Coquille spiralée, bombée, d'environ 30 mm de long à apex pointu
Cinq à six tours séparés par une suture peu profonde
Couleur courante presque noire chez l'adulte, crème à brun roux chez le jeune
Léger relief de fines stries sombres et claires alternées
Labre épais, columelle blanche et lisse, opercule corné
Bigorneau commun, littorine littorale (France entière et Québec)
Bigorne, bigourounen (Bretagne), vigneau, vignot, brelin noir, gajin, vignette (Normandie), cornichon (Arcachon), mailla, vignot (Pays-Basque), guignette, cagouille, limat de mer (Charente-Maritime)
Common winkle, periwinkle (GB), Bigaro, caramuxo (E), Gemeine Strandschnecke (D), Gewone alikruik (NL), Caricoles (B), Strandsnegl (DK)
Atlantique Nord, Baltique, mer du Nord, Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestCette espèce se rencontre à l'ouest de la mer Baltique, en mer du Nord, en Manche et en Atlantique Nord-Ouest, depuis la Norvège jusqu'au nord-ouest de l'Espagne.
Une communication de l'AFC (Association Française de Conchyliologie) signale que cette espèce a été introduite fortuitement en Méditerranée avec des naissains de moules. Elle a été observée la toute première fois en 1982. On la trouve localement dans certaines lagunes.
On peut également l'observer sur la côte est des Etats-Unis, du New Jersey jusqu'au Labrador au Canada où elle a été introduite à partir de l'Europe au milieu du XIXème siècle.
Les bigorneaux colonisent l'ensemble du rivage rocheux en mode calme à semi battu. Ils affectionnent particulièrement les crevasses des roches de l'infralittoral et du médiolittoral inférieur. On les trouve en grand nombre sous les pierres de l'estran, dans les mares, et sous et sur les macro-algues (Fucus sp., Ascophyllum nodosum, ...). Néanmoins les plus gros individus se rencontrent sur les zostères, le sable et les vasières.
Quelques spécimens ont été récoltés jusqu'à 60 m de profondeur.
On les trouve également dans les estuaires où ils supportent une salinité de 13 ‰ et probablement 10 ‰ en certains lieux. En hiver les bigorneaux migrent vers des eaux plus profondes pour échapper aux basses températures.
Le bigorneau est un gastéropode fort commun dont la coquille, conique, spiralée, et légèrement bombée se termine par un apex* pointu. Elle est ornée de nombreuses stries parallèles sombres et claires alternées qui mettent en évidence un léger relief. On dénombre cinq à six tours de spire. La suture est apparente quoique peu profonde, surtout chez les adultes.
La couleur dominante est le noir ou le gris foncé avec parfois des teintes brunes. Le sommet est toutefois plus clair chez l'adulte. Chez les plus jeunes bigorneaux l'étendue des couleurs va du blanc crème au brun roux.
La columelle est blanche et lisse, il n'y a pas d'ombilic et le bord extérieur du labre épais retourne de manière tangentielle sur le dernier tour.
L'intérieur de l'ouverture est sombre, ovale, avec une légère pointe vers le haut et est colmaté hermétiquement par un opercule corné.
Sur l'animal en déplacement on observe un mufle équipé d'une radula*, cerné par deux tentacules céphaliques marbrés de lignes noires ayant chacun un œil à sa base.
La taille des adultes est d'environ 25 à 30 mm.
Les individus québécois ont une taille moyenne supérieure (de 30 à 40 mm pour 19 mm de large) et 6 à 8 tours de spire.
Le relief spiralé ainsi que les bandes colorées des coquilles des jeunes spécimens peuvent facilement permettre une confusion avec l'espèce Littorina saxatilis (la littorine des rochers).
Les plus gros individus peuvent également être confondus avec Osilinus lineatus (la monodonte), ces deux espèces cohabitant sur le même biotope. Cette dernière est d'ailleurs surnommée faux bigorneau !
Littorina littorea est un brouteur herbivore.
Cette espèce rampe sur son pied à la recherche d'algues vertes (ulves et entéromorphes) qu'elle râpe au moyen de sa radula*, ainsi que d'algues microscopiques se développant à la surface des algues brunes, des zostères ou des roches. Elle consomme notamment des diatomées qu'elle trouve dans les mares, sur le sable ou la vase lors de ses déplacements. Ceux-ci ont lieu principalement la nuit, et quand la marée est haute.
