Taille moyenne (240 cm) à grande (340 cm)
Couleur grise à brun-jaunâtre sur le dos et les flancs, ventre plus clair
Museau court et arrondi
Seconde dorsale presque de la même taille que la première dorsale
Lourd et se déplaçant lentement
Requin limon, requin citron
Lemon shark (GB), Squalo limone (I), Tiburón limón, tiburón amarillo, caconeta, cazón, calano, tiburón galano (E), Zitronenhai, Atlantischer Zitronenhai, Kurznasenhai (D), Tubarão-limão, cação-limão (P), Citroenhaai (NL)
Hypoprion brevirostris Poey, 1868
Carcharias fronto Jordan & Gilbert, 1882 et
Negaprion fronto Jordan & Gilbert, 1882) sont aussi considérés comme synonymes mais cela doit encore être confirmé.
Atlantique tropical Ouest et Est, Pacifique tropical Est
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● CaraïbesCe requin fréquente l'océan Atlantique Ouest, du New Jersey (USA) au nord jusqu'au Brésil au sud, en passant par les Bahamas, le golfe du Mexique et les Caraïbes.
Dans l’Atlantique Est, on le retrouve également sur les côtes ouest-africaines où il est mentionné du Sénégal à la Côte d’Ivoire.
Il est également répertorié sur la côte est de l’océan Pacifique, de la péninsule de Basse-Californie (Mexique) jusqu'à l’Équateur.
Negaprion brevirostris vit essentiellement sur les plateaux continentaux et insulaires, dans les eaux saumâtres des estuaires et en zones intertidales* des eaux tropicales et tempérées, à une profondeur entre 0 et 92 m. L'espèce est souvent présente dans les récifs coralliens et les zones sableuses où elle recherche sa nourriture. Elle fréquente également les mangroves*.
Ce requin peut occasionnellement s'aventurer en pleine mer à des fins de migrations et c'est plutôt vers la surface qu'on peut l'y rencontrer. A l’approche de l'hiver, certaines populations peuvent migrer vers des eaux plus profondes.
C’est un animal social, qui vit souvent en groupe (on a pu signaler des groupes de 20 individus) et qui possède un territoire bien défini.
Negaprion brevirostris est un requin de taille moyenne à grande (2,40 m jusqu’à 3,40 m maximum) au corps fusiforme, robuste et lourd, pouvant ainsi peser plus de 150 kg (poids maximum enregistré : 183,7 kg). Il est de couleur grise à brun-jaunâtre d’où son nom vernaculaire de "citron" (le fruit). Sa face ventrale est plus claire.
Il a deux nageoires dorsales qui présentent la particularités d'avoir quasiment la même taille.
Il a un museau court et arrondi. Les yeux sont petits et la bouche incurvée. Il dispose de 5 fentes branchiales de chaque côté.
Les deux nageoires dorsales tendent à être légèrement falciformes* et elles montrent un bord postérieur faiblement concave. La première dorsale prend son origine à l'aplomb de la partie arrière de la pectorale.
Les nageoires pectorales sont quasiment triangulaires.
La caudale est très nettement hétérocerque* montrant un lobe supérieur très développé, avec une grosse échancrure sous la pointe. Parfois, les extrémités de certaines nageoires sont plus sombres que le reste.
Ce requin se déplace lentement.
Le requin-citron Negaprion brevirostris ne pourrait être confondu qu’avec son cousin, le requin limon faucille Negaprion acutidens Rüppell, 1837 (aussi parfois appelé requin-citron). Mais leurs aires de répartition ne se croisent pas, même s'ils sont présents tous les deux dans le Pacifique. En effet, N. brevirostris est présent sur la côte est de l’océan Pacifique (côtes de l'Amérique) alors que N. acutidens n’est répertorié que jusqu’au Pacifique centre et pas sur le Pacifique oriental. Il n'y a donc aucune chance de les confondre in situ.
