Coquille équivalve, très inéquilatérale, blanche, côtes rayonnées surtout sur le tiers antérieur comportant de courtes épines spatulées
Valves légèrement bâillantes côté antérieur
Siphons libres seulement à leur extrémité
Coquille blanc crayeux à jaunâtre, taille de 30 à 65 mm
Large ligament externe
Présente dans les sédiments fins plus ou moins durcis recouverts de boue
Pétricole, pétricole d'Amérique, pétricole pholadiforme, fausse aile d'ange
False angel wing, american pholade (GB), Falso ala de angel (E), Amerikanische Bohrmuschel, Engelsflügel (D), Amerikaanse boormossel (NL), Amerikansk boremusling (DK), Amerikansk boreskjell (N), Amerikansk borrmussla (Su)
Petricola pholadiformis Lamarck, 1818
Gastronella tumida Verrill, 1872
Petricola lata Dall, 1925
Atlantique Nord, Est et Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestCette espèce était à l'origine endémique* de l'océan Atlantique Ouest, du golfe du St Laurent jusqu'à l'Uruguay.
Elle a été introduite accidentellement sur les côtes européennes vers 1890 au sud de l'Angleterre puis elle s'est étendue grâce à sa forme larvaire sur les côtes de la mer du Nord, de la Manche et de l'est de l'Atlantique. On la trouve donc depuis les côtes de Norvège, en mer du Nord, en mer Baltique, en Manche où elle est très abondante jusque sur les côtes d'Afrique de l'Ouest et du Congo.
Elle est peu abondante en mer Noire et en Méditerranée où elle n'est signalée que depuis 1994. Son introduction a très certainement été liée à la navigation.
La fausse pholade creuse des galeries (l'espèce est dite foreuse) où elle passe toute sa vie. Elle a une véritable préférence pour les sédiments fins à très fins plus ou moins durcis et recouverts de boue. On la rencontrera sur l'estran dans le sable et l'argile durcie, les schistes, la craie et le calcaire recouverts d'une mince couche de boue et cela jusqu'à environ 8 à 10 mètres de profondeur. Plus l'animal grandit, plus il s'enfonce et plus il élargit sa galerie.
Toutefois il est possible de rencontrer quelques individus isolés et enfoncés dans le bois et la tourbe.
La coquille de Petricolaria pholadiformis a une forme globalement ovale, très allongée, d'une longueur régulièrement comprise entre 30 et 50 mm mais pouvant atteindre 65 mm. Elle est équivalve*, très inéquilatérale* (le sommet est très rapproché du bord antérieur), d'aspect mince et fragile.
La partie antérieure est courte et arrondie jusqu'au crochet tandis que la partie postérieure (du côté des siphons) est très allongée et légèrement bâillante.
L'extérieur des valves est couvert d'environ une quarantaine de stries rayonnantes. Les dix premières sont nettement plus marquées sur environ un tiers côté antérieur et forment de véritables côtes présentant de courtes épines régulièrement espacées, spatulées et convexes. Les stries de croissance sont moins fortement marquées mais bien visibles.
La couleur oscille du blanc crayeux au jaunâtre, voire au brunâtre chez les individus âgés.
La charnière comporte un très large ligament externe, deux dents cardinales dans la valve droite et trois dans la valve gauche.
Les deux siphons sont longs, égaux, accolés sur presque toute leur longueur, libres seulement à leur extrémité.
Le crochet est très aplati et recourbé sur lui-même.
Le sinus palléal* est large et très profond. Chaque valve présente deux impressions musculaires.
Pholas dactylus, la "vraie" pholade : cette dernière est plus allongée, possède un prolongement antérieur en "bec de canard", et présente une pièce calcaire allongée caractéristique (la réflexion umbonale) au niveau de la charnière,
Petricola lithophaga (Retzius, 17xx) : du sud de la Bretagne jusqu'au Sénégal. Ne dépasse pas 30 mm,
Mysia undata (Pennant, 1777) : espèce très proche par sa morphologie mais très peu par son aspect extérieur beaucoup plus rond,
Barnea candida (Risso 1826) : très ressemblante en forme et en taille même s'il s'agit d'une toute autre famille de bivalves. Même biotope, même aspect blanc, pas de charnière ni de ligament extérieur ni de dent. Il y a une plaque accessoire sur le côté antérieur et une apophyse* dans chaque valve. La costulation est moins resserrée. Bien que la coquille de la fausse pholade ressemble à celle de la barnée blanche, elle est toutefois beaucoup plus dure et solide.
Petricolaria pholadiformis respire et filtre son alimentation au moyen de ses deux siphons.
Sa nourriture est captée dans l'eau par le siphon inhalant : il s'agit d'une espèce suspensivore.
L'espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés), les gamètes* sont émis en pleine eau entre mai et septembre. S'ensuit une phase libre larvaire de plusieurs mois, puis la larve*, après avoir subi une métamorphose*, tombe sur le fond et débute la période de forage entre novembre et février.
