Nudibranche de taille moyenne, jusqu'à 30 mm
Cérates translucides touffus recouvrant tout le corps, y compris en avant des rhinophores
Couleur générale grise à brune
Glande digestive marron n'atteignant pas le sommet des cérates
Rhinophores à lamelles inclinées
Présence d'une caroncule entre la base des rhinophores
Janolus hyaline
Wrattig tipje (NL), Mindre tuppkamsnuding (S)
Antiopa hyalina Alder & Hancock, 1854
Janolus flagellatus Eliot, 1906
Atlantique Est et Méditerranée occidentale
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Espèce présente sur les côtes européennes de l'océan Atlantique. Elle est commune dans les Iles Britanniques, les Pays-Bas et la Bretagne française. En Méditerranée, elle a été signalée en France (Étang de Thau et Alpes-Maritimes), Italie et Espagne. Sa présence au Maroc ou au Portugal est sujette à caution.
Son signalement en Nouvelle-Zélande fait très probablement référence à une espèce différente.
Janolus hyalinus est présente de la surface à 20 m de profondeur. Elle fréquente principalement les zones où les bryozoaires arbustifs dont elle se nourrit (voir paragraphe Alimentation) forment des colonies denses, ce qui lui offre à la fois nourriture et camouflage. C'est le cas dans l'océan Atlantique et dans l'étang de Thau. Elle est aussi signalée dans les herbiers de posidonies en Méditerranée.
L’espèce semble privilégier des environnements à faible lumière et à hydrodynamisme modéré, où les cérates* ne risquent pas d’être arrachés.
Janolus hyalinus est un nudibranche* qui peut atteindre une longueur de 30 mm. Son corps blanc-jaunâtre est translucide. La plante du pied laisse d'ailleurs voir l'anatomie interne de l'animal, de la masse buccale à la suite du système digestif (estomac et intestin-rectum), et du système reproducteur (ovotestis*). Ce pied est relativement large et légèrement ondulé dans sa partie antérieure. Le dos est parsemé de taches foncées de tailles variables dont une grande tache centrale brun-rougeâtre. Il est également pigmenté de taches et de nombreux petits points blancs opaques.
Une masse touffue de cérates* entoure et recouvre tout le corps, y compris en avant des rhinophores*, particularité notable chez les janolidés. Les cérates sont épais et effilés avec un aspect granuleux. Les cérates centraux sont plus longs que les cérates périphériques. S'ils sont plutôt transparents, ils présentent souvent une coloration brunâtre renforcée par de petites ponctuations brun-rougeâtre et par la présence d'une glande digestive brun foncé s'étendant jusqu'à mi-hauteur, à l'exception des cérates antérieurs et postérieurs. Des individus représentant une variante claire, blanc-gris, très transparente sont parfois observés.
Les rhinophores sont également bruns et d'aspect verruqueux. Ils présentent un apex* tronqué et des lamelles allongées obliquement évoquant de petites crêtes. Un petit œil noir est situé à la base de chacun des rhinophores. Une caroncule* caractéristique des janolidés est présente entre les rhinophores. Cette masse compacte est allongée longitudinalement et de la même couleur que les rhinophores et les cérates. Elle constitue un critère diagnostique important.
L'avant de l'animal ne possède ni tentacules ni lobes propodiaux. Un petit repli autour de la tête forme un petit voile buccal.
Janolus hyalinus pourra être confondue sur la côte Atlantique avec Proctonotus mucroniferus. Cette dernière est rare et la différence essentielle réside dans l'absence de caroncule entre les rhinophores. La ressemblance est telle que certains auteurs appellent à un séquençage moléculaire pour savoir si ce ne serait pas Janolus hyalinus ayant perdu sa caroncule accidentellement ou par autotomie*.
Janolus hyalinus vit sur ou à proximité des espèces de bryozoaires arbustifs dont elle se nourrit (Scrupocellaria spp., Bugula neritina, Bugula fastigiata ou encore possiblement Tricellaria inopinata). La présence de l'animal est donc très fortement conditionnée à la distribution des bryozoaires dont elle dépend.
Comme chez d'autres janolidés, la digestion partielle des bryozoaires peut expliquer les ponctuations colorées visibles dans les cérates.
Comme tous les nudibranches, Janolus hyalinus est hermaphrodite*.
Ses orifices génitaux, mâle et femelle, se situent à l'avant droit du pied. Les partenaires en cours d'accouplement seront donc dans une position tête-bêche, pour une fécondation réciproque avec échanges de gamètes* mâles. La période de reproduction varie selon les régions mais semble s’étendre principalement du printemps au début de l’automne.
