Coquille noire, à fines côtes
Coquille nettement élargie à l'arrière
Umbo (crochet) replié vers le bas
Bord du manteau violacé
Filaments de fixation qui sortent de la coquille : le byssus
Moule d'Espagne, moule de Provence, moule du Midi
Mediterranean mussel, Bay mussel (GB), Mitilo comune, cozza, musculo (I), Mejillón mediterráneo, mocejone (E), Mittelmeer-Miesmuschel (D), Middellandse Zee-Mossel, diepwatermossel, krombekmossel (NL), Musclo de roca (Catalan)
Mytilus edulis galloprovincialis Lamarck, 1819.
Ce synonyme n'est utile que si l'on considère cette espèce comme une sous-espèce de Mytilus edulis.
Pour DORIS, nous considérons cette moule comme une espèce.
Mytilus flavus Poli 1795
Mytilus sagittatus Poli 1795
Mytilus hesperianus Lamarck 1819 (d’après des spécimens espagnols)
Mytilus dilatatus Gray 1825
Mytilus succineus Danilo & Sander 1856
Mytilus glocinus Locard 1889
Mytilus pelecinus Locard 1889
Mytilus orbicularis Pallary 1903
Mytilus aoteanus Powell 1958
Méditerranée puis cosmopolite
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]En Méditerranée, la moule méditerranéenne est répandue sur les côtes espagnoles, françaises et italiennes. C'est d'ailleurs sa zone d'origine, à laquelle il convient d'ajouter les côtes adriatiques et la mer Noire.
En Atlantique, on la retrouve le long du Portugal, de l'Espagne et de la France jusqu'en Bretagne, ainsi qu'autour des îles Britanniques. Elle est aussi signalée aux Pays-Bas, en Wadden See.
Elle a également colonisé, volontairement ou non (transportée par les eaux de ballast et coques des bateaux), de nombreuses autres côtes : la côte atlantique de l'Afrique du Sud (1980), les côtes pacifique et atlantique de l'Amérique du Nord. Elle est alors considérée comme une espèce invasive : elle est en effet beaucoup plus robuste que les espèces indigènes (très résistante à l'émersion).
Elle est également élevée en Chine et au Japon.
La moule méditerranéenne est présente en groupes serrés le long du littoral, dans la zone intertidale*, souvent dans les eaux éclairées et battues, juste sous la surface. La limite supérieure correspond à la limite de dessication lors de l'émersion ; la limite inférieure dépend de la compétitivité avec d'autres espèces.
Elle vit fixée par son byssus* aux substrats* solides comme la roche ou d'autres supports, tels que les cordages, ou encore d'autres moules. C'est une espèce sessile*.
Elle supporte de rester hors de l'eau un certain temps car elle garde une réserve d'eau entre ses deux valves.
La coquille de la moule méditerranéenne, de forme oblongue, pointue à l'avant et nettement élargie à l'arrière (presque quadrangulaire), atteint 12 cm de long. Elle est noire (ou bleu ou brun très foncé), à fines côtes, et les deux valves sont symétriques. Elles s’appliquent l’une contre l’autre par contraction de muscles adducteurs.
La charnière est courte, sans dents. L'umbo* (ou crochet) est légèrement replié vers le bas. Bien que plutôt fine, cette coquille est recouverte d’un épais périostracum* (couche externe de la coquille) robuste.
Un bouquet de filaments, terminés par de minuscules extrémités collantes, le byssus*, fil souple et très résistant, passe entre les deux valves et permet à la moule de se fixer solidement à un support rigide. Si elle est arrachée, elle peut se fixer à nouveau.
Le corps de la moule est constitué d'un manteau* violacé, au bord typiquement pourpre, qui fabrique la coquille. Les deux lobes du manteau enveloppent le corps de l'animal et forment une cavité, contenant les branchies, dans laquelle l'eau circule. La bouche est entourée de quatre palpes labiaux. Le centre du corps est occupé par la glande digestive, de couleur brun-vert. A l'arrière sont positionnés le pied, la glande sécrétant le byssus et la "bosse de Polichinelle" contenant les gonades*.
Chez une moule vivante, les bords du manteau présentent, au niveau de l'arrondi de la coquille, un filtre formé de petits tentacules dentelés, afin d'effectuer un tri grossier de l'eau inhalée. Juste à côté se situe un tube court qui évacue l'eau filtrée.
Elle peut cohabiter avec la moule commune (Mytilus edulis Linnaeus 1758) qui a une coquille oblongue, en triangle arrondi, sans angle. L'umbo* et la ligne basale sont droits. Son manteau est orange, aux bords brunâtres mais clairs. Elle n'atteint que 10 cm de long. L'IFREMER annonce ces deux espèces comme pouvant s’hybrider entre elles. Certains ouvrages considèrent la moule de Méditerranée comme une sous-espèce de la moule commune. Celle-ci est aussi élevée à grande échelle, en Atlantique et en Méditerranée.
Toutefois, les deux espèces de Mytilus présentent une grande variation dans la morphologie de la coquille du fait des interactions entre développement et facteurs environnementaux, et certains vieux spécimens sont parfois impossibles à identifier avec certitude. Comme des populations des deux espèces peuvent être mélangées, la possibilité d’hybridation peut être une cause de cette difficulté.
Modiolus adriaticus (Lamarck, 1819), la modiole adriatique, est de forme très comparable, mais très petite et de couleur brun clair à rose.
Modiolus barbatus (Linnaeus, 1758), la moule barbue, est de couleur jaune à brun-rouge. Elle est recouverte de "poils" longs à l'arrière.
Mytilus trossulus Gould, 1850, est une moule du littoral pacifique d'Amérique du Nord. Elle atteint 10 cm de long. Sa coquille est noir-bleuté ou brune, en triangle, au bord arrondi.
La moule méditerranéenne filtre l'eau à l'aide de ses branchies, en créant un courant inhalant par des cils vibratiles. Les branchies forment de grandes nappes et sécrètent un mucus sur lequel les particules alimentaires se fixent. Ce qui est consommable est amené à la bouche ; le reste est rejeté à l'extérieur (ainsi, elle respire et retient le plancton, sa nourriture principale).
C'est un microphage omnivore (phytoplancton et débris organiques).
Les sexes sont séparés. A la période de reproduction, au printemps, les lobes du manteau sont orange chez la femelle et beiges chez le mâle.
Les spermatozoïdes* sont libérés dans l'eau de mer et, comme l'espèce vit en groupe, ils trouvent facilement à pénétrer dans la cavité branchiale d'une femelle pour féconder les ovules.
L'espèce est ovipare* : les larves* sont rejetées par la femelle. Après plusieurs phases planctoniques*, pendant deux à quatre semaines, elles deviennent trop lourdes pour flotter et elles cherchent alors des surfaces de fixation.
Il y a plusieurs pontes annuelles.
La coquille de la moule méditerranéenne peut servir de support à des organismes fixés : balanes, algues, anémones, hydraires, bryozoaires. Les moulières peuvent abriter des ophiures (Ophiothrix fragilis, par exemple), des crustacés et des vers.
Un petit crabe Pinnotheres pisum (Linnaeus, 1767) vit souvent en commensal dans la cavité palléale de la moule.
Un petit gastéropode parasite de 3 à 4 mm du genre Odostomia déploie une immense trompe qui pénètre dans les tissus, par la coquille ouverte, et il suce l’hémolymphe* de l’animal.
En Atlantique, la nucelle ou pourpre petite pierre ou escargot pourpre (Nucella lapillus) est un gastéropode qui perfore la coquille des moules puis les dévore.
La moule méditerranéenne a de nombreux prédateurs : des oiseaux, des crustacés (comme Carcinus maenas, le crabe vert), des étoiles de mer (comme Asteria rubens qui, en Atlantique, s’attaque surtout aux individus de grande taille), des poissons comme les sars (Diplodus sargus et Diplodus vulgaris) et des mammifères (dont l’homme). Sans attaque de prédateur, elle peut vivre entre 4 et 8 ans.
Lorsque les muscles adducteurs se relâchent, les deux valves de la coquille peuvent s’écarter grâce à l'élasticité du ligament qui les unit. La moule peut donc soit faire entrer l'eau, soit se refermer par protection vis-à-vis des prédateurs ou du dessèchement dans l'air lorsqu'elle est émergée.
Elle peut supporter une période de quelques jours hors de l’eau car sa coquille contient une réserve d’eau. Quand l’oxygène devient rare dans l’eau retenue, la moule passe alors à un métabolisme anaérobie*.
Comme la plupart des animaux filtreurs, elle peut concentrer des substances chimiques toxiques ou des bactéries pathogènes présentes dans l’eau. En cas de prolifération d’algues toxiques, elle peut aussi concentrer des substances produites par ces algues. La consommation de moules est alors interdite car la chair contient une trop forte concentration de mytilitoxine* provenant des algues dinoflagellées : cela la rend dangereuse à la consommation.
Comme elle peut filtrer des particules d’à peine un micron, elle est un très bon indicateur dans les programmes de biosurveillance de l'eau.
Elle est pêchée et élevée commercialement depuis des siècles en Europe et en Amérique. La mytiliculture date du XIII° siècle.
Le naissain* (1 cm) est récolté en milieu naturel sur des cordes ou des poteaux de bois (bouchot), puis envoyé dans les différents élevages. Les élevages sont toujours installés dans des zones riches en plancton. Une moule est commercialisable après 9 à 15 mois, selon les techniques de production. En Méditerranée, deux techniques sont utilisées : les tables dans les lagunes ou les filières sous la surface.
Il existe des élevages en Galice, le long de la côte nord de la Méditerranée, en Russie, en Ukraine, en Chine et en Afrique du Sud.
Comme pour l'huître creuse, Magallana gigas, il existe des cultures de moules triploïdes et tétraploïdes.
Directement traduit du nom latin.
Mytilus :du latin [mitulus] = moule,
galloprovincialis : du latin [galloprovincialis] = de la province de Gaule.
Numéro d'entrée WoRMS : 140481
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Pteriomorphia | Ptériomorphes | Muscle adducteur postérieur développé, antérieur réduit. |
Ordre | Mytilida | Coquille équivalve, dents régressées, empreintes musculaires inégales. Pas de siphons développés. Bivalves libres ou fixés par un byssus. |
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Famille | Mytilidae | Mytilidés | Coquille oblongue symétrique attachée au substrat par les filaments du byssus. |
Genre | Mytilus | ||
Espèce | galloprovincialis |
Par petits fonds, grégaires
Les petites anémones blanchâtres en épibionte* se nomment Bunodeopsis strumosa.
Thau, ponton Lafage (34), 0,5 m
09/2001
Haute densité
Ce banc est particulièrement fourni. Il sert d'abri à un petit poisson. Toutes les coquilles semblent ouvertes de la même façon.
Beauduc (13), 0,5 m
17/08/2005
Hors de l'eau
Cette fois, toutes les coquilles se sont refermées pour garder l'eau, en attendant que la mer remonte.
Carro (13)
13/08/2007
Sur une corde
Sur ce cordage, les moules se sont fixées en grappe. De nombreux organismes se sont fixés à ces coquilles.
Port des Tamaris, Côte Bleue (13), 0 à 1 m
05/11/2007
Détail sur un mouillage
Là encore, le regroupement est dense. On note l'angle formé par les coquilles, caractéristique de la moule de Méditerranée.
Côte Vermeille (66)
N/A
Coquille ouverte
Cette ouverture permet à l'eau de rentrer et ainsi à l'animal de se nourrir par filtration. D'autre part, le rebord du manteau est tout particulièrement visible. Enfin, on remarque Aiptasiogeton hyalinus fixée sur une coquille.
Tables du Lycée, Etang de Thau (34), 4 m
08/05/2010
Entrouverte
Le bord du manteau est violet foncé. Le siphon inhalant permet la respiration. Les coquilles sont des supports pour de nombreux individus.
Tables du Lycée, Etang de Thau (34), 4 m
14/04/2007
Coquille caractéristique
La coquille de la moule méditerranéenne, de forme oblongue, est pointue à l'avant et nettement élargie à l'arrière (presque quadrangulaire).
Etang de Berre, Martigues (13), 2 m
16/09/2007
Parmi les algues
Bien fixées au milieu des ulves (Ulva lactuca), ces coquilles servent de cache à une blennie.
Trieste (Italie)
2007
Byssus
Une fois la moule arrachée de son support, les solides filaments servant à sa fixation (le byssus) sont bien visibles.
Villasimius, Sardaigne (Italie), 4 m
17/07/2010
En pleine mer
Sur une balise au large (2 km) des côtes, des moules se sont installées dans une fissure.
Villasimius, Sardaigne (Italie), 5 m
17/07/2010
Conditions extrêmes !
Sur cette frange littorale rocheuse, de très petites moules ont réussi à s'implanter en rangs serrés dans un petit renfoncement de la roche.
Putzu idu, Sardaigne Ouest (Italie), estran
21/07/2010
Cachette
Les amas de coquilles servent de caches à de nombreuses espèces. Ici, une blennie-paon mâle (Salaria pavo).
Le Ponton, Etang de Thau (34), 5 m
08/05/2010
Moule albinos
Cette moule de Méditerranée, appartenant à la même espèce que ces voisines à la coquille noirâtre (Mytilus galloprovincialis), présente une coquille claire avec des lignes brunes. En voici l'explication :
La coquille d'un bivalve est fabriquée par l'épithélium externe du manteau. Chez cette individu, il est très probable que la majorité des cellules de cet épithélium doit présenter un déficit de métabolisme ("albinisme localisé", comme certaines personnes peuvent avoir une dépigmentation localisée de la peau) empêchant la coloration de la coquille, à l'exception d'un certain nombre de cellules qui ont été, et sont encore, totalement actives au niveau coloration de la coquille. La croissance se faisant dans la longueur, la coloration continue produite par ces cellules épithéliales efficaces dessine des lignes.
Epi rocheux, Saintes-Maries-de-la-Mer, Camargue (13) 2 m
09/10/2020
Rédacteur principal : Sylvie DIDIERLAURENT
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Sylvie DIDIERLAURENT
La page de Mytilus galloprovincialis dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN