Etoile de mer glaciaire

Marthasterias glacialis | (Linnaeus, 1758)

N° 336

Océan Atlantique, Méditerranée

Clé d'identification

Étoile de mer de grande taille, (30 à 40 cm, parfois 80 cm !)
5 bras bien différenciés, robustes et rigides, arrondis et effilés
Gros piquants épais, hérissés, émergeant de touffes de pédicellaires
Couleur extrêmement variable : verte, grise, orangée, jaune, violette, rose…
Une zone photosensible rose au bout de chaque bras

Noms

Autres noms communs français

Astérie des glaces, astérie glaciaire, étoile épineuse, étoile glaciaire, marthastérias

Noms communs internationaux

Spiny starfish (GB), Martasterias (I), Estrella de mar espinoza, estrella espinosa comun (E), Estrella vermella (Cat), Eisseestern, Warzenstern (D), Ijszeester (NL), Estrela-do-mar glaciar (P), Pigget søstjerne (DK), Piggsjøstjerne (N)

Synonymes du nom scientifique actuel

Asterias glacialis Linnaeus, 1758
Asterias spinosa
Pennant, 1777
Asterias angulosa
Müller, 1788
Asterias echinophora
Delle Chiaje, 1827
Stellonia glacialis Nardo, 1834
Stellonia webbiana
D'Orbigny, 1839
Asteracanthion glacialis Müller & Troschel, 1840
Uraster glacialis Forbes, 1841
Asteracanthion africanus Müller & Troschel, 1842
Asteracanthion webbianum Dujardin & Hupé, 1862
Asterias madeirensis Stimpson, 1862
Asterias africana Perrier, 1875
Asterias rarispina Perrier, 1875
Marthasterias foliacea Jullien, 1878
Stolasterias africana Sladen, 1889
Stolasterias glacialis Sladen, 1889
Coscinasterias glacialis Fisher, 1906
Mathasterias glacialis Verrill, 1914

Distribution géographique

Océan Atlantique, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

La distribution de l'étoile de mer glaciaire est très vaste, depuis les côtes norvégiennes jusqu'à l'Afrique du Sud, en passant par Cap Vert, les Canaries, et les Açores.
Cette espèce est aussi très présente dans l'ensemble du bassin méditerranéen, des côtes franco-espagnoles à la Turquie, ainsi que sur l'ensemble du littoral nord-africain.
Étrangement, elle semble absente (ou rarissime) en Manche et en mer du Nord...

Biotope

Cette espèce est présente depuis les premiers mètres jusqu’à plus de 200 mètres de profondeur, elle vit principalement sur des substrats* durs, rocheux, dans des fissures et des cavités, sous la face inférieure des pierres...
On la rencontre également sur des substrats plus meubles de fonds sablo-vaseux, notamment les étendues de sable grossier.

Description

Etoile de mer de grande taille, couramment 30 à 40 cm mais pouvant exceptionnellement atteindre 80 cm, l’astérie glaciaire peut présenter des couleurs variables en fonction de sa localisation mais aussi de sa taille. Souvent dans des tons brun foncé, grisâtres, vert olive ou bleu sale pour les individus de petite dimension, elle peut afficher également des nuances de violet à rose, d’orange à brun-rouge, de blanchâtre, voire des motifs gris-jaune pour les plus grands individus. Ces teintes peuvent même se trouver mélangées entre elles. A propos de ces grandes variétés de coloration chez M. glacialis, Kœhler donne une répartition basée principalement sur la localisation des individus : individus du littoral, plus petits, toujours très foncés, bruns à vert olivâtre sombre / individus plus profonds (> 50 m), plus gros et de couleurs plus vives : rose, rouge, acajou, blanc...

Dorsalement, le disque central de l'animal, souvent légèrement bombé, est percé d'une unique plaque madréporique* de teinte claire et légèrement excentrée.
De structure clairement pentaradiée, Marthasterias glacialis possède toujours 5 bras rigides (même si la littérature traitant de l’archipel canarien lui en accorde parfois un 6ème), arrondis, très bien différenciés et s’effilant progressivement.
Ces bras (appelés aussi « radius »), distribués régulièrement autour du disque central sont hérissés, sur leur face dorsale, de nombreux piquants coniques, bien visibles, épais et plus ou moins pointus ou émoussés. Ceux-ci sont bien alignés sur les bras en 3 lignes équidistantes. Ces piquants semblent émerger de touffes charnues. Ce sont de petits bouquets denses de pédicellaires* croisés formant bourrelet autour du piquant. Ces amas de pédicellaires peuvent apparaître clairs ou sombres selon la couleur de base de l’animal.
Entre les 3 lignes de piquants sont visibles de petites vésicules arrondies, en forme de doigts de gants, souvent en grappes orangées : les papules* respiratoires. Distribués parmi ces papules sont également visibles d’autres pédicellaires droits et en forme de pinces, souvent blancs.
Sur les bras, les sillons ambulacraires sont bordés de part et d’autre d’une rangée de piquants plus petits et de pédicellaires droits. Ces sillons accueillent 4 rangées de podia* (ou pieds ambulacraires) épais et munis de petites ventouses, et qui peuvent occulter la bouche centrale.
A l’extrémité de chaque bras, au milieu de podia plus fins et spécialisés, on peut distinguer une zone rose vif, cernée de petits piquants protecteurs : les zones oculaires photosensibles.

Espèces ressemblantes

  • Seuls les juvéniles et les très petits individus de Marthasterias glacialis peuvent être éventuellement confondus avec l’étoile de mer épineuse bleue Coscinasterias tenuispina (Lamarck, 1816), celle-ci présentant aussi un épiderme dorsal hérissé de piquants entourés de « touffes » de pédicellaires. Mais C. tenuispina, même adulte, est beaucoup plus petite que M. glacialis puisqu’elle ne dépasse généralement pas 10 cm. Outre la taille différente et les lieux de rencontre (C. tenuispina affectionnant plutôt des substrats plus végétaux), la morphologie des deux espèces est un critère prépondérant. En effet, Marthasterias glacialis possède toujours 5 bras alors que Coscinasterias tenuispina en a toujours plus de 5 (souvent de 7 à 10) !
  • Etoile de mer de bien plus petite taille (12-15 cm), critère de distinction important, Asterias rubens Linnaeus, 1758 est très commune sur l'ensemble du littoral atlantique. Mais elle est rarissime en Méditerranée. Plutôt rouge-orange, sa face dorsale ne présente pas le même aspect fortement hérissé que l’étoile de mer glaciaire et ne montre qu’une seule « vraie » rangée de petits piquants blancs, en une ligne continue au milieu de chaque bras. Les autres piquants sont dispersés et de petite taille.

Alimentation

Vorace carnivore, grande prédatrice d’invertébrés, charognarde à l’occasion, Marthasterias glacialis se nourrit essentiellement de mollusques bivalves (huîtres, moules, coquilles St-Jacques, etc.) dont elle est capable d’ouvrir les coquilles grâce à la force de ses bras. S’arc-boutant sur l’animal grâce à ses podia à ventouses, elle exerce une très forte (dé)pression pour écarter les valves, obligeant la proie à s’entrouvrir. Puis elle dévagine son estomac à l’intérieur du bivalve pour y libérer des sucs digestifs. Les tissus de la proie seront ensuite absorbés sous forme semi-liquide par l’estomac de l’astérie.
L'étoile de mer glaciaire mange également des oursins qui, s’ils ne sont pas fortement ancrés sur un substrat rocheux, seront retournés et dévorés. Elle s’attaque aussi à des crustacés, des gastéropodes, des poissons blessés…

Reproduction - Multiplication

Reproduction sexuée : Les sexes sont séparés : les individus sont soit mâles, soit femelles.
La femelle, souvent « debout » sur ses 5 bras peut relâcher jusqu’à 2 millions d’ovules. Le mâle disséminera également ses spermatozoïdes* dans le milieu.
Comme chez tous les astérides, une paire de gonades* est présente dans chaque bras de l’animal.
L’émission des gamètes* respectifs a donc lieu en pleine eau ainsi que la fécondation*.
Le résultat de cette fécondation est une larve* à symétrie bilatérale (la dipleurula) qui aura une vie planctonique*, passant encore par d’autres stades larvaires (bipinnaria, puis brachiolaria). Puis, si elle réchappe aux prédateurs en tous genres et parvient au fond, la larve se transformera en jeune étoile de mer glaciaire en adoptant définitivement la symétrie pentaradiée stellée caractéristique des astérides.

Reproduction asexuée
: Comme la plupart des échinodermes, Marthasterias glacialis peut également se reproduire de manière asexuée en recréant une partie qui lui aurait été arrachée.
C’est lors de ces processus de régénération que l’on peut éventuellement rencontrer des étoiles de mer qui comptent plus ou moins de bras que leur forme prototypique. Par exemple, 4 ou 6 bras chez Marthasterias glacialis.

Divers biologie

On peut distinguer sur le dos de Marthasterias glacialis, plus visiblement encore que chez d’autres espèces d’étoiles de mer, de petites vésicules en doigts de gants, les papules* respiratoires. Celles-ci, extensions de la paroi cœlomique* émergeant à l’extérieur et réparties par bouquets entre piquants et pédicellaires de la face aborale, agissent par échanges gazeux, font office de branchies et contribuent donc à la respiration de l’astérie.

Les pédicellaires*, présents sur le tégument* de certaines espèces d’échinodermes et très visibles chez Marthasterias glacialis, sont des sortes de pinces à 2 ou 3 mors. Il en existe plusieurs modèles différents, y compris sur M. glacialis. Par exemple, les petits pédicellaires formant coussins autour des piquants sont d’un autre type que les grandes pinces blanches à deux mors disséminées parmi les papules respiratoires.
Ces pédicellaires sont destinés à plusieurs tâches, principalement à la défense de l’animal ou à son nettoyage.

A l’extrémité de chaque bras de Marthasterias glacialis, une petite zone rose vif se détache à l’œil nu, entre de petits piquants et de fins podia. Elle localise la tache oculaire de l’animal, zone photosensible qui renseigne l’étoile de mer sur la luminosité ambiante et l’aide à appréhender son milieu.
Pour témoignage de cette photosensibilité, on peut observer en laboratoire que Marthasterias glacialis se dirige vers la partie la plus sombre de son enclos lorsqu’on tente de l’observer à la lumière.

Informations complémentaires

En Méditerranée, la crevette drimo Gnathophyllum elegans est souvent trouvée sur ou à proximité de l'astérie glaciaire, sans que l'on en connaisse exactement la raison. Nettoyage ? Commensalisme occasionnel ?

Compte tenu des mœurs prédatrices très affirmées de notre animal, Marthasterias glacialis est redoutée par les ostréiculteurs et mytiliculteurs ! Elle est en effet capable de faire des ravages dans les élevages d’huîtres et de moules !!
Différentes méthodes sont employées par la conchyliculture pour essayer de maîtriser le problème des étoiles de mer voraces dans les élevages. Des nasses spéciales sont parfois utilisées afin de capturer les astéries, puis les détruire. Des vadrouilles sont également employées, gros morceaux de tissus à mailles pendus sous une barre horizontale, et traînées ou disposées à proximité des élevages. Les piquants des étoiles de mer s’accrochent dans les tissus et les animaux peuvent être remontés hors de l’eau. Enfin, les astéries sont parfois détruites grâce à de la chaux vive…

Cette espèce s'acclimate très bien en captivité et est fréquemment présentée dans des aquariums publics.

Une molécule capable de bloquer les cellules cancéreuses, la roscovotine, a été extraite de l'étoile de mer Marthasterias glacialis par les laboratoires de la Station Biologique de Roscoff en 2018. Jusque-là, il s'agissait d'une molécule de synthèse.

Origine des noms

Origine du nom français

Etoile de mer glaciaire : le qualificatif de « glaciaire » vient de la traduction littérale de son nom scientifique d’espèce, glacialis.
Astérie des glaces : astérie est l’autre nom donné aux étoiles de mer et vient du latin [aster] et/ou du grec [astêr] signifiant étoile.

Origine du nom scientifique

Marthasterias : ce nom de genre est composé de deux parties :
- Martha : probablement du latin [martia], provenant du nom du dieu de la guerre [Martialis] = Mars et qui évoque le courage, l’action guerrière, la témérité…
- Asteria : vient du latin [aster] et/ou du grec [astêr] = étoile.
Marthasterias pourrait donc signifier « étoile de mer belliqueuse », ce qui, compte tenu de la voracité de notre animal, lui convient parfaitement.

glacialis
: du latin [glacialis] = glaciale, de glace. Adjectif dû à la distribution nordique de l’étoile.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Echinodermata Echinodermes Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement.
Sous-embranchement Asterozoa Astérozoaires Echinodermes de forme étoilée. Les bras, simples et parfois absents, sont en nombre variable, et contiennent des organes.
Classe Asteroidea Astérides Organismes en forme d’étoile, libres. 5 à 50 bras, squelette réduit, estomac dévaginable. Ce sont les étoiles de mer.
Ordre Forcipulatida Forcipulatides Les piquants de la face dorsale sont entourés d’une couronne de pédicellaires croisés. Les tubes ambulacraires sont ordinairement quadrisériés et ils sont terminés par des ventouses.
Famille Asteriidae Astériidés
Genre Marthasterias
Espèce glacialis

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