Coquille de forme enroulée à base renflée
Spire de 5 à 6 tours pour 25 mm et parfois 30 mm
Couleur de base gris vert, crème ou brun clair
Nombreux motifs en bandes serrées ou en zigzags de couleur foncée
Ombilic peu net, opercule corné rond
Intérieur nacré, labre mince et tranchant
Troque épaisse, gibbule épaisse, faux bigorneau
Thick top shell, one tooth topnail (GB)
Monodonta lineata (da Costa, 1778) et Osilinus lineatus (da Costa, 1778) sont encore beaucoup employés dans la littérature naturaliste; Sur certains sites, ce dernier nom est considéré comme valide.
Citons aussi :
Trochus crassus (Pulteney)
Trochus lineatus
Trochocochlea lineata
Gibbula lineata
Monodonta fragarioides (Collard de Cherres)
Atlantique Nord-Est, ouest de la Manche
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce se rencontre en Atlantique Nord, depuis l'ouest des îles Britanniques (hormis l'Ecosse) jusqu'à l'Afrique du Nord. Elle est également très fréquente en Manche jusqu'en Haute-Normandie.
Phorcus lineatus vit sur les côtes rocheuses, en mode abrité à moyennement battu. On le rencontre dans les mares et crevasses de la zone médiolittorale supérieure, depuis la zone des fucus spiralés jusqu'au supralittoral. Il est également possible de l'observer sous les roches.
Ce mollusque affectionne le milieu tempéré : des températures inférieures à 5° C et supérieures à 20° C ne lui conviennent pas.
Phorcus lineatus est un petit gastéropode dont la coquille a la forme d'un cône enroulé au profil arrondi d'aspect solide avec une base renflée. Ses dimensions à l'âge adulte atteignent 25 à 30 mm de haut pour presque autant de large. On compte cinq à parfois six tours de spires dont les trois plus petits sont peu distincts. La couleur de fond est gris vert pâle, brun clair ou crème. La coquille est de plus ornementée de nombreuses linéoles (motifs ou bandes) en zigzags nettement visibles, assez régulières et serrées sur presque toute sa surface. Leur couleur est brun roussâtre, violette ou pourpre.
L'apex* laisse apparaître la nacre s'il est érodé puis il devient orangé quand l'usure est plus prononcée. L'ouverture est nacrée jusqu'à la région ombilicale et possède un opercule corné de forme ronde. L'ombilic* est étroit et peu net et est parfois obturé. Le labre est tranchant et se termine en une sorte de dent robuste sur le bord interne à la base de la columelle*. Ce mollusque possède deux tentacules sensoriels annelés ayant chacun un œil à sa base.
- Phorcus turbinatus (Born, 1778), la gibbule toupie : coloration de fond plus blanc-jaunâtre avec des taches oblongues foncées disposées en rangées parallèles qui s'enroulent autour de la spire. L'ouverture est blanche. L'espèce est présente en Méditerranée.
- Phorcus articulatus (Lamarck, 1822) : coloration ornementale plus élaborée à dominante rouge. Intérieur nacré, bord du labre extérieur coloré. L'espèce est présente en Méditerranée.
- Phorcus mutabilis (Philippi, 1846) : coquille ornée d'une alternance de petites taches blanches et rouges et de lignes parallèles. La présence de l'espèce est surtout attestée sur les côtes italiennes.
- Citons aussi le bigorneau (Littorina littorea) avec lequel la monodonte est souvent confondue. Ces deux gastéropodes occupent le même biotope et il n'est pas rare, lorsqu'on ramasse des bigorneaux, de collecter par erreur quelques monodontes. Cette ressemblance a d'ailleurs valu à ce mollusque le surnom de "faux bigorneau". Le bigorneau est plus petit, souvent de couleur noire, et sa coquille n'est pas ornementée de zigzags.
