Éponge dure comme de la pierre
Petits mamelons blanc pur de 1 à 3 cm de diamètre
Surface rêche au toucher
Éponge cantonnée aux grottes calcaires obscures peu profondes ou sous les pierres
Pétrobione, pétrobione des grottes
Endémique de Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]L'éponge-pierre blanche est endémique* du centre de la Méditerranée (Tunisie, Malte, Sicile, Sardaigne, Crète, côtes italiennes, Adriatique, Corse et littoral provençal).
Petrobiona massiliana est une espèce très discrète, réfugiée dans les grottes calcaires obscures ou sous les pierres, que l'on trouve entre 1 et 25 m de profondeur. La forme massive n'est présente que dans les milieux calmes. Dans les milieux exposés aux mouvements d'eau la forme encroûtante prédomine. Les grottes peu profondes où est observée cette éponge-pierre blanche sont le plus souvent soumises à de forts mouvements d'eau en cas de houle ou de vagues.
Il semble qu'elle existe aussi sur des roches métamorphiques* (elle est sous des petites dalles de schiste à Port-Cros).
Petrobiona massiliana est une éponge massive à aplatie qui forme de petits monticules plus ou moins dressés de 1 à 3 cm de diamètre. La réunion de plusieurs mamelons peut lui conférer une apparence multilobée. Sa couleur d'un blanc pur et sa grande dureté la caractérisent. Sa surface est hérissée de minuscules protubérances calcifiées la rendant rugueuse et dure au toucher. De petits oscules* (0,6-0,8 mm de diamètre) sont observés au sommet des petits mamelons.
La couleur blanche et la grande dureté de Petrobiona massiliana la différencient des autres organismes encroûtants blanchâtres qui la côtoient dans ses habitats obscurs.
Petrosia ficiformis est une éponge-pierre que l'on rencontre parfois dans les grottes où elle prend alors une couleur blanche. Sa taille est beaucoup plus importante mais de jeunes éponges-pierres pourraient être confondues avec Petrobiona massiliana. Les oscules circulaires sont bien visibles.
Comme la majorité des éponges, il s'agit d'un organisme filtreur* microphage*. L'eau est aspirée par pompage à l'intérieur grâce aux pores* inhalants, elle est filtrée par les choanocytes* qui tapissent la cavité intérieure (ou atrium*) et qui génèrent ce phénomène de pompage, puis rejetée par les oscules. Au passage les choanocytes retiennent les espèces unicellulaires et les particules alimentaires contenues dans l'eau.
La reproduction peut être théoriquement sexuée ou asexuée. On a aussi observé chez cette espèce survivante (voir § "Divers biologie") la présence de "pseudo-gemmules" qui seraient une sorte de forme de résistance en période difficile.
L'éponge-pierre blanche présente la singularité d'être une éponge calcaire hypercalcifiée. Ses tissus vivants sont localisés à la surface. Son système aquifère* est de type leucon*. Son squelette est constitué de divers spicules* (triactines*,...) et de piliers pointus (sclérodermites*) noyés dans une masse dense de calcite*.
Les éponges hypercalcifiées, dont fait partie l'espèce relique Petrobiona massiliana, ont connu un très fort développement il y a 200 à 300 millions d'années où elles constituaient de véritables récifs à l'instar de nos récifs coralliens tropicaux actuels. De nombreuses traces fossiles datant du paléozoïque en attestent.
Petrobiona massiliana est une espèce règlementée, inscrite dans le protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée (Convention de Barcelone) : Annexe II et dans la convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne) : Annexe II.
Le classement en annexe II de cette éponge (comme le phoque moine) qui n'est en rien menacée, est un argument pour protéger l'habitat.
Éponge-pierre blanche est une proposition de Jean-Georges Harmelin biologiste marin français.
Pétrobione ou pétrobione des grottes sont des noms communs aussi retrouvés dans la littérature.
Petrobiona : du grec [petra] = pierre et du grec [bios] = vie, donc pierre vivante.
massiliana : de Marseille d'où provient le premier individu décrit.
Numéro d'entrée WoRMS : 164644
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Calcarea / Calcispongia | Eponges calcaires / Calcisponges | Eponges exclusivement marines. Squelette de spicules calcaires à 1 à 4 axes. Eau peu profonde, substrat dur. Vivipares, larve typique : coeloblastula ou amphiblastula. |
Sous-classe | Calcaronea / Calcaronia | Calcaronea / Calcaronia | Spicules à quatre rayons. Le noyau des choanocytes* a une position apicale. Larve de type amphiblastula. |
Ordre | Baerida | Baerides | |
Famille | Petrobionidae | Pétrobionidés | |
Genre | Petrobiona | ||
Espèce | massiliana |
Petits mamelons blancs
Discrète, cette éponge-pierre montre un petit oscule au sommet.
La Vesse, Côte Bleue (13)
07/06/2006
Éponge-pierre blanche des grottes
Petrobiona massiliana est une éponge dure comme de la pierre, d'un blanc pur et réfugiée au fond des grottes obscures.
La Faille, Galeria, Corse (2B), 8 m
16/10/2007
Habitat
Les grottes sombres par petits fonds et pouvant être soumises à de fortes turbulences en cas de vagues ou de houle constituent l'habitat type de Petrobiona massiliana.
Calanque de Devenson, Marseille (13), 12 m
28/08/2014
Forme massive
Les petites masses blanches contrastent avec le fond noir des grottes obscures.
Grotte de Méjean, Côte Bleue (13)
02/07/2015
Forme massive
Toujours dure comme une pierre, Petrobiona massiliana peut prendre une forme massive en milieu calme.
Calanque de la Triperie, Marseille (13)
2000/2010
Surface rugueuse
La surface de l'éponge-pierre est parsemée de petites protubérances hypercalcifiées rêches au toucher.
La Faille, Galeria, Corse (2B), 8 m
16/10/2007
Cachée sous un galet
Bien à l'abri de la lumière sous un galet, l'éponge-pierre blanche se présente ici sous sa forme encroûtante. Elle est en compagnie d'une balane et un chiton. Sa limite de distribution en Provence vers l'ouest est l'embouchure du Rhône, voire un peu plus loin comme l'illustre cette photo.
Les trois Arches, Carnon (34), 6 m
06/07/2009
Dans une grotte par petits fonds à La Ciotat
Les oscules sont bien visibles.
La Ciotat (13), 2 m
27/08/2016
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvain LE BRIS
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Gallissian M-F., Vacelet J., 1992, Ultrastructure of the oocyte and embryo of the calcified sponge, Petrobiona massiliana (Porifera, Calcarea), Zoomorphology, 112, 133-141.
Manconi R., Ledda F. D., Serusi A., Corso G., Stocchino G. A., 2009, Sponges of marine caves: Notes on the status of the Mediterranean palaeoendemic Petrobiona massiliana (Porifera: Calcarea: Lithonida) with new records from Sardinia, Italian Journal of Zoology, September 2009, 76(3), 306–315.
Vacelet J., Lévi C., 1958, Un cas de survivance, en Méditerranée, du groupe d'éponges fossiles des Pharétronides, Compte Rendu Hebdomadaire des Séances de l'Académie des Sciences, 246(2), 318-320.
La page de Petrobiona massiliana sur le site de référence de DORIS pour les spongiaires : World Porifera Database
La page de Petrobiona massiliana dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN