Coquille de forme triangulaire, équivalve, équilatérale
Coquille lisse, luisante avec de très fines lignes de croissance concentriques
Taille moyenne entre 45 et 55 mm
Fond blanc hyalin ou crème avec des bandes rayonnantes brunâtres
Intérieur des valves blanc ou violacé
Sinus palléal arrondi et peu profond
Crochets du sommet (umbo) proéminents et recourbés vers l’avant
Dents cardinales soudées, formant un V renversé
Dents latérales lamellaires
Siphons longs, frangés d’une couronne de tentacules
Pied linguiforme bien développé
Grande mactre, mactre fasciée, mactre rousse, fausse palourde (Normandie), fausse praire (Finistère)
Rayed trough-shell, Simpleton’s mactra, mactra surf clam (GB), Madia commune, paparazzi di mare (I), Pechina lisa, Almeja lisa (E), Strahlenkorb, Strahlenkörbchen, Narrenkappe, Gemeine Trogmuschel, Bunte Trogmuschel, Strahlige Trogmuschel, Grosse Trogmuschel (D), Strandschel, grote strandschelp (NL)
Cardium stultorum Linnaeus, 1758
Mactra stultorum stultorum Linnaeus, 1758
Trigonella radiata da Costa, 1778
Mactra cinerea Montagu, 1808
Mactra rufa Lamarck, 1818
Mactra fasciata Lamarck, 1818
Mactra inflata Bronn, 1830
Mactra bourguignati Locard, 1890
Mactra corallina var. atlantica Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1896
Mactra corallina var. grangeri Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1896
Mactra corallina var. lignaria Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1896
Mactra corallina var. oceanica Bucquoy, Dautzenberg & Dollfus, 1896
Mactra corallina var. trigona Pallary, 1938
Méditerranée, Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette mactre vit en mer du Nord, en Manche et en Atlantique oriental du sud de la Norvège au Sénégal. Elle est également présente dans toute la Méditerranée ainsi qu’en mer Noire.
Mactra stultorum est un bivalve largement distribué dans son aire de répartition. Il vit, de préférence sur des fonds sableux propres, parfois sablo-vaseux de l’étage infralittoral entre 5 et 80 m de profondeur.
Cette mactre possède une coquille de forme triangulaire, équivalve*, équilatérale* et fortement renflée. Fine et délicate, la coquille est lisse, luisante avec de très fines lignes de croissance concentriques. Sa taille moyenne oscille entre 45 et 55 mm mais peut atteindre plus rarement 70 mm.
Sa couleur de fond est blanc hyalin ou crème avec des bandes rayonnantes brunâtres de largeur inégale. Un fin périostracum* brun clair est parfois présent sur les bords de la partie ventrale. L’intérieur des valves est blanc ou violacé avec occasionnellement des lignes rayonnantes brun fauve. On y distingue deux empreintes adductrices* ovalaires, de taille pratiquement égale et un sinus* palléal* arrondi et peu profond.
La marge de la face ventrale est lisse. Le ligament externe est petit, de couleur brun foncé. Les 2 crochets du sommet (umbo*) sont proéminents et recourbés vers l’avant. La lunule*, en avant des crochets, est lisse et bien développée. La charnière est hétérodonte*, elle présente deux dents principales, dites cardinales*, soudées au-dessus, formant un V renversé. Le ligament interne est contenu dans cette profonde fossette triangulaire (chondrophore*). A noter que la dent cardinale antérieure de la valve droite est presque parallèle au bord cardinal de la charnière. La valve droite présente deux dents latérales lamellaires très minces et presque parallèles de chaque côté (2 antérieures et 2 postérieures), la gauche une seule de chaque côté.
L’animal est blanc, transparent.
Les deux siphons*, pratiquement du même diamètre, sont longs (environ de la longueur de la coquille), réunis et protégés par une gaine épidermique. Ils sont de couleur brun pâle, avec une teinte rougeâtre. Le siphon inhalant* est frangé d’une couronne de tentacules très inégaux qui peuvent se replier vers l’intérieur et former un filtre. Le siphon exhalant* possède une couronne de tentacules et une membrane valvulaire. Le pied*, linguiforme*, est particulièrement bien développé et fait de ce bivalve un fouisseur actif.
Mactra corallina : coquille très semblable mais avec une teinte blanche uniforme sans rayons bruns.
Mactra glauca : sa taille est nettement plus grande et moins globuleuse. La coquille est plus terne et le périostracum* plus épais et plus étendu.
Spisula solida : de taille plus petite, sa coquille est plus épaisse. Sa couleur crème à ivoire est plus terne.
La mactre coralline est un bivalve filtreur microphage* suspensivore*. Les siphons*, très longs, peuvent s’élever au-dessus du sédiment. L'eau est aspirée par le siphon inhalant* puis est rejetée par le siphon exhalant*. Ce circuit d’eau lui permet d’assurer les fonctions de nutrition, de respiration et d’excrétion.
Les cils vibratiles qui garnissent les branchies* créent un courant d’eau qui rabat les particules alimentaires transitant à la surface du sédiment (bactéries, diatomées*, œufs et larves* d’invertébrés du plancton*) vers les palpes* labiaux* puis vers la bouche et l’estomac. Ce dernier contient un petit bâtonnet de mucus solidifié, le stylet cristallin, qui recèle des enzymes* digestives. En tournant régulièrement grâce aux cils du sac gastrique, il participe à la désagrégation des particules alimentaires et facilite la digestion. A noter que ce stylet se dissout à chaque digestion avant de se reformer.
L'espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés) et il n'y a pas de dimorphisme* sexuel. Les gamètes * sont libérés et fécondés dans l’eau de mer. Ils donnent naissance à un œuf qui en se développant produit une larve* véligère*. Après quelques semaines de vie planctonique* la larve se métamorphose* et le jeune bivalve va se déposer sur le fond.
La mactre coralline est souvent infestée par plusieurs parasites*. Notamment par un petit crustacé copépode ectoparasite* : Herrmannella rostrata (adulte) et par des larves endoparasites* de plathelminthes trématodes Gymnophallus rostratus et Himasthla quissetensis.
Cette espèce comestible fait l’objet d’une pêche artisanale subsidiaire à la drague ou au râteau. Elle est parfois vendue sur les marchés méditerranéens des côtes françaises du Roussillon au Var.
Cette espèce figure dans de nombreux ouvrages sous le nom erroné de Mactra corallina. En effet, il est admis de nos jours, que Mactra stultorum et Mactra corallina sont bien deux espèces différentes. Elles ont toutes les deux une répartition géographique pratiquement identique et il n’est pas rare de les trouver ensemble dans le même biotope. Ceci pouvant expliquer la confusion.
Mactra stultorum peut se retrouver échouée en grand nombre sur certaines plages à la suite de tempêtes ; on parle même d’un million d’individus découverts sur 1 km de plages des côtes belges et néerlandaises de la mer du Nord.
Mactre : francisation du nom de genre scientifique.
coralline : francisation de l’ancien nom d’espèce latin corallina = corail : à l'allure de corail (matière colorante rouge en chimie).
Mactra : du grec [maktra] = pétrin, mortier, huche, baignoire. Ce nom apparaît dans l'ouvrage "Tentamen methodi ostracologicae" publié en 1753 par le malacologue allemand Jacob Theodor Klein (1685-1759), qui voulait peut-être l’assimiler à un récipient pour les choses essentielles.
stultorum : du latin [stultus] = idiot, insensé, sot. Linné n’a pas expliqué pourquoi ce nom d’espèce !
Numéro d'entrée WoRMS : 140299
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Autobranchia | Autobranches | |
Super ordre | Imparidentia | Imparidenties | |
Ordre | Venerida | Vénérides | Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe. |
Famille | Mactridae | Mactridés | Coquille équivalve, mince, porcelanée. Charnière à dents principales en forme de V. Ligament externe avec resilium, logé dans un chondrophore. Siphons entièrement ou partiellement unis. Sinus palléal arrondi, profond. Pas de byssus. |
Sous-famille | Mactrinae | Mactrinés | |
Genre | Mactra | ||
Espèce | stultorum |
Lignes brunes rayonnantes
La coquille est de couleur blanc hyalin avec des bandes rayonnantes plus opaques brun fauve à violacé.
Plage du Lido, Sète (34), estran
29/11/2020
Siphons soudés
Légèrement dégagée du sable, cette mactre coralline laisse apparaître ces 2 siphons soudés.
Plouha (22), estran
12/10/2020
Vue sur l’umbo
Les 2 crochets du sommet sont proéminents et recourbés vers l’avant.
Saint-Michel-en-Grève (22), estran
14/02/2010
A demi enfouie
Cette mactre vit enfouie de préférence sur des fonds sableux propres.
Trédrez-Locquémeau (22), estran
24/12/2018
Pied linguiforme
On aperçoit le pied en forme de langue, particulièrement bien développé, qu’il utilise pour s’enfouir.
Plestin-les-Grèves (22), estran
01/04/2010
Coquille lisse et luisante
Cette mactre possède une coquille lisse, luisante avec de très fines lignes de croissance concentriques.
Plage du Lido, Sète (34), estran
29/11/2020
Charnière hétérodonte
La charnière présente deux dents cardinales, formant un V renversé (chondrophore), la valve droite deux dents latérales lamellaires de chaque côté et la gauche une seule de chaque côté.
Plage du Lido, Sète (34), estran
29/11/2020
Echouage
De nombreux bivalves vivants sont échoués sur une plage de galets après un coup de vent.
Plage Est (près de la digue à la mer), Saintes-Maries-de-la-Mer (13), estran
29/01/2017
Pied et siphon sortis
Sur cette coquille échouée, on aperçoit le pied musculeux et les 2 siphons soudés.
Plage Est (près de la digue à la mer), Saintes-Maries-de-la-Mer (13), estran
29/01/2017
Gravure ancienne
Cette mactre possède une coquille de forme triangulaire.
Gravure ancienne (planche CVI) tirée de l’ouvrage de E. Donovan : « The natural history of British shells », vol. III.
Reproduction de documents anciens
1801
Coquille équivalve, équilatérale
La coquille de Mactra stultorum est équivalve et équilatérale.
Gravure ancienne (planche CVI) tirée de l’ouvrage de E. Donovan : « The natural history of British shells », vol. III.
Reproduction de documents anciens
1801
Dessins anciens
Deux coquilles de couleur différente pour cette mactre coralline.
Dessins (fig. 185 & fig. 186) de A. D'Apperval dans l'ouvrage de Ph. Dautzenberg "Atlas des coquilles des côtes de France".
Reproduction de documents anciens
1913
Intérieur de la valve droite
On distingue sur ce dessin les deux empreintes adductrices ovalaires et le sinus palléal arrondi et peu profond.
Dessin (n°1) dans l'ouvrage de S.P. Woodward "Manuel de conchyliologie ou histoire naturelle des mollusques vivants et fossiles"
Reproduction de documents anciens
1870
En Roussillon
Cet exemplaire, récolté sur une plage du Roussillon, confirme la présence de la mactre coralline en Méditerranée française, essentiellement des côtes catalanes à la côte Bleue.
Planche extraite de l'ouvrage "Les mollusques marins du Roussillon, tome II, Pélécypodes" de E. Bucquoy, Ph. Dautzenberg & G. Dollfus édité aux éditions J.-B. Baillère.
Reproduction de documents anciens
1887-1898
Détail des siphons
Les deux siphons sont frangés d’une couronne de tentacules très inégaux qui peuvent se replier vers l’intérieur et former un filtre.
Fig. 38 dans l’ouvrage de J. Amouroux : « Etude monographique des siphons de quelques mollusques bivalves : adaptation et morphologie ».
Reproduction de documents anciens
1980
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Amouroux J.M., 1980, Etude monographique des siphons de quelques mollusques bivalves : adaptation et morphologie, Océanis, Institut Océanographique, Paris, 5, 1, 33-89.
Donovan E., 1801, The natural history of British Shells, including figures and descriptions of all the species hitherto discovered in Great-Britain, systematically arranged in the Linnean manner with scientific and general observations on each, vol. III, ed. Author, F. & C. Rivington, London, 115p., 36pls.
Williams G.E., 1939, Severe mortality Mactra corallina cinerea Lancashire Coast, Nature, 144, 1049.
La page de Mactra stultorum sur le site de référence de DORIS pour les mollusques : MolluscaBase
La page de Mactra stultorum dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN