Ver rubané de 80-90 mm de long pour 4-5 mm de large
Face supérieure orange, brune ou rose, bombée
Face ventrale plate de couleur claire
Extrémités du corps pointues
Tête avec 2 fossettes blanches
Nombreux yeux répartis en plusieurs rangées sur la tête, généralement bien visibles
Orange ribbon worrm (GB), smuk slimbænde (DK)
Nemertes pulchra Johnston, 1837
Nemertes (Nemertes) pulchra Johnston, 1837
Amphiporus pulcher (Johnston, 1837)
Amphiporus pulcher pulcher (Johnston, 1837)
Polystemma pulchrum (Johnston, 1837)
Prostoma pulchra (Johnston, 1837)
Nipponnemertes pulchra (Johnston, 1837)
Omatoplea bemix (Quatrefages, 1846)
Polia bemix Quatrefages, 1846
Vermiculus rubens Dalyell, 1853
Amphiporus pusillus Punnett, 1903
Amphiporus bergendali Gering, 1912
Cratenemertes bergendali (Gering, 1912)
Nipponnemertes bergendali (Gering, 1912)
Amphiporus falklandicus Wheeler, 1934
Atlantique Nord, Méditerranée
Zones DORIS : ● Atlantique Nord-Ouest, ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Sa distribution géographique est mal connue. Il est présent dans l'hémisphère nord sur les côtes atlantiques européennes de la Norvège au Portugal, en Méditerranée, au Groenland et sur la côte est d'Amérique du Nord au Canada (baie de Fundy, Nouvelle-Ecosse) et aux Etats-Unis. Dans l'hémisphère sud on le retrouverait sur les côtes atlantiques et pacifiques d'Amérique du Sud (Argentine et Chili). Cette très large distribution peut laisser penser qu'il y a peut-être confusion entre plusieurs espèces.
Cette espèce vit sur des fond détritiques*, coquilliers ou rocheux parmi les algues calcaires (encroûtantes ou non) de 1 à 570 m de profondeur.
Nipponnemertes pulcher est un ver rubané aplati dorso-ventralement, pouvant atteindre 80-90 mm de long pour 4-5 mm de large.
La face supérieure est largement bombée, de couleur orange, rouge, brune ou rose, sans motif, alors que la face ventrale est plate, de couleur claire, voire blanche. Les extrémités du corps sont pointues. Chez les individus matures, la coloration est souvent plus foncée, due à l'accumulation des gamètes* visibles par transparence.
La tête, également orange, présente à sa base deux taches blanches triangulaires (une de chaque côté). Ces taches correspondent à des fossettes, constituées de plis rappelant vaguement les fentes branchiales des requins. L'extrémité de la tête est pâle. Ce némerte possède de très nombreux yeux (ou taches oculaires ou ocelles*) répartis en plusieurs rangées sur la tête, généralement visibles à l’œil nu. Ce nombre augmente avec l'âge mais leur disposition reste constante et caractéristique de l'espèce.
Parfois, le proboscis* et les diverticules intestinaux peuvent être vus par transparence.
Dans la même aire géographique il existe plusieurs vers rubanés d'allure semblable :
Paradrepanophorus crassus est très souvent confondu avec Nipponnemertes pulcher. Comme lui, il est franchement orange mais s'en distingue par l'absence de taches blanches sur la tête. De plus, alors que N. pulcher appartient à l'ordre des Monostylifères (1 seul stylet dans le proboscis*), P. crassus est un Polystylifère (nombreux stylets dans le proboscis). La confusion est entretenue par le fait que ces 2 espèces sont souvent appelées ver rubané flamboyant. De très nombreuses observations de P. crassus sont attribuées à tort à N. pulcher, y compris sur des sites de référence.
Leucocephalonemertes aurantiaca est orange à lie de vin mais présente une large zone blanche sur la tête.
Cerebratulus marginatus est beaucoup plus grand et peut atteindre 1 m de longueur. Il est de couleur jaune.
D'autres vers rubanés sont de couleur orange mais avec des lignes longitudinales sur le dos : Punnettia splendida, Gibonnemertes spectabilis, Drepanogigas albolineatus, Baseodiscus delineatus.
Cestoplana rubrocincta a un corps jaunâtre avec 3 lignes rouges sur le dos. Bien que de forme allongée comme un ver rubané, il ne s'agit pas d'un némerte mais d'un plathelminthe (ver plat).
Le ver rubané flamboyant est carnivore et se nourrit de petits invertébrés notamment d'amphipodes et dans une moindre mesure d'annélides. Pour cela, il dévagine son proboscis*, sorte de trompe munie d'un stylet venimeux. Une fois la proie morte et immobilisée dans le proboscis, le stylet est utilisé pour creuser un trou à la jonction entre le thorax et l'abdomen de l'amphipode pour injecter des enzymes digestives. Le proboscis est alors rétracté et la partie antérieure de l’œsophage est projetée dans le trou. Il ne reste plus au némerte qu'à aspirer le contenu de sa proie.
