Pholade

Pholas dactylus | Linnaeus, 1758

N° 1430

Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Coquille équivalve blanche ornée de côtes concentriques et rayonnées
Valves bâillantes des deux côtés, profil très allongé
Côté antérieur rostré et présentant une excroissance cloisonnée
Présence de quatre plaques dorsales accessoires

Noms

Autres noms communs français

Pholade commune, grande pholade, datte de mer, gite, aile d'ange

Noms communs internationaux

Common piddock, dail-gite (GB), Folade, dattero bianco (I), Barrena, almeja brava (E), Gemeine (grosse) Bohrmuschel, Dattelmuschel (D), Gewone boormossel, pholade (NL), Taralhao (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Pholas muricata (da Costa, 1778)
Pholas hians (Solander, 1786)
Hypogaea verrucosa (Poli, 1795)
Pholas callosa (Cuvier, 1817)
Pholas dactylus var. decurata (Jeffreys, 1865)
Pholas edwardsi (Monteroso, 1878)
Pholas dactylina (Locard, 1886)

Distribution géographique

Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

La pholade commune est présente en Atlantique Nord-Est du sud des îles Britanniques jusqu'au Maroc. Elle est présente également (mais plus rarement) en Méditerranée et en mer Noire.

Biotope

Pholas dactylus est une espèce marine qui fore la roche tendre, y creuse des galeries dans lesquelles elle vit. On la rencontre jusqu'à 20 mètres de profondeur dans divers substrats comme les roches calcaires tendres, la glaise, la tourbe, l'argile, le grès, etc... Alors, seuls ses siphons qui dépassent sont visibles.

Description

La pholade sera en principe rarement observée par le plongeur, à cause de son mode de vie (voir biotope).
Seuls seront visibles, en général, ses deux siphons collés sur toute leur longueur, de couleur ivoire et qui peuvent mesurer jusqu'à deux fois la longueur de la coquille. Le manteau de ce mollusque présente, de nuit, une luminescence bleu vert.

Le plus souvent, on n'observera que les valves de l'animal dans la laisse de mer.

La coquille de la pholade commune est composée de deux valves de taille égale (coquille dite équivalve*), mais d'aspect différent (coquille dite inéquilatérale*). Elle est fine, fragile, blanche, de forme elliptique et très allongée : sa taille atteint jusqu'à 120 mm, rarement 150. La partie antérieure de la coquille est renflée tandis que sa partie opposée est plus lisse.
Elle « bâille » nettement des deux côtés mais davantage du côté antérieur, qui est aussi rostré (il évoque un bec de dauphin), ce qui permet de différencier facilement Pholas dactylus des espèces proches.
La surface des valves est sculptée de côtes concentriques saillantes correspondant aux lignes de croissance. Sur le côté antérieur apparaissent également des lignes rayonnantes concentrées et ornées de petites épines, évoquant ainsi la surface d'une lime.
Quatre petites plaques calcaires accessoires sont visibles du côté dorsal quand l'animal est vivant.
L'umbo* présente sur l'extérieur de chaque valve une petite structure calcaire allongée (réflexion umbonale) et séparée de la partie principale par un espace cloisonné, qui a un rôle de renfort.
La face intérieure de chaque valve montre sur l'empreinte du sinus palléal* la présence de trois muscles : deux adducteurs et un abducteur.
On y distingue nettement une apophyse* en forme de doigt crochu permettant l'insertion des muscles pédieux.

Espèces ressemblantes

Barnea candida Linnaeus, 1758, la pholade blanche, mesure jusqu'à 60 mm. Elle se rencontre dans des substrats tendres comme les craies (Manche, mer du Nord, Baltique, Atlantique et Méditerranée). Petit repli sur l'umbo à la place de la structure calcaire externe. Une seule plaque accessoire.

Barnea parva
(Pennant, 1777) mesure jusqu'à 40 mm. Les lignes concentriques sont plus denses et les lignes rayonnantes sont moins marquées. Des îles Britanniques jusqu'en Méditerranée.

Zirfaea crispata
(Linnaeus, 1776), la grande pholade rugueuse, mesure jusqu'à 80 mm. Cette pholade est crépue ou rugueuse, trapue et encore plus bâillante. Cette espèce présente un sillon reliant les umbos au bord ventral. Manche, mer du Nord, ouest de la Baltique et Atlantique.

Petricola pholadiformis
Lamarck, 1818, la fausse pholade, est une espèce qui a été introduite en mer du Nord. Même si elle ressemble davantage à Barnea candida, la ressemblance est importante et le risque de confusion existe, mais on n'observe ni pièce calcaire extérieure, ni repli, ni apophyse.

Alimentation

La pholade commune est un mollusque filtreur. Elle possède deux siphons, l'un inhalant pour la capture d'organismes planctoniques et l'autre exhalant, pour le rejet des déchets.

Reproduction - Multiplication

La pholade est une espèce gonochorique*, c'est-à-dire que les sexes sont séparés : il y a des individus mâles et des individus femelles. L'émission des gamètes* et la fécondation se font en pleine eau entre juin et août. S'ensuit un stade larvaire (larve véligère*) puis fixation grâce à un byssus* sur le substrat. Celui-ci disparaît dès que la coquille a atteint une certaine solidité et que le mollusque débute son forage.

Son espérance de vie est de 14 ans.

Divers biologie

Le pied de la pholade se termine par une ventouse (cela explique en partie le bâillement des valves) qui lui permet de prendre appui lors du forage ; dans le même temps le muscle abducteur écarte les valves.

Pholas dactylus est luminescente. Elle émet une faible lumière bleu-verdâtre qui ne s'observe que dans l'obscurité. Une raison hypothétique à ce phénomène serait que la lumière produite permettrait d'attirer le plancton dont la pholade se nourrit.

Quand l'animal est vivant la coquille est recouverte d'un périostracum* jaune pâle seulement sur l'extérieur. Il est éliminé rapidement à la mort de l'animal.

Les valves ne possèdent pas de charnière contrairement à la grande majorité des bivalves. Il n'y a pas non plus de ligament. Les valves ne sont fixées qu'aux muscles et sont totalement indépendantes l'une par rapport à l'autre.

Informations complémentaires

C'est avec la partie antérieure des valves (partie avant renflée et concentrée en rides rayonnantes et en épines) que l'animal fore des trous parfaitement ronds dans toutes sortes de substrats : cela va du bois aux roches tendres qui lui donnent un abri d'où dépassent ses deux siphons. Le mollusque effectue un mouvement de rotation très lent qui use le substrat (quelques millimètres par mois).
Après sa fixation, la jeune pholade n'entreprend son forage que quand sa coquille a suffisamment durci. Plus l'animal s'enfonce dans la roche plus le trou s'élargit, car tout au long du forage, il continue sa croissance. Ainsi il est totalement prisonnier dans son terrier à l'abri de nombreux prédateurs à l'exception des oiseaux du rivage, comme les goélands et les huîtriers-pie, équipés d'un bec adapté.

Une hypothèse avancée par les scientifiques serait que Pholas dactylus sécrète une substance chimique en plus de son mouvement de rotation. Ceci expliquerait en partie pourquoi la coquille fragile de la pholade commune ne présente pas de traces importantes d'usure.

Il s'agit d'une espèce comestible et recherchée, rarement rencontrée sur les marchés. Elle constitue également un bon appât pour la pêche. Ces prélèvements, qui impliquent le plus souvent une destruction volontaire de la roche, engendrent d'irréversibles dégâts sur sa niche écologique.

Les cavités abandonnées par les animaux morts naturellement sont autant de refuges pour d'autres organismes. Il est fréquent d'y trouver d'autres mollusques, des vers ou des crustacés. Ces cavités permettent le développement et le maintien de la biodiversité.

Attention à l'emploi impropre du terme lithophage, parfois rencontré dans la littérature naturaliste : la pholade ne consomme pas la pierre, elle ne fait que la creuser.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Espèce strictement protégée, Pholas dactylus est inscrite à la liste de l'appendice II de l'annexe II de la convention de Berne depuis le 6 décembre 1996.

Origine des noms

Origine du nom français

Pholade est la francisation du nom de genre scientifique Pholas,
Datte de mer (nom vernaculaire utilisé surtout pour désigner Lithophaga lithophaga, un autre bivalve foreur) pour sa prétendue ressemblance avec le fruit,
Aile d'ange pour la finesse et le blanc immaculé des valves.

Origine du nom scientifique

Pholas : du grec [pholad] = écaille,
dactylus : du grec [dactylos] = doigt, mais aussi datte.
Pholas dactylus possède une coquille écailleuse allongée comme un doigt et évoque une datte.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 140770

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire.
Sous-classe Heterodonta Hétérodontes Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis.
Ordre Myoida ou Myida Myoïdes

Bivalves fouisseurs à coquille mince et aux siphons très développés. Charnière généralement édentée ou avec 1 ou 2 dents. Coquille non nacrée. Chondrophore présent.

Famille Pholadidae Pholadidés Bivalves foreurs.
Genre Pholas
Espèce dactylus

Nos partenaires