Palourde rose

Polititapes rhomboides | (Pennant, 1777)

N° 3426

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Coquille robuste, équivalve et inéquilatérale
Umbo décalé vers la partie antérieure
Taille moyenne entre 40 et 50 mm
Coquille rose sur fond crème présentant fréquemment des motifs en zigzags
Intérieur de la coquille de couleur blanc à blanc crème
Tache très nette de couleur rose
3 dents cardinales sur chaque valve
Sinus palléal peu profond et cunéiforme

Noms

Autres noms communs français

Palourde losangique, clovisse losangée, palourde des Glénan, palourde d’eau profonde, palourde rhomboïde, vénérupe

Noms communs internationaux

Banded carpet shell (GB), Almeja rubia, almeja chocha (E), Roze venusschelp, gladde tapijtschelp, gevlamde tapijtschelp (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Venus rhomboides Pennant, 1777
Paphia rhomboides
(Pennant, 1777)
Tapes rhomboides
(Pennant, 1777)
Venerupis rhomboides
(Pennant, 1777)
Cuneus fasciatus
da Costa, 1778
Venus sanguinolenta
Gmelin, 1791
Venus longone
Olivi, 1792
Venus sarniensis
Turton, 1822
Venus virago
Lovén, 1846
Venus innominata
Danilo & Sandri, 1856
Tapes edulis
Römer, 1864
Tapes virgineus (Linnaeus, 1767) sensu Jeffreys, 1864
Tapes virgineus var. elongata Jeffreys, 1864
Tapes lepidulus Locard, 1886

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Cette palourde est très commune en mer du Nord, en Manche et en Atlantique Nord-Est où elle est recensée de la Norvège au nord jusqu’aux côtes marocaines au sud. Elle est plus rare en Méditerranée.

Biotope

La palourde rose vit enfouie dans le sédiment. Ubiquiste*, on peut la trouver aussi bien dans les sables grossiers plus ou moins vaseux, le sable coquillier, les fonds de graviers ou le faciès* du maërl. Présente de l’étage infralittoral* inférieur jusqu’à 180 m de profondeur environ, c’est cependant dans les 50 premiers mètres que sa densité est la plus importante.

Description

Polititapes rhomboides possède une coquille robuste, équivalve* et inéquilatérale*. Sa forme est fluctuante d'un individu à l'autre : plus ou moins triangulaire, ovalaire ou rhomboïde. Le sommet ou umbo* est décalé vers la partie antérieure.

La coquille mesure généralement entre 40 et 50 mm mais peut atteindre 65 à 70 mm au maximun. Elle est rose sur fond crème et présente fréquemment de nombreux dessins en zigzags plus sombres, bruns ou rouge-brun. La coquille toujours luisante possède de nombreuses stries de croissance concentriques bien marquées. La marge ventrale est lisse. On remarque à peine le périostracum* qui est fin et lisse. Sur la face dorsale, le ligament externe bien visible est allongé, sa structure cornée permet, grâce à son élasticité, l’ouverture de la coquille. De l’autre côté du crochet, la lunule* est allongée, lancéolée* et présente de fines stries radiaires ; sa couleur est foncée.

L'intérieur de la coquille est de couleur blanc à blanc crème et est ornée d’une grande tache très nette de couleur rose ou orangée située près de la charnière. On dénombre 3 dents cardinales sur chaque valve : la dent centrale dans la valve gauche et la centrale et la postérieure dans la valve droite sont bifides. Il n’y a pas de dents latérales. Les empreintes des muscles adducteurs et le sinus palléal sont bien visibles. Ce dernier est peu profond et cunéiforme*. L'intervalle entre son bord ventral et la ligne palléale est étroit.

Espèces ressemblantes

Polititapes aureus (Gmelin, 1791) : la couleur externe de la coquille est nuancée de blanc crème, d'ocre et de brun. La couleur interne tend vers un jaune d’or caractéristique de l'espèce. Sa taille est nettement plus petite : 25 à 35 mm en moyenne.

Ruditapes decussatus (Linnaeus, 1758) : la palourde croisée est plus grande, jusqu'à 80 mm de longueur, plus trapue et possède des stries de croissances concentriques et rayonnantes bien marquées lui donnant un aspect quadrillé. Le sinus palléal est plus profond.

Venerupis corrugata (Gmelin, 1791) : plus petite (entre 4 et 5 cm), elle possède des stries concentriques et rayonnantes. Sa coloration est blanc-crème.

Alimentation

Cet animal microphage* suspensivore* filtre, grâce aux deux siphons qui affleurent à la surface du sédiment, le plancton* pour en extraire les particules alimentaires (matières organiques ou végétales) dont il se nourrit. Il établit un courant d'eau : l'eau pénètre par le siphon inhalant, puis après filtration, est rejetée par le siphon exhalant.

Reproduction - Multiplication

C’est une espèce gonochorique* sans dimorphisme* sexuel. Les gamètes* mâles et femelles sont expulsés dans le milieu extérieur par le siphon exhalant. La fécondation a lieu dans l’eau de mer et donne naissance à une larve* pélagique* dont la durée de vie est de l’ordre de 3 à 4 semaines. En fonction de la température de l’eau la ponte a lieu toute l’année avec une période culminante l’été quand l’eau est la plus chaude. Les larves se posent ensuite sur le fond et adoptent une vie benthique*. A ce stade, la jeune palourde mesure 0,5 mm.

La maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 2 ans. On estime la durée de vie de cette palourde à une dizaine d’années. Sa croissance est assez rapide surtout dans les 4 premières années puisqu’elle passe durant cette période de 0,5 à 40 millimètres.

Divers biologie

Bien que sa chair soit moins goûteuse que ses consœurs Ruditapes decussata ou R. philippinarum, cette espèce comestible est surtout commercialisée dans les régions où elle est très commune comme le golfe normano-breton.
Elle est consommée essentiellement crue, cuite à la vapeur, au four avec du beurre, de l’ail et du persil ou en marinière.

Elle est capturée à l’aide de dragues par les pêcheurs professionnels et l’on estime sa production annuelle à 1 500 tonnes. Le pêcheur plaisancier n’aura besoin que d’une cuillère, d’une pelle triangulaire ou d’une griffe à dents pour l’extraire du sédiment lors des grandes marées de vive-eau. Selon les régions la quantité maximale par pêcheur et par jour est limitée à 100 ou 150 individus (2 à 3 kg).

Cette clovisse, très variable d’aspect et de couleur, a donné lieu à de nombreux noms de variétés ou de formes qui n’ont aucune valeur scientifique : elongata (allongée), edulis (comestible), lepidula (élégante), albida (blanche), minor (de petite taille), major (de grande taille), depressa (qui vit en profondeur), lutea (de couleur jaune), etc.

Statuts de conservation et réglementations diverses

En mer du Nord, en Manche et en Atlantique Nord-Est (côtes françaises) sa taille minimum de récolte est de 4 cm pour la pêche de loisir selon l’arrêté du 26 octobre 2012, consolidé au 19 septembre 2017, article 6, annexe I1. En Méditerranée elle est de 3 cm (comme les autres palourdes Polititapes spp. et Venerupis spp.) selon le même arrêté, annexe I2.

On notera que la réglementation européenne est moins restrictive. En effet le Conseil de l’Union Européenne définit que la taille minimale de pêche pour les professionnels est de 25 mm pour les vénéridés (Venerupis spp. au sens large). Ces dispositions apparaissent dans le règlement (CE) n° 1967/2006 (Annexe III) du Conseil du 21 décembre 2006 concernant des mesures de gestion pour l'exploitation durable des ressources halieutiques en Méditerranée.

Origine des noms

Origine du nom français

Palourde : ce mot, apparu dans la langue française au XVIe siècle, vient du latin "peloris" qui désigne un gros coquillage.

rose : couleur la plus fréquente de la coquille de ce bivalve.

Origine du nom scientifique

Polititapes : du latin [politus] = lisse, brillant et [tapes]= tapis, tapisserie. La coquille de cette espèce est brillante et les dessins en zigzags peuvent faire penser à un décor de tapisserie.

rhomboides : mot latin signifiant en forme de rhombe, de losange. La coquille a plus ou moins la forme de ce quadrilatère.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire.
Sous-classe Heterodonta Hétérodontes Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis.
Ordre Venerida Vénérides

Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe.

Famille Veneridae Vénéridés Coquille équivalve pour la plupart des espèces. De forme ronde, ovale ou encore oblongue. Ecusson distinct, présence de stries concentriques et parfois d’éléments rayonnants
Genre Polititapes
Espèce rhomboides

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