Couleur blanche, avec des ponctuations nacrées
Cérates bruns à pointe blanche, très allongés et disposés en bouquets doubles
Corps très mince, étiré, le pied se terminant en pointe effilée
Courts tentacules pédieux
Rhinophores et tentacules buccaux longs et fins
Rhinophores disposant d'une dizaine de cannelures
Tentacules buccaux lisses
Facelina gabinierei Vicente, 1975
Piseinotecus evelinae Schmekel, 1980
Piseinotecus gabinierei (Vicente, 1975)
Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Les observations sont reportées essentiellement sur les côtes nord de Méditerranée, (Espagne, France, Croatie, Turquie...) ce qui ne signifie pas qu'elle est absente des côtes sud...
Les observations de cette faceline ont été effectuées entre 6 et 32 m de profondeur, ce qui correspond bien aux profondeurs d'observation des eudendriums dont elle se nourrit. Ceux-ci se rencontrent fixés sur fonds rocheux, mais aussi sur les galets, les coquilles ou d'autres supports durs comme le coralligène*. Ils sont plus fréquents à l'entrée des grottes ou sous les surplombs.
La faceline de la Gabinière est de petite taille : 15 mm environ (certains individus atteignent toutefois 30 mm). Elle est de couleur blanche, avec des ponctuations nacrées. Les cérates* (appendices dorsaux) sont brun foncé (couleur des prolongements hépatiques visibles par transparence) et en forme de fuseaux très allongés et disposés en 7 à 9 rangées de deux bouquets à chaque niveau. Chaque bouquet comporte 8 cérates à l'avant du corps et 3 à l'arrière (donc 16 à 6 cérates par rangée). Un cérate est toujours visiblement plus long que les autres cérates de la même rangée. Chaque cérate se termine par une pointe blanche : le cnidosac*, comportant les cellules urticantes récupérées chez les hydraires dont se nourrit cette faceline. Son corps est très mince, étiré, le pied se terminant en pointe effilée. Les coins antérieurs du pied montrent de très courts tentacules pédieux*. Les rhinophores* et les tentacules buccaux* sont à chaque fois longs et fins. Les rhinophores, légèrement roses à leur base, puis blancs ensuite, disposent d'une dizaine de cannelures à rôle olfactif dans leur partie centrale. Ces cannelures peuvent n'être que peu visibles, surtout si les rhinophores sont rétractés. Les tentacules buccaux* sont lisses et intégralement blancs.
Peu d'espèces possèdent des caractéristiques pouvant occasionner des confusions avec la faceline de la Gabinière. Cratena peregrina partage un biotope proche et une même nourriture, mais elle est bien plus grande et plus colorée.
La faceline de la Gabinière se nourrit d'hydraires : Eudendrium ramosum (Linnaeus 1758).
En baie de Naples, cette espèce a été observée se nourrissant d'Eudendrium mais aussi de Sertularella, Obelia, Dynamena ou Podocoryne selon Schmekel & Portmann 1982.
La mâchoire comporte 25 denticules au niveau de son bord masticateur et la radula dispose de 21 dents environ.
Ces mollusques sont hermaphrodites*, les individus s'échangeant simultanément leurs gamètes* pendant un accouplement croisé. La ponte est probablement déposée sur Eudendrium. Nous n'en avons aucun cliché, si un photographe pouvait combler ce manque pour cette fiche nous lui en serions reconnaissant.
Elle vit évidemment en dépendance avec Eudendrium ramosum qui est sa seule nourriture reportée.
Elle est toutefois souvent observée et photographiée ailleurs que sur Eudendrium, ce qui est moins souvent le cas avec d'autres éolidiens comme Cratena peregrina ou Flabellina affinis.
Un des moyens de défense les plus utilisés par les nudibranches, notamment les éolidiens, est la récupération des armes utilisées par leurs proies spécifiques et le recyclage de ces armes à leur propre profit. Ainsi, Paraflabellina gabinierei, qui mange la tête des polypes d'hydraires, non seulement n'est pas blessée par l'action fortement urticante des cnidocytes de l'hydraire mais fait migrer ces cellules urticantes (une des hypothèses est que ces cnidocytes sont embryonnaires mais le mécanisme de cette immunité est encore grandement incompris) intactes jusqu'à l'extrémité de son système digestif et les stocke dans ses cnidosacs, au sommet des cérates. Ces cellules urticantes sont désormais allouées à sa propre protection et se déclencheront si Paraflabellina gabinierei est attaquée. Dès lors, on ne connaît pas beaucoup de prédateurs à cet éolidien.
Deux traits caractéristiques des éolidiens sont la présence de cérates (les appendices dorsaux) ainsi que l'absence du panache branchial visible ou présent dans d'autres sous-ordres. En effet, la respiration des éolidiens se fait non pas au travers de branchies mais directement au travers de la membrane des cérates. On parle de respiration cutanée.
Les rhinophores sont les organes "chimiques" des nudibranches. C'est entre autre grâce à eux que l'animal perçoit son environnement, reconnaît les signaux de ses congénères ou de ses proies.
Ces rhinophores sont également utiles à l'orientation car sensibles aux paramètres physiques, comme le sens des courants, la luminosité, la température, etc.
Les tentacules buccaux sont, eux, plus précisément destinés à un rapport de contact avec l'environnement.
La radula, pièce physique primordiale dans la nutrition de la plupart des mollusques opisthobranches, est une sorte de langue râpeuse, située dans le larynx et constituée de nombreux denticules acérés. La forme de la radula, des denticules, leur agencement, sont des éléments spécifiques d'une espèce donnée et sont discriminatifs quant à l'identification et la taxonomie de cette espèce. Son observation exige néanmoins du matériel optique de laboratoire.
Faceline de la Gabinière : simple francisation du nom scientifique sous lequel Nardo Vicente a décrit cette espèce en 1975 : Facelina gabinierei.
Paraflabellina : du latin [para] = à côté de, qui ressemble à, devant le mot Flabellina. Donc qui ressemble au genre Flabellina, diminutif du latin [flabellum] = éventail.
gabinierei est la latinisation du nom de l'îlot de la Gabinière, près de l'île de Port-Cros. L'auteur de l'espèce, Nardo Vicente, ne l'ayant trouvée que sur la face sud de cet îlot entre 1971 et 1972, alors que bien d'autres plongées avaient été effectuées ailleurs autour de Port-Cros. Depuis, cette faceline a été vue sur d'autres sites dans le Parc Marin de Port-Cros, et ailleurs aussi en Méditerranée.
En complément.
Concernant l'ancien nom de genre (qui a changé en 2017) de l'espèce, Piseinotecus : inutile d'ouvrir un dictionnaire de langues anciennes pour trouver l'origine de ce terme singulier ! Marcus, l'inventeur du genre, ne manquait pas d'esprit facétieux pour donner des noms aux nouveaux genres qu'il créait. Ce terme est né d'un événement banal de la vie domestique : une amie de la famille Marcus heurta un jour un chien en descendant l'escalier dans leur maison et prononça cette phrase en portugais : "Pisei no Teco" : j'ai marché sur Teco (Teco était le nom du chien) au moment précis où Marcus se creusait la tête pour baptiser cette nouvelle espèce...
Numéro d'entrée WoRMS : 1048139
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Flabellinidae | Flabellinidés | Éolidiens de forme étroite, avec des tentacules pédieux. Les cérates sont parfois insérés sur des pédoncules dorsaux. |
Genre | Paraflabellina | ||
Espèce | gabinierei |
Sur une éponge à Port-Cros
Les cérates* de la faceline de la Gabinière sont bruns foncés et en forme de fuseaux très allongés et ils sont disposés en 7 à 9 rangées de deux bouquets à chaque niveau.
Port-Cros (83), 20 m
05/06/2006
Rhinophores annelés
Les rhinophores*, bien visibles chez cet individu, disposent d'une dizaine de cannelures à rôle olfactif dans leur partie centrale.
Port-Cros (83), 20 m
05/06/2006
Juvénile
Sur ce jeune individu on peut remarquer la disposition des cérates en deux bouquets à chaque niveau.
Niolon (13), 10 m, de nuit
21/09/2007
Sur des algues vertes
A une profondeur déjà importante, une faceline de la Gabinière est observée sur des algues vertes.
Saint-Jean Cap Ferrat (06), 32 m
17/07/2004
Près d'Eudendrium ramosum
Les photos montrant la faceline de la Gabinière en balade, le plus souvent entre deux sources de nourriture probablement, ne sont pas les moins fréquentes. Ici elle est près de toucher au but : Eudendrium ramosum.
Porquerolles (83), 22 m
14/05/2006
Nutrition
Au moins trois individus se nourrissent sur une colonie d'Eudendrium sp dont on ne peut guère distinguer les polypes, beaucoup étant déjà probablement dévorés.
Porquerolles (83), 16 m
18/05/2007
A La Ciotat
Ce bel individu nous montre les caractéristiques essentielles de ceux de son espèce. On voit bien les rhinophores cannelés et 7 rangées au moins de cérates.
La Ciotat (13), 25 m
31/05/2008
A la Gabinière
gabinierei est la latinisation du nom de l'îlot de la Gabinière, près de l'île de Port-Cros. L'auteur de l'espèce, Nardo Vicente, ne l'ayant trouvée que sur la face Sud de cet îlot entre 1971 et 1972, alors que bien d'autres plongées avaient été effectuées ailleurs autour de Port-Cros. Depuis, cette faceline a été vue sur d'autres sites dans le Parc Marin de Port-Cros, et ailleurs aussi en Méditerranée.
Cet individu nous montre particulièrement bien la partie terminale de son pied, très étirée.
La Gabinière, Port-Cros (83), 15 m
04/06/2007
Dans la rade de Villefranche
Dans la rade de Villefranche-sur-mer, les nudibranches sont nombreux et la faceline de la Gabinière y est régulièrement rencontrée.
Tombant à André, rade de Villefranche-sur-mer (06), 19 m
08/05/2008
A la frontière franco-italienne
A la limite orientale des eaux française, à quelques centaines de mètres de l'Italie.
La piscine, cap Martin, Menton (06), 12 m
30/05/2009
Rédacteur principal : Vincent MARAN
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Korshunova, T., Martynov, A., Bakken, T., Evertsen, J., Fletcher, K.,
Mudianta, W., Saito, H., Lundin, K., Schrödl, M., Picton, B., 2017, Polyphyly
of the traditional family Flabellinidae affects a major group of
Nudibranchia: aeolidacean taxonomic reassessment with descriptions of
several new families, genera, and species (Mollusca, Gastropoda), ZooKeys, 717, 1-139.
Vicente N., 1975, Une nouvelle espèce de Gastéropode Nudibranche en Méditerranée. Facelina gabinierei nov.sp. Ministère de la Qualité de la Vie. Direction de la Protection de la Nature. Travaux scientifiques du Parc National de Port-Cros. Tome 1. p. 67-74.