Spongiaire de 5 à 20 cm
Couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions
Consistance molle, gélatineuse au toucher
Surface rugueuse à ridée
Lobe de 2 à 20 mm de diamètre
Oscules à répartition régulière
Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Endémique* de Méditerranée, elle est présente d'ouest en est de l'Espagne jusqu'en Italie occidentale et du nord au sud du littoral méditerranéen français jusqu'aux côtes algériennes et tunisiennes.
Elle est visible jusqu'à 25 m de fond, le long des tombants verticaux.
Oscarella imperialis est une éponge encroûtante* épaisse formant des colonies de 5 à 20 cm. Elle forme des circonvolutions et des lobes érigés, arrondis et creux, de 2 à 20 mm de diamètre. Certains lobes sont semi-circulaires, tandis que d'autres lobes s'ouvrent régulièrement sur un oscule*.
Cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions. L'absence de squelette (absence de spicules* et de spongine*) rend cette éponge très molle et légèrement gélatineuse au toucher. Sa surface est rugueuse à ridée.
Ses cellules présentent des sphérules* cytoplasmiques* très denses et souvent une seule vacuole*.
Les espèces du genre Oscarella ont longtemps été confondues les unes avec les autres, notamment à cause d'une absence de spicules* et de fibres de spongines* dans leurs tissus. En particulier, Oscarella lobularis et Oscarella tuberculata ont longtemps été regroupées à tort sous le nom d'Oscarella lobularis. Cependant, des études génétiques récentes (années 90) ont permis de faire la distinction entre les différentes espèces. Fort heureusement pour nous, ces espèces génétiquement différentes présentent des caractéristiques microscopiques très distinctives, mais également des critères précis (couleur, localisation, biotope*) :
Oscarella balibaloi Pérez & all, 2011 : l'oscarelle Bali Balo. De surface bosselée par de nombreux petits lobes ou rides, cette éponge très molle est de couleur blanche à orange. Elle n'est connue que de la mer Méditerranée, de 8 à 40 m, sur la roche, des éponges massives, des bryozoaires arbustifs et des gorgones.
Oscarella lobularis (Schmidt, 1862) : l'oscarelle bleu-violet. De surface lisse et de consistance molle et légèrement gélatineuse, cette éponge est de couleur bleu-violet (voire rose) en surface et violette à crème dans les dépressions. Elle présente des lobes de 1 cm de diamètre et des oscules à répartition régulière. Ses cellules présentent de nombreuses et vastes vacuoles périnucléaires. Elle est visible dans la mer Méditerranée, Atlantique Est, Manche, mer du Nord, mer Adriatique et Atlantique Ouest tropical, de 15 à 35 m, sur des tombants mais jamais à l'entrée d'une grotte.
Oscarella microlobata Muricy et al., 1996 : l'oscarelle marron. De surface rugueuse et de consistance molle et fragile, cette éponge est de couleur marron foncé en surface et marron clair dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules cytoplasmiques et inclusions intranucléaires paracristallines. Souvent solitaire et faiblement attachée au substrat, elle est présente vers 15 m de fond dans des cavernes semi-obscures. Elle n'est actuellement rapportée que dans une grotte à proximité de l'île Riou, au large de Marseille (13).
Aplysilla rubra (Hanitsch, 1890) : l'oscarelle rouge. De surface bosselée par de nombreux petits lobes, et de forme "chou-fleur", cette éponge est de couleur rouge à beige. Elle n'est visible que dans l'Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, de 5 à 300 m, sur des roches et où elle forme probablement un complexe d'espèces comme l'était O. lobularis.
Oscarella tuberculata (Schmidt, 1868) : l'oscarelle jaune-verdâtre. De surface granuleuse à ridée et de consistance ferme et cartilagineuse, cette éponge est très souvent uniformément jaune-verdâtre (avec parfois des reflets bleutés). Elle présente des lobes de 0,5 cm de diamètre et des oscules à répartition irrégulière. Elle est visible dans la mer Méditerranée de 5 à 35 m à l'ombre d'un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l'entrée d'une grotte (coloration plutôt jaune).
Oscarella viridis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle vert-pâle. De surface rugueuse et de consistance très molle et fragile, cette éponge est de couleur verte (généralement plus claire dans les dépressions). Ses cellules présentent de nombreuses sphérules cytoplasmiques peu denses. Elle est faiblement attachée à son substrat et est visible en Méditerranée, dans des cavernes semi-obscures, vers 15 m de fond.
Oscarella tenuis Hentschel, 1909 : éponge de couleur rouge à grise, irrégulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.
Oscarella membranacea Hentschel, 1909 : doré sombre en surface et crème dans les dépressions, régulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.
Oscarella nigraviolacea : violet très foncé, voire noire, à surface convolutée, présente en Tanzanie.
Oscarella stillans : éponge jaune-miel à reflets verdâtres, de texture gélatineuse, présente vers 12 m de fond aux Philippines.
Comme tous les spongiaires, Oscarella imperialis est un animal filtreur* : les cils des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. Les cellules ciliées* captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.
La reproduction peut être réalisée selon 3 processus distincts :
- Sexuée : par production de gamètes* mâles (spermatozoïdes*) et femelles (ovules*). Les éponges sont hermaphrodites*, cependant les gamètes mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment. La fécondation a lieu de fin juillet à fin août. Elle est indirecte : le spermatozoïde pénètre une cellule annexe à l'ovule (généralement un choanocyte*) puis est injecté dans l'ovule. Après fusion des deux gamètes au sein de la mésoglée*, les cellules de l'œuf ainsi obtenu se divisent activement pour former une larve* nageuse entièrement ciliée et de forme ovoïde (130 µm de large, 230 µm de long). La larve d'Oscarella imperialis est caractéristique : région antérieure blanche, région postérieure blanc-cassé, avec présence de cellules maternelles et présence de trois types d'endobactéries symbiotiques*. Oscarella imperialis est ovovivipare* et n'expulse ses larves que lorsqu'elles ont atteint leur stade de développement final. Lorsque les larves quittent l'éponge parentale (durée de vie pélagique* : 2 jours), elles vont se fixer sur un substrat* et donner une nouvelle éponge.
- Asexuée par bourgeonnement : se déroulant sur une durée de 1 à 4 jours, les bourgeons se forment dans des zones marginales proches de la base de l'éponge selon 3 étapes bien définies. La première étape est caractérisée par la présence de petites protubérances d'ectoderme d'origine parentale. La seconde étape est caractérisée par le regroupement des petites protubérances en structures tubulaires régulières, allongées et mamelonnées. La troisième étape correspond à la formation d'un bouton sphérique comportant une large cavité centrale. Ceci se traduit par le développement d'excroissances en forme de gouttes (ou coulures) ou de filaments non fixés. Ensuite, ce bourgeon (taille : 0,6-1 mm) se détache de l'éponge parentale et peut flotter entre deux eaux (vie pélagique) pendant plusieurs jours consécutifs. Après fixation sur un substrat, ce petit bourgeon va se développer en une petite éponge sous 4-10 jours.
- Asexuée par bouturage : des fragments se détachant de l'éponge mère peuvent aller se fixer un peu plus loin.
Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une très grande capacité de régénération.
Cette éponge contient trois types d'endobactéries symbiotiques : deux types constants (réguliers) et un troisième type sporadique (irrégulier).
Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif et peu ou pas de cellules nerveuses. Toutefois, elle a la capacité de se rétracter quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l'ectoderme) et une couche de cellules interne (l'endoderme), séparées par une sorte de gélatine (la mésoglée*). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules ciliées (les choanocytes*, caractéristiques des spongiaires) dont les flagelles créent un courant d'eau.
Les espèces du genre Oscarella ne présentent pas de squelette interne : elles n'ont pas de spicules* et pas de fibres de spongine*. L'aspect microscopique de cette espèce en particulier est très caractéristique et une étude en laboratoire permet de faire la distinction entre Oscarella imperialis et les autres éponges du même genre. Ainsi, Oscarella imperialis comporte une mésoglée (mésohyle*) constituée d'un réseau lâche de fibrilles de collagène. Ces fibrilles entourent incomplètement les trois types d'endobactéries symbiotiques à paroi différenciée épaisse. La mésoglée contient également des cellules vacuolaires essentiellement de type I et quelques cellules vacuolaires de type II (les cellules de type I étant échancrées à noyau périphérique et contenant entre 1 et 4 très grandes vacuoles occupant la quasi-totalité du cytoplasme* cellulaire ; les cellules de type II étant ovoïdes à noyau central avec 1 ou 2 filopodes et contenant de nombreuses petites vacuoles cytoplasmiques très disséminées). Les choanocytes sont régulièrement espacés.
La respiration se fait par filtration de l'oxygène dissous dans l'eau.
Sur le plan biochimique, Oscarella imperialis possède dans ses tissus des métabolites* particuliers pouvant avoir des propriétés cosmétiques et/ou thérapeutiques.
Oscarelle : francisation du nom de genre ;
jaune-orange : tout simplement du fait de sa couleur. Cette précision de couleur est une proposition du site DORIS permettant de distinguer Oscarella imperialis des autres éponges du genre Oscarella (dont par exemple : O. tuberculata, O. lobularis, O. viridis).
Oscarella : genre dédié au zoologiste, botaniste et mycologue allemand Oscar Schmidt [1823-1886], en l'honneur de son travail sur la détermination des espèces. Il est en particulier l'auteur de l'ouvrage Eponges de la mer Adriatique.
imperialis : du latin [imperium] = pouvoir.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Porifera | Spongiaires / Eponges | Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules). |
Classe | Homoscleromorpha | Homoscléromorphes | Eponges exclusivement marines (une centaine d'espèces). Spicules siliceux (quand ils sont présents) non subdivisés en mégasclères et microsclères. Vivipares, larve typique : cinctoblastula. |
Ordre | Homosclerophorida | Homosclérophorides | Structure différenciée de type leucon. Certaines espèces de cet ordre n'ont pas de squelette et possèdent un derme fin. Les larves sont des amphiblastula. |
Famille | Oscarellidae | Oscarellidés | Absence de spicules et de fibres de spongine. |
Genre | Oscarella | ||
Espèce | imperialis |
Coloration
Cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions.
La gabinière (83)
24/07/2005
Sous un surplomb d’un mur d'une faille
Oscarella imperialis est une éponge encroûtante* épaisse formant des colonies de 5 à 20 cm, avec des circonvolutions et des lobes érigés, arrondis et creux, de 2 à 20 mm de diamètre.
Cap Frapau, Côte Bleue (13), 22 m
10/08/2008
Composition
Cette éponge contient trois types d’endobactéries symbiotiques : deux types constants (réguliers) et un troisième type sporadique (irrégulier).
L'Estéou, Marseille (13), 20 m
12/09/2012
Lobes
Certains lobes sont semi-circulaires, tandis que d'autres lobes s'ouvrent régulièrement sur un oscule.
Grotte du Lido, rade de Villefranche-sur-mer (06), 27 m de nuit
27/07/2017
Rédacteur principal : Gaël ROCHEFORT
Vérificateur : Philippe LE GRANCHÉ
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Bergquist P.R, Kelly M., 2004, Taxonomy of some Halisarcida and Homosclerophorida (Porifera: Demospongiae) from the Indo-Pacific, New Zealand Journal of Marine and Freshwater Research, 38, 51-66.
Boury-Esnault N., Ereskovsky A., Bkzac C., Tokina D., 2003, Larval development in the Homoscleromorpha (Porifera, Demospongiae), Invertebrate Biology, 122(3), 187-202.
Ereskovsky A.V., Bouryesnault N., 2002, Cleavage pattern in Oscarella species (Porifera, Demospongiae, Homoscleromorpha): transmission of maternal cells and symbiotic bacteria, Journal of Natural History, 36(15), 1761-1775.
Muricy G., Bézac C., Gallissian M.F., Boury-Esnault N., 1999, Anatomy, cytology and symbiotic bacteria of four Mediterranean species of Plakinia Schulze, 1880 (Demospongiae, Homosclerophorida), Journal of Natural History, 33(2), 159-176.
Muricy G., Boury-Esnault N., Bézac C., Vacelet J., 1996, Cytological evidence for cryptic speciation in Mediterranean Oscarella species (Porifera, Homoscleromorpha), Can. J. Zool., 74, 881-896.
Andrey E., Vishnyakov A.E., Ereskovsky A.V, 2009, Bacterial symbionts as an additional cytological marker for identification of sponges without a skeleton, Mar. Biol., 156, 1625–1632.