Blennie mitrée

Petroscirtes mitratus | Rüppell, 1830

N° 4683

Mer Rouge et zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre

Clé d'identification

Deux premiers rayons de la nageoire dorsale nettement plus hauts que les autres
Cirres de grande taille en forme de feuille sur les globes oculaires et nombreux appendices cutanés sur la tête
Couleur de fond variable, généralement plus foncée dans la moitié supérieure
Cinq à six grandes selles foncées dans la moitié supérieure du corps
Rangée de taches orange souvent présente au-dessus de la médiane horizontale
Multitude de taches blanches de taille variable disséminées sur l’ensemble du corps
Taille maximale documentée : 8,5 cm

Noms

Autres noms communs français

Blennie à mitre, blennechis à dorsale élevée (île Maurice)

Noms communs internationaux

Bloom blenny, crested sabre-tooth, crested sabretooth blenny, floral blenny, floral fangblenny, helmeted blenny, high-finned blenny, highfin fangblenny, miter blenny (GB), blom-blennie (Afrique du Sud)

Synonymes du nom scientifique actuel

Petroscirtes barbatus Peters, 1855
Petroskirtes marmoratus Bleeker, 1875
Petroscirtes marmoratus Liénard, 1891

Distribution géographique

Mer Rouge et zones tropicales et subtropicales de l’océan Indien et du Pacifique Ouest et centre

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]

L’espèce est présente en mer Rouge et dans les zones tropicales et subtropicales des océans Indien et Pacifique Ouest et centre.
Dans l’océan Indien, on la trouve des côtes orientales de l’Afrique à la Thaïlande et à l’Australie en passant par le golfe Persique, les Comores, Madagascar, les Mascareignes* et les Seychelles.
Dans l’océan Pacifique, sa distribution du nord au sud va du sud du Japon aux côtes orientales de l’Australie. Vers l’est, elle atteint les îles Samoa et Tonga en passant par la Nouvelle-Calédonie.

Biotope

La blennie mitrée réside en milieu récifal, à très faible profondeur : sa distribution documentée va de 1 à 8 m. Elle privilégie les zones sableuses, sablo-détritiques* et les platiers* riches en algues ou en phanérogames*.

Description

Description succincte : petite blennie pouvant atteindre 8,5 cm de longueur. Elle a une dorsale caractérisée par ses deux premiers rayons plus hauts que les autres, deux larges cirres oculaires et de nombreux appendices cutanés sur la tête. La couleur de fond, très variable, est densément parsemée de taches blanches de toutes tailles. Cinq à six grandes selles foncées plus ou moins rectangulaires ornent généralement la moitié supérieure du corps, et une série de taches orange est souvent présente sur les flancs.

Description détaillée :
Le corps est long et fortement comprimé latéralement. Sa hauteur entre de 3,5 à 4 fois dans la longueur standard (longueur sans la queue). Le dos est presque rectiligne de la nuque au début du pédoncule* caudal. Le pédoncule caudal est haut et court. Le corps est dépourvu d’écailles. La taille maximale documentée est de 8,5 cm.

La couleur de fond du corps est très variable : elle peut être grise à noire en passant par le vert bronze, ou rouille à marron foncé. La moitié inférieure du corps est souvent plus claire que la moitié supérieure. Cinq à six grandes selles foncées plus ou moins rectangulaires et de couleur variable ornent la moitié supérieure du corps. Ces selles peuvent être noires, marron foncé ou vert olive, et sont elles-mêmes marquées par de grosses taches blanches susceptibles de modifier leur forme. Chez certains individus, un ocelle* blanc largement bordé de noir occupe le centre de ces selles. Une rangée de taches orange mal alignées est souvent présente au-dessus de la médiane horizontale du corps. Ces taches peuvent être blanches, et donc difficilement discernables, dans les livrées claires. Chez certains individus, des taches orange ou blanches plus petites sont dispersées sous cette rangée. La partie abdominale est généralement jaunâtre à rouille, mais elle peut être blanche. L’ensemble du corps, motifs de couleur compris, est de surcroît couvert par une multitude de petites taches blanches, dont la taille augmente fréquemment dans sa moitié inférieure.

La tête est relativement petite (sa longueur entre environ 3,5 fois dans la longueur standard). Son profil dorsal forme un angle légèrement obtus dont le sommet est occupé par les yeux. La bouche est terminale.
Les yeux sont proéminents, mobiles et indépendants. La forme de la pupille évoque celle d’une fève, l’iris* est doré. Autour de l’iris rayonnent des marques blanches et brunes alternées. Le globe portant les yeux est surmonté par un cirre* de grande taille en forme de feuille aux contours irréguliers et variables.
Un cirre discret en forme de filament se trouve devant les narines antérieures. Outre ces cirres, de nombreux appendices cutanés en forme de feuilles plus ou moins étroites sont présents sur la tête : on en trouve une paire devant et derrière les yeux, une série sur la nuque, une autre le long du bord inférieur du préopercule* et de l’opercule*, et une paire, bien développée, sous le menton, accompagnée par deux petits appendices filiformes de chaque côté. L’ouverture branchiale, dont la taille est inférieure au diamètre de l’œil, se trouve au-dessus de la base de la nageoire pectorale.