Cette espèce est herbivore. Elle broute avec sa radula* (de préférence pendant les marées hautes) les algues microscopiques et les détritus d'algues sur les rochers. Ses mœurs sont plutôt nocturnes. Le jour, le gastéropode se réfugie au fond des crevasses.
Les monodontes sont hermaphrodites. La maturité sexuelle est atteinte vers deux ans. Il y a une nette et forte période de croissance avant la période de reproduction qui a lieu à la fin du printemps (mai) et jusqu'en plein été. L'émission des gamètes se fait dans l'eau lors de rassemblements qui ont lieu à la fin du printemps. La fécondation est externe. Les œufs donnent des larves* qui mènent une vie planctonique de quelques jours avant de s'échouer sur le fond puis les jeunes gastéropodes migrent vers le haut de l'estran.
Quand les larves se fixent (quelques semaines après l'éclosion des œufs) elles mesurent de 1 à 3 mm.
Elles mesurent de 6 à 9 mm au bout d'un an, de 8 à 13 mm au bout de deux ans, de 13 à 15 mm au bout de trois ans et environ 24 mm à dix ans, parfois un peu plus pour certains individus quand les conditions de vie sont particulièrement favorables.
Cette espèce se rencontre très souvent en compagnie de Littorina littorea (bigorneau commun) avec qui elle partage le fond des crevasses et parfois avec Littorina saxatilis (littorine des rochers).
On peut également la rencontrer avec Gibbula umbilicalis (gibbule ombiliquée) dans les mares du médiolittoral.
Les coquilles vides de Phorcus lineatus sont souvent occupées par différentes espèces de bernard-l'ermite, comme le pagure des rochers, Clibanarius erythropus.
Il arrive aussi qu'elles soient colonisées par des balanes.
En plus de ses deux tentacules céphaliques annelés, cette espèce est dotée de trois autres paires de tentacules tactiles chimico-sensoriels situés sur les bords du pied. Ils sont également destinés à appréhender l'environnement immédiat et ne sont utilisés que quand l'animal est actif.
Ce gastéropode a perdu sa branchie qui a été remplacée par une sorte d'organe très vascularisé servant à capter l'oxygène. Mais ce n'est pas un poumon. Cet organe lui permet de passer de longues périodes au sec.
La durée de vie de cette espèce est de 10 ans.
Phorcus lineatus est le plus gros des trochidés de nos côtes.
A son tour cet animal est la proie d'oiseaux de mer et de crabes.
Cette espèce a servi de marqueur pour des études sur le changement climatique.
Monodonte est directement dérivé de l'ancien nom de genre Monodonta,
Troque / Gibbule : ces termes sont vagues et peuvent désigner de nombreuses espèces de la famille des trochidés ; épaisse à cause de sa coquille épaisse et solide,
Faux bigorneau, en raison de sa ressemblance avec cette espèce (Littorina littorea) et du fait qu'il est souvent ramassé, par erreur, en guise de bigorneau !
Phorcus est un personnage mythologique, fils de la mer et de la terre selon Hésiode (nom de genre donné par Risso), père de Méduse,
Osilinus (Philippi, 1847) est la déformation de Oxylus (ou Oxylos), personnage mythologique grec, roi d'Elide.
Plusieurs personnages mythologiques portent ce nom, entre autres le fils de Mars et de Protogenia.
lineatus : du latin [lineatus] = orné de lignes,
Monodonta : du grec [mono] = seul, unique, et du grec [odonto] = dent, le labre formant une unique petite dent.
Numéro d'entrée WoRMS : 689176
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
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Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Vetigastropoda | Vétigastropodes | Coquille de forme très variable, la plupart des espèces possèdent un opercule. La tête possède une seule paire de tentacules céphaliques et le mufle porte la bouche. Des tentacules épipodiaux* (à rôle sensoriel) sont présents sur les côtés du corps. |
Ordre | Trochida | Trochida | |
Famille | Trochidae | Trochidés | Coquille de 3 à 130 mm, très variable, colorée ou avec des bandes sombres, quelques tours seulement. intérieur de la coquille nacré. Opercule corné, circulaire multispiré. 3 ou plus paires de tentacules épipodiaux le long du pied. d'après Wikipédia. |
Sous-famille | Cantharidinae | Cantharidinés | |
Genre | Phorcus | ||
Espèce | lineatus |
En déplacement
Deux monodontes arpentent la roche. Observez ici les têtes, ornées d'une paire de tentacules céphaliques annelés. On aperçoit aussi les yeux ainsi que les opercules cornés. Notez que les coquilles ont une couleur différente.
Saint-Valéry-en-Caux (76), estran
06/12/2008
Motifs de la coquille en zigzags
Observez les motifs en zigzags sur les coquilles de ces trois individus. On observe aussi un bigorneau (Littorina littorea), de nombreuses balanes et une anémone chevaline aux tentacules rétractés (Actinia equina).
Crouesty, Port-Navalo (56), estran
30/10/2008
Pied et tentacules
Observez ici le pied du mollusque, ainsi que les différentes paires de tentacules, céphaliques en haut, et pédieux sur les bords du pied (à gauche et à droite). Ils jouent le rôle de capteurs physico-chimiques.
Saint-Valéry-en-Caux (76), estran
06/12/2008
"Dent" et opercule
Observez ici l'opercule corné du mollusque qui lui permet d'obturer sa coquille en cas de danger.
La "dent", qui est à l'origine du nom vernaculaire de ce gastéropode, est aussi bien visible à gauche de l'opercule.
Tatihou, Cotentin (50), estran
11/04/2004
Dans une faille du granite
Dans les failles découvertes de l'estran breton, les monodontes sont parmi les gastéropodes les plus fréquents. On confond souvent la monodonte avec le bigorneau. Saurez-vous trouver les trois bigorneaux (les vrais !) sur cette photo ?
Saint-Gildas-de-Rhuys (56), estran
31/10/2008
Coquilles érodées
Les coquilles des monodontes sont très fréquemment érodées à l'apex. Quand l'usure est bien marquée, ce dernier prend une teinte orange.
Oléron (17), estran
26/04/2008
En Manche, linéoles rouges
Un individu à la coquille érodée parcourt l'estran en quête de débris végétaux. Notez la présence de nombreuses balanes.
Les linéoles en zigzags de cet individu sont rose-rouge.
Cherbourg (50), estran
04/2006
Dans les Côtes d'Armor
Les monodontes sont aussi très communes parmi les anfractuosités du granite rose costarmoricain.
Trébeurden (22), estran
01/06/2008
Au Croisic
Quelques individus dans une faille rocheuse peu profonde, en Loire-Atlantique.
Le Croisic (44), 3 m
11/2008
A Oléron
Quelques individus sur le rivage rocheux charentais.
Oléron (17), estran
17/04/2008
Des algues au menu
Ces cinq monodontes se délectent de fragments d'algues découverts à marée basse. Observez aussi un bigorneau (Littorina littorea) et un jeune crabe vert (Carcinus maenas).
Le Tour du Parc (56), estran
30/10/2008
Emission de gamètes ?
Ces deux individus semblent bien émettre un petit nuage de gamètes...
Iles Chausey, Granville (50), 2 m
06/2006
Squatteur
Une coquille vide de monodonte est occupée ici par un pagure des rochers, Clibanarius erythropus. Observez l'intérieur nacré de la coquille.
Etel (56), estran
31/10/2008
Rédacteur principal : Christian SCOUPPE
Vérificateur : Frédéric ZIEMSKI
Responsable historique : Frédéric ZIEMSKI
Responsable régional : Yves MÜLLER
Gaillard J. M., 1963, Conférence sur la valeur annuelle et les rythmes de croissance chez Monodonta lineata da Costa, tiré à part du M.N.H.N., fascicule n° 9686.
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La page de Phorcus lineatus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.