La ponte se présente sous la forme d'une fine ligne blanchâtre ornée de vagues et renfermant des œufs minuscules. Cette ligne est organisée dans une spirale peu compacte. Elle est déposée sur les bryozoaires dont se nourrissent les parents, ou à proximité. Comme chez de nombreux nudibranches, le développement larvaire est indirect, avec une phase planctonique (véligère*) avant la métamorphose*.
C'est souvent l'observation de la ponte qui permet de détecter la présence des individus.
La radula* est très souvent un élément essentiel pour la détermination des différentes espèces de nudibranches, selon le nombre, l'arrangement et la forme des dents.
La formule radulaire* de Janolus hyalinus est 14 x (7.1.7), soit une radula comportant 14 rangées. Chaque rangée est composée de sept dents à gauche, une dent centrale et sept dents à droite.
Janolus hyalinus appartient à la famille des Janolidés. S'il ressemble visuellement à un éolidien*, il ne consomme pas de cnidaires comme ces derniers. Ses cérates ne renferment donc pas de cnidosacs* empruntés à ses proies puisqu'il se nourrit de bryozoaires. Les cérates sont facilement capables d'autotomie* en cas de perturbation comme l'attaque d'un prédateur. Les cérates détachés sont doués de mouvements autonomes destinés à distraire l'éventuel prédateur.
Une des caractéristiques des Janolidés est de posséder une caroncule entre les bases des rhinophores dont le rôle pourrait être sensoriel.
La masse de cérates et leur couleur font de Janolus hyalinus un nudibranche extrêmement difficile à repérer, surtout quand il est sur les bryozoaires arbustifs dont il se nourrit. Ceci explique assurément la prétendue rareté de cet animal.
Janolus transparente est parfois appelée Janolus hyaline, hyaline signifiant : qui a la transparence du verre.
Janolus transparente est une francisation du nom latin.
Janolus : fait référence au dieu romain Janus qui préside à la fois aux commencements et aux fins. Il est représenté avec deux faces, une tournée vers le passé, l'autre vers l'avenir. Cela symbolise peut-être la difficulté à distinguer l'avant de l'arrière chez les espèces du genre Janolus (hypothèse du rédacteur).
hyalinus : dérive du mot grec signifiant transparente.
Numéro d'entrée WoRMS : 140857
| Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
|---|---|---|---|
| Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
| Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
| Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
| Infra-classe | Euthyneura | Euthyneures | Gastéropodes hétérobranches possédant une disposition particulière non croisée du système nerveux, résultant de la torsion puis détorsion de la larve véligère. |
| Subter-classe | Ringipleura | ||
| Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
| Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
| Super-famille | Proctonotoidea | Proctonotoidés | |
| Famille | Janolidae | Janolidés | Aspect d'éolidiens. Tentacules oraux distincts, grands rhinophores non rétractiles, cérates tuberculés (collants et se détachant facilement) sur le dos mais également sur le pourtour antérieur de la tête, anus médio-dorsal, queue effilée. |
| Genre | Janolus | ||
| Espèce | hyalinus |
Gastéropodes Opisthobranches
Des cérates transparents caractéristiques
Les cérates de Janolus hyalinus sont pointus, légèrement verruqueux, parsemés de taches rougeâtres. Ils laissent voir par transparence la glande digestive brune qui monte jusqu'à mi-hauteur à peu près. Les rhinophores lamellés (à droite sur la photo) sont de la même couleur et donc difficiles à distinguer.
Le corps, légèrement visible ici sous la masse de cérates, est également translucide et laisse apparaître la masse viscérale.
Cet individu d'environ 1 cm de longueur se distingue bien sur le fond coquillier.
Le Graillon, cap d'Antibes (06)
05/03/2007
Gastéropodes Opisthobranches
Boule de poils mouillés !
Janolus hyalinus porte des cérates sur tout le corps, y compris à l'avant des rhinophores. Cet individu de coloration générale brune se distingue de manière remarquable sur fond sableux, ce qui est plutôt rare. Il peut évoquer une bogue de châtaignes.
Les cérates translucides à bruns sont de la même couleur que les rhinophores à l'apex tronqué dont on aperçoit les lamelles obliques.
On peut distinguer également l'avant de la caroncule, une masse tégumentaire longitudinale qui sépare la base des rhinophores, caractéristique des janolidés.
Marseillan Plage (34), 4 m
03/04/2022
Un individu chauve
Janolus hyalinus peut facilement perdre ses cérates par autotomie. Cela peut être une stratégie de défense pour distraire un prédateur. Sur cet individu, ne restent que les cérates antérieurs et postérieurs ainsi que quelques cérates périphériques. Cela permet de révéler la large tache centrale brun-rougeâtre du dos ainsi que de nombreuses ponctuations blanches dorsales.
Marseillan (34), 2 m
30/03/2022
Janolus hyalinus mérite bien son nom
Une caractéristique de cette limace est sa transparence hyaline, c'est-à-dire qui évoque le verre. Ceci est parfaitement illustré sur cet individu dont les cérates semblent faits de verre. La masse touffue de cérates entoure tout l'animal, y compris devant les rhinophores. Ceux-ci sont bien distincts aussi et laissent voir la caroncule qui les sépare à leur base. Le rôle de cette excroissance charnue n'est pas très bien défini.
Pont de Zélande, Pays-Bas, 9 m
11/10/2020
La ponte comme indicateur de la présence de l'animal
Le ruban fin de la ponte forme des vagues et se distingue par sa couleur crème sur fond de bryozoaires et de sédiments déposés. L'observateur attentif pourra alors tenter de repérer le géniteur à proximité. C'est le cas ici avec Janolus hyalinus en arrière-plan, très mimétique de son environnement.
Pont de Zélande, Pays-Bas, 9 m
11/10/2020
La ponte de Janolus hyalinus
La ponte de ce nudibranche est caractéristique et permet bien souvent de révéler sa présence. Il s'agit d'un ruban fin, blanc à blanc-jaunâtre, enroulé en spirale lâche et formant de nombreuses vagues. La ponte est souvent déposée sur ou à proximité des bryozoaires arbustifs (ici probablement Scrupocellaria spp.) dont se nourrit Janolus hyalinus.
Thau, Ponton de la Bordelaise (34), 2-3 m
17/02/2025
Un nudibranche difficile à repérer
Janolus hyalinus a déposé sa ponte caractéristique, bien visible sur une ascidie (Ciona sp.) avant de s'éloigner. C'est sur photo qu'il est repérable, caché derrière une autre ascidie, juste en dessous. La touffe de cérates pointus peut se confondre avec les bryozoaires dont ce nudibranche se nourrit dont on voit un massif sur la droite
Thau, Ponton de la Bordelaise (34), 2-3 m
18/04/2023
Le mot cryptique prend tout son sens
Janolus hyalinus se nourrit de bryozoaires arbustifs avec lesquels il partage homomorphie* (similitude de forme) et homochromie* (similitude de couleur). Ce dernier paramètre est probablement dû en partie au dépôt de nombreuses particules dans cet environnement riche en fonds vaseux. Et quand en plus les rhinophores ne sont pas visibles, on peut passer à côté sans s'en rendre compte. Ceci explique sans doute pourquoi Janolus hyalinus est considérée comme rare.
Thau, Ponton de la Bordelaise (34), 2-3 m
17/02/2025
Le corps est blanc translucide
Vu de dessous, Janolus hyalinus laisse voir son pied translucide à travers lequel on distingue son anatomie interne. L'avant de l'animal est prolongé par un petit voile buccale visible ici.
Thau, Ponton de la Bordelaise (34), 2-3 m
17/02/2025
Un troupeau de Janolus hyalinus
Une fois que le regard est exercé, il devient plus facile de repérer Janolus hyalinus, surtout quand plusieurs individus sont côte à côte.
Ces trois limaces ressortent un peu du fond grisouille par leur couleur légèrement rougeâtre. Elles évoquent vraiment trois bogues de châtaignes.
Thau, Ponton de la Bordelaise (34), 2-3 m
17/02/2025
Gros plan sur la caroncule
De face, parmi les cérates, émergent les deux rhinophores. Ceux-ci sont séparés à leur base par une excroissance de tissus appelée caroncule. Cette caroncule pourrait avoir un rôle sensoriel mais il y a peu de certitude à ce sujet.
Marseillan (34), 2 m
23/02/2024
Rédacteur principal : Jacques COVES
Vérificateur : Pascal GIRARD
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
Miller M.C., Willan R.C., 1986, A review of the New Zealand arminacean nudibranchs (Opisthobranchia: Arminacea), New Zealand Journal of Zoology, 13, 377-408
Smith I.F., 2022, Janolus hyalinus (Alder & Hancock, 1854) Identification and Biology, DOI: 10.13140/RG.2.2.18509.10723
Les textes et images sont sous licence et ne sont pas libres de droit.
Pour les ayants-droits, connectez-vous.
Pour toute demande d'utilisation (exemple d'un formateur Bio de la FFESSM...) contactez nous ici.