Mactre lactée

Mactra corallina | (Linnaeus, 1758)

N° 5879

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est et Méditerranée

Clé d'identification

Coquille triangulaire, équivalve et équilatérale
Couleur blanc laiteux à crème
Crochets du sommet proéminents, recourbés vers l’avant
Dents cardinales forment un V renversé
Animal blanc translucide
Siphons réunis et assez longs
Pied, linguiforme, bien développé

Noms

Autres noms communs français

Mactre blanche, blanchet

Noms communs internationaux

Cette espèce étant séparée depuis peu de temps de Mactra stultorum, il semble qu’il n’y ait pas de noms vernaculaires étrangers pour la nommer. Les noms employés dans la littérature sont donc ceux de Mactra stultorum, ce qui peut prêter à confusion.

Synonymes du nom scientifique actuel

Cardium corallinum Linnaeus, 1758
Mactra corallina corallina Linnaeus, 1758
Mactra lactea Gmelin, 1791
Mactra alba Lamarck, 1818
Mactra candida Lamarck, 1818

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est et Méditerranée

Zones DORIS : ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]

Cette mactre vit en mer du Nord (du Danemark à la Belgique), en Manche (côtes sud de l’Angleterre) et en Atlantique Nord-Est (Irlande, archipel des Canaries). Elle est également présente en Méditerranée, des côtes catalanes à la côte Bleue, ainsi qu’en mer Adriatique.

Biotope

Ce bivalve vit sur des fonds sableux propres de l’étage infralittoral* entre 5 et 30 m de profondeur.

Description

La mactre lactée possède une coquille de forme triangulaire, équivalve* et équilatérale*. D’aspect globuleux, cette coquille est mince et délicate. Elle mesure 45 à 60 mm de largeur, exceptionnellement 65 mm. Le sommet (umbo* ou crochet) est situé à la moitié de la coquille, voire légèrement postérieurement. Il forme un angle rentrant de 120 à 125° par rapport aux 2 bords antérieur et postérieur de la coquille. Cette dernière est lisse, finement ornée de lignes concentriques.

Sa couleur est blanc laiteux à crème. Un périostracum* gris sale à brunâtre est parfois présent, réduit à la partie marginale du bord ventral.

Le ligament* externe est petit, de couleur brun foncé.

L’intérieur de la coquille peut être blanc ou zoné avec des teintes bleues ou jaunâtres, parfois avec des reflets rosâtres. On y distingue deux empreintes adductrices* ovalaires, de taille pratiquement égale et un sinus* palléal* arrondi et peu profond.

Les 2 crochets du sommet sont proéminents et recourbés vers l’avant. La lunule*, en avant des crochets, est lisse et bien développée. La charnière est hétérodonte*, elle présente deux dents principales, dites cardinales*, soudées au-dessus, formant un V renversé. Le ligament interne est contenu dans cette profonde fossette triangulaire (chondrophore*). A noter que la dent cardinale antérieure de la valve* droite est presque parallèle au bord cardinal de la charnière.
La valve droite présente deux dents latérales lamellaires très minces et presque parallèles de chaque côté (2 antérieures et 2 postérieures), la valve gauche une seule de chaque côté.
La marge du bord ventral est lisse.

L’animal est blanc, translucide.
Les deux siphons* ont sensiblement le même diamètre ; ils sont assez longs (plus courts que la longueur de la coquille) et réunis. Ils sont teintés de jaune orangé. Ils sont plus ou moins protégés par une gaine épidermique. L’extrémité de ces siphons est bordée par une couronne de tentacules* très nombreux et marqués par une petite ligne noirâtre.
Le pied*, linguiforme*, est particulièrement bien développé et fait de ce bivalve un fouisseur actif.

Espèces ressemblantes

Mactra glauca : sa taille est nettement plus grande et moins globuleuse. La coquille, blanc-crème, possède des rayures radiales brun clair. Elle est plus terne et le périostracum* plus épais et plus étendu.

Mactra stultorum : coquille très semblable mais avec une couleur blanc hyalin ou crème et des bandes rayonnantes brunâtres de largeur inégale.

Spisula solida : de taille plus petite, sa coquille est plus épaisse. Sa couleur crème à ivoire est plus terne.

Alimentation

La mactre lactée est un bivalve filtreur microphage* suspensivore*. L'eau est aspirée par le siphon* inhalant puis est rejetée par le siphon exhalant. Ce circuit d’eau lui permet d’assurer les fonctions de nutrition, de respiration et d’excrétion. Cette mactre se nourrit de particules en suspension (bactéries, diatomées, œufs et larves d’invertébrés), avec une préférence pour le phytoplancton*.

Reproduction - Multiplication

Cette espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés) et il n'y a pas de dimorphisme* sexuel. Les gamètes* sont libérés et fécondés dans l’eau de mer. Ils donnent naissance à un œuf qui en se développant produit une larve* véligère*. Après quelques semaines de vie planctonique* la larve se métamorphose* et le jeune bivalve va se déposer sur le fond.

Vie associée

La mactre lactée est souvent infestée par plusieurs parasites* : un petit crustacé copépode ectoparasite* : Herrmannella rostrata (adulte) et des larves* endoparasites* de plathelminthes trématodes Lasiotocus longicystis et Lepocreadium pegorchis.

Informations complémentaires

Il est admis de nos jours que Mactra stultorum et Mactra corallina sont bien deux espèces différentes. Elles ont toutes les deux une répartition géographique pratiquement identique et il n’est pas rare de les trouver ensemble dans le même biotope. Ceci pouvant expliquer la confusion.

Cette espèce comestible fait l’objet d’une pêche artisanale subsidiaire à la drague. Elle est parfois vendue sur les marchés méditerranéens des côtes françaises du Roussillon au Var.

Mactra corallina peut se retrouver échouée en grand nombre sur certaines plages à la suite de tempête, notamment en mer du Nord ou sur les côtes anglaises.

Il n’est pas rare de trouver des individus présentant une perforation plus ou moins ronde due à la natice porte-chaîne Euspira catena.

Origine des noms

Origine du nom français

Mactre : francisation du nom de genre scientifique.

lactée : qui ressemble au lait. La couleur de la coquille est blanche comme du lait.

Origine du nom scientifique

Mactra : du grec [maktra] = pétrin, mortier, huche, baignoire. Ce nom apparaît dans l'ouvrage "Tentamen methodi ostracologicae" publié en 1753 par le malacologue allemand Jacob Theodor Klein (1685-1759), qui voulait peut-être l’assimiler à un récipient pour les choses essentielles.

corallina : du latin [corallum] = corail, animal marin qui sécrète un squelette calcaire (polypier) de couleur blanche (ou rouge).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 151616

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire.
Sous-classe Autobranchia Autobranches
Super ordre Imparidentia Imparidenties
Ordre Venerida Vénérides

Coquille mince, allongée, dure et costulée, bâillante à une ou aux deux extrémités. Ligament à la fois interne et externe.

Famille Mactridae Mactridés Coquille équivalve, mince, porcelanée. Charnière à dents principales en forme de V. Ligament externe avec resilium, logé dans un chondrophore. Siphons entièrement ou partiellement unis. Sinus palléal arrondi, profond. Pas de byssus.
Sous-famille Mactrinae Mactrinés
Genre Mactra
Espèce corallina

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