C'est une espèce gonochorique*, les sexes sont séparés et la reproduction sexuée a lieu en été. Lors de la reproduction, mâles et femelles se mettent à nager en pleine eau en ondulant tout en libérant leurs gamètes*. La fécondation* est donc externe. Les œufs donnent des larves* lécitotrophes* qui se métamorphosent* rapidement en juvéniles.
Les némertes ont un fort pouvoir de régénération et peuvent se reproduire de façon asexuée par scissiparité*. L’animal irrité ou attaqué peut se fragmenter en plusieurs morceaux, chacun régénérant un individu complet (clone*).
Dans les pays nordiques, Nipponnemertes pulcher est très présent dans les communautés à Haploops.
Le corps, et plus particulièrement la face ventrale de ce némerte, est couvert de petits cils dont le mouvement va permettre à l'animal de se déplacer en glissant. Les némertes sont plutôt photophobes* et chassent de préférence la nuit.
Le proboscis* de ce ver contient un seul stylet qui est relié à une glande venimeuse (sécrétions neurotoxiques* et cytolytiques). Ce stylet va piquer les proies lorsque le ver dévagine sa trompe (proboscis).
Ce némerte est capable de se contracter et alors de réduire sa taille de 20 à 30 %.
Il existe une grande confusion dans l'identification de cette espèce. Par exemple, Wheeler (1934) l'a d'abord décrit en tant que Nipponnemertes pulcher avant de se rendre compte 6 ans plus tard qu'il s'agissait en fait d'Amphiporus africanus. Certains caractères d'anatomie interne sont décrits différemment selon les auteurs. De même, pour certains il s'agit d'une espèce qui nage volontiers et pour d'autres au contraire cela n'arrive pas sauf au moment du frai. Ces descriptions différentes et les nombreux signalements de ce némerte à travers le monde correspondent peut-être à différentes espèces. Aucune analyse génétique, qui pourtant enlèverait toute ambiguïté, n'a encore été réalisée au moment de la rédaction de cette fiche (mars 2021).
Ver rubané flamboyant décrit son groupe (les némertes appelés aussi vers rubanés) et sa couleur (orange flamboyant).
Nipponnemertes : de [Nippon] = japonais et de "nemertes" du grec [Nemertês], nom d'une des Néréides, fille de Nérée et Doris. Ce nom est donné à l'embranchement des vers rubanés.
pulcher : du latin [pulcher] = beau, magnifique.
Numéro d'entrée WoRMS : 122704
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Nemertea | Némertes | Vers marins benthiques (quelques espèces pélagiques, terrestres et dulçaquicoles) rubanés, non segmentés, longs, aplatis dorsoventralement, et recouverts de cils. Ces vers sont d'actifs prédateurs, qui capturent leurs proies à l'aide d'une trompe exsertile. |
Classe | Hoplonemertea | Hoplonémertes | |
Ordre | Monostilifera | Monostilifères | |
Sous-ordre | Cratenemertea | Cratenemertes | |
Famille | Cratenemertidae | Cratenémertidés | |
Genre | Nipponnemertes | ||
Espèce | pulcher |
Ver rubané orangé
Ce ver rubané (ou némerte) se reconnaît à son dos orangé à brun orangé uniforme et aux deux taches blanches sur la tête.
Saména, Marseille (13), 8 m de nuit
13/07/2020
Tête
Sur ce gros plan de la partie antérieure de ce némerte, on voit bien la fossette gauche de couleur blanche et constituée de plis rappelant les dessins des fentes branchiales des requins. Les points noirs correspondent aux yeux.
Castel del Sonnino, Livourne, Italie, 8 m de nuit
24/02/2005
Proboscis
Pour se nourrir, ce ver dévagine son proboscis, trompe munie d'un stylet venimeux.
Saména, Marseille, 12 m de nuit
01/09/2021
Orangé
Le corps est orangé, sans motif particulier, et pointu à ses deux extrémités.
Villefranche-sur-Mer (06), 10 m de nuit
19/08/2010
Face ventrale
Cet individu contorsionné nous montre une partie de sa face ventrale qui est plate et de couleur pâle.
Saména, Marseille (13), 6 m de nuit
02/08/2018
Individu foncé
La couleur de la face supérieure de cet individu tire plus sur le marron mais elle reste uniforme.
Saména, Marseille (13), 10 m, de nuit
13/07/2020
De nuit
Ce némerte se rencontre dans les fonds rocheux où il évolue la nuit à la recherche des ses proies : des petits amphipodes.
Saména, Marseille (13), 8 m de nuit
19/07/2020
Dans les algues
On peut également rencontrer ce némerte parmi les algues calcaires.
Grotte à corail, Marseille (13), 12 m de nuit
24/07/2019
Rédacteur principal : Sylvain LE BRIS
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvain LE BRIS
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