Lutjan de grande taille mesurant communément 75 cm, 90 cm au maximum
Corps trapu et argenté, couleur rougeâtre plus ou moins prononcée
Museau pointu, tête massive, bouche légèrement infère laissant apparaître de puissantes canines
Nageoires sombres comportant parfois un fin liseré blanc sur leur bordure
externe
Dorsale en une seule partie, pectorales falciformes longues, caudale homocerque échancrée
Juvéniles généralement reconnaissables à deux taches blanches sur le dos
Certains juvéniles bicolores (partie arrière blanche)
Lutjan rouge, lutjan rouge à deux taches, vivaneau à deux taches, carpe rouge, casse-marmite, vara vara (français), Noowa, waralac, koomîê (Nouvelle-Calédonie), Haamea, aku (Polynésie française), Fangamea, kivi (Wallis-et-Futuna)
Red bass, red snapper, two-spot red snapper, twinspot snapper, bohar snapper, kelp bream, kelp sea perch (GB), Pargo de dos manchas (E), Doppel-Schnapper, Zweifleckenschnapper (D)
Sciaena bohar Forsskål, 1775
Lutianus bohar (Forsskål, 1775)
Sparus lepisurus Lacepède, 1802
Diacope quadriguttata Cuvier, 1828
Mesoprion rangus Cuvier, 1828
Lutjanus rangus (Cuvier, 1828)
Diacope labuan Montrouzier, 1857
Mesoprion rubens Macleay, 1882
Lutianus nukuhivae Seale, 1906
Lutjanus coatesi Whitley, 1934
Indo-Pacifique tropical et subtropical
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]Lutjanus bohar est une espèce très largement distribuée dans l'ensemble de l'Indo-Pacifique tropical et subtropical. D'ouest en est, on peut la rencontrer depuis les côtes est-africaines jusqu'aux îles Marquises en Polynésie française. La limite sud de son aire de répartition s'étend du Mozambique à l'Australie. Au nord, elle occupe l'ensemble de l'océan Indien incluant la mer Rouge et dans le Pacifique, on la retrouve jusqu'aux îles Ryūkyū situées au sud du Japon.
Ce vivaneau se rencontre le longs des récifs extérieurs et dans les lagons abrités à l'âge adulte. Il évolue préférentiellement entre 10 et 70 m de profondeur mais on peut le trouver entre 4 et 180 m. Il semble se déplacer vers des zones plus profondes au large à mesure qu'il vieillit. Les juvéniles fréquentent plutôt les herbiers.
Le vivaneau-chien rouge est un lutjan de grande taille mesurant communément 75 cm et pouvant atteindre 90 cm au maximum. Le corps est trapu et argenté, teinté d'une couleur rougeâtre plus ou moins prononcée et comporte de grosses écailles bien visibles. Le museau est pointu, la tête massive. La bouche légèrement infère* laisse apparaître de puissantes canines.
La nageoire dorsale est constituée d'une seule partie. Les pectorales sont falciformes* et assez longues. La caudale est homocerque* et échancrée. Les nageoires sont en général plus sombres que le reste du corps et comportent parfois un fin liseré blanc sur leur bordure externe.
Les juvéniles se reconnaissent grâce à deux taches blanches sur le dos. L'iris doré est parfois barré d'un large trait vertical foncé. Certains juvéniles adoptent une parure bicolore (partie postérieure blanche) dans un souci de mimétisme* avec certaines espèces de demoiselles.
De par sa grande taille, le vivaneau-chien rouge est généralement facilement identifiable à l'âge adulte. Une confusion est possible avec le vivaneau plate, dont le corps est plus haut et le front plus bombé.
On peut également mentionner un autre poisson argenté de grande taille qu'est l'empereur bossu, avec lequel L. bohar peut parfois être aperçu. Le front de l'empereur est toutefois nettement plus droit et les nageoires pectorales moins foncées.
Lutjanus bohar se nourrit principalement de poissons, mais il lui arrive de chasser des crustacés comme des crevettes, des crabes, des amphipodes et des stomatopodes, ainsi que des gastéropodes et des Tuniciers. Il est reconnu comme un prédateur de premier ordre dans la plupart des environnements de récifs coralliens.
Des observations réalisées lors de plongées nocturnes en mer Rouge font état d'un comportement de chasse particulièrement actif à proximité du récif durant la nuit.
L'espèce est gonochorique* (les sexes sont séparés) et ovipare*. Les femelles atteignent la maturité sexuelle à un âge plus avancé que les mâles, respectivement à 9 et 2 ans pour des tailles moyennes de 43 cm pour les femelles contre moins de 30 cm pour les mâles. Les courbes de croissance des mâles et des femelles échantillonnés sur la côte nord-est de l'Australie sont identiques. Sur la Grande Barrière de corail, l'activité reproductive semble se dérouler durant une grande partie de l'année, les femelles étant matures du mois d'août au mois d'avril suivant.
L. bohar s'intègre parfois à des bancs de vivaneaux plates ou d'empereurs bossus. Les premiers étant principalement planctonivores et les seconds se nourrissant sur le fond la nuit, il est possible que cette stratégie permette au vivaneau-chien de passer inaperçu et de mieux surprendre ses proies.
Ce vivaneau peut être parasité par le champignon microsporidien Glugea jazanensis.
Lutjanus bohar peut être rencontré seul, mais il se regroupe également
parfois en de grands bancs pouvant compter plusieurs dizaines d'individus.
Les juvéniles imitent certaines demoiselles : cela leur permettrait d'approcher plus facilement des proies potentielles non consommées par ces dernières.
Comme les autres grands poissons des zones océaniques du Pacifique occidental, ce lutjan peut être ciguatérique*.
La longévité observée atteint 55 ans mais il pourrait y avoir des individus plus âgés sur la grande barrière de
corail, faisant de lui le vivaneau tropical ayant la plus grande
espérance de vie.
Lutjanus bohar est péché principalement à la palangre, mais il est également ciblé par la pêche de loisir du fait de sa grande taille. Dans certaines zones, il n'est toutefois pas ciblé par les pêcheurs du fait de sa réputation de poisson à la chair toxique.
Le vivaneau Lutjanus bohar a été évalué pour la Liste rouge de l'UICN* des espèces menacées en 2015 et a été classé dans la catégorie Least Concern soit préoccupation mineure. Néanmoins, compte tenu de la croissance relativement lente de l'espèce, les scientifiques suggèrent que Lutjanus bohar présente une forte vulnérabilité à la pêche qui pourrait engendrer un effondrement de sa population en cas de surexploitation. En Australie, sa pêche est interdite en vertu du plan de gestion des poissons de récif.
Vivaneau : dénomination générique utilisée pour désigner un ensemble
d'espèces appartenant à la famille des Lutjanidés. Elle vient du nom de
l'espèce Lutjanus vivanus et signifie "vivant, vivace", probablement en rapport avec son activité débordante dans le récif.
chien : en référence aux canines bien visibles
rouge : en référence à la couleur de la robe
Lutjanus : du malais [ikan lutjang], nom d'un poisson latinisé par Bloch (ichtyologue du 18ème siècle) pour la première espèce de ce genre.
bohar : dans son ouvrage publié à titre posthume par le chef de l'expédition durant laquelle eût lieu la découverte, C. Niebuhr évoque la correspondance entre le mot arabe [bohar] et le latin [dorso recto] = dos droit, dont on peut supposer qu'il s'agit de la traduction. Peut-être oppose-t-il cette espèce à d'autres lutjans au dos plus bombé, comme Macolor niger par exemple, évoqué dans la rubrique dédiée aux espèces ressemblantes.
Numéro d'entrée WoRMS : 218479
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
| Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
| Classe | Actinopteri | ||
| Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
| Ordre | Eupercaria (incertae sedis) | ||
| Famille | Lutjanidae | Lutjanidés | |
| Genre | Lutjanus | ||
| Espèce | bohar |
Poissons osseux nageant près du fond
Lutjans et gaterins
Gros vivaneau de l'Indo-Pacifique
Le vivaneau-chien rouge est un Lutjanidé robuste très largement distribué dans l'Indo-Pacifique tropical et subtropical. L'adulte de l'arrière-plan conserve de façon très marquée un des traits caractéristiques du juvénile, à savoir les deux taches claires à l'arrière du dos.
