/11/2015
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Jean-Pierre MIQUEL
Correcteur : Jean VACELET
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Topsent E., 1893c, Nouvelle série de diagnoses d'éponges de Roscoff et de Banyuls, Archives de Zoologie expérimentale et générale, 1 , 33-43
La page de Prosuberites longispinus sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Prosuberites longispinus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN