Eléphant de mer du sud

Mirounga leonina | (Linnaeus, 1758)

N° 3969

Circumpolaire, mers et côtes australes

Clé d'identification

Phoque large et massif
Mâle très grand 4 à 6 m
Trompe courte
Pelage court gris, brun clair ou marron

Noms

Autres noms communs français

Eléphant de mer austral

Noms communs internationaux

Southern elephant seal, South Atlantic elephant-seal, Southern elephant-seal (GB) ; Elefante marino del sur (I) ; Elefante marino del sur, Foca elefante del sur (E) ; Südliche see elefant (D) ; Zuidelijke zeeolifant (NL), elefante marinho do sul (P)

Synonymes du nom scientifique actuel

Mirounga leonina falclandica (Peters, 1875)
Mirounga leonina crosetensis (Lydekker, 1909)
Mirounga leonina macquariensis (Lydekker, 1909)

Distribution géographique

Circumpolaire, mers et côtes australes

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Terres antarctiques françaises]

Il est présent dans le sud de l'océan Atlantique en Géorgie du Sud, aux îles Sandwich du Sud, Falkland, Bouvet, Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha ; en mer au large de l'Angola, de la Namibie et du Brésil, mais également dans le sud de l'océan Indien et plus exactement aux îles Heard, McDonald, Prince Édouard, dans les Terres australes françaises (Crozet, Kerguelen), au large du Mozambique, de l'île Maurice (un individu a même été vu sur les plages de La Réunion et a été nommé Alan), et enfin dans le sud-ouest, du Pacifique au Chili, au large de l'Uruguay, à l'île de Macquarie, en Australie et en Nouvelle-Zélande (Antipodes).

Biotope

Il préfère les habitats sans glace. Durant la période de reproduction et de mue, les colonies d'éléphants de mer se rassemblent sur les plages des rivages subantarctiques. Les phoques vivent l'essentiel de leur temps en mer australe (10 mois par an).

Description

C'est le phoque le plus grand et le plus massif de sa famille. Espèce au dimorphisme* sexuel parmi les plus marqués des vertébrés, les mâles sont trois à quatre fois plus gros que les femelles (400 kg). Il peut peser jusqu'à 4 tonnes et mesurer jusqu'à 6,20 m. Mais en général, les mâles ont un poids moyen d'environ 2 tonnes et une longueur de 4,20 mètres, contre 500 kg et 2,70 m en moyenne pour les femelles. En plus de son imposante taille, il tire son nom des narines des mâles qui se développent en forme de trompe érectile (proboscis*). Elle ressemble à une courte trompe d'éléphant. Ce gonflement nasal sert de caisse de résonance lorsque le mâle éructe pour marquer sa dominance, il peut dépasser largement 60 cm.

Les petits naissent avec un duvet gris noir puis muent rapidement pour la couleur des adultes dans les livrées variables passant du brun clair, au marron et au gris. Le dessous du corps est plus pâle. Les nageoires pectorales servent à la reptation sur terre.

A la différence des autres pinnipèdes, les ongles sont nettement réduits sur les membres antérieurs et inexistants sur les membres supérieurs. Le premier et le cinquième doigt de pieds sont très allongés.

Espèces ressemblantes

L'éléphant de mer du nord (Mirounga angustirostri) ne partage pas la même aire de répartition. Ce cousin septentrional est moins massif et son museau est relativement plus étroit.

Alimentation

Ces phoques chassent des proies pélagiques* sur le front polaire (front qui sépare l'air polaire de l'air tropical), en majorité des céphalopodes (Psychroteuthis glacialis) ou des poissons (Gymnoscopelus nicholsi) jusqu'à des profondeurs pouvant atteindre 1000 m. Mais on note aussi la consommation de crustacés isopodes, krill, ascidies, bivalves et même des algues. Ces Phocidés chasseraient à vue, notamment les espèces bioluminescentes et grâce aux vibrisses* qui captent les mouvements mais également grâce à leurs grands yeux très sensibles.

Reproduction - Multiplication

Animal polygame. Après une gestation de 9 mois avec dormance de l'ovocyte* de 3 mois, les femelles se rassemblent sur les plages qui les ont vues naître pour mettre bas un unique rejeton (1,30 m de long, 40 kg) en septembre-novembre. L'accouplement a lieu peu de temps avant le sevrage du petit (environ 3 semaines), ce qui fait de ces plages un lieu périlleux pour les nouveaux nés qui peuvent être écrasés par les mâles qui défendent violemment leur harem. En effet, un mâle gardera plusieurs femelles (2 à 150) en les défendant par des joutes d'impacts de torses et coups de canines. Les mères qui perdent près de 8 kg par jour allaitent leur petit qui passera de 45 à 140 kg en 23 jours. Leur lait passe pour être le plus riche du monde, il contient 80 % de matière grasse. Les jeunes sevrés se réunissent en pouponnières le temps de perdre leur lanugo noir (fourrure de naissance) et s'initient à la nage dans des espaces protégés des vagues et des prédateurs (dans certaines zones, les orques peuvent s'échouer volontairement sur les plages pour capturer les jeunes imprudents).

Les mâles arrivent un mois avant les femelles sur la grève pour s'assurer le contrôle d'un territoire et avoir une chance de procréer (2 à 3 % des mâles). Pendant cette période intense de 2 à 3 mois, ils vivent sur leurs réserves et perdent 12 kg de graisse par jour. Chez plusieurs espèces de Phocidés, le dimorphisme sexuel est en corrélation avec le degré de polygamie au sein de l'espèce. Ainsi chez les éléphants de mer du sud, les mâles sont jusqu'à dix fois plus grands que les femelles. Ces animaux pouvant vivre jusqu'à 23 ans seront matures sexuellement entre 2 et 3 ans.

Les mâles se reproduisent vers 10 ans.

Vie associée

Les colonies d'éléphants de mer du sud sont en compétition pour l'espace sur les plages de reproduction sans pente avec les manchots royaux (Aptenodytes patagonicus). Ces deux espèces sont souvent observées sur les mêmes plages.

Divers biologie

Les prédateurs de ces phoques, majoritairement les jeunes, sont les orques (Orcinus orca), les léopards de mer (Hydrurga leptonyx) et les grandes espèces de requins dormeurs antarctiques (Somniosus antarcticus), grands blancs (Carcharodon carcharias).

Comme tous les Phocidés, l'animal nage par propulsion arrière en utilisant les nageoires postérieures verticalement.

Les éléphants de mer du sud muent annuellement et doivent revenir sur terre à l'été austral (janvier-février). Cette période où ils ne pourront pas plonger les oblige à jeûner 30-40 jours à terre.

En plongée, les éléphants de mer du sud stockent l'oxygène dans le sang et sondent avec les poumons vides pour éviter les effets du gaz sous pression. Une des adaptations à ces longues plongées profondes (plus performants que certains cétacés) est la grande quantité de sang rapportée à la masse corporelle. Ils sont aussi plus tolérants à l'acide lactique qui est produit lors de la respiration cellulaire anaérobie.

Plongée enregistrée la plus profonde : 1900 m. Apnée la plus longue : 2 heures.

On distingue aujourd'hui trois sous populations : Mirounga leonina crosetensis (Crozet) ; Mirounga leonina falclandica ; Mirounga leonina macquariensis.

Informations complémentaires

L'éléphant de mer du sud fut chassé par les populations natives d'Amérique du Sud et d'Australie, mais fut victime d'une chasse intensive pour sa graisse qui procure une excellente huile servant à fabriquer du savon ou des peintures. La baisse de la rentabilité économique sauva probablement l'espèce qui fut exploitée jusqu'en 1964 (Géorgie du Sud et Kerguelen). Depuis, l'animal est protégé par la Convention pour la protection des phoques de l'Antarctique. Loin des hommes, les éléphants de mer pourraient subir la compétition alimentaire avec les nouvelles pêcheries industrielles en mer australe.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Fin de la chasse en 1964. L'éléphant de mer du sud est classé depuis 1996 sur la Liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) dans la catégorie préoccupation mineure (LC, Least Concern). Il est également référé dans la liste Annexe II de la CITES depuis 1975.

La France assure une protection de l'espèce sur ses Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) depuis 1995 (arrêté interministériel du 27 juillet 1995 sur la protection des mammifères marins).

Il est également protégé en vertu de la Convention internationale pour la protection des phoques de l'Antarctique de 1972 (CPPA).

Origine des noms

Origine du nom français

Son nom vient de sa trompe qui ressemble à celle d'un éléphant mais plus courte. La deuxième partie de son nom " mer du sud " est liée à sa distribution géographique.

Origine du nom scientifique

Mirounga vient de l'appellation donnée par des aborigènes d'Australie à l'animal : miouroung

leonina vient du latin [leo] = lion par analogie avec son rugissement

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Chordata Chordés Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés.
Sous-embranchement Vertebrata Vertébrés Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux.
Classe Mammalia Mammifères Vertébrés possédant des poils et des glandes mammaires produisant du lait.
Ordre Carnivora Carnivores Présence de dents carnassières et de crocs. Pour la plupart carnivores.
Sous-ordre Pinnipeda Pinnipèdes Carnivores amphibies. Tête globuleuse, corps fusiforme adapté à la nage, membres transformés en palettes natatoires, les postérieurs plus courts que les antérieurs et flanquant une queue très brève.
Famille Phocidae Phocidés Les membres postérieurs ne se replient pas sous le ventre. L’animal progresse sur la terre (ou la glace) en rampant et en ondulant.
Genre Mirounga
Espèce leonina

Nos partenaires