Les couleurs de la tête accompagnent celles du corps avec trois bandes blanches, parfois peu discernables, qui rayonnent à partir de la partie inférieure de l’œil : la première rejoint la lèvre supérieure, la seconde descend verticalement vers la gorge et la troisième atteint le bord postérieur du préopercule. La gorge est de couleur rouille, mais elle est souvent barrée par de larges bandes blanches dans le prolongement des deuxième et troisième bandes qui rayonnent à partir de l’œil. Comme le reste du corps, la tête est de surcroît couverte par une multitude de petites taches blanches.

La nageoire dorsale, haute et continue, commence juste derrière la nuque. Ses deux premiers rayons sont nettement plus hauts que les autres, le troisième, moins haut, étant séparé des suivants par une encoche dans la membrane. Les deux premiers peuvent atteindre ou dépasser la hauteur de la tête chez les mâles, ils sont moins développés chez les femelles. Les membranes sont échancrées à la pointe des rayons.
L’anale est haute et continue avec des membranes échancrées.
Les pectorales sont relativement longues et arrondies.
Les pelviennes sont réduites à un court rayon dur et trois longs rayons mous. Leur second rayon, le plus long, peut atteindre l’origine de l’anale chez les mâles.
La caudale est large et arrondie à tronquée.

La nageoire dorsale alterne généralement des zones verticales blanches et noires séparées par des espaces translucides d’extension variable. Ces couleurs marquent aussi les rayons. L’ensemble est constellé de taches blanches de forme et de répartition variables. La pointe des membranes est blanche. On trouve souvent une grosse tache noire entre les deuxième et troisième rayons durs. Certains individus ont une dorsale presque entièrement translucide avec une multitude de petites taches blanches isolées ou formant des amas. Les rayons de l’anale alternent des segments blancs et noirs, les membranes sont grises à ocre avec de petites taches blanches disséminées et une pointe blanche. Les pectorales sont translucides. Les rayons des pelviennes alternent des segments blancs et ocre. On observe souvent une tache bleue bordée de noir et quelques points noirs à sa suite à la base de leurs rayons. Les membranes de la caudale sont translucides, ses rayons alternent des segments blancs et noirs.

Espèces ressemblantes

Chez aucune autre espèce du genre les deux premiers rayons de la dorsale ne sont aussi nettement plus hauts que les autres.

Alimentation

La blennie mitrée se nourrit principalement d‘algues filamenteuses et de diatomées*, mais elle peut aussi consommer de petits crustacés.

Reproduction - Multiplication

Peu de choses sont documentées sur la biologie de la reproduction dans cette espèce à la date de publication de cette fiche (août 2023), à notre connaissance.

L’espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés). Les œufs sont fixés sur un substrat* (souvent une coquille de bivalve vide) par un mucus adhésif, et sont gardés par les mâles. Les larves* sont pélagiques*. Elles ont une grosse tête arrondie au museau très court et aux très gros yeux, suivie par un corps long et effilé très comprimé latéralement. A 2,1 mm, elles portent une paire de canines au bout de la mâchoire supérieure, et deux paires de canines latérales au bout de la mâchoire inférieure. A 5,5 mm, le corps commence à ressembler à celui de l’adulte, mais la tête et les yeux sont toujours disproportionnés. A environ 10 mm, la distribution des zones claires et foncées de la livrée adulte apparaît.
Le passage au stade juvénile semble pouvoir avoir lieu en milieu pélagique : on peut trouver des juvéniles associés à des sargasses flottantes, ce pourquoi ils sont supposés pouvoir se disperser sur de longues distances. On peut aussi en rencontrer en compagnie de "méduses à l'envers" du genre Cassiopea. Ils nagent en position verticale en se contorsionnant dans la colonne d’eau.

Divers biologie

La tête porte de nombreux pores sensoriels. Certains sont situés sur la mandibule*, sur le préopercule, autour de l’œil, d’autres se trouvent sur le museau, dans l’espace interorbitaire et sur la nuque.

La mâchoire supérieure porte une rangée de 25 à 30 dents caniniformes* à pointe émoussée, et la mâchoire inférieure en porte 30 à 35, ces dernières étant plus pointues. Les deux séries sont concentrées en position antérieure sur les mâchoires. Derrière la rangée inférieure se trouvent deux grandes canines incurvées, et deux canines plus petites sont présentes derrière la rangée supérieure. Ces canines sont davantage destinées à la défense des individus ou à des interactions agressives qu’à la capture de proies.

Selon Smith-Vaniz (1976), les espèces des genres Aspidontus, Meiacanthus, Petroscirtes et Plagiotremus, possèdent une vessie* natatoire contrairement aux autres blennies, mais elle est de petite taille et devient indétectable à la dissection si le spécimen n’a pas été fixé dans du formol immédiatement après sa capture. La présence d’une vessie natatoire permet à ces espèces, qui ne sont pas purement benthiques*, de nager dans la colonne d’eau (sans toutefois s’éloigner beaucoup du substrat).

La nageoire dorsale comprend 10 à 11 rayons durs et 14 à 17 rayons mous, l’anale 2 rayons durs et 14 rayons mous. Les pelviennes, qui sont situées en avant des pectorales, ont un rayon dur et 3 rayons mous. La caudale comprend 11 rayons. Les nageoires pectorales ont 15 rayons.
La ligne* latérale est courte et composée de tubes déconnectés les uns des autres. Elle monte vers la nageoire dorsale et la longe jusqu’aux premiers rayons mous.

Petroscirtes mitratus garde très souvent la bouche entrouverte en dehors de toute interaction avec un congénère ou d’une recherche de nourriture. Les raisons de ce comportement ne sont pas documentées à notre connaissance.

Les individus se sentant suivis se cachent volontiers dans de petits trous ou dans un artefact humain tubulaire (tuyau, goulot de bouteille, etc.) en y entrant par l’arrière. Ces poissons étant curieux, leur tête réapparaît rapidement pour observer l’observateur.

Les adultes sont solitaires, mais on peut aussi rencontrer de petits groupes.

Informations complémentaires

La famille des Blenniidés est divisée en deux sous-familles, les Blenniinae et les Salariinae. La différence entre les deux sous-familles tient à des critères relatifs aux os de la tête et au type de dentition : les dents sont fixes dans la première (dont fait partie Petroscirtes mitratus), et mobiles dans la seconde.

Le nom commun de la famille des Blenniidés, dérivé de l’anglais « combtooth blennies », est « blennies à dents de peigne ». Toutefois, un groupe particulier de la sous-famille des Blenniinae (les espèces des genres Aspidontus, Meiacanthus, Petroscirtes, Plagiotremus et Xiphasia) s’est vu attribuer le nom commun de « blennies à dents de sabre » du fait de la forme des longues canines présentes sur leur mâchoire inférieure. Ce groupe a formé la « tribu » des Nemophini, mais cette classification d’origine linnéenne n’est plus acceptée (la tribu se situait entre les rangs taxonomiques de la famille et du genre).

Statuts de conservation et réglementations diverses

Le statut de l’espèce pour l’UICN* est LC (Least Concerned, traduit par « Préoccupation mineure »), ce qui signifie que les informations recueillies sur l’espèce ne sont pas suffisantes pour la classer dans les autres catégories, notamment dans les trois qui alertent sur une menace (CR : En danger critique d’extinction, EN : en danger, VU : Vulnérable). En fonction de quoi Petroscirtes mitratus n’est pas actuellement concernée par des mesures de protection.

Origine des noms

Origine du nom français

Blennie : nom français traduisant celui de la famille des Blenniidés, à laquelle appartient l’espèce. Le mot grec à l’origine du nom de la famille est [blennos], qui signifie mucosité, en référence au corps couvert de mucus de ces poissons dépourvus d’écailles.

mitrée : traduction de l’épithète spécifique (voir l’origine du nom scientifique).

Origine du nom scientifique

Petroscirtes : le genre est décrit en 1830 par le naturaliste et explorateur allemand Eduard Rüppell (1794-1884) dans Atlas zu der Reise im nördlichen Africa. Fische des Rothen Meeres (p. 110). L’auteur précise l’étymologie (des mots grecs [petros], pierre, roche, et [skirtes], saut), et il justifie le nom de genre dans les commentaires à sa description de P. mitratus, l’espèce-type*, dans laquelle il écrit : « il sautait entre les crevasses des rochers du rivage ; d'où le nom de genre que j'ai choisi. » Valenciennes traduit ce nom par « sauteur de roche ». Toutefois, P. mitratus n’est pas amphibie et ne se trouve donc jamais hors de l’eau. Il est probable que Rüppell lui a attribué le comportement d’une blennie amphibie, peut-être observée en même temps sur le même site.
L’espèce-type est donc Petroscirtes mitratus. La localité du type* est l’île Jubal, au nord-ouest de la mer Rouge.
Le genre contient actuellement 11 espèces acceptées.

mitratus : adjectif latin signifiant « porteur d’une mitre », le nom « mitra » (mitre) renvoyant alors à une coiffure orientale qui relevait les cheveux sur le sommet de la tête. A l’époque de Rüppel, descripteur de l’espèce, ce nom désigne un couvre-chef de cérémonie réservé à certains dignitaires de divers clergés. Rüppel ne justifie pas le choix de l’épithète spécifique, mais il est probable que la « mitre » en question soit constituée par les deux premiers rayons de la dorsale spectaculairement hauts et très proches de la tête dans cette espèce. Une autre hypothèse y voit une allusion aux cirres orbitaux bien développés.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 219329

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Super classe Osteichthyes Ostéichthyens Vertébrés à squelette osseux.
Classe Actinopterygii Actinoptérygiens Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées.
Ordre Blenniiformes Blenniiformes
Famille Blenniidae Blenniidés Nageoire dorsale unique.
Genre Petroscirtes
Espèce mitratus

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