Plagioécie de Guernesey

Plagioecia sarniensis | (Norman, 1864)

N° 1874

Méditerranée, Atlantique Nord-Est et Est (cosmopolite ?)

Clé d'identification

Plaque blanc opaque, adhérente et fine
Plaque au contour arrondi irrégulier
Fine et étroite lame périphérique sans zoïde
Petits tubes (péristomes*) de 1 mm de hauteur irrégulièrement alignés
Taille jusqu'à plus de 20 mm de diamètre

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Diastopora sarniensis Norman, 1864
Berenicea sarniensis (Norman, 1864)

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Nord-Est et Est (cosmopolite ?)

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Plagioecia sarniensis se rencontre en Atlantique est du sud des îles Britanniques à l'Angola et en Méditerranée jusqu'en Adriatique et en mer Égée vers l'est. Elle est commune autour des îles Anglo-Normandes (Guernesey, Jersey, Chausey, ...) et dans le golfe de Saint Malo.

Des observations de ce qui semble être la même espèce ont été faites en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans le Pacifique Nord-Est, mais on peut s'interroger sur la répartition cosmopolite de cette espèce ou plus certainement sur la confusion avec des espèces sœurs.

Biotope

Plagioecia sarniensis est une espèce qui s'installe sur ou sous les pierres et les coquilles vides. Absente de l'estran*, elle se rencontre à partir des zones toujours immergées, dès les premiers mètres et jusqu'à au moins 80 mètres en Méditerranée occidentale.

Description

Plagioecia sarniensis forme des colonies blanc opaque, fines, plates, le plus souvent complètement encroûtantes (sans pédoncule* mais avec occasionnellement un bord relevé), irrégulièrement discoïdales et bordées d'une fine lame calcaire marginale translucide et étroite. La taille de ces plaques peut aller jusqu'à plus de 20 mm de diamètre. Parfois des colonies filles se développent à la périphérie de la colonie mère et finissent par fusionner par leur marge et peuvent ainsi former ensemble des plaques étendues semblant multilobées.
Les autozoïdes* bourgeonnent en continu uniquement dans la zone de croissance périphérique donnant un aspect alvéolé à cette zone située juste avant la fine lame calcifiée bordant les colonies. Les zoécies* plus âgées développent des péristomes* érigés de 1 mm de hauteur ou un peu plus. Les péristomes sont isolés les uns des autres, organisés en quinconce ou irrégulièrement alternés avec ici où là quelques courtes séries plus régulières.

Voir la suite de la description microscopique dans la rubrique "Divers biologie".

Espèces ressemblantes

Diplosolen obesia peut être facilement confondu in situ avec Plagioecia sarniensis, mais cette espèce forme des plaques plus petites (moins de 10 mm le plus souvent), se caractérise par la présence de nanozoïdes en nombre égal et alternés avec les autozoïdes, montre des péristomes autozoïdaux plus petits et des gonozoïdes* plus petits, arrondis et bien visibles.

Plagioecia patina forme des disques de 4 à 10 mm de diamètre plus réguliers, parfois complètement plats et adhérents ou en forme de coupe plus ou moins profondes et dans ce cas rattachés uniquement par un pédoncule basal. Les péristomes sont souvent très courts, sauf en périphérie dans les colonies en forme de coupe profonde.

Alimentation

Comme tous les bryozoaires, c'est un filtreur suspensivore* microphage*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et particules organiques sont la base de l'alimentation des bryozoaires. Les cils des lophophores* sont capables de créer des micro-courants permettant l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore (dont les fonctions sont aussi celles de respiration et de nettoyage de la colonie).

Reproduction - Multiplication

Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce.
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*.
La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans des chambres spéciales allongées, les gonozoïdes*, situées pour Plagioecia sarniensis en périphérie de la colonie. Les larves* sont libres, nageuses et assurent la dissémination spatiale de l'espèce. Au bout d'un certain temps, elles se fixent sur un substrat* dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules*.
Chaque ancestrule forme une nouvelle colonie (reproduction asexuée) par bourgeonnement*, qui assure la croissance de la colonie. Cela s'accompagne d'une spécialisation de certains individus au sein de la colonie : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes*, nanozoïdes*, gonozoïdes...).

Divers biologie

Les péristomes* finement striés perpendiculairement présentent habituellement deux légères pointes et sont orientés de façon centripète (oblique en direction de l'extérieur du disque). Les autozoïdes* âgés, donc ceux vers le centre, sont obturés par une membrane perforée en son centre ou légèrement plus à la périphérie (en distal), par un pore chapeauté d'une extension en forme d’entonnoir à l'envers. Ce petit tube est assimilé à un nanozoïde* (zoïde nain) secondaire, il est muni d'un petit tentacule* non cilié dont la fonction est inconnue.
De rares nanozoïdes bourgeonnent parfois au niveau de la marge de croissance de la colonie, leur taille est similaire aux entonnoirs inversés émergeant des autozoides obturés par un diaphragme. Leur taille est d'un quart celle des péristomes des autozoïdes.
Les gonozoïdes* avec de larges et proéminentes chambres incubatrices sont placés de façon parallèle à la marge de la colonie. Ils entourent plusieurs péristomes autozoïdaux. Les ooéciostomes* se situent près du bord marginal du gonozoïde, ils sont courts, recourbés en proximal et plus fins que les péristomes autozoïdaux.
Toutes les surfaces frontales, hormis la partie terminale des tubes péristomiaux, sont finement et régulièrement perforés de petits pseudopores (pores obstrués par des calcifications). Sur les gonozoïdes les pseudopores sont plus densément répartis.

Notions de tailles :
- distance entre deux péristomes 0,2 à 0,3 mm ;
- gonozoide de 0,5 mm de largeur sur 1 à 1,5 mm de longueur ;
- aperture* des autozoïdes de 0,08 à 0,15 mm de diamètre.

Origine des noms

Origine du nom français

Plagioécie de Guernesey est une proposition du site DORIS et une traduction du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Plagioecia : du grec [plagios] = oblique et [oekia] = maison, habitation, dans le sens de zoécies* (= zoïdes) obliques.

sarniensis : de Sarnia, ancien nom romain de l'île de Guernesey où ont sans doute été décrits les premiers spécimens de cette espèce.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 111721

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Bryozoa / Ectoprocta Bryozoaires / Ectoproctes Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette.
Classe Stenolaemata Sténolèmes Leur lophophore est cylindrique, les zoïdes sont bien calcifiés et ils sont majoritairement marins. La classe des Stenolaemata est constituée d’un seul ordre vivant (et de trois fossiles) : l’ordre des Cyclostomatida ou cyclostomes qui sont formés d’un assemblage de tubes rigides.
Ordre Cyclostomatida Cyclostomes Tous marins. Les zoïdes sont tubulaires avec des parois calcifiées qui peuvent fusionner avec celles des zoïdes adjacents.
Sous-ordre Tubuliporina Tubuliporinés Zoécies tubuleuses, disposées sur la face frontale des rameaux ou des lobes, en une file unisériée ou en plusieurs séries placées côte à côte très régulièrement.
Famille Plagioeciidae Plagioeciidés Zoécies tubulaires en cercle ou série mais toujours bien séparés les unes des autres, gonozoïde percé par plusieurs tubes péristomiaux, diaphragme (membrane calcifiée obturant le péristome) portant un petit tube centrale.
Genre Plagioecia
Espèce sarniensis

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