Requin-citron

Negaprion brevirostris | (Poey, 1868)

N° 830

Atlantique tropical Ouest et Est, Pacifique tropical Est

Clé d'identification

Taille moyenne (240 cm) à grande (340 cm)
Couleur grise à brun-jaunâtre sur le dos et les flancs, ventre plus clair
Museau court et arrondi
Seconde dorsale presque de la même taille que la première dorsale
Lourd et se déplaçant lentement

Noms

Autres noms communs français

Requin limon, requin citron

Noms communs internationaux

Lemon shark (GB), Squalo limone (I), Tiburón limón, tiburón amarillo, caconeta, cazón, calano, tiburón galano (E), Zitronenhai, Atlantischer Zitronenhai, Kurznasenhai (D), Tubarão-limão, cação-limão (P), Citroenhaai (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Hypoprion brevirostris Poey, 1868

Carcharias fronto Jordan & Gilbert, 1882 et
Negaprion fronto Jordan & Gilbert, 1882) sont aussi considérés comme synonymes mais cela doit encore être confirmé.

Distribution géographique

Atlantique tropical Ouest et Est, Pacifique tropical Est

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ● Caraïbes

Ce requin fréquente l'océan Atlantique Ouest, du New Jersey (USA) au nord jusqu'au Brésil au sud, en passant par les Bahamas, le golfe du Mexique et les Caraïbes.
Dans l’Atlantique Est, on le retrouve également sur les côtes ouest-africaines où il est mentionné du Sénégal à la Côte d’Ivoire.
Il est également répertorié sur la côte est de l’océan Pacifique, de la péninsule de Basse-Californie (Mexique) jusqu'à l’Équateur.

Biotope

Negaprion brevirostris vit essentiellement sur les plateaux continentaux et insulaires, dans les eaux saumâtres des estuaires et en zones intertidales* des eaux tropicales et tempérées, à une profondeur entre 0 et 92 m. L'espèce est souvent présente dans les récifs coralliens et les zones sableuses où elle recherche sa nourriture. Elle fréquente également les mangroves*.
Ce requin peut occasionnellement s'aventurer en pleine mer à des fins de migrations et c'est plutôt vers la surface qu'on peut l'y rencontrer. A l’approche de l'hiver, certaines populations peuvent migrer vers des eaux plus profondes.
C’est un animal social, qui vit souvent en groupe (on a pu signaler des groupes de 20 individus) et qui possède un territoire bien défini.

Description

Negaprion brevirostris est un requin de taille moyenne à grande (2,40 m jusqu’à 3,40 m maximum) au corps fusiforme, robuste et lourd, pouvant ainsi peser plus de 150 kg (poids maximum enregistré : 183,7 kg). Il est de couleur grise à brun-jaunâtre d’où son nom vernaculaire de "citron" (le fruit). Sa face ventrale est plus claire.
Il a deux nageoires dorsales qui présentent la particularités d'avoir quasiment la même taille.
Il a un museau court et arrondi. Les yeux sont petits et la bouche incurvée. Il dispose de 5 fentes branchiales de chaque côté.
Les deux nageoires dorsales tendent à être légèrement falciformes* et elles montrent un bord postérieur faiblement concave. La première dorsale prend son origine à l'aplomb de la partie arrière de la pectorale.
Les nageoires pectorales sont quasiment triangulaires.
La caudale est très nettement hétérocerque* montrant un lobe supérieur très développé, avec une grosse échancrure sous la pointe. Parfois, les extrémités de certaines nageoires sont plus sombres que le reste.
Ce requin se déplace lentement.

Espèces ressemblantes

Le requin-citron Negaprion brevirostris ne pourrait être confondu qu’avec son cousin, le requin limon faucille Negaprion acutidens Rüppell, 1837 (aussi parfois appelé requin-citron). Mais leurs aires de répartition ne se croisent pas, même s'ils sont présents tous les deux dans le Pacifique. En effet, N. brevirostris est présent sur la côte est de l’océan Pacifique (côtes de l'Amérique) alors que N. acutidens n’est répertorié que jusqu’au Pacifique centre et pas sur le Pacifique oriental. Il n'y a donc aucune chance de les confondre in situ.
D'aspect très proche de N. brevirostris, N. acutidens est un peu plus petit et ses pectorales sont nettement plus falciformes.

Alimentation

Negaprion brevirostris se nourrit essentiellement de poissons (poissons-chats, mulets, carangues, diodons, poissons-vaches, poissons-guitares, raies pastenagues, etc.) mais également de crustacés et mollusques. Une étude de Newman et al., en 2010, a montré que les requins-citrons juvéniles sélectionnent le type de proies et la taille et qu'ils ne sont pas du tout opportunistes comme on le pensait jusque-là ; ils ne se focalisent pas forcément sur des espèces abondantes. A Bimini (Bahamas), par exemple, les juvéniles mangent en priorité des poissons-perroquets.
[Garla et al. 2017] a montré que le comportement de prédation diffère entre les juvéniles d’un côté, et les sub-adultes et adultes de l’autre : alors que les juvéniles (taille < 2 m) inspectent le substrat* à la recherche de proies dans le sable, les crevasses ou les trous dans le corail, les plus grands pratiquent des attaques « éclairs » sur des bancs de poissons, le tout dans un maximum de 5 m d’eau.

En 1982, une étude réalisée par Gruber a indiqué qu’un requin-citron adulte devait manger environ 1,5 kg de poisson par jour pour avoir suffisamment d’énergie.
Les jeunes requins de 70 cm de long mangent 3 % de leur poids corporel par jour et ils doublent leur poids en une centaine de jours.

Reproduction - Multiplication

Negaprion brevirostris atteint la maturité sexuelle vers 11 à 13 ans, il mesure alors environ 220 cm. C’est un animal qui se reproduit tous les deux ans seulement, du printemps jusqu’au début de l’été, avec à chaque fois une période de gestation de 10 à 12 mois.
Comme tous les squales, les mâles de cette espèce possèdent deux ptérygopodes* au niveau des nageoires pelviennes et lors de la reproduction, le mâle saisit la femelle en la mordant au niveau de la nageoire pectorale, puis insère l'un de ses ptérygopodes dans le cloaque de la femelle. Durant cette étreinte et dans une nage coordonnée, l'insémination peut avoir lieu.
C’est un animal vivipare* placentaire (ovovivipare*) qui donne naissance à un nombre relativement faible de petits (comparé à d’autres espèces vivipares placentaires comme le requin peau bleue) : de 4 à 18 petits mesurant chacun environ 50-68 cm.

Les juvéniles restent dans la zone où ils sont nés (la nurserie) pendant une durée de 2 à 3 ans, une zone généralement de faible profondeur qui les protège des prédateurs et leur assure une nourriture facile.
Une étude de [Feldheim et al. 2001] a mis en évidence pour la première fois la paternité multiple (la femelle ayant conservé le sperme de différents mâles) au sein d’une même portée de requin-citron, assurant ainsi une diversité génétique plus large.
Le taux de mortalité chez les juvéniles la première année est estimé entre 39 et 60 %.
A noter que la femelle retourne toujours mettre bas dans la même zone.

Vie associée

Comme chez beaucoup de grands animaux, les rémoras sont souvent présents autour et sur les individus.
Mais Negaprions brevirostris peut aussi être porteur de nombreux parasites, notamment des espèces de monogènes et de copépodes (tels que Perissopus dentatus, Paralebion elongatus, Kroyeria spatulata, Nemesis pilosus...).

Divers biologie

Negaprion brevirostris fait partie des requins (et des poissons en général) capables de se poser sur le fond et de respirer sans mouvement (contrairement à une idée reçue qui dit qu’ils doivent toujours être en mouvement). En effet, malgré l’apparence fine de la peau séparant les fentes branchiales, au nombre de 5 de chaque côté, ils peuvent pomper de l’eau à travers leurs branchies en ouvrant et fermant la bouche.

Les dents de cette espèce sont subtriangulaires avec une forte cuspide* à bords lisses. Celles de la mâchoire supérieure sont finement dentelées à la base et se penchent en allant vers les commissures. Celles de la mâchoire inférieure sont plus étroites et triangulaires.

Des observations de cannibalisme des juvéniles par les sub-adultes ont été rapportées. Cette prédation des individus plus gros sur les juvéniles entraîne parfois un comportement de « migration » avec la marée, permettant par exemple aux jeunes d’aller se mettre à l’abri des racines de palétuviers à marée haute.

L'espérance de vie maximale chez Negaprion brevirostris est probablement aux alentours des 30 ans.

Informations complémentaires

Il existe de nombreuses études concernant cette espèce car, d'une part, elle a une grande aire de répartition et se rencontre fréquemment en eaux peu profondes, notamment aux Bahamas. D'autre part, il existe de nombreuses nurseries de requins-citrons dans la nature, constituant de véritables laboratoires naturels et enfin, c’est une espèce facile à manipuler et à élever en captivité.

Cette espèce représente un danger mineur pour l’homme : même si quelques « attaques » ont déjà été rapportées (en Floride et dans les Caraïbes uniquement), aucun mort n’est à déplorer à ce jour.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Si l'espèce ne fait pas l'objet de mesure de protection globale, au niveau planétaire, Negaprion brevirostris est localement protégée dans certains endroits, comme en Floride où elle est strictement interdite à la pêche toute l’année. Elle est de même interdite à la pêche en Louisiane entre le 1er avril et le 30 juin.

En revanche, elle est autorisée à la pêche dans les territoires et départements français d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélémy et la Guyane française).

Sur la Liste rouge de l'UICN*, N. brevirostris était, depuis 2009, répertorié comme NT, "Near threatened". Ce statut NT concerne une espèce classée "quasi menacée" par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (en anglais : IUNC) car elle pourrait être considérée comme menacée d'extinction dans un proche avenir, même si elle ne remplit à ce moment pas les conditions requises pour être considérée comme menacée. Ce statut NT suggère fortement une réévaluation à intervalles réguliers de ce taxon.
Et en effet, son statut s'est aggravé en 2020 et est passé à VU ("Vulnérable"), témoignant de la baisse de ses populations dans la plupart des zones où il est possible de suivre l'évolution démographique.

Origine des noms

Origine du nom français

Requin-citron : ce nom vient de sa couleur qui tire parfois sur le jaune, comme le fruit, comme un citron, donc.

Origine du nom scientifique

Negaprion : probablement du latin [nego] = nier, refuser, et du grec [prion]= une scie, le terme signifiant alors « pas une scie ». Ceci serait relatif aux dents qui ne sont pas crantées comme chez d’autres espèces.

brevirostris : du latin [brevis ] = court, et [rostrum] = museau, donc littéralement : « museau court ».

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Chondrichthyes Chondrichthyens Squelette cartilagineux, deux nageoires dorsales et une anale (primitivement), nageoire caudale hétérocerque*, deux paires de nageoires paires, bouche disposée sur la face ventrale.
Sous-classe Elasmobranchii Elasmobranches Squelette des nageoires pectorales tribasal. Deux nageoires dorsales. 5 ou 6 paires de fentes branchiales et des spiracles.
Super ordre Euselachii Sélaciens Raies et requins.
Ordre Carcharhiniformes Carcharhiniformes Requins de fond.
Famille Carcharhinidae Carcharhinidés
Genre Negaprion
Espèce brevirostris

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