Mélanelle blanche

Melanella alba | (da Costa, 1778)

N° 4303

Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

Petite coquille jusqu'à 20 mm de long
Coquille conique, étroite, pointue, lisse et brillante, blanche et un peu transparente
Animal blanc avec des tentacules orange et l'avant du pied orange

Noms

Autres noms communs français

Balcis blanc

Noms communs internationaux

White balcis, polished eulima (GB), Weisse Pfriemschnecke (en forme d’alène) (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Melanella laevis (Pennant, 1777)
Strombiformis albus da Costa, 1778
Eulima alba (da Costa, 1778)
Balcis alba (da Costa, 1778)
Melania gervillei Collard des Cherres, 1830
Eulima gervillei (Collard des Cherres, 1830)
Eulima anglica Sowerby G.B. II, 1834
Eulima subangulata G. B. Sowerby II, 1834
Melanella anglica (Sowerby, 1834)
Melanella subangulata (Sowerby, 1834)
Balcis montagui Leach MS, Gray, 1847
Melanella montagui (Leach MS, Gray, 1847)
Melanella porcellana (A. Adams, 1851)
Eulima porcellana
A. Adams, 1854
Eulima polita de certains auteurs

Distribution géographique

Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Cette espèce est présente de la Norvège à la Méditerranée.

Biotope

Melanella alba est présente de 15 à 135 m de profondeur sur les fonds vaseux et de graviers ou de maërl* où son hôte, l'holothurie Neopentadactyla mixta, est présente. Cette espèce est le plus souvent cachée sous le sédiment ce qui la rend difficilement observable par les plongeurs.

Description

La coquille est conique, pointue, mesurant jusqu’à 20 mm de haut et 6 mm de large à la base. Elle est étroite, lisse et brillante (comme polie) d’un blanc laiteux et un peu transparente (on peut voir l’animal à travers le dernier tour). Cependant, des stries de croissance très fines sont visibles à la loupe. La coquille présente 16 à 17 tours de spire. Du côté de la pointe, la coquille est légèrement transparente. L’ouverture de la coquille est en forme de poire.
Le corps est blanc avec des tentacules orange et l’avant du pied orange.
La tête de la mélanelle blanche n’a pas de mufle (le proboscis* – longue trompe - est invaginé), et porte deux tentacules étroits de couleur jaune orangé. Un œil, sous la forme d'un point noir, est visible à la base de chaque tentacule. Il n'y a pas de tentacule palléal* ce qui est caractéristique de l’espèce. Les mâles ont un pénis incurvé inséré à côté du tentacule droit. Le pied est petit et porte un opercule*.

Espèces ressemblantes

La famille des Eulimidés comprend un très grand nombre d'espèces. Dans nos régions, on compte une quinzaine d'espèces très proches et donc difficiles à reconnaître. La mélanelle blanche est la plus grande.
Toutes ces espèces sont des parasites d'échinodermes. Certaines espèces sont des ectoparasites*, d'autres des endoparasites* (certaines peuvent être les deux).

A partir de l'hôte parasité, on peut, avec beaucoup de réserves, essayer d'approcher une identification. Seules les espèces ectoparasites sur des hôtes épibenthiques* (ne vivant pas dans un terrier) sont prises en compte ici.

  • sur des crinoïdes :
    Antedon bifida (Pennant,1777) = Crinophtheiros collinsi (Sykes, 1903) et Curveulima dautzenbergi (Pallary, 1900). Ces deux espèces très proches ont la même coloration mais l'axe vertical de C. dautzenbergi est arqué vers la droite, ce qui n'est pas le cas de C. collinsi.
    Antedon mediterranea (Lamarck, 1816) = Crinophtheiros comatulicola (Graff, 1875).
    Leptometra phalangium (J. Müller, 1841) : hôte probable de Crinophtheiros giustii Gaglini, 1991.

  • sur des échinides (oursins) :
    Echinus esculentus Linnaeus, 1758, Strongylocentrotus droebachensis (O.F. Müller, 1776) = Curveulima devians (Monterosato, 1884) et Vitreolina philippi (de Rayneval & Ponzi, 1854) ;
    Arbacia lixula (Linnaeus, 1758), Paracentrotus lividus (Lamarck, 1816), Psammechinus microtuberculatus (Blainville, 1825), Sphaerechinus granularis (Lamarck, 1816) = Vitreolina philippi (de Rayneval & Ponzi, 1854) ;
    Centrostephanus longispinus (Philippi, 1845) = Vitreolina levantina Oliviero, Bruzzurro & Villa 1994 et Vitreolina philippi (de Rayneval & Ponzi, 1854) ;
    Cidaris cidaris (Linnaeus, 1758) = Sabinella piriformis Bruguière 1876.

  • sur des holothuries :
    Mesothuria intestinalis (Ascanius, 1805) = Curveulima devians (Monterosato, 1884) = Melanella frielei (Jordan, 1895) ;
    Holothuries Aspidochirotes et sur Dendrochirotes dont Ocnus planci (Brandt, 1835) = Melanella boscii (Payraudeau, 1826) ;
    Ocnus planci
    (Brandt, 1835) = Melanella compactilis (Locard, 1891).
  • sur des ophiures :
    Ophiothrix fragils (Abilgard in O.F. Müller, 1789) = Eulima bivittata (H. Adams & A. Adams, 1853) ;
    Ophiura albida (Forbes, 1839) et/ou Amphiura filiformis (O.F. Müller, 1776) = Vitreolina antiflexa (Monterosato, 1884) ;
    Ophioderma longicauda (Bruzelius, 1805) = Ersilia mediterranea (Monterosato, 1869).

Alimentation

Dans l'Atlantique, Melanella alba est un ectoparasite intermittent (temporaire) de l’holothurie Neopentadactyla mixta (Östergren, 1898) car le mollusque peut être trouvé loin de toute holothurie.
A Plymouth (Grande-Bretagne), M. alba a été récoltée fréquemment avec l’oursin Spatangus purpureus O.F. Müller, 1776 ce qui a fait suggérer que cet échinide pouvait en être l’hôte, mais il n’y a pas encore eu d’observation montrant le mollusque en train de se nourrir sur cet hôte.
En Méditerranée, M. alba a été trouvée attachée sur l’holothurie Pseudothyone raphanus (Duben & Koren, 1845) qui semble être l’hôte méditerranéen.
Des prélèvements dans des peuplements d’holothuries du genre Ocnus ont fourni de nombreux exemplaires de Melanella alba.

M. alba localise son hôte par chimioréception*. Le mollusque, qui n’a pas de radula*, possède une longue trompe non armée – le proboscis*-. Cet organe peut traverser la paroi du corps et pénétrer profondément dans l’hôte. Après quelques mouvements exploratoires, le proboscis s’attache fermement à la paroi de l’holothurie. Environ 30 à 100 secondes après le contact physique avec l’holothurie, le proboscis présent au repos dans la cavité générale du mollusque se dévagine en se retournant complètement (comme un doigt de gant) en commençant par la bouche et pénètre ainsi dans l’hôte. Le point d’entrée est toujours situé immédiatement sous la couronne de tentacules. La mélanelle est alors liée à l’holothurie uniquement par le proboscis.
Les sécrétions produites par une partie du proboscis provoquent une altération des tissus de la paroi de l’holothurie pour faciliter sa pénétration. Dans la cavité corporelle de l’hôte, le proboscis ne semble pas chercher un organe ou un tissu spécifique. Il peut s’allonger jusqu’à 6 fois la longueur de la coquille. Le fluide coelomique* de l'holothurie est aspiré par une action de pompage. La fixation peut durer plusieurs heures car le liquide aspiré est peu énergétique. Une fois le proboscis en place, le lien ne peut plus être perturbé et perdure, du moins pendant un certain temps, même après que l’holothurie se soit enfoncée dans le substrat. Il reste à voir si la mélanelle blanche peut localiser et pénétrer son hôte dans le sédiment.

Reproduction - Multiplication

La mélanelle blanche est une espèce gonochorique* (à sexes séparés). Les adultes s’accouplent pendant les mois d’été (printemps et été à Plymouth) et montrent un rythme diurne parallèle à celui de leur hôte Neopentadactyla mixta (dont son comportement fouisseur). Le mâle est reconnaissable par la présence d’un pénis, sa coquille est souvent de plus petite taille que celle de la femelle. La femelle pond des capsules à paroi épaisse, ovale, opaque (3 x 2,5 mm et 1,75 mm de haut) fixées au substrat (le substrat naturel est inconnu, les observations ont été faites en aquarium) contenant chacune des centaines d’œufs roses. De ces capsules sortent des larves* véligères* libres planctoniques* (après environ trois semaines). Ces larves semblent avoir une longue vie planctonique avant de se métamorphoser* et de se poser sur le fond.

Vie associée

Plusieurs individus peuvent se nourrir simultanément sur un même hôte (Neopentadactyla mixta en Atlantique et Pseudothyone raphanus en Méditerranée).

Melanella alba a été trouvé dans l'estomac de l'étoile de mer Astropecten irregularis.
De nombreuses coquilles vides ont été perforées par une natice (comme par exemple Natica nitida).
Certaines coquilles présentent un labre* et le dernier tour de la coquille cassés comme le sont les coquilles consommées par les crabes.

Divers biologie

C’est une des plus grande espèce européennes d’Eulimidés.

Informations complémentaires

Les mélanelles et autres gastéropodes de la famille des Eulimidés, sont de petits mollusques parasites qui ont pour hôtes principalement des échinodermes (holothuries, oursins, astéries, ophiures et crinoïdes) comme par exemple Thyca crystallina sous les tropiques. Dans cette famille des Eulimidés il existe un grand nombre d’espèces mais les hôtes sont encore mal connus. C’est une des plus grandes familles d’espèces d’eau profonde.

Origine des noms

Origine du nom français

Mélanelle blanche est une francisation du nom scientifique.

Origine du nom scientifique

Melanella : Bowdich, en 1822, a créé ce genre à partir du genre Melania, du grec [melas, melanos] = noir et le suffixe diminutif [–ella]. Mais les Eulimidés de ce genre ne sont pas noirs !
alba : du latin [albus, a, um] = blanc.
Balcis : nom de genre créé par Leach, en 1847. Balcis ou Balkis est le nom de la reine de Saba.
Eulima : du grec [eu] = bien, bon, véritable et du latin [lima] = lime, râpe. Les coquilles de ces gastéropodes ont une surface très lisse, comme polie.

et pour les espèces ressemblantes:
antiflexa : du latin [ante, anti] = avant et du latin [flexus] = courbe, en raison de la seule courbure du côté de l'ouverture de la coquille (Monterosato, 1884).
bivittata : du latin [bis] = deux, du latin [vitta] = bande, bandelette et du suffixe latin [-ata] = avec; donc avec deux bandes, les deux bandes brunes sur la coquille.
collinsi : Sykes a dédié cette espèce à James Charles Collins (1870-1903) qui lui avait confié quelques spécimens de cette espèce avant de décéder.
comatulicola : du latin [comatulus] = avec de longs cheveux, ici la comatule, et le suffixe [cola] = qui vit sur, donc qui vit sur les comatules.
compactilis : du latin [compactilis] = qui a le corps - ici la coquille- ramassé, trapu.
Crinophtheiros : du latin [crinis] = cheveu et du grec [phtheiros] = le pou. Nom de genre donné par P. Bouchet et A. Warén car ces petits gastéropodes vivent en parasites dans la "chevelure" des comatules.
Curveulima : du latin [curvus] = courbe et Eulima, voir supra.
dautzenbergi : dédié à Philippe Dautzenberg, (1849- 1935), malacologiste franco-belge.
devians : du participe présent du verbe latin [devio] = déviant. L'espèce a été décrite par Monterosato en 1884: "avec deux écarts brusques... du côté arrière et du côté buccal et un autre près du sommet".
Ersilia: Nom de genre créé par Monterosato en 1872, l'auteur a juste précisé que Ersilia ou Hersilia n'était qu'un simple nom, sans lien avec la mythologie.
frielei : espèce dédiée à Herman Friele II (1838-1921), naturaliste norvégien, par Jordan en 1895.
giustii : espèce dédiée au collectionneur de coquillages italien Francesco Luigi Giusti (1949-) par A. Gaglini en 1991.
levantina : du verbe latin [levo] = s'élever et du suffixe latin [-ina] = de, du levant, les premiers spécimens provenaient de la partie orientale de la Méditerranée (le Levant).
mediterranea : du latin [mediterranea] = qui est au milieu des terres, donc de la Méditerranée.
philippi : espèce dédiée àu zoologiste allemand Rodolfo Armando Philippi (1808-1904) par A. Gaglini en 1991.
piriformis : du latin [pirum] = la poire et du verbe latin [formo] = former, en forme de poire.
Sabinella : du latin [sabina] = une sorte de javelot, et du suffixe diminutif latin [-ella] ; la coquille ressemble à la pointe d'une javeline (Monterosato, 1890).
Vitreolina
: du latin [vitreolus] = de verre et le suffixe diminutif latin [-ina]. Coquille petite et limpide comme le verre (Monterosato, 1884).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139832

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Famille Eulimidae Eulimidés

Coquille petite (2-30 mm de haut), en général conique haute, ou renflée à globuleuse, avec un tour souvent incliné sur le côté (courbé). Surface lisse, très brillante, la plupart du temps blanche, mais aussi à taches et bandes brunâtres sur fond jaunâtre. Toutes les grandes espèces possèdent un opercule. Lindner 2011:96.

Genre Melanella
Espèce alba

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