Espèce des anfractuosités rocheuses du haut de l'estran
Coquille turbinée* de 3 à 4 mm de long pour 2 de large
Ouverture ronde côté dernier tour, pointue côté apex
Couleur gris-bleuté (coquille sèche) ou noire (coquille humide)
Mélarhaphe
Small periwinkle (GB), Kleine alikruik (NL)
Littorina neritoides (Linnaeus, 1758) est encore très fréquemment utilisé dans la littérature naturaliste. Citons aussi :
Littorina petraeus (Montagu, 1803)
Helix petraea (Montagu, 1803)
Turbo caerulescens (Lamarck, 1822)
Paludina glabrata (Pfeiffer, 1828)
Littorina insularum (Locard, 1892)
Certains sites de référence citent Melaraphe neritoides (avec un "h" en moins).
Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée, mer Noire
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]La littorine bleue est présente sur l'ensemble de la façade atlantique européenne et sur les côtes nord-africaines jusqu'en Mauritanie, aux îles du Cap Vert et aux Açores. Elle est présente également en mer du Nord, en Manche, en Méditerranée et en mer Noire.
La littorine bleue est une espèce caractéristique et indicatrice du supralittoral* rocheux. Elle est commune sur les roches granitiques, observable surtout dans les fissures et anfractuosités à l'abri des grosses vagues. Elle est localement abondante dans les endroits humides bien exposés aux embruns, et d'autant plus abondante que le mode est battu, jusqu'à plusieurs mètres au-dessus de la limite des plus hautes marées de vives eaux. Il est possible d'en rencontrer plus bas dans le haut du médiolittoral lors de grandes périodes de mer calme, notamment dans des carapaces de balanes vides.
Melarhaphe neritoides est un petit gastéropode à coquille conique et à apex* pointu. Elle est turbinée*, à spire haute, et présente jusqu'à 6 tours séparés par une suture peu profonde. Sa longueur habituelle est de l'ordre de 3 à 4 mm (rarement 9 mm) pour un diamètre de 2 à 3 mm.
La couleur varie du gris clair au gris-noir (selon que la coquille est sèche ou humide) avec des reflets bleus pour les individus de l'Atlantique, ou brun clair avec des taches sombres ou des bandes claires à bleutées pour les individus de Méditerranée.
L'extérieur est finement sculpté de nombreuses et fines stries d'accroissement. Le labre est à peu près parallèle à la spire au point de jonction. L'ouverture est ronde côté dernier tour et pointue côté apex et est fermée par un opercule corné qui a donc la forme d'une goutte.
L'intérieur est brun foncé, poli, et brillant.
La tête porte un mufle renfermant une radula*, entouré de deux tentacules céphaliques translucides portant chacun un œil à sa base.
Le pied est blanc et la surface du corps est nettement plus sombre.
Littorina saxatilis (Olivi, 1792) : la confusion peut être possible avec les jeunes individus, même si cette espèce vit légèrement plus bas.
Littorina punctata (Gmelin, 1791) : les tours sont un peu plus marqués et l'apex un peu plus pointu. Cette espèce est plus grande (6 mm) et ne vit qu'en Méditerranée.
La littorine bleue est herbivore. Elle se nourrit principalement de lichens, mais aussi d'autres végétaux.
Elle se déplace en rampant sur son pied sur de courtes distances à la recherche de nourriture dès que la mer se retire, en laissant derrière elle un reste d'humidité. Elle affectionne de préférence les lichens Verrucaria sp. et Caloplaca sp. dont elle râcle la surface au moyen de sa radula* mais aussi les diatomées, les cyanobactéries et quelques détritus végétaux. Le régime alimentaire de la littorine bleue est une adaptation secondaire aux conditions extrêmes de l'étage suppralittoral.
Elle cesse de s'alimenter durant les heures les plus chaudes et se réfugie au fond des crevasses.
Melarhaphe neritoides est une espèce gonochorique* c'est-à-dire à sexes séparés. La reproduction a lieu entre septembre et avril avec un pic à la fin de l'hiver. La fécondation est interne. Les œufs sont libérés en pleine eau. Leur éclosion donne des larves* planctoniques* qui dérivent pendant environ deux à trois semaines, puis retombent sur le substrat* pour donner de jeunes littorines benthiques*.
Il n'y a pas d'association particulière avec cette espèce, mais les zones rocheuses encroûtées par le lichen noir Verrucaria maura sont fort propices à sa présence.
Un opercule corné étanche permet à l'animal se s'isoler dans sa coquille pendant les périodes de sécheresse.
Les mélarhaphes n'ont plus de branchies. C'est la cavité palléale* très vascularisée qui permet les échanges gazeux. Il s'agit ici d'une adaptation à la vie quasi terrestre dans l'étage supralittoral.
Cette adaptation est poussée à l'extrême : les mollusques résistent au vent, à la déshydratation, à la pluie, et donc à de très fortes variations de température et de salinité !
Lors de grandes périodes de calme quelques individus peuvent se rencontrer dans le haut du médiolittoral* à la recherche de nourriture. Ensuite ils se réfugient au fond des crevasses et sécrètent un mucus qui durcit au contact de l'air, ce qui permet de limiter les pertes en eau par évaporation. La perte de la branchie est un signe d'évolution. Elle montre le passage du milieu aquatique à la terre ferme. De ce point de vue Melarhaphe neritoides peut être considérée comme une forme de gastéropode prosobranche pratiquement terrestre !
Littorine : francisation de l'ancien nom de genre Littorina ; ce gastéropode vit sur le littoral,
bleue : la coquille présente des reflets bleus caractéristiques.
Melarhaphe : du latin [mela] = noir, et [rhaphe] ou [raphe] = suture,
neritoides : du grec [neritos] = coquillage marin, et suffixe [-oides] = en forme de, qui ressemble à...
Numéro d'entrée WoRMS : 140266
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Littorinidae | Littorinidés | Coquille solide, épaisse, plus ou moins arrondie ou à spire haute, à surface lisse ou sculptée suivant les deux axes. ouverture ovale, entière. Opercule corné. Lindner 2011:70. |
Sous-famille | Littorininae | Littorininés | |
Genre | Melarhaphe | ||
Espèce | neritoides |
Une littorine bleue
La couleur de Melarhaphe neritoides est d'un gris-bleu caractéristique, notamment lorsque la coquille est bien sèche. La coquille est turbinée, l'apex pointu.
Landrellec (22), estran
24/04/2009
Gros plan, en Méditerranée
Cet individu arpentait le court estran rocheux sur la Côte d'Azur. Certains individus sont légèrement immergés, les autres à l'air libre : les littorines bleues affectionnent les zones rocheuses à la surface de l'eau.
Saint-Jean-Cap-Ferrat (06), estran
17/02/2008
Dans une faille supralittorale
Les littorines bleues affectionnent les anfractuosités rocheuses de l'étage supralittoral, où leur petite taille les rend très discrètes et souvent peu visibles.
Larmor Plage (56), estran
14/07/2009
De plus près...
De plus près, au sein des anfractuosités, on s'aperçoit que les littorines bleues peuvent être très abondantes.
Ile de Groix (56), estran
07/2009
La plus petite des littorines
Avec une taille n'excédant pas en général les 4 millimètres, Melarhaphe neritoides est la plus petite espèce de littorines de notre littoral.
Ile de Groix (56), estran
07/2009
Tête et pied
Le pied de la littorine bleue est de couleur blanche, le reste du corps de l'animal est plus foncé. Observez ici, sur la droite, le mufle et les deux tentacules céphaliques du mollusque.
Larmor Plage (56), en laboratoire
14/07/2009
Un opercule en forme de goutte
Cette photo prise ex-situ nous permet d'observer l'opercule corné en forme de goutte, de couleur brune, qui permet au gastéropode de calfeutrer l'entrée de sa coquille en cas de sécheresse ou de danger.
Larmor Plage (56), en laboratoire
14/07/2009
Un gastéropode herbivore
La littorine bleue affectionne le lichen encroûtant noir, Hydropunctaria maura. Sur la gauche, une littorine des rochers, Littorina saxatilis.
Landrellec (22), estran
24/04/2009
A Belle-Ile-en-Mer
Humide, la coquille de la littorine bleue paraît plus foncée, ici presque noire.
Belle-Ile-en-Mer (56), estran
11/2008
En Méditerranée
De nombreuses littorines bleues ont ici colonisé les bords d'une cuvette d'eau de mer, près de Marseille.
La Couronne, Côte Bleue (13)
25/03/2007
Une espèce localement répandue
Des centaines de littorines bleues arpentent ici les roches du littoral de la Côte Bleue (à l'ouest de Marseille) en quête de végétaux parmi les balanes, toutes aussi nombreuses.
Tamaris, Côte Bleue (13), estran
25/12/2006
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER