Colonies encroûtantes de couleur brun rouille
Individus (zoïdes) bien individualisés
Aviculaires typiquement pairs
Longues et fines mandibules noirâtres et courbées, semblables à des cils
Ascopore surélevé, bien visible et à distance de l'ouverture
Microporella appendiculata (Heller, 1867) est une espèce très proche ou un synonyme de M. pseudomarsupiata. Ce nom est aussi considérée par certains auteurs comme le nom valide de M. marsupiata. L'absence d'études récentes ne permet pas de trancher.
WoRMS et le site de référence pour les Bryozoaires (BRYOZOA.net) ne reconnaissent que M. appendiculata.
Microporella marsupiata Gautier, 1962.
Atlantique Nord-Est et Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La distribution de Microporella pseudomarsupiata s'étend de la Manche au Cap Vert et à la Méditerranée.
Ce bryozoaire de l'ordre des Cheilostomes, absent des eaux superficielles, est surtout abondant de 30 à 70 mètres (jusqu'à 150 mètres) de profondeur dans les fonds coralligènes*. Il encroûte divers organismes calcaires, vivants ou morts, comme les coquilles, les tubes d'annélides, les bryozoaires, les algues calcaires ainsi que les pierres et autres concrétions dures.
Les nombreuses espèces actuelles (environ 90 espèces décrites à ce jour) du genre Microporella se présentent sous la forme de colonies encroûtantes souvent discrètes et de taille réduite. La paroi des zoïdes* est percée de quelques pores isolés, épars. L'ouverture primaire est semi-circulaire, sans sinus (encoche proximale absente). L'ascopore* est bien distinct, denticulé, proximal à l'ouverture et porté par une base surélevée. Des épines orales sont présentes. Des aviculaires*, souvent inconstants et par paires, portent de très longues mandibules pointues ou en forme de cils ou de fouets droits ou courbes. Les ovicelles* proéminentes, non perforées, closes par l'opercule* apertural*, sont placées au-dessus de l’ouverture. Les zoïdes sont organisés en quinconce, le plus souvent sur une seule couche.
Microporella pseudomarsupiata se caractérise par des colonies encroûtantes unilamellaires de couleur brun rouille dont les zoïdes globuleux, sont bien séparés les uns des autres par de profonds sillons. Les aviculaires sont typiquement par paires, placés de part et autre de l'ouverture primaire et à large rostre*. Ils portent de longues et fines mandibules* noirâtres et courbées, semblables à des cils. L'ouverture, close par un opercule* brun noir, est entourée par 5 à 7 épines orales fines, peu colorées et disposées régulièrement sur un demi-arc de cercle en distal.
Les zoïdes polygonaux, légèrement convexes et à la paroi frontale finement granuleuse, mesurent moins de 0,80 mm de longueur (chez M. marsupiata : supérieur à 0,90 mm). La paroi frontale est perforée de quelques pores. L'ascopore médian, orbiculaire à bord denticulé et placé à distance de l'ouverture, est porté par une base typiquement surélevée, bien visible et dont le rebord proximal est le plus haut.
Initialement confondues, les espèces Microporella marsupiata (Busk, 1860) et M. pseudomarsupiata (Aristegui, 1984) sont aujourd'hui clairement séparées. La distribution de Microporella marsupiata est limitée à Madère et aux îles Canaries. M. marsupiata se différencie par le fait que l'ascopore, également surélevé, est collé directement en proximal de l'ouverture et non à distance de cette dernière comme chez M. pseudomarsupiata. D'autre part chez M. marsupiata, l'aviculaire est généralement unique, la couleur des colonies est jaune et les pores sont moins nombreux mais plus larges.
Microporella ciliata, l'espèce-type* du genre, forme des colonies claires, et ne porte qu'un seul aviculaire latéral à longue et fine mandibule claire et rectiligne. Les épines orales, habituellement au nombre de six, sont fines et transparentes, mais néanmoins bien visibles en périphérie des colonies. Ascopore en forme de croissant. Espèce très commune dans la même zone de distribution.
Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules* du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore* dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l’eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs* actifs c’est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* périphérique de nouvelles zoécies* (= zoïdes). La reproduction est sexuée et la colonie est hermaphrodite*. Les œufs fécondés produits par un zoïde femelle sont incubés dans les ovicelles* suborales.
Après maturation, il va y avoir émission de larves* ciliées, qui vont être dispersées par les courants. Après une courte vie dans la colonne d’eau, la larve va se fixer sur un substrat adéquat et se métamorphoser* en un zoïde primaire ou ancestrule*. Celui-ci bourgeonnera deux à trois zoïdes, qui bourgeonneront eux-mêmes.
Les ovicelles ont été observées, en Méditerranée, en mai, août et septembre.
Microporelle ciliée noire est une proposition du site DORIS.
Microporella : du grec [micro-] = petit, du latin [pore] = poreux, porosité, et du diminutif latin [-ella] = petit. Signifie petit trou, petit orifice, en référence au pore central, nommé ascopore*, placé sous l'ouverture de la logette calcaire et caractérisant le genre.
pseudomarsupiata : du grec [pseudo-] = faux, ressemblant à ; et [marsipion] = bourse, poche. Le préfixe "pseudo" a été utilisé dans ce cas pour différencier cette espèce de M. marsupiata.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Microporellidae | Microporellidés | Ouverture primaire semi-circulaire. Présence d'un ascopore proximal à l'ouverture et communiquant avec la poche compensatrice (régulateur de pression hydrostatique). Paroi frontale avec quelques pores épars. Ovicelle présente. Aviculaires et épines orales présents ou absents. |
Genre | Microporella | ||
Espèce | pseudomarsupiata |
Aspect général d'une colonie
Microporella pseudomarsupiata forme des colonies d'aspect rugueux, au contour arrondi irrégulier et de couleur noir rouille.
STARESO, Calvi (2B), 15 m (pierre prélevée)
13/11/2008
Colonie dans son milieu, lophophores déployés
Microporella pseudomarsupiata forme, in-situ, de petites plaques encroûtantes à l'aspect grenu et à la coloration typiquement noirâtre.
Antibes, Côte d'Azur (06)
08/08/2009
Surface et texture
Microporella pseudomarsupiata forme des encroûtements granuleux, de couleur foncée et à paires de cils noirâtres.
STARESO, Calvi, Corse (2B), 12 m
10/2008
Sous une pierre en compagnie d'autres bryozoaires encroûtants
Sous une pierre prélevée (échantillon n° fa3g) autour de la station de STARESO en Corse (2B), Microporella pseudomarsupiata est ici en compagnie d'autres bryozoaires encroûtants :
- blanchâtre, fin et épineux (au centre, en haut et en bas) : Hincksina flustroides ;
- plaque blanc opaque au contour arrondi irrégulier hérissée de petits tubes (au centre et à droite) : Plagioecia sarniensis ;
- lisse et grisâtre (à gauche) : Reptadeonella violacea.
Les petites calcifications rouge rose sont des foraminifères Miniacina miniacea.
STARESO, Calvi (2B), 15 m (pierre prélevée)
13/11/2008
Brun rouille, épineux et poilu
La surface frontale des autozoïdes est finement granuleuse. Les ascopores* orbiculaires et les longues mandibules* noires et cornées des aviculaires* sont aperçus sur cette photo.
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
20/10/2008
Cils courbés, noirs, cornés, pairs
Les longues et fines mandibules* brun noir des aviculaires* sont orientées, en position normale, vers le haut (en distal) chez les individus vivants. Elles sont semblables à des cils.
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
23/10/2008
Épines en demi-cercle autour de l'ouverture
Les épines, au nombre de six, forment un demi-cercle autour de la partie distale des ouvertures, elles-mêmes closes par un opercule* brun foncé. Ces épines sont plus claires et plus courtes que les longues paires de mandibules* des aviculaires latéraux.
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
13/11/2008
Épines en vue rasante sous loupe binoculaire
Les épines orales, le plus souvent au nombre de six, sont rectilignes, faiblement colorées et dressées autour de l'ouverture.
Antibes (06), (photo au microscope)
04/09/2009
Anatomie détaillée en microscopie électronique à balayage (MEB)
Jaune : ouverture (ou aperture*) dont l'opercule* (absent ici) obture également l'ovicelle*
Rouge : ovicelle hyperstoliale
Bleue : ascopore* sur une proéminence dont la lèvre proximale est surélevée
Orange : paire d'avicellaires dépourvus ici des mandibules* noirâtres
Lilas : demi-cercle distal à l'ouverture formé par les 6 bases d'implantation des épines (absentes ici)
Noir : pores périphériques ou trémopores
Cercle gris : petits pores de la paroi frontale, peu nombreux.
STARESO, Calvi (2B), prélèvement
23/06/2009
Un autozoïde (MEB)
A partir de la photo précédente, redécouvrez toutes les structures micro-anatomiques de cette espèce, ici magnifiées !
Tombant à corail (Monaco), 32 m
N/A
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Gaël ROCHEFORT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Harmelin J.G., Ostrovsky A.N., Cáceres-Chamizo J.P., Sanner J., 2011, Bryodiversity in the tropics: taxonomy of Microporella species (Bryozoa, Cheilostomata) with personate maternal zooids from Indian Ocean, Red Sea and southeast Mediterranea, Zootaxa, 2798, 1-30.