Si les conditions de vie sont favorables, la densité de pétricoles est très importante. Par exemple, dans la baie de Fundy au Canada, plusieurs centaines d'individus au mètre carré ont été recencés par endroits. Cela représente un agent de bioérosion très important.
L'espérance de vie pour Petricolaria pholadiformis se situe autour de dix ans.
La position d'un individu dans le substrat est oblique par rapport à la surface de l'eau. C'est la partie qui se trouve en bas (qui porte les épines spatulées) qui creuse.
L'action d'excavation se produit lors de l'ouverture et de la fermeture répétées des valves par le pied. Elle se réalise en deux temps :
1er temps : le pied sort des valves et prend appui sur la paroi. En s'écartant les valves frottent leurs épines contre le fond et les bords de la galerie. Ce mouvement se reproduit plusieurs fois. Pendant ce temps les siphons sont sortis.
2ème temps : les siphons et le pied se rétractent. Le corps se contracte dans la galerie et fait augmenter la pression sur le fond. Agglomérés à une grande quantité de mucus, les produits d'excavation sont évacués dans la galerie de part et d'autre de la coquille vers la sortie, réalisant une sorte de bouchon de matériaux peu tassés.
A la fin de la deuxième phase le mollusque reprend sa forme affinée, ressort son pied et ses siphons et retrouve petit à petit une place différente dans la galerie et poursuit ainsi son forage.
L'animal ne réalise pas de rotation de lui même dans sa galerie. Ce mouvement n'est exécuté que par les bivalves dont les muscles sont accrochés aux apophyses.
C'est vers 1890 que Petricolaria pholadiformis a été introduite accidentellement sous sa forme larvaire depuis les côtes américaines vers les côtes sud de l'Angleterre. Elle y est arrivée par le commerce de l'huître Crassostrea virginica. Cette espèce pourrait également voyager dans le bois flotté. Par la suite, sa dispersion larvaire a permis à l'espèce de coloniser une partie des côtes européennes (Pays-Bas et Belgique vers 1900-1920).
Cette espèce pourrait localement (par exemple en Belgique et en Hollande) supplanter Barnea candida.
Comme cette dernière, la pétricole peut être pêchée à la main à l'aide d'un crochet et servir d'appât pour la pêche.
Localement, elle peut être consommée fraîche, mais on ne la trouve que très rarement sur les étals des poissonniers.
Les valves de la fausse pholade peuvent être observées échouées sur presque tout le littoral y compris sur les plages de sable, des chenaux de port, etc...
Fausse pholade pour sa ressemblance importante avec la "vraie" pholade, Pholas dactylus.
Fausse aile d'ange pour la ressemblance au dessin qui pourrait être fait d'un ange ailé mais le nom est déjà utilisé pour la barnée blanche, Barnea candida.
Petricolaria : du grec [petros] puis du latrin [petra] = pierre, rocher, et du latin [colare] = habiter : la fausse pholade est donc "un mollusque qui habite dans la pierre",
pholadiformis : qui a la forme de, qui ressemble à une pholade.
Numéro d'entrée WoRMS : 156961
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Heterodonta | Hétérodontes | Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis. |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Veneridae | Vénéridés | Coquille équivalve pour la plupart des espèces. De forme ronde, ovale ou encore oblongue. Ecusson distinct, présence de stries concentriques et parfois d’éléments rayonnants |
Genre | Petricolaria | ||
Espèce | pholadiformis |
La fausse pholade
La charnière comporte un très large ligament externe, bien visible sur ce cliché. Le tiers antérieur de chaque valve présente une striation plus accentuée que le reste de la coquille.
Façade manche-Atlantique
2010
Côtes rayonnantes
Vue rapprochée des côtes rayonnantes du tiers antérieur.
Façade Manche-Atlantique
2010
Charnière
La charnière présente deux dents cardinales dans la valve droite et trois dans la valve gauche.
Façade Manche-Atlantique
2010
Intérieur de la valve gauche
On observe deux empreintes musculaires antérieure et postérieure. Elles sont reliées par la ligne palléale qui, postérieurement, forme un repli bien marqué : c'est le sinus palléal. Celui-ci marque l'emplacement de la cavité palléale, quand le mollusque est vivant.
Façade Manche-Atlantique
2010
A Camaret
La fausse pholade est présente sur l'ensemble du littoral français de Manche-Atlantique. Ici en Bretagne, dans le Finistère.
Camaret (29), 20 m
08/2009
Echouées
En plongée, le plus souvent, seules les valves de Petricolaria pholadiformis seront observées.
Camaret (29), 20 m
08/2009
Comparaison avec la barnée blanche
En haut, Barnea candida, en bas, Petricolaria pholadiformis.
Les différences portent essentiellement sur les reliefs qui sculptent les valves.
Façade Manche Atlantique
2009
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Dutertre A.P., 1972, Sur la présence de Petricolaria pholadiformis dans le Pas-de-Calais, Tiré à part n° 06157, MNHN, ed. Hamain, 20p.