Corps serpentiforme comprimé latéralement
Grande gueule à puissantes mâchoires
Narines tubulaires
Absence de nageoires pectorales, nageoire dorsale continue
Peau sans écailles, couleur brun violacé avec marbrures blanches et jaunes
Mediterranean moray, moray eel (GB), Murena (I), Morena (E), Mittelmeermuräne (D)
Muraenophis helena (Linnaeus, 1758)
Gymnothorax muraena Bloch & Schneider, 1801
Muraena romana Shaw, 1803
Muraena punctata Rafinesque, 1810
Muraena variegata Rafinesque, 1810
Muraenophis fulva Risso, 1810
Limamuraena guttata (Risso, 1827)
Muraena augusti (Kaup, 1856) [espèce valide]
Murenophis augusti (Kaup, 1856)
Thryrsoidea augusti Kaup, 1856
Thyrsoidea atlantica Johnson, 1862
Muraena bettencourti Osório, 1911
Murenophis bettencourti (Osório, 1911)
Muraenophis bettencourti (Osório, 1911)
Méditerranée et Atlantique Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]On retrouve Muraena helena dans tout le bassin méditerranéen, ainsi que sur les côtes atlantiques orientales depuis les îles Britanniques jusqu’au Sénégal.
La murène commune vit sur les falaises côtières comportant de nombreuses anfractuosités. Elle vit cachée dans des crevasses, failles ou encore à l’intérieur d’amphores. On la trouve de la surface jusqu’à une centaine de mètres de profondeur.
La murène présente un long corps serpentiforme pouvant atteindre 1,50 m, robuste et légèrement comprimé latéralement surtout dans sa partie postérieure. La tête est courte et présente un profil bombé. La gueule s’ouvre jusqu’en arrière des globes oculaires et est dotée de puissantes mâchoires lui donnant une allure menaçante et peu sympathique. Les mâchoires sont pourvues d’une rangée antérieure de longues dents et, plus en arrière, de petites dents coniques et pointues.
La murène ne possède pas de nageoires pectorales ni ventrales. Les nageoires anale et dorsale fusionnent en une nageoire caudale arrondie qui se prolonge en continu des orifices branchiaux jusqu’à l’extrémité postérieure du corps.
Sa peau est lisse, épaisse et dépourvue d’écailles mais recouverte d’un mucus protecteur et facilitant les déplacements. Chez les individus adultes, on observe une zone de peau « chiffonnée » au dessus des yeux.
La murène est généralement de couleur brun foncé, parfois nuancée de violet, et marbrée de blanc et jaune (pouvant avoir un rôle de camouflage).
Ses narines tubulaires dépassant du museau sont bien visibles et munies de cils vibratiles qui assurent la circulation d’eau sur les terminaisons nerveuses olfactives. Ses opercules mous et dilatables laissent apparaître de petits orifices branchiaux.
On peut confondre Muraena helena avec Gymnothorax unicolor (murène chocolat). Malgré une allure et une constitution des nageoires semblables, cette dernière est généralement de taille plus modeste (jusqu’à 80 cm) et a une tête plus arrondie. La murène brune, comme son nom l’indique, a un corps de couleur uniformément brun avec une tête plus foncée.
Une espèce très proche est restreinte aux archipels des Canaries, des Açores ou de Madère : Muraena augusti (Kaup, 1856). Sa tête foncée porte des yeux blancs qui contrastent.
Muraena helena est également parfois confondue avec le congre, Conger conger, qu’on retrouve dans les mêmes biotopes* mais qui est pourtant bien différent. Le congre est de couleur grisâtre et présente une tête beaucoup plus allongée ainsi qu’une mâchoire aux lèvres épaisses caractéristiques.
La murène est un prédateur nocturne et territorial qui reste caché durant le jour. Mauvaise nageuse, elle chasse en général à l’affût dans son repaire en attendant qu’une proie passe à proximité. Elle est particulièrement friande de poulpes, calmars et seiches, mais consomme également des poissons, des crustacés et éventuellement des charognes.