Littorina littorea est une espèce gonochorique* (à sexes séparés), la fécondation est interne.
La maturité sexuelle s'établit au bout d'environ 2 ans pour une taille d'environ 12 à 14 mm.
On constate lors de la période de reproduction une certaine migration de ces mollusques vers le haut de l'estran où ont lieu de grands rassemblements (plusieurs centaines d'individus au m²). La reproduction peut avoir lieu toute l'année avec un maximum au printemps. La femelle libère des capsules gélatineuses d'environ 1 mm (comprenant de 1 à 5 œufs) directement dans la mer où celles-ci flottent et sont dispersées par les courants pendant environ une semaine. A l'éclosion les larves mènent une vie planctonique durant quatre à six semaines avant de se métamorphoser et d'adopter le mode de vie benthique. Les petits ne mesurent alors que 0,5 mm.
A un mois le bigorneau mesure en moyenne environ 5 mm, entre 13 et 16 mm à un an et demi. Sa taille passe à 22 mm à deux ans et demi et à 27 mm à cinq ans.
Les femelles adultes dont la taille est supérieure à 24 mm peuvent pondre jusqu'à dix fois plus d'œufs qu'une femelle fraîchement mature (qui mesure de 12 à 14 mm).
Avec les bigorneaux on rencontre souvent Osilinus lineatus (monodonte) sur le haut de l'estran au sein des failles rocheuses, ainsi que Littorina saxatilis (littorine des rochers) avec qui les jeunes peuvent facilement être confondus.
Des algues, des balanes et même des vers tubicoles peuvent occasionnellement se fixer sur leurs coquilles.
Abandonnées, les coquilles servent de refuge à plusieurs espèces de bernard-l'ermite.
La place du bigorneau dans son milieu est importante pour d'autres espèces. En dévorant les algues vertes et les micro-algues il évite l'étouffement des jeunes filtreurs comme les huîtres par exemple.
Lorsque le mollusque se retrouve au sec (ce qu'il peut supporter plusieurs heures tous les jours) il devient inactif sauf si l'humidité environnante est importante, sous les algues par exemple. S'il est dérangé, il se réfugie hermétiquement dans sa coquille qu'il obture à l'aide de son opercule corné situé à l'arrière du pied.
Cet animal possède une réelle capacité à accumuler les oligo-éléments et pourrait bien servir de bio-indicateur.
Il peut vivre de cinq à dix ans et même davantage si les conditions sont très favorables : en captivité, un bigorneau a vécu plus de vingt ans !
Cette espèce comestible est largement consommée, surtout en Europe du nord et sur les rives du Saint-Laurent au Canada : elle trouve sa place naturellement sur tous les plateaux de fruits de mer. Elle est même vendue dans les rues dans quelques villes de Belgique comme Bruxelles.
Avec plus de trente tonnes, la production française est insuffisante pour la consommation intérieure surtout pendant la période des fêtes de fin d'année. Des bigorneaux sont alors importés d'Irlande, d'Ecosse ou des Pays-Bas.
Pendant plusieurs dizaines d'années des tentatives d'élevage de bigorneaux ont été entreprises mais les basses températures en hiver ont rendu cette activité très aléatoire, et elle a fini par être abandonnée.
Les bigorneaux sont la proie des goélands, de crustacés comme le crabe vert (Carcinus maenas), de certaines étoiles de mer, de poissons et des pêcheurs à pied !
Activité à réaliser avec des enfants :
Dans une zone où le courant n'est pas trop fort, à mi-marée, mettre en place une planche de bois bien calée par des pierres, parallèle et à environ 10 cm du fond de telle sorte qu'elle soit recouverte par la marée haute de nuit. Revenir le lendemain matin à marée basse pour récupérer les bigorneaux qui s'y sont fixés. On obtient le même résultat en installant un tuyau de 10 à 20 cm de diamètre dans un herbier.
Cette espèce n'est pas menacée, ne fait l'objet d'aucune mesure de protection malgré le fait qu'elle soit récoltée facilement et en grandes quantités par les pêcheurs à pied.
Il n'y a pas de taille minimale de capture. Il faut veiller cependant à ne pas prélever davantage que ce qui sera réellement consommé.
