Oscarelle bleu-violet

Oscarella lobularis | (Schmidt, 1862)

N° 1035

Méditerranée, Atlantique Est et Ouest tropical

Clé d'identification

Spongiaire de 5 à 20 cm
Couleur bleue ou violette
Consistance molle, gélatineuse au toucher
Surface lisse
Lobe de 1 cm de diamètre
Oscules à répartition régulière

Noms

Autres noms communs français

Eponge bleue (attention, ce nom commun est également donné à l'oscarelle jaune-verdâtre Oscarella tuberculata)

Noms communs internationaux

Flesh sponge, blue sponge (GB), Spugna viola, spugna blu (I), Espoja azul (E), (Blauer) Fleischschwamm (D), Gelobde spons, blauwe vleespons (NL) (attention, ces noms communs sont également donnés à l'oscarelle jaune-verdâtre Oscarella tuberculata)

Synonymes du nom scientifique actuel

Halisarca lobularis Schmidt, 1862
Halisarca mimosa Barrois, 1876
Octavella galangaui Tuzet & Paris, 1963
Oscaria lobularis (Schmidt, 1862)

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Est et Ouest tropical

Zones DORIS : ● Caraïbes, ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Cette espèce commune est à l'origine endémique de la mer Méditerranée, en particulier dans sa partie ouest. Elle est toutefois décrite en Atlantique Est, Manche, mer du Nord, mer Adriatique et Atlantique Ouest tropical (Martinique), où elle n'a que récemment été comptabilisée dans les inventaires.

Biotope

Cette espèce se rencontre surtout dans les grottes et sous les surplombs, mais aussi sur la roche plus exposée et, dans la mer Méditerranée, parmi les rhizomes* des posidonies. Elle est visible de 15 à 35 m.

Description

Oscarella lobularis est une éponge encroûtante* épaisse formant des colonies de 5 à 20 cm. Elle forme des circonvolutions et des lobes érigés, arrondis et creux, de 1 cm de diamètre. Certains lobes sont semi-circulaires, tandis que d'autres lobes s'ouvrent régulièrement sur un oscule*. Cette éponge présente une coloration assez variable, passant du bleu au violet (voire rose) en surface, tandis que les dépressions sont violet-crème. La couleur la plus typique reste toutefois le bleu. Parfois, on rencontre des transitions d'une couleur à l'autre dans la même colonie.

L'absence de squelette (absence de spicules* et de spongine*) rend cette éponge très molle et légèrement gélatineuse au toucher. Sa surface est lisse.

Espèces ressemblantes

Les espèces du genre Oscarella ont longtemps été confondues les unes avec les autres, notamment à cause d'une absence de spicules et de fibres de spongines dans leurs tissus. En particulier, Oscarella lobularis et Oscarella tuberculata ont longtemps été regroupées à tort sous le nom d'Oscarella lobularis. Cependant, des études génétiques récentes (années 90s) ont permis de faire la distinction entre les différentes espèces. Fort heureusement pour nous, ces espèces génétiquement différentes présentent des caractéristiques microscopiques très distinctives, mais également des critères précis (couleur, localisation, biotope*) :

Oscarella balibaloi Pérez & all, 2011 : l'oscarelle Bali Balo. De surface bosselée par de nombreux petits lobes ou rides, cette éponge très molle est de couleur blanche à orange. Elle n'est connue que de la mer Méditerranée, de 8 à 40 m, sur la roche, des éponges massives, des bryozoaires arbustifs et des gorgones.

Oscarella imperialis Muricy et al., 1996 : l'oscarelle jaune-orange. De surface rugueuse à ridée et de consistance molle, cette éponge présente une couleur orangée en surface et jaune dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules* cytoplasmiques très denses et souvent une seule vacuole*. Elle est visible en Méditerranée, vers 15 m de fond, le long des tombants verticaux.

Oscarella microlobata
Muricy et al., 1996 : l'oscarelle marron. De surface rugueuse et de consistance molle et fragile, cette éponge est de couleur marron foncé en surface et marron clair dans les dépressions. Ses cellules présentent des sphérules cytoplasmiques et inclusions intranucléaires paracristallines. Souvent solitaire et faiblement attachée au substrat, elle est présente vers 15 m de fond dans des cavernes semi-obscures. Elle n'est actuellement rapportée que dans une grotte à proximité de l'île Riou, au large de Marseille (13).

Aplysilla rubra
(Hanitsch, 1890) : l'oscarelle rouge. De surface bosselée par de nombreux petits lobes, et de forme "chou-fleur", cette éponge est de couleur rouge à beige. Elle n'est visible que dans l'Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord, de 5 à 300 m, sur des roches et où elle forme probablement un complexe d'espèces comme l'était O. lobularis.

Oscarella tuberculata
(Schmidt, 1868) : l'oscarelle jaune-verdâtre. De surface granuleuse à ridée et de consistance ferme et cartilagineuse, cette éponge est très souvent uniformément jaune-verdâtre (avec parfois des reflets bleutés). Elle présente des lobes de 0,5 cm de diamètre et des oscules à répartition irrégulière. Elle est visible dans la mer Méditerranée de 5 à 35 m à l'ombre d'un tombant (coloration plutôt verdâtre) ou à l'entrée d'une grotte (coloration plutôt jaune).

Oscarella viridis
Muricy et al., 1996 : l'oscarelle vert-pâle. De surface rugueuse et de consistance très molle et fragile, cette éponge est de couleur verte (généralement plus claire dans les dépressions). Ses cellules présentent de nombreuses sphérules cytoplasmiques peu denses. Elle est faiblement attachée à son substrat et est visible en Méditerranée, dans des cavernes semi-obscures, vers 15 m de fond.

Oscarella
tenuis Hentschel, 1909 : éponge de couleur rouge à grise, irrégulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.

Oscarella
membranacea Hentschel, 1909 : doré sombre en surface et crème dans les dépressions, régulièrement lobulée, présente au sud-ouest de l'Australie.

Oscarella
nigraviolacea : violet très foncé, voire noire, à surface convolée, présente en Tanzanie.

Oscarella stillans
: éponge jaune-miel à reflets verdâtres, de texture collagéneuse, présente vers 12 m de fond dans les Philippines.

Alimentation

Comme tous les spongiaires, Oscarella lobularis est un animal filtreur* : les cils des choanocytes* créent des mouvements d'eau dans la cavité gastrique. L'eau entre par les nombreux petits trous (pores inhalants) et sort par les grands trous ou oscules* (pores exhalants). Puis les cellules ciliées captent et digèrent les particules organiques microscopiques et les produits de la digestion sont distribués aux autres cellules de l'organisme.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut être réalisée selon 3 processus distincts :

- Sexuée :
par production de gamètes mâles (spermatozoïdes) et femelles (ovules). Les éponges sont hermaphrodites, cependant les gamètes mâles et femelles d'une même éponge ne sont pas expulsés au même moment. La fécondation a lieu de fin juillet à fin août. Elle est indirecte : le spermatozoïde pénètre une cellule annexe à l'ovule (généralement un choanocyte*) puis est injecté dans l'ovule. Après fusion des deux gamètes au sein de la mésoglée*, les cellules de l'œuf ainsi obtenu se divisent activement pour former une larve nageuse entièrement ciliée et de forme ovoïde (200 µm de large, 400 µm de long). La larve d'Oscarella lobularis est caractéristique : région antérieure blanche, région postérieure violette à rose foncé, avec absence de cellules maternelles et présence d'un seul type d'endobactéries symbiotiques. Oscarella lobularis est ovovivipare* et n'expulse ses larves que lorsqu'elles ont atteint leur stade de développement final. Lorsque les larves quittent l'éponge parentale (durée de vie pélagique : 2 jours), elles vont se fixer sur un substrat et donner une nouvelle éponge.

- Asexuée par bourgeonnement : se déroulant sur une durée de 1 à 4 jours, les bourgeons se forment dans des zones marginales proches de la base de l'éponge selon 3 étapes bien définies. La première étape est caractérisée par la présence de petites protubérances d'ectoderme d'origine parentale. La seconde étape est caractérisée par le regroupement des petites protubérances en structures tubulaires régulières, allongées et mamelonnées. La troisième étape correspond à la formation d'un bouton sphérique comportant une large cavité centrale. Ceci se traduit par le développement d'excroissances en forme de gouttes (ou coulures) ou de filaments non fixés. Ensuite, ce bourgeon (taille : 0,6-1 mm) se détache de l'éponge parentale et peut flotter entre deux eaux (vie pélagique) pendant plusieurs jours consécutifs. Après fixation sur un substrat, ce petit bourgeon va se développer en une petite éponge sous 4-10 jours.

- Asexuée par bouturage :
des fragments se détachant de l'éponge mère peuvent aller se fixer un peu plus loin.

Les éponges se reproduisent surtout asexuellement et ont une énorme capacité de régénération.

Vie associée

Cette éponge contient un seul type d'endobactéries symbiotiques.

Divers biologie

Comme tous les spongiaires, cette espèce est un animal très simple ne présentant pas de tube digestif et peu ou pas de cellules nerveuses. Elle ne se rétracte donc pas quand on la touche. Elle présente une couche de cellules externes (l'ectoderme) et une couche de cellules interne (l'endoderme), séparées par une sorte de gélatine (la mésoglée). La cavité gastrique ou cavité interne (atrium*) est tapissée de cellules ciliées (les choanocytes*, caractéristiques des spongiaires) dont les flagelles créent un courant d'eau.

Les espèces du genre Oscarella ne présentent pas squelette interne : elles n'ont pas de spicules* et pas de fibres de spongine*. L'aspect microscopique de cette espèce en particulier est très caractéristique et une étude en laboratoire permet de faire la distinction entre Oscarella lobularis et les autres éponges du même genre. Ainsi, Oscarella lobularis comporte une mésoglée (mésohyle) constituée d'un réseau lâche de fibrilles de collagène. Ces fibrilles entourent incomplètement un seul type d'endobactéries symbiotiques à paroi différenciée épaisse. La mésoglée contient également des cellules vacuolaires de type I et de type II (les cellules de type I étant échancrées à noyau périphérique et contenant entre 1 et 4 très grandes vacuoles occupant la quasi-totalité du cytoplasme cellulaire ; les cellules de type II étant ovoïdes à noyau central avec 1 ou 2 filopodes et contenant de nombreuses petites vacuoles cytoplasmiques très disséminées). Les choanocytes sont régulièrement espacés.

La respiration se fait par filtration de l'oxygène dissous dans l'eau.

Informations complémentaires

Sur le plan biochimique, Oscarella lobularis se distingue des autres espèces du même genre par la présence d'un métabolite particulier dans ses tissus (un ester polyéthylénique), tandis que ce métabolite est absent chez Oscarella tuberculata.

Origine des noms

Origine du nom français

Oscarelle : francisation du nom de genre ;

bleu-violet : tout simplement du fait de sa couleur. Cette précision de couleur est une proposition du site DORIS permettant de distinguer Oscarella lobularis des autres éponges du genre Oscarella (dont par exemple : O. tuberculata, O. imperialis, O. viridis).

Origine du nom scientifique

Oscarella : genre dédié au zoologiste, botaniste et mycologue allemand Oscar Schmidt [1823-1886], en l'honneur de son travail sur la détermination des espèces. Il est en particulier l'auteur de l'ouvrage Eponges de la mer Adriatique.

lobularis : du grec [lob-] = lobe, lobule.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Porifera Spongiaires / Eponges Organismes exclusivement aquatiques, filtreurs, fixés au substrat, de formes variables, et percés d'orifices inhalants (ostioles ou pores) et exhalants (oscules).
Classe Homoscleromorpha Homoscléromorphes

Eponges exclusivement marines (une centaine d'espèces). Spicules siliceux (quand ils sont présents) non subdivisés en mégasclères et microsclères. Vivipares, larve typique : cinctoblastula.

Famille Oscarellidae Oscarellidés

Absence de spicules et de fibres de spongine.

Genre Oscarella
Espèce lobularis

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