Passe en S, Mayotte (976), 15 m
20/03/2010
Poissons osseux nageant près du fond
Lutjans et gaterins
Face-à-face
La tête de ce vivaneau est munie d'une large bouche légèrement infère laissant apparaître de puissantes canines. Les narines sont bien visibles à l'avant des yeux de couleur orangée. Les nageoires pectorales falciformes sombres et bordées d'un fin liseré blanc (tout comme les pectorales) sont bien développées.
Shark and Yolande reef, Sharm El Sheikh, Egypte, 21 m
07/07/2006
De profil
Vu de profil, le vivaneau-chien rouge est reconnaissable à sa gueule massive laissant entrevoir de robustes canines, ainsi qu'à sa forme trapue demeurant néanmoins hydrodynamique. Les nageoires sont plus sombres que le reste du corps. Dans ce cas de figure, la couleur argentée de la robe prédomine bien que des reflets rougeâtres puissent être devinés malgré le filtre bleuté de l'eau environnante.
Passe Dumbea, Nouvelle-Calédonie (988), 2 m
21/12/2017
Détail de la tête
Avec un tel profil et notamment une telle canine dépassant de la bouche, nul doute que ce poisson ne soit un prédateur ! Celui-ci semble d'ailleurs en train de lorgner sur les frêles poissons-hachettes occupant cette anfractuosité du récif.
The Tunnels, Exmouth, Australie
29/04/2002
Juvénile de face
Les canines du juvénile ne sont pas encore bien visibles mais l'allure générale de la tête rappelle déjà celle de l'adulte.
Abu Dabbab, Marsa Alam, Egypte
27/05/2022
Juvénile rougeâtre
Le jeune vivaneau-chien est aisément reconnaissable à ses deux taches blanches bien visibles à l'arrière du dos. Ce caractère est parfois rencontré chez l'adulte. La coloration rougeâtre est visible chez cet individu, ainsi que de fins liserés blancs sur l'extérieur des nageoires.
Selimah, Wadi Lahami, Egypte, 15 m
30/11/2010
Juvénile grisâtre
Ce juvénile photographié à La Réunion présente une teinte grisâtre voire même bleuâtre. Autre fait notable, l'on aperçoit une troisième tache blanche sur le haut du pédoncule caudal qui n'est pas toujours présente chez l'espèce (certains juvéniles sont bicolores et dépourvus de taches, qui se confondent avec des demoiselles). Enfin, l'œil est barré d'une bande verticale sombre le traversant de part en part.
La Réunion (974), 1,5 m
27/08/2011
Sous un surplomb
Ce poisson robuste à la robe rouge très prononcée illustre le qualificatif de "carpe rouge" qui lui est couramment attribué. Souvent visible en pleine eau, on peut également le retrouver sous des surplombs récifaux.
Pinacles Ras Abu Soma, Egypte, 15 m
04/1996
En chasse
Au Vanuatu, le vivaneau-chien n'est pas pêché car il est potentiellement ciguatérique, le rendant peu farouche vis-à-vis de l'homme. Dans ce cas, le nourrissage a fait sortir les demoiselles de leurs coraux protecteurs et le prédateur en a profité pour gober un sergent-major attiré hors de son refuge.
Hideaway island resort près de l'île d'Efate, Vanuatu, Mélanésie
15/08/2019
En banc
Ce banc du nord de la mer Rouge regroupe plusieurs dizaines d'individus. Les poissons du centre de la colonne paraissent plus rouges que ceux de la périphérie.
Réserve de Ras Mohamed, Egypte, 15 m
04/10/2022
Association de prédateurs
Lutjanus bohar se regroupe parfois en bancs de plusieurs dizaines d'individus en pleine eau, comme lors de cette observation réalisée en Nouvelle-Calédonie. On aperçoit à l'arrière un rassemblement de carangues (Caranx sexfasciatus ?) de taille comparable.
Nouvelle-Calédonie (988), 8 m
26/05/2019
Au milieu des empereurs bossus
Il existe une certaine ressemblance entre le vivaneau-chien rouge et l'empereur bossu. Les individus de taille équivalente ne rechignent pas à se mélanger et à stationner en pleine eau à proximité de la surface comme sur ce cliché. Il est probable que le vivaneau en profite pour se soustraire à la vue de ses proies potentielles, les empereurs se nourrisant la nuit d'organismes benthiques.
Passe en S, Mayotte (976), 9 m
30/06/2012
A la station de nettoyage
Cet individu à la teinte particulièrement foncée semble attendre qu'un labre-nettoyeur vienne s'occuper de lui ; peut-être sera-t-il le prochain "client" de celui qui est affairé sur la loche située à l'arrière-plan.
Passe Boularis, Nouvelle-Calédonie (98), 10 m
24/03/2019
Rédacteur principal : Christophe PREUX
Vérificateur : Gaël MODRAK
Responsable régional : Gaël MODRAK
Abdel-Baki A-A.S., Tamihi A.F., Al-Qahtani H.A., Al-Quraishy S., Mansour L., 2015, Glugea jazanensis sp. nov. infecting Lutjanus bohar in the Red Sea: ultrastructure and phylogeny, Diseases of aquatic organisms, 116(3), 185-90.
Allen G.R., 1985, FAO Species Catalogue. Vol. 6. Snappers of the world.
An annotated and illustrated catalogue of lutjanid species known to
date, FAO Fisheries Synopsis, 125(6), 208 p.
Anderson W.D. Jr., Allen G.R., 2001, The living marine resources of the Western Central Pacific. VOLUME 5. Bony fishes part 3 (Menidae to Pomacentridae), FAO species identification guide for fishery purposes, 5(3), 2840-2918.
Dalzell P., 1992, Ciguatera fish poisoning and fisheries development in
the South Pacific region, Bulletin de la Société de Pathologie Exotique, 85, 435-444.
Frimodt C., 1995, Multilingual illustrated guide to the world's
commercial warmwater fish, Fishing News Books, 215 p.
Kulbicki M., Bozec Y.M., Labrosse P., Letourneur Y., Mou-Tham G., Wantiez L., 2005, Diet composition of carnivorous fishes from coral reef lagoons of
New Caledonia, Aquatic Living Resources, 18(3), 231-250.
Marriott, R.J., Mapstone B.D, 2006, Geographic influences on and the accuracy and precision of age estimates for the red bass, Lutjanus bohar (Forsskal 1775): A large tropical reef fish, Fisheries Research, 80, 322-328.
Marriott R.J., Mapstone B.D., Begg G.A., 2007, Age-specific demographic parameters, and their implications for management of the red bass, Lutjanus bohar (Forsskal 1775): A large, long-lived reef fish, Fisheries Research, 83, 204-21.
Moyer J.T., 1977, Aggressive Mimicry between Juveniles of the Snapper
Lutjanus bohar and Species of the Damselfish Genus Chromis from Japan,
Japanese Journal of Ichthyology, 24.
Ong J.J.L., Rountrey A.N., Marriott R.J., Newman S.J., Meeuwig J.J., Meekan M.G., 2017, Cross-continent comparisons reveal differing environmental drivers of growth of the coral reef fish, Lutjanus bohar, Coral Reefs, 36(1), 195-206.
Sommer C., Schneider W., Poutiers J.M., 1996, The living marine resources of Somalia, FAO species identification field guide for fishery purposes, 376 p.
Stevenson C., Katz L.S., Micheli F., Block B., Heiman K.W., Perle C, Weng K., Dunbar R., Witting J., 2007, High apex predator biomass on remote Pacific islands, Coral Reefs, 26, 47-51.
Wright A., Dalzell P.J., Richards A.H., 1986, Some aspects of the biology of the red bass, Lutjanus bohar (Forsskal), from the Tigak Islands, Papua New Guinea, Journal of Fishes Biology, 28, 533-544.
La fiche de Lutjanus bohar sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La fiche de Lutjanus bohar dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