Ses narines pourvues de papilles très sensibles lui confèrent un odorat très développé. La murène, étant presque aveugle, utilise ce flair infaillible pour repérer ses proies et ses dents tranchantes pour les capturer et les ingérer.
La murène a développé une technique originale pour pouvoir ingérer une proie trop grosse : elle tord son corps pour former un nœud près de sa queue qu’elle fait ensuite coulisser vers sa tête. Lorsque la proie est correctement placée et maintenue, elle projette sa tête en arrière et peut ainsi la déchiqueter.
Les conditions de reproduction des murènes sont encore mal connues à ce jour en raison de leurs mœurs nocturnes. Elles se reproduisent en été (de juillet à septembre) en déposant des œufs d’environ 5 mm de diamètre qui produisent des larves* leptocéphales*, aplaties, translucides et de forme ovale allongée. Les larves flottent et dérivent au gré des courants pendant environ un an, puis la murène descend en profondeur et devient un prédateur actif.
On voit souvent la murène en compagnie de Lysmata seticaudata, la crevette barbier de Méditerranée, avec laquelle elle entretient une relation commensale*. Ce petit crustacé se nourrit des parasites présents sur la peau, dans les orifices respiratoires et dans la cavité buccale de la murène et lui offre ainsi un véritable nettoyage.
Muraena helena est une espèce territoriale qui vit isolée. Malgré sa mauvaise réputation, elle n’est pas agressive. Plutôt craintive, elle n’attaquera que pour se défendre si elle se sent menacée. Il faut donc éviter de la déranger et d’approcher ses mains d’une anfractuosité sans avoir vérifié la nature de ses occupants.
La morsure peut être dangereuse, car la salive contient des sécrétions à action digestive, hémolytique et neurotoxique. De plus, il y a surinfection due aux souillures alimentaires interdentaires en putréfaction qui ralentit la cicatrisation.
C’est une espèce typique des fonds rocheux, qui ne bénéficie d’aucun statut légal de protection mais qui serait de plus en plus rare, d’après les plongeurs sous-marins. Sa chair considérée comme fine par certains en fait une espèce très recherchée par les chasseurs depuis l’antiquité.
On trouve souvent une origine fantaisiste de son nom se référant à un riche Romain, Licinius Murena qui aurait possédé d’immenses bassins dans lesquels vivaient des murènes apprivoisées qui venaient manger dans sa main. Selon cette légende, il y jetait les esclaves peu obéissants, d’où la réputation peu engageante de l’animal. Il devait d'ailleurs plutôt s'agir d'anguilles que les Romains conservaient dans des viviers (eau douce).
Murène : nom féminin dérivé du latin muraena.
Muraena : du grec [smyraina] ou [myraina], nom donné par Aristote à un poisson dans son "Histoire des animaux" (voir également la rubrique "Informations complémentaires").
helena : mythologie, probablement en référence à Hélène, fille de Jupiter.
Numéro d'entrée WoRMS : 126303
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Elopomorpha | Elopomorphes | La larve leptocéphale* se métamorphose en un individu morphologiquement très différent. |
Ordre | Anguilliformes | Anguilliformes | Corps allongé, serpentiforme, nageoires anale et dorsale en continuité avec la caudale, pas de nageoires pelviennes. |
Sous-ordre | Muraenoidei | Murénoïdes | Pas de nageoires pectorales. |
Famille | Muraenidae | Murénidés | Absence de nageoires paires, peau sans écaille. |
Genre | Muraena | ||
Espèce | helena |
Posée sur le fond
Inquiétée par le photographe, cette murène nous montre son imposante dentition.
La Revellata, Calvi, Corse (20), 22 m
08/2007
Dans son trou
Classiquement le plongeur découvre les murènes grâce à leur tête qui dépasse, l'animal étant tapi dans un trou ou une faille. Aucune erreur possible, les narines tubulaires et la couleur sont caractéristiques.
Impérial de Terre, Marseille (13), 17 m
2006
En déplacement
Lorsqu'elle est dérangée le jour, ou à la recherche de proies la nuit, Muraena helena se déplace entre les roches tel un serpent. On distingue parfaitement ici sa couleur marron marbré de jaune. Une unique nageoire dorsale parcourt tout son corps. Ce comportement et l'aspect inquiétant des murènes sont à l'origine de nombreuses légendes de monstres marins serpentiformes.
Les impériaux, Marseille (13), 15 m
18/09/2007
Déparasitage
Illustration de la relation mutualiste avec la crevette nettoyeuse Lysmata seticaudata. Ce déparasitage est très utile pour la murène, et elle s'y prête volontiers.
Les Moyades, Marseille (13), 20 m
22/10/2006
Peau
La murène adulte présente des replis de peau caractéristiques au dessus des yeux, bien visibles ici.
Les Lecques (83), 5 m
15/09/2012
Parasites
La tête de cette murène est couverte de parasites, très probablement des copépodes. Aucune étude n'existe, à notre connaissance, pouvant permettre de préciser cette hypothèse et d'identifier ces copépodes.
Antibes (06), 10 m
11/05/2008
En groupe
Il est fréquent, dans les épaves notamment, de rencontrer des murènes en grand nombre...
Méditerranée
2005
Blessure
Cet individu porte une blessure bien visible qui est probablement due à une flèche.
La Ciotat (13), 22 m
28/06/2006
Mâchoire fendue
Cette murène présente une mâchoire inférieure étrangement fendue : particularité présente à la naissance ou conséquence d'un souci au cours de sa vie passée ?
Saint-Cyr-sur-Mer (83), 25 m
08/09/2019
Dans un herbier de posidonies
Plutôt craintive, cette murène sait se faire discrète au milieu des posidonies.
Passe de Maïre, Marseille (13), 15m
09/2007
Murène et congre
Il n'est pas rare de rencontrer une murène et un congre réfugiés dans une même faille. Cette photo de deux individus installés dans une anfractuosité de coralligène* (reconnaissable à la présence des algues rouges encroûtantes, Pseudolithohyllum) permet de constater que l'on peut difficilement les confondre. Le congre est gris avec des lèvres épaisses et ne possède pas les narines tubulaires de la murène. Remarquez les crevettes nettoyeuses, Lysmata seticaudata, sur le congre.
Sec du LAngoustier, Porquerolles (83), 24 m
19/05/2007
Esclave jeté aux murènes
Selon la légende les romains vouaient un véritable culte aux murènes (des anguilles ?). César à l'occasion de l'un de ses triomphes en aurait offert 6000 à ses amis.
Linacius crassus était célèbre à Rome par la richesse de ses viviers de murènes. On dit qu'elles lui obéissaient à la voix. On s'imaginait que les murènes nourries à la chair humaine étaient plus délicates et plus savoureuses et l'on jetait parfois les esclaves dans les viviers... Mais quelle est la part de légende dans ces récits ?
Louis FIGUER, Tableaux de la nature. Les poissons, les reptiles et les oiseaux, Librairie Hachette, Paris.
Reproduction de documents anciens
1868
Gravure ancienne
Cette magnifique illustration est tirée du tome 4 (Naturgeschichte Ausländischer Fische I, 1786), de l'Histoire Naturelle des Poissons (Allgemeine Naturgeschichte der Fische) de Marcus Élieser Bloch.
Image provenant de la Biodiversity Heritage Library.
N/A
Reproduction de documents anciens
1786
Muraena augusti à Madère
Muraena augusti est une espèce très proche restreinte aux archipels des Canaries, des Açores ou de Madère, sa tête foncée porte des yeux blancs.
Madère
06/05/2014
Vidéo : une murène poursuivie
Une murène, qui cherche probablement à s'éloigner du plongeur qui la filme, est passée dans un secteur où les castagnoles ont fait leurs nids : celles-ci, regroupées, poursuivent la murène pour l'intimider.
En fin de vidéo, d'autres castagnoles font de même !
Agay, Saint-Raphaël (83), 15 m
08/2020
Rédacteur principal : Marie LA RIVIERE
Vérificateur : Michel PEAN
Correcteur : Jean-Georges HARMELIN
Responsable régional : Michel PEAN
La page sur Muraena helena sur le site de référence de DORIS pour les poissons : FishBase