D'aspect très proche de N. brevirostris, N. acutidens est un peu plus petit et ses pectorales sont nettement plus falciformes.
Negaprion brevirostris se nourrit essentiellement de poissons (poissons-chats, mulets, carangues, diodons, poissons-vaches, poissons-guitares, raies pastenagues, etc.) mais également de crustacés et mollusques. Une étude de Newman et al., en 2010, a montré que les requins-citrons juvéniles sélectionnent le type de proies et la taille et qu'ils ne sont pas du tout opportunistes comme on le pensait jusque-là ; ils ne se focalisent pas forcément sur des espèces abondantes. A Bimini (Bahamas), par exemple, les juvéniles mangent en priorité des poissons-perroquets.
[Garla et al. 2017] a montré que le comportement de prédation diffère entre les juvéniles d’un côté, et les sub-adultes et adultes de l’autre : alors que les juvéniles (taille < 2 m) inspectent le substrat* à la recherche de proies dans le sable, les crevasses ou les trous dans le corail, les plus grands pratiquent des attaques « éclairs » sur des bancs de poissons, le tout dans un maximum de 5 m d’eau.
En 1982, une étude réalisée par Gruber a indiqué qu’un requin-citron adulte devait manger environ 1,5 kg de poisson par jour pour avoir suffisamment d’énergie.
Les jeunes requins de 70 cm de long mangent 3 % de leur poids corporel par jour et ils doublent leur poids en une centaine de jours.
Negaprion brevirostris atteint la maturité sexuelle vers 11 à 13 ans, il mesure alors environ 220 cm. C’est un animal qui se reproduit tous les deux ans seulement, du printemps jusqu’au début de l’été, avec à chaque fois une période de gestation de 10 à 12 mois.
Comme tous les squales, les mâles de cette espèce possèdent deux ptérygopodes* au niveau des nageoires pelviennes et lors de la reproduction, le mâle saisit la femelle en la mordant au niveau de la nageoire pectorale, puis insère l'un de ses ptérygopodes dans le cloaque de la femelle. Durant cette étreinte et dans une nage coordonnée, l'insémination peut avoir lieu.
C’est un animal vivipare* placentaire (ovovivipare*) qui donne naissance à un nombre relativement faible de petits (comparé à d’autres espèces vivipares placentaires comme le requin peau bleue) : de 4 à 18 petits mesurant chacun environ 50-68 cm.
Les juvéniles restent dans la zone où ils sont nés (la nurserie) pendant une durée de 2 à 3 ans, une zone généralement de faible profondeur qui les protège des prédateurs et leur assure une nourriture facile.
Une étude de [Feldheim et al. 2001] a mis en évidence pour la première fois la paternité multiple (la femelle ayant conservé le sperme de différents mâles) au sein d’une même portée de requin-citron, assurant ainsi une diversité génétique plus large.
Le taux de mortalité chez les juvéniles la première année est estimé entre 39 et 60 %.
A noter que la femelle retourne toujours mettre bas dans la même zone.
Comme chez beaucoup de grands animaux, les rémoras sont souvent présents autour et sur les individus.
Mais Negaprions brevirostris peut aussi être porteur de nombreux parasites, notamment des espèces de monogènes et de copépodes (tels que Perissopus dentatus, Paralebion elongatus, Kroyeria spatulata, Nemesis pilosus...).
Negaprion brevirostris fait partie des requins (et des poissons en général) capables de se poser sur le fond et de respirer sans mouvement (contrairement à une idée reçue qui dit qu’ils doivent toujours être en mouvement). En effet, malgré l’apparence fine de la peau séparant les fentes branchiales, au nombre de 5 de chaque côté, ils peuvent pomper de l’eau à travers leurs branchies en ouvrant et fermant la bouche.
Les dents de cette espèce sont subtriangulaires avec une forte cuspide* à bords lisses. Celles de la mâchoire supérieure sont finement dentelées à la base et se penchent en allant vers les commissures. Celles de la mâchoire inférieure sont plus étroites et triangulaires.
Des observations de cannibalisme des juvéniles par les sub-adultes ont été rapportées. Cette prédation des individus plus gros sur les juvéniles entraîne parfois un comportement de « migration » avec la marée, permettant par exemple aux jeunes d’aller se mettre à l’abri des racines de palétuviers à marée haute.
L'espérance de vie maximale chez Negaprion brevirostris est probablement aux alentours des 30 ans.
Il existe de nombreuses études concernant cette espèce car, d'une part, elle a une grande aire de répartition et se rencontre fréquemment en eaux peu profondes, notamment aux Bahamas. D'autre part, il existe de nombreuses nurseries de requins-citrons dans la nature, constituant de véritables laboratoires naturels et enfin, c’est une espèce facile à manipuler et à élever en captivité.
Cette espèce représente un danger mineur pour l’homme : même si quelques « attaques » ont déjà été rapportées (en Floride et dans les Caraïbes uniquement), aucun mort n’est à déplorer à ce jour.
Si l'espèce ne fait pas l'objet de mesure de protection globale, au niveau planétaire, Negaprion brevirostris est localement protégée dans certains endroits, comme en Floride où elle est strictement interdite à la pêche toute l’année. Elle est de même interdite à la pêche en Louisiane entre le 1er avril et le 30 juin.
En revanche, elle est autorisée à la pêche dans les territoires et départements français d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélémy et la Guyane française).
Sur la Liste rouge de l'UICN*, N. brevirostris était, depuis 2009, répertorié comme NT, "Near threatened". Ce statut NT concerne une espèce classée "quasi menacée" par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (en anglais : IUNC) car elle pourrait être considérée comme menacée d'extinction dans un proche avenir, même si elle ne remplit à ce moment pas les conditions requises pour être considérée comme menacée. Ce statut NT suggère fortement une réévaluation à intervalles réguliers de ce taxon.
Et en effet, son statut s'est aggravé en 2020 et est passé à VU ("Vulnérable"), témoignant de la baisse de ses populations dans la plupart des zones où il est possible de suivre l'évolution démographique.
Requin-citron : ce nom vient de sa couleur qui tire parfois sur le jaune, comme le fruit, comme un citron, donc.
Negaprion : probablement du latin [nego] = nier, refuser, et du grec [prion]= une scie, le terme signifiant alors « pas une scie ». Ceci serait relatif aux dents qui ne sont pas crantées comme chez d’autres espèces.
brevirostris : du latin [brevis ] = court, et [rostrum] = museau, donc littéralement : « museau court ».
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Classe | Chondrichthyes | Chondrichthyens | Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale. |
Sous-classe | Elasmobranchii | Elasmobranches | Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles. |
Super ordre | Euselachii | Sélaciens | Raies et requins. |
Ordre | Carcharhiniformes | Carcharhiniformes | Requins de fond. |
Famille | Carcharhinidae | Carcharhinidés | |
Genre | Negaprion | ||
Espèce | brevirostris |
Dorsales quasiment de même taille
Il s'agit de l'un des signes distinctifs de cette espèce : première et seconde nageoires dorsales peuvent avoir presque la même taille.
Petite-Terre, Guadeloupe, océan Atlantique
11/03/2015
Tête et dents
Le nez est court, l’œil petit et la bouche incurvée.
Les dents supérieures sont étroites et larges, avec une cuspide triangulaire à bords lisses et une base finement dentelée. Les dents deviennent plus obliques vers le coin de la bouche.
Les dents inférieures sont étroites et triangulaires avec une cuspide à bords lisses.
Bahamas (océan Atlantique)
11/2011
Juvénile
Ce juvénile d'environ 60 cm de longueur est probablement en recherche de nourriture.
Les juvéniles sont rencontrés dans peu d'eau.
Petite-Terre, Guadeloupe, océan Atlantique
12/08/2014
Vidéo : La maraude
La nage lente près du sol, dans peu d'eau...
Ces deux individus antillais sont accompagnés de rémoras.
Petite Terre, Guadeloupe, Antilles françaises, Atlantique
11/03/2015
Atlantique Ouest : dans les Bahamas
Ce requin fréquente l'océan Atlantique Ouest, du New Jersey (USA) au nord jusqu'au Brésil au sud, en passant par les Bahamas, le golfe du Mexique et les Caraïbes. Il est donc bien présent dans les Antilles françaises.
Tiger beach, Bahamas
11/2011
Atlantique Est : au Cap Vert
Ce requin est présent sur les côtes africaines de l'Atlantique.
Le photographe raconte : "On m’avait parlé d’un endroit au nord-est de l’île où l’on pouvait voir des requins citrons du bord ! J’ai loué une voiture, j’y suis allé seul. Et effectivement, après un peu de recherches, sur un bord de côte désert hormis quelques pêcheurs locaux à qui j’ai demandé, ceux-ci m’ont désigné du doigt un coin à quelques centaines de mètres de là. On voyait les ailerons depuis le bord. Je me suis mis à l’eau après un peu de réticences et j’ai pu faire des photos en restant « debout », puisque j’avais pied. Les requins tournaient à 5-6, je ne sais pas pourquoi (peut-être des résurgences ?) et passaient devant et derrière moi…. Assez flippant mais bon, je n’avais jamais vu cette espèce… Un moment mémorable !".
Île de Sal, Cap Vert (océan Atlantique), 1 m
01/04/2012
Rédacteur principal : Jean ROGER
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Brown C., Gruber S.H., 1988, Age assessment of the lemon shark, Negaprion brevirostris using tetracycline validated vertebral centra, Copeia, 747-753.
Feldheim K.A., Gruber S.H., Ashley M.V., 2001, Multiple paternity of a lemon shark litter (Chondrichthyes: Carcharhinidae), Copeia, 3, 781-786.
Freitas R.H.A., Rosa R.S., Gruber S.H., Wetherbee B.M., 2006, Early growth and juvenile population structure of lemon sharks Negaprion brevirostris in the Atol das Rocas Biological Reserve, off north-east Brazil, Journal of Fish Biology, 68, 1319-1332.
Garla R.C., Gadig O.B.F., Garcia Junior J., Veras L.B., Garrone-Neto D., 2017, Hunting tactics of the lemon shark, Negaprion brevirostris, in shallow waters of an oceanic insular area in the western equatorial Atlantic, Neotropical Ichthyology, 15(1), e160119.
Gruber S.H., 1982, Role of the lemon shark, Negaprion brevirostris (Poey) as a predator in the tropical marine environment: a multidisciplinary study, Florida Scientist, 45(1), 46-75.
Gruber S.H., De Marignac J.R.C., Hoenig J.M., 2001, Survival of juvenile lemon sharks at Bimini, Bahamas, estimated by mark-depletion experiments, Transactions of the American Fisheries Society, 130, 376-384.
Guttridge T.L., Gruber S.H., Franks B.R., Kessel S.T., Gledhill K.S., Uphill J., Krause J., Sims D.W., 2012, Deep danger: intra-specific predation risk influences habitat use and aggregation formation of juvenile lemon sharks Negaprion brevirostris, Marine Ecology Progress Series, 445, 279-291.
Kessel S.T., Chapman D.D., Franks B.R., Gedamke T., Gruber S.H., Newman J.M., White E.R., Perkins R.G., 2014, Predictable temperature-regulated residency, movement and migration in a large, highly mobile marine predator (Negaprion brevirostris), Marine Ecology Progress Series, 514, 175-190.
Newman S.P., Handy R.D., Gruber S.H., 2010, Diet and prey preference of juvenile lemon sharks Negaprion brevirostris, Marine Ecology Progress Series, 398, 221-234.
La page sur Negaprion brevirostris dans le site de référence de DORIS sur les poissons : FishBase