En France le Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative a publié le 29 octobre 2008 quelques recommandations concernant la pêche à pied des coquillages. Elles concernent au plus haut point les filtreurs (bivalves) mais également certains gastéropodes, dont les bigorneaux. Une concentration accidentelle de l'eau de mer en germes pathogènes (virus et bactéries), en phytoplancton toxique et en composés chimiques (métaux lourds, pesticides, etc) peut avoir de graves conséquences sur la santé si l'on consomme des mollusques. C'est pourquoi il est toujours important et nécessaire de se renseigner sur les restrictions occasionnelles éventuelles avant de ramasser des coquillages.
Bigorneau vient de "bigorne", mot provençal ayant comme origine latine [bigornis] signifiant petite enclume à deux cornes en référence à son apparence.
Littorine, littorale : ces deux mots évoquent le littoral, le biotope privilégié du mollusque, et sont de plus la traduction exacte du nom scientifique Littorina littorea.
Littorina et littorea : du latin [litoralis] et [litus] = rivage, littoral.
Numéro d'entrée WoRMS : 140262
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Littorinimorpha | Littorinimorphes | |
Famille | Littorinidae | Littorinidés | Coquille solide, épaisse, plus ou moins arrondie ou à spire haute, à surface lisse ou sculptée suivant les deux axes. ouverture ovale, entière. Opercule corné. Lindner 2011:70. |
Sous-famille | Littorininae | Littorininés | |
Genre | Littorina | ||
Espèce | littorea |
Dans une anfractuosité
La coquille du bigorneau présente une alternance de stries sombres et de stries plus claires, ici noires et brunes. Observez aussi l'apex pointu de couleur plus claire.
Perros-Guirec (22), estran
07/2008
Couleur blanc crème
Il s'agit ici vraisemblablement d'un juvénile. Il présente une teinte blanc crème caractéristique. Observez les motifs marbrés d'un des tentacules céphaliques.
Zeelandbrug (Pays-Bas), 5 m
25/02/2006
Opercule corné
Effrayé, le bigorneau est à même d'obturer hermétiquement l'ouverture de sa coquille par un opercule corné fixé à l'arrière de son pied.
Saint-Valéry-en-Caux (76), estran
11/2008
Pied et tentacules céphaliques
Observez la tête du bigorneau, portée par un large pied. On aperçoit ici l'avant de la masse viscérale ainsi que les tentacules céphaliques porteurs d'yeux à leur base. L'ensemble pied et tête est marbré de noir.
Trégastel (22), estran
29/06/2008
Apex et labre
Un bigorneau explore un bloc de granite rose costarmoricain. Observez l'apex pointu de la coquille, ainsi que le labre, épais. Observez le pied marbré du mollusque, ainsi que l'opercule.
Trébeurden (22), 3 m, apnée
16/04/2008
Un brouteur d'algues
Le bigorneau est un mollusque herbivore. Il explore ici un bloc recouvert d'algues vertes, qu'il broute au moyen de sa radula* râpeuse.
Grevelingen (Pays-Bas), 4 m
06/2006
Sur le sable
Il est fréquent d'observer des bigorneaux se déplacer à la surface du sable humide. Ici un individu dont la coquille arbore une teinte plutôt pâle, peut-être un juvénile.
Le Tour du Parc (56), estran, de nuit
2008
Sillage
Les bigorneaux laissent une trace de leur passage à la surface du sable humide.
Trégastel (22), estran
06/2008
En groupe
Il est fréquent d'observer Littorina littorea en groupes de plusieurs individus, notamment au sein des anfractuosités rocheuses découvertes à marée basse. L'individu blanc, à droite, est selon toute vraisemblance un juvénile. A l'arrière plan, des moules (Mytilus edulis).
Penven (29), estran
2008
Accouplement
Ces deux individus accolent leur pied, prémices de l'accouplement.
Zélande (Pays-Bas), 5 m
07/2006
Epibiose
Observez les coquilles de ces deux individus. Ils sont colonisés par des algues vertes, ainsi que par des balanes.
Zélande (Pays-Bas), 3 m
07/04/2007
Elevage
Un élevage nous permet de visualiser la palette des teintes des coquilles de bigorneaux.
Plougasnou (29)
05/2007
Variations de couleurs
Les bigorneaux sont classiquement noirs ou brun foncé. Ils peuvent néanmoins arborer des teintes assez variables. Certains petits individus pourraient très bien être d'une espèce proche, la littorine des rochers (Littorina saxatilis).
Coquilles prélevées sur le littoral normand et breton
2008
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER