Maërl

Phymatolithon calcareum | (Pallas) Adey & D.L. McKibbin

N° 778

Mer du Nord, Manche, océan Atlantique, Méditerranée

Clé d'identification

Algue libre, semblable à des débris coralliens
En forme d'arbuscule sphérique et mamelonné
Aspect pierreux, calcifié
Couleur rose-violet, extrémités blanchies

Noms

Autres noms communs français

Lithothamne, merl, maerl, maërle

Noms communs internationaux

Maerl (GB, E, P, NL), Knollige Kalkalge (D), Vorterugl (N)

Synonymes du nom scientifique actuel

Lithothamnium calcareum et Lithothamnion calcareum (Pallas) Areschoug 1852, sont deux synonymes qui sont encore fréquemment utilisés dans la littérature naturaliste.


Citons aussi :
Millepora calcarea Pallas 1766
Millepora polymorpha Linnaeus 1767
Apora polymorpha (Linnaeus) Gunnerus 1768
Melobesia calcarea (Pallas) Harvey 1849
Melobesia compressa M'Calla 1849
Spongites calcarea (Pallas) Kützing 1849
Lithothamnion polymorphum (Linnaeus) Areschoug 1852
Lithophyllum calcareum (Pallas) Foslie 1898
Eleutherospora polymorpha (Linnaeus) Heydrich 1900
Paraspora calcarea (Pallas) Heydrich 1908

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, océan Atlantique, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

Phymatolithon calcareum est répandu de l’Atlantique Nord-Est (de la Scandinavie au Portugal) jusqu’en Méditerranée.

Biotope

On trouvera cette algue depuis les cuvettes de l’étage médiolittoral* jusque dans les étages infralittoral* et circalittoral*. Elle se développe sur des supports minéraux (graviers, cailloux), animaux (bivalves), ou encore végétaux (thalles* de maërl mort).
En fonction de la clarté des eaux, Phymatolithon calcareum se développe entre -9 et -28 mètres en Norvège, entre -10 et -13 mètres en Grande-Bretagne, jusqu'à -30 mètres sur les côtes bretonnes, avec une présence marquée aux environs de -10 mètres, et enfin de -30 à -60 mètres en Méditerranée.

Description

Phymatolithon calcareum est une des rares algues ayant une vie non fixée. Même si au stade juvénile elle forme de minces croûtes que l’on peut observer sur des débris coquilliers, des graviers ou des cailloux, elle finit, à maturité, par se détacher de son support et par prendre la formed’arbuscules grossièrement sphériques et mamelonnés vivant à l’état libre, semblables à des débris coralliens. Les fines branches mesurent entre 2 à 4 mm pour une envergure de 6 à 7 cm, et leur extrémité est souvent blanchie. Sa couleur rose-violet liée à la présence de phycocyanine vire au blanc-jaunâtre chez l’individu mort. Cette algue à l’aspect pierreux fortement calcifiée contient entre 45 % et 80 % de carbonate de calcium mais aussi du carbonate de magnésium, une trentaine d’oligo-éléments, de vitamines, de phytohormones et d’acides aminés.

Le maërl est en fait une accumulation d’algues calcaires corallinacées composée en majorité de Phymatolithon calcareum et de Lithothamnium corallioides. Toutefois 8 autres espèces appartenant aux genres Lithothamnium, Lithophyllum, Phymatholithon ou Corallina peuvent appartenir au banc de maërl mais en bien plus faible proportion.

Espèces ressemblantes

Cette espèce serait divisée en 4 sous-espèces:
Phymatolithon calcareum forma compressum (M'Calla),
Phymatolithon calcareum forma crassa Lemoine, la plus répandue, notamment en Bretagne,
Phymatolithon calcareum forma squarrulosum Foslie,
Phymatolithon calcareum forma subvalida Lemoine.

Alimentation

Comme toutes les algues, il s'agit d'un organisme autotrophe* qui tire son énergie de la photosynthèse* grâce à l’absorption de la lumière du jour, du dioxyde de carbone et des sels minéraux contenus dans l’eau. Elle fabrique ainsi les matières organiques nécessaires à son développement.

Reproduction - Multiplication

La reproduction peut se faire :
- par voie végétative (asexuée) : la fragmentation des arbuscules engendre des nouveaux individus (principe du bouturage).
- par le biais des spores (sexuée). Ce cycle est fort complexe, et est résumé ici.

Vie associée

Les bancs de maërl constituent l’un des habitats les plus riches et les plus diversifiés d’Europe. Saint-Jacques, palourdes et pétoncles s’y alimentent, lieux et bars viennent y brouter, les ormeaux y nichent et les seiches y pondent. On peut identifier jusqu'à 60 espèces de macro-algues, 160 espèces d’annélides et 130 espèces de mollusques et de crustacés. La structure cavitaire du maërl permet à des organismes de toutes tailles de circuler dans les galeries, de s’y cacher ou de creuser dans ce substrat* meuble.

Informations complémentaires

Les bancs de maërl sont menacés :
- par la pêche à la drague où les dragues à pectinidés causent des dommages sur les espèces sessiles et peu mobiles,
- par le dragage à l’aide des suceuses qui en rejetant à la mer l’eau de surverse chargée de fines particules engendrent une turbidité néfaste au développement des thalles,
- par l’aquaculture : les cages de truites déposées sur un banc de maërl causent au bout de 6 mois un déséquilibre du peuplement dû aux dépôts d’os de poissons, de matières fécales et des granules alimentaires,
- par l’envasement suite à la construction de barrages,
- par l’espèce invasive Crepidula fornicata qui recouvre les thalles de maërl vivant,
- par les phénomènes naturels, les fortes tempêtes provoquant l’enfouissement sableux des bancs.

Phymatolithon calcareum est utilisé :
- en diététique pour traiter des carences minérales alimentaires,
- en médecine pour prévenir l'ostéoporose,
- en chirurgie pour les implants de greffes en chirurgie osseuse,
- en cosmétique,
- en pharmacie pour lutter contre les acidités gastriques,
- dans le domaine de la nutrition animale et dans le traitement des litières animales,
- dans le traitement des étangs pour neutraliser l’acidification, l’envasement et l’eutrophisation,
- dans le traitement de l’eau pour la potabilisation et la dénitrification des eaux de consommation et aussi pour la décontamination des eaux radioactives,
- en agriculture car il améliore les qualités physiques, chimiques et biologiques du sol, et améliore également sa perméabilité et son aération : il constitue de ce fait un excellent amendement.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Certains bancs de maërl ont plus de 8000 ans, leur vitesse de croissance n’excédant pas plus de 0,5 mm par an, le maërl est considéré comme une ressource non renouvelable soumise au code minier avec à ce jour l’obligation de ne pas extraire plus de 500 000 tonnes par an. Cet habitat figure sur la liste de la Directive Européenne Habitats, Faune, Flore d’intérêt communautaire et les 2 espèces de Lithothamne ne devraient pas être exploitées. A court terme, l’exploitation aboutira à une destruction du milieu, à la disparition de la faune associée et à l’instabilité des plages. En Bretagne 5 bancs sont exploités à l’intérieur de la zone Natura 2000 et 3 représentent 80 % des 500 000 tonnes prélevées par an. Des arrêtés préfectoraux du Finistère ont décrété la cessation de toute exploitation pour 2011 du site des Glénan. Le Ministère de l’Environnement estime que l’on pourrait trouver des substituts tels que les sédiments calcaires marins ou les coquillages broyés.

Origine des noms

Origine du nom français

Maërl est un mot d'origine bretonne qui vient de "marle" ou "marne" , du verbe marner = amender la terre avec de la marne. La marne est une roche détritique contenant du calcaire et de l'argile. Le maërl entre dans la composition de cette roche.

Origine du nom scientifique

Phymatolithon : du grec [phymat-] = tumeur, excroissance et [lithos] = pierre, caillou : ce nom décrit sa consistance pierreuse et sa forme mamelonnée ;
calcareum : du latin [calca] = chaux, calcaire.
Le nom scientifique fait donc référence à la composition chimique et à la texture minérale de l'algue.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 145199

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Rhodobionta / Rhodophyta Rhodobiontes Algues rouges, pour la plupart marines.
Sous-embranchement Eurhodophytina Eurhodophytinés
Classe Florideophyceae Floridéophycées

Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames.

Sous-classe Corallinophycidae Corallinophycidées
Ordre Corallinales Corallinales Calcification très importante qui donne au thalle un aspect minéral.
Famille Lithothamniaceae Lithothamniacées
Genre Phymatolithon
Espèce calcareum

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