Plagioécie-assiette

Plagioecia patina | (Lamarck, 1816)

N° 1791

Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest (?), Méditerranée occidentale, Pacifique Nord-Est (?)

Clé d'identification

Petit bryozoaire encroûtant, discoïdal de 4 à 10 mm de diamètre
Partie périphérique de la colonie extrêmement fine, large, dépourvue de zoïdes
Colonies de couleur blanche
Zoïdes tubulaires, rayonnants depuis le centre de la colonie et disposés en quinconce

Noms

Autres noms communs français

Diastopore-plat

Synonymes du nom scientifique actuel

Tubulipora patina Lamarck, 1816
Berenicea patina (Lamarck, 1816)
Diastopora patina (Lamarck, 1816)

Distribution géographique

Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest (?), Méditerranée occidentale, Pacifique Nord-Est (?)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Plagioecia patina est une espèce nordique que l'on retrouve depuis l'Arctique jusqu'au Portugal et dans la Méditerranée occidentale et l'Adriatique. Elle est décrite des côtes d'Amérique du Nord, côté Pacifique et Atlantique mais il semble qu'il ne s'agirait pas de P. patina mais d'une espèce proche.

Biotope

La plagioécie-assiette se développe sur tous les substrats* durs (coquilles de bivalves, autres bryozoaires, rhizomes de posidonies, substrats artificiels, etc., mais rarement sur les algues), de la surface à une centaine de mètres de profondeur, peut-être plus.

En Méditerranée, elle sera observée plutôt profond (8 à 75 m) alors qu'en Atlantique/Manche, elle peut être abondante sous les pierres restant immergées dans les flaques de l’estran* (jamais hors d’eau).

Description

Plagioecia patina est un petit bryozoaire encroûtant, discoïdal, de 4 à plus de 10 mm de diamètre et fixé au substrat*, le plus souvent uniquement par sa partie centrale. La partie périphérique de la colonie est extrêmement fine mais large, presque transparente et dépourvue de zoïdes*. Parfois, cette lame mince se décolle du substrat pour former une collerette. Les colonies sont de couleur blanche, parfois teintées de vert ou de rouge. Les zoïdes sont tubulaires, rayonnants depuis le centre de la colonie et disposés en quinconce. Dans les colonies les plus recourbées, en forme de coupe, les zoïdes les plus externes sont redressés. Une ou plusieurs générations successives (colonies filles) peuvent se développer en périphérie et former de large plaques.

Espèces ressemblantes

Patinella radiata présente également des colonies circulaires, avec une zone périphérique dépourvue de zoïdes (lame marginale) proportionnellement bien plus large. Les zoïdes sont disposés en rangées rayonnantes bien plus régulières.

Plagioecia sarniensis a une forme moins discoïdale, irrégulière, une zone périphérique dépourvue de zoïdes étroite et la membrane péristomiale* est percée d'un tubule.

Alimentation

Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et particules organiques sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).

Reproduction - Multiplication

Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans des chambres spéciales, les gonozoïdes*. Les embryons sont observés entre juin et août en Manche, en juin en Adriatique. Les larves* sont libres, nageuses et assurent la dissémination spatiale de l'espèce. Au bout d'un certain temps, elles se fixent sur un substrat* dur et libre et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.

Chaque ancestrule (de 0,4 à 0,8 mm de longueur) forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie. Cela s'accompagne d'une spécialisation de certains individus au sein de la colonie : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes*, gonozoïdes...).
La croissance des jeunes colonies est rapide, circulaire, avec des zoïdes bourgeonnants de façon radiante à partir du centre. Les nouveaux zoïdes ne se forment qu'à partir de la zone de croissance périphérique.

Il n'est pas rare que les larves se fixent très près de la colonie mère et forment alors des zones d'agrégations de quelques centimètres carrés. De même, il peut y avoir des implantations de colonies filles au niveau de la mince lame périphérique des grandes colonies mères.

Vie associée

C'est le bryozoaire épibionte* le plus commun de Cellaria spp., un genre de bryozoaires érigés dont, par exemple, Cellaria sinuosa fait partie. Dans ce cas Plagioecia patina n’adhère aux fines branches du Cellaria que par sa partie centrale et prend la forme d’un disque relativement plat (voir photos).

Divers biologie

Description microscopique :
- colonie encroûtante discoïdale ;
- autozoïdes* tubulaires, courts, couchés, disposés en séries rayonnantes en quinconce. Dans les colonies très recourbées, prenant alors une forme de coupe, les zoïdes les plus distaux peuvent être dressés. Les nouveaux autozoïdes ne se forment qu'à partir de la zone de croissance périphérique où il sont relativement serrés les uns aux autres et en lignes radiantes relativement régulières. Les autozoïdes plus anciens développent des péristomes* isolés, courts à longs, et en couronne à l’alignement imparfait. Les plus vieux autozoïdes, ceux du centre de la colonie, sont souvent courts et obstrués par une fine membrane (diaphragme) terminale percée de 10 à 20 pseudopores (pores bouchés par des formations calcifiées) mais sans tubule central ;
- distance entre 2 péristomes : 0,1 à 0,3 mm ;
- aperture* (ouverture primaire par où sort le lophophore) ovale, diamètre des apertures : 0,10 à 0,15 mm ;
- gonozoïdes* (0,6 à 1,1 mm de largeur sur 1,5 à 3,1 mm de longueur en Adriatique), ou zone d'incubation, plus larges que longs, situés vers la périphérie des colonies et parallèles à la marge. Ces zones d'incubation sont micro-perforées, bien gonflées, ouvertes sur l'extérieur par un pore (ooéciopore*) lui-même caréné* par un tube calcaire (ooéciostome*) dont la forme est caractéristique de l'espèce. Chez Plagioecia patina, il peut y avoir une large chambre incubatrice pourvue de nombreux ooéciostomes, ou plusieurs petites chambres incubatrices isolées ;
- ooéciostomes fins, de 0,2 mm de longueur pour 0,1 mm de diamètre, dressés ou légèrement courbes, situés sur le bord marginal du gonozoïde ;
- lame périphérique dépourvue de zoïdes, large, lisse, avec des crêtes rayonnantes ;
- lophophores avec 8 (ou 10 suivant les auteurs... ) tentacules*, autozoïdes anciens du centre souvent sans lophophore fonctionnel.

Origine des noms

Origine du nom français

Plagioécie-assiette est une proposition du site DORIS et caractérise l'aspect des colonies.

Origine du nom scientifique

Plagioecia : du grec [plagios] = oblique et [oekia] = maison, habitation, dans le sens de zoécies* (= zoïdes) obliques.

patina : du latin [patina] = plat creux et fait référence à la forme de la colonie.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 111719

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Stenolaemata Sténolèmes Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides.
Ordre Cyclostomatida Cyclostomes Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents.
Sous-ordre Tubuliporina Tubuliporinés Zoécies tubuleuses, disposées sur la face frontale des rameaux ou des lobes, en une file unisériée ou en plusieurs séries placées côte à côte très régulièrement.
Famille Plagioeciidae Plagioeciidés Zoécies tubulaires en cercle ou série mais toujours bien séparés les unes des autres, gonozoïde percé par plusieurs tubes péristomiaux, diaphragme (membrane calcifiée obturant le péristome) portant un petit tube centrale.
Genre Plagioecia
Espèce patina

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