Colonie blanche encroûtante unilamellaire, de forme irrégulière et à bords finement ponctués
Autozoïdes ovales à hexagonaux
Aperture semi-elliptique, bordée par 6 fines épines semi transparentes
Ascopore en forme de croissant, à bords épais, proéminent chez les vieux individus
Aviculaire petit, triangulaire, unique, latéral, avec umbo proéminent et longue et fine mandibule
Lophophore à 12-13 tentacules clairs
Eschara ciliata Pallas, 1766
Lepralia ciliata Packard, 1867
Porellina ciliata Verrill, 1879
Microporella ciliata arctica Norman, 1903
Microporella ciliata ciliata (Pallas, 1766)
Microporella ciliata echinata Androsova, 1958
Microporella ciliata stellata
Méditerranée et Atlantique Nord-Est
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Auparavant, Microporella ciliata était considérée comme une espèce cosmopolite, avec des recensements allant de l'Antarctique, du Pacifique et l'océan Indien, à l'Atlantique Nord, la mer Rouge et l'Arctique.
Toutefois, des travaux récents ont établi que cette espèce avait été confondue avec d'autres espèces du même genre et que Microporella ciliata peut potentiellement être endémique* à la Méditerranée, voire également présent en Atlantique Nord-Est de la Norvège à la Méditerranée.
Microporella ciliata est rencontrée sur les pierres et les substrats durs (épilithe*), sur d'autres animaux (épibionte*) tels que des coquillages, principalement abondante sur des algues (épiphyte*). Ce bryozoaire est visible depuis la zone intertidale* (estran*, zone de balancement des marées) jusqu’à une vingtaine de mètres de profondeur en Atlantique, et jusqu’à une centaine de mètres de profondeur en Méditerranée.
Les nombreuses espèces actuelles (environ 90 espèces décrites à ce jour) du genre Microporella se présentent sous la forme de colonies encroûtantes souvent de taille réduite et discrètes. La paroi des zoïdes* est percée de quelques pores isolés, épars. L'ouverture primaire est semi-circulaire, sans sinus (encoche proximale absente). L'ascopore* est bien distinct, denticulé, proximal à l'ouverture et porté par une base surélevée. Des épines orales sont présentes. Des aviculaires, souvent inconstants et par paires, portent de très longues mandibules pointues ou en forme de cils ou de fouets droits ou courbes. Les ovicelles* proéminentes, non perforées, closes par l'opercule* apertural, sont placées au-dessus de l’ouverture. Les zoïdes sont organisés en quinconce, le plus souvent sur une seule couche.
Microporella ciliata forme des colonies blanches encroûtantes unilamellaires, et apparaissant argentées au sec. La coloration de la colonie, le plus souvent blanc plus ou moins vitreux, peut toutefois varier selon le substrat* (ex : verdâtre sur des algues) ou la profondeur en Méditerranée (colonies profondes blanches et superficielles parfois orangées). La colonie, parfois étendue (diamètre de quelques centimètres sur une épaisseur de moins d'un millimètre) de forme irrégulière et à bords finement ponctués, peut être colorée par des algues épibiotiques*. Comme la grande majorité des bryozoaires encroûtants, la croissance se fait en périphérie de la colonie par bourgeonnement* des zoïdes.
Les autozoïdes* sont de forme ovale à hexagonale, convexes, bien séparés les uns des autres par des sillons, à paroi frontale perforée par quelques (10 à 12) petits pores uniquement visibles au microscope. Ces zoïdes présentent une taille approximative de 0,50 à 0,80 mm en longueur sur 0,25 à 0,50 mm en largeur. L’aperture* (ouverture proximale fermée par un opercule* mobile et permettant la sortie du lophophore*) est semi-elliptique, légèrement plus large que longue, au bord proximal plat etavec un minuscule condyle* (= cardelle*, petites dents latérales et servant de pivot à l'opercule) présent à chaque extrémité distale de l’ouverture. Cette aperture est bordée par 6 fines épines semi transparentes, régulièrement réparties sur un demi-cercle distal autour de l’ouverture et hérissées. L’ascopore est éloigné de l’aperture d’une distance équivalente à la moitié de la longueur de cette même aperture. Il est circulaire, à bords épais, et particulièrement proéminent chez les vieux individus. Sa lumière (ouverture) est en forme de croissant et présente des bords proximaux et distaux finement denticulés.
Un unique petit aviculaire*, situé approximativement dans la région médio-proximale de la face frontale du zoïde, latéralement (à droit ou à gauche) par rapport à l’ascopore, présente un rostre très développé (avec umbo* proéminent). La mandibule rectiligne, longue et très fine, plus menue que les épines orales, s’oriente latéralement, en distal. Cet aviculaire, grossièrement triangulaire, présente une rainure distale.
L’ovicelle*, portée par les zoïdes maternels, est ronde (bombée) ou légèrement allongée et présente une surface granuleuse et non perforée.
Le lophophore présente de 12 à 13 tentacules* clairs, radiant de façon symétrique et formant une cloche.
Plusieurs espèces de bryozoaires encroûtants possédant des épines de taille et de position similaires peuvent être, sans observation microscopique, confondues avec Microporella ciliata, notamment celles de la même famille des Microporelleridés Fenestrulina malusii (Audouin, 1826), Microporella pseudomarsupiata (Aristegui, 1984), etc.
Comme chez tous les bryozoaires, la nutrition est assurée par la capture de particules alimentaires (phytoplancton*, en particulier) par les tentacules du lophophore*, dont la sortie est assurée par une augmentation de la pression du liquide interne, phénomène obtenu grâce à la compression musculaire.
Une fois la gaine du lophophore dévaginée, un mouvement pendulaire et circulaire des tentacules ciliés* composant le panache de ce lophophore va permettre le brassage de l’eau environnante et favoriser ainsi la capture des micro-organismes composant le régime alimentaire de la colonie.
Ces animaux sont dits filtreurs* actifs c’est-à-dire, des filtreurs suspensivores* microphages*. Les diatomées* (algues unicellulaires) et les bactéries sont la base de l'alimentation de ce type de bryozoaire.
Chez les bryozoaires, les deux types de reproduction, sexuée et asexuée, concourent au développement de l'espèce. La croissance de la colonie se fait par bourgeonnement* (reproduction asexuée) de nouvelles zoécies* primaires (ou ancestrule*). Cela s'accompagne d'une spécialisation de certains individus au sein de la colonie : on parle de polymorphisme* des zoïdes (autozoïdes, aviculaires*, ...).
Au sein d'une même colonie, des zoïdes mâles et femelles existent, mais on connaît aussi des zoïdes hermaphrodites*. La fécondation (reproduction sexuée) conduit à la formation d'œufs incubés dans les ovicelles*. Ils donnent ensuite des larves* libres nageuses, assurant la dissémination spatiale de l'espèce. Puis, ces larves se fixent sur un substrat dur et libre, et se transforment en zoïdes primaires isolés appelés ancestrules.
Chez Microporella ciliata, l’ancestrule est ovale, renflée et bordée par 9 épines.
Les ovicelles sont observées durant tous les mois de l’année ; les embryons jaune-orangé et les larves sont visibles en janvier, février, avril et septembre. Les ancestrules sont observées en juin, juillet et novembre.
Microporella ciliata est souvent retrouvée en association avec d'autres espèces de bryozoaires comme Celleporella hyalina, Callopora lineata ou Scrupocellaria sp.
Les prédateurs de Microporella ciliata sont divers organismes « brouteurs » tels que des oursins et des poissons. Microporella ciliata est en compétition avec les spongiaires, les algues et les tuniciers pour la colonisation de nouveaux substrats.
Eschara ciliata Pallas, 1766 est l’espèce-type* du genre Microporella Hincks, 1877.
Il existe plus de 110 espèces dans ce genre très bien représenté, dont plus de 90 actuelles et plus de 20 uniquement fossiles, et 5-6 sur les côtes européennes.
Microporelle ciliée blanche est une francisation du nom scientifique, l'adjectif blanc caractérisant la couleur de la colonie.
Microporella : du grec [micro-] = petit, du latin [pore] = poreux, porosité, et du diminutif latin [-ella] = petit. Signifie petit trou, petit orifice, en référence au pore central, nommé ascopore*, placé sous l'ouverture de la logette calcaire et caractérisant le genre.
ciliata : du latin [cilium] = cils, sans doute en référence aux longues épines orales facilement observées.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Neocheilostomatina/Ascophora | Ascophores | Paroi frontale calcifiée sous laquelle un sac flexible invaginé s'ouvre sur l’extérieur par un pore médian situé derrière le péristome et nommé ascopore. |
Famille | Microporellidae | Microporellidés | Ouverture primaire semi-circulaire. Présence d'un ascopore proximal à l'ouverture et communiquant avec la poche compensatrice (régulateur de pression hydrostatique). Paroi frontale avec quelques pores épars. Ovicelle présente. Aviculaires et épines orales présents ou absents. |
Genre | Microporella | ||
Espèce | ciliata |
Sur une algue
La colonie a une forme irrégulière et à bords finement ponctués.
(échantillon n° AN16)
Antibes, Côte d'Azur (06)
10/08/2009
Spécimen in situ, sur une algue verte
La colonie, claire et de couleur blanche, est ici sur une algue verte (certainement l'udotée Flabellia petiolata).
Les zoïdes* bombés et finement granuleux sont bien individualisés.
Les épines et ouvertures sont bien visibles.
(échantillon n° AN21)
Antibes, Côte d'Azur (06)
11/08/2009
Epines et aperture
L’aperture* semi-elliptique est bordée par 6 fines épines semi transparentes, régulièrement réparties sur un demi-cercle distal autour de l’ouverture et hérissées.
(échantillon n° AN16)
Antibes, Côte d'Azur (06)
10/09
Zoïdes fertiles (ou ovicelles et embryons)
Les autozoïdes* sont de forme ovale à hexagonale et convexes. Sur la droite, les autozoïdes fertiles portent des ovicelles* arrondies et proéminentes dont les embryons jaune orangé sont visibles par transparence.
(échantillon n° AN16)
Antibes (06), (photo à la loupe binoculaire)
10/08/2009
Lophophore
Le lophophore présente 12, voire 13, tentacules* clairs, radiant de façon symétrique et formant une cloche.
(échantillon n° AN21)
Antibes (06), (photo à la loupe binoculaire)
11/08/2009
Coloration
Microporella ciliata forme des colonies blanches encroûtantes unilamellaires et érigées.
Les zoïdes* du haut de l’image portent des ovicelles* et montrent l’ascopore* médian porté par une base typiquement surélevée.
(échantillon n° AN16)
Antibes (06), (photo à la loupe binoculaire)
29/08/2009
Détails anatomiques en microscopie
- Flèches rouges : épines orales
- Flèches jaunes : proéminence médiane portant l’ascopore*
- Flèches bleues : longue et fine mandibule de l’aviculaire* unique et latéral et surélevé par un umbo*.
(échantillon n° AN21)
Antibes (06), (photo à la loupe binoculaire)
29/08/2009
Détails anatomiques en microscopie électronique à balayage
- Flèches bleues : aperture* ou ouverture
- Flèches vertes : épines orales le plus souvent au nombre de 6 comme ici
- Flèches rouges : ovicelles*
- Flèches jaunes : ascopore* à ouverture en forme de croissant et au bord denticulé
- Flèches lilas : avicellaire* sans mandibule, celle-ci est cornée et est donc détruite par l’eau de Javel, comme l’opercule* apertural, lors de la préparation de l'échantillon.
(échantillon n° AN16)
Antibes (06), (photo au microscope électronique à balayage)
01/09/2010
Face cachée (dorsale) en microscopie électronique à balayage
Les sutures entre chaque zoïde* sont ici bien visibles sur la face dorsale, ainsi que quelques petits pores (10-15) vus par la face interne de la paroi frontale.
L'ouverture à la base de chaque logette sert à la sortie du lophophore*.
La paroi dorsale, très fine, est ici absente car sans doute détruite lors de la préparation de l'échantillon.
(échantillon n° AN16)
Antibes (06), (photo au microscope électronique à balayage)
01/09/2010
Dessins anciens de Microporella sp.
Les échantillons utilisés pour ces dessins anciens n’appartiennent sans doute pas à l’espèce actuelle Microporellla ciliata qui englobait initialement un grand nombre espèces cosmopolites, actuelles ou fossiles (ici sur ces dessins, originaires d’Amérique du Nord). Néanmoins les caractéristiques anatomiques du genre sont bien illustrées ici.
Dessin extrait de :
Canu F., Bassler R.S, 1923, North American Later Tertiary and Quaternary Bryozoa, in : United States National Museum Belletin 125, 372p.
Canu F., Bassler R.S, 1923, Figure 20, p116
Reproduction de documents anciens
1923
Dessins anciens de Microporella sp.
L'absence d'aviculaire, la représentation que de 3-4 épines et l’origine nord-américaine du dessin confirme que l'espèce représentée ici n’est pas Microporella ciliata sur ce vieux dessin, mais il s'agit bien d'un spécimen du genre Microporella.
Dessin extrait de :
Rogick M.D., 1937, Keys to Marine Invertebrates of the Woods Hole Region, Chapter XVII PHYLUM ECTOPROCTA, 167-87.
Rogick M.D., 1937, Chapitre 17, Figure 26, p183
Reproduction de documents anciens
1937
Rédacteur principal : Gaël ROCHEFORT
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable régional : Gaël ROCHEFORT
Harmelin J.G., Ostrovsky A.N., Cáceres-Chamizo J.P., Sanner J., 2011, Bryodiversity in the tropics: taxonomy of Microporella species (Bryozoa, Cheilostomata) with personate maternal zooids from Indian Ocean, Red Sea and southeast Mediterranea, Zootaxa 2798, 1-30.
Hayward P.J., McKinney F.F., 2002, Northern Adriatic bryozoa from the vicinity of Rovinj, Croatia, Bulletin of the American Museum of Natural History, 270(1), 1-139.
La page sur Microporella ciliata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN