Couleur marron foncé
Auréoles blanches à jaunâtres cerclant la base des papilles (nombre variable)
Tubercules nombreux et identiques, avec des papilles pointues toujours marron
Sur fonds rocheux ou sédimentaires
Espèce pourvue de tubes de Cuvier
Concombre de mer, bêche de mer
Sea cucumber (GB), Oloturia, cetriolo di mare, oloturia di Santoro (I), Cohombro de mar, pepino de mar variable (E), Seegurke (D)
Platyperona sanctori Delle Chiaje, 1823
Holothuria (Platyperona) sanctori Delle Chiaje, 1823 est une alternative (sous genre) validée pour certains auteurs (ERMS).
Holothuria farcimen Selenka, 1867
Méditerranée (eau tempérée chaude), Atlantique Nord-Est limitrophe
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Rencontrée en Atlantique Est (Bretagne**, golfe de Gascogne**, Madère, Açores, Canaries, Sainte Hélène, ...) et en Méditerranée, Holothuria sanctori préfère les eaux plutôt chaudes. Elle est de plus en plus présente en Corse et sur la Côte d'Azur. Alors qu'elle était absente dans les eaux légèrement plus froides de la région de Marseille, elle y est de plus en plus observée (La Ciotat, Cassis, Marseille), jusqu'où ira la conquête vers l'ouest de Marseille ?
** Observations ponctuelles et à confirmer.
Cette holothurie à affinité méridionale est relativement fréquente dans l'infra et le circalittoral (5 - 30 m le plus souvent en Méditerranée, observation exceptionnelle à 337 m à Almerίa en Espagne). On la découvrira en priorité dans les anfractuosités, les grottes et les creux des fonds rocheux où s'accumule un peu de sédiment. Elle est, plus rarement, présente sur les fonds détritiques et à proximité des posidonies sur les "tombants de matte" mais pas au sein de l'herbier.
Holothuria sanctori est un "concombre de mer" au corps bien cylindrique et allongé, mesurant jusqu'à 30 cm de long et 6 cm de diamètre. Sa couleur de fond est marron foncé, mais en fonction du nombre très variable des anneaux ou auréoles blancs à jaunâtres cerclant la base des papilles, certains individus pourront prendre une apparence plus ou moins claire. A l'extrême, il peut exister des animaux totalement marron ou totalement clairs avec simplement des papilles de couleur marron. L'extrémité apicale (apex) des papilles chez Holothuria sanctori est caractérisée par sa couleur marron. Les téguments sont épais et coriaces. Au toucher, cette holothurie est ferme, rigide contrairement à H. forskali qui est molle.
La face dorsale est recouverte, de façon régulière, de nombreux tubercules coniques relativement bien développés et de taille identique. Ils se terminent par une petite papille pointue et marron. La face ventrale est recouverte de très nombreux pieds ambulacraires (podia) serrés les uns contre les autres, dessinant une sole bien différenciée du dos. Des podia sont aussi présents sur toute la face dorsale. La bouche est entourée de 20 à 22 tentacules rétractiles. L'anus est terminal. Comme Holothuria forskali, avec laquelle elle a longtemps été confondue, H. sanctori peut rejeter des tubes de Cuvier par le cloaque en cas d'agression.
Comme chez la majorité des holothuries, le squelette de cet échinoderme se réduit à de petites plaques calcaires de différentes formes et souvent perforées (les sclérites* ou spicules*), elles sont disséminées sous la peau. H. sanctori possède des sclérites en forme de tour, petits, peu nombreux et dont le disque est muni d'un rebord spinuleux à la base.
De très nombreuses erreurs d'identification persistent dans les guides sous-marins sur les holothuries du genre Holothuria, voici les principales espèces voisines observées en plongée sur nos côtes :
Holothuria forskali ressemble beaucoup à Holothuria sanctori et fréquente les mêmes milieux, son corps est nettement plus mou que celui de H. sanctori. Ses papilles sont généralement blanches avec un petit point noir à l'apex. Cette espèce émet également des tubes de Cuvier pour se défendre lorsqu'on l'importune, ce qui n'est pas le cas des deux espèces suivantes : Holothuria tubulosa et Holothuria polii.
Holothuria impatiens (Forskål, 1775)
Cette espèce est, de longue date, une autre source de confusion avec H. sanctori. Elle peut atteindre 40 cm de long pour 4 cm de diamètre. Elle est d'un brun jaunâtre à violacé plus ou moins dense, avec des taches brunes plus foncées, irrégulièrement réparties. Les papilles dorsales sont plus claires. H. impatiens possède des tubes de Cuvier mais semble bien plus rétive à les expulser qu'H. sanctori et H. forskali.
Holothuria polii ressemble davantage à Holothuria tubulosa et fréquente les mêmes milieux. Ses papilles et ses podia sont blancs. Elle est toujours engluée de sable.
Holothuria tubulosa est de couleur brune, avec parfois des reflets violacés, et possède un tégument comportant de nombreuses papilles de couleur foncée (jamais blanches). Elle vit sur les fonds sédimentaires ou dans les herbiers.
Holothuria helleri est de petite taille (8 cm) et de couleur brune. Podia et papilles sont disposés suivant des séries radiaires plus ou moins visibles. Les tentacules buccaux sont jaunes. H. helleri est aussi capable de rejeter des tubes de Cuvier. Méditerranée occidentale, Adriatique, de 0 à 80 m, rare.
Holothuria sanctori fait partie des holothuries détritivores (limnivores*), elle se nourrit de fragments organiques qu'elle récupère en ingérant de grosses quantités de sédiments. Les sédiments ne sont pas ingérés de manière totalement aléatoire et l'on sait aujourd'hui qu'Holothuria sanctori, comme de nombreuses autres holothuries, sélectionne avant ingestion les éléments riches en matières organiques. Le sable, débarrassé de ses éléments organiques, est rejeté par l'anus sous forme d'excréments allongés aisément reconnaissables. La bouche d'Holothuria sanctori comporte des tentacules buccaux qui l'aident à ingérer le sédiment.
Holothuria forskali et H. sanctori ont tendance à sélectionner le sédiment fin et très fin, alors que H. polii, H. tubulosa et H. stellati ingèrent le sédiment grossier et fin.
Comme la majorité des holoturies, H. sanctori est surtout active la nuit.
Les sexes sont séparés. L'émission des gamètes* mâles et femelles se fait dans l'eau. L'orifice génital se trouve sur la partie antérieure des individus. On pense que c'est le contact avec les gamètes mâles qui conduirait les femelles à rejeter les leurs.
Espèce qualifiée de thermophile, Holothuria sanctori pourrait être un bon indicateur du réchauffement de l'eau sur le littoral méditerranéen français. Le suivi de l'évolution de son aire de répartition est envisagé.
Concombre cracheur marron est une proposition de Jean-Georges Harmelin dans "Méditerranée, 2008" (voir bibliographie).
Holothuria : du grec [holothourion] = nom d'un animal marin indéterminé.
Holothuria vient directement du nom latin [holothurium], désignant des cnidaires, ce qui peut paraître très surprenant. (Le terme latin provient lui-même du grec [holothourion]). L'attribution du nom holothurie (ou holothurium) à des cnidaires est liée à la description, plutôt ambiguë, qu'en avait donné Aristote (« animal légèrement différent des éponges, immobile, dépourvu de perception, dont la vie ressemble à celle d'une plante mais non attaché »). Le terme Holothuria est resté attribué à des cnidaires jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, date à laquelle Linné a réaffecté ce terme à des échinodermes (mais Holothuria ne désignait à l'époque qu'un nombre d'espèces beaucoup plus restreint qu'aujourd'hui, Linné ayant assigné la plupart des espèces actuelles du genre Holothuria au genre Fistularia).
sanctori : du latin [sanctorum] = adorateurs du vrai Dieu, anges, saints, martyrs. Donc "holothurie des saints", peut-être en rapport avec les "auréoles" claires cerclant les papilles ?. Mais Delle Chiaje la nomme en italien "oloturia di Santoro", on peut donc en conclure que c'est un nom propre, peut-être la localité où il l'a trouvée ou le nom d'une personne ?
Numéro d'entrée WoRMS : 124528
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Super ordre | Aspidochirotacea | Aspidochirotacés | |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Holothuria (Platyperona) | ||
Espèce | sanctori |
Belles auréoles jaune clair
Typiques de H. sanctori, bien que non systématiques, ces auréoles blanches à jaunâtres cerclent les tubercules sur la face dorsale.
Minorque, îles Baléares, Espagne, 15 m
N/A
Holothurie active la nuit
H. sanctori sort de sa "cachette" la nuit pour se nourrir, on la découvrira plus facilement à découvert.
Pointe Crau de Nao, rade de Villefranche-sur-Mer (06), 12 m, de nuit
24/09/2006
Dominante marron foncé et corps rigide
H. sanctori, clairement marron, est bien plus rigide que H. forskali à la dominante noirâtre et molle au toucher.
Pain de Sucre, île du Levant (83), 15 m
30/05/2009
Vue ventrale
L'animal est ici vu sur sa face ventrale (trivium*) où l'on peut observer les zones ambulacraires.
Grotte à corail, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 9 m, de nuit
19/08/2010
Dans une faille, livrée claire
Biotope classique de cette espèce.
Galéria, Corse, 20 m
15/10/2007
Biotope classique
Voici le biotope le plus classique où vous rencontrerez H. sanctori : une anfractuosité ou une grotte au bas de laquelle il y a un peu de sédiment fin.
La Gabinière, Port Cros (83), 25 m
04/06/2006
Variante marron uniforme
Notez les tubercules de taille régulière et terminés par des papilles pointues marron à l'identique du tégument.
Îles de Lérins (06), 10 m
12/02/2006
Holothurie au corps ferme
Semblable à H. forskali, le corps de H. sanctori est beaucoup plus rigide et ferme.
Ici aussi il n'y a pas d'auréole claire au pied des tubercules.
Minorque, îles Baléares, Espagne, 15 m
N/A
Individu marron dans une grotte
Cette holothurie marron a été photographiée au fond d'une grotte.
île de Vis, Croatie, 3 m
29/09/2005
Variante claire
Ici les auréoles cerclant les tubercules sont étendues et nombreuses, l'animal prend ainsi une teinte très claire.
Cap d'Antibes (06), 4 m
02/05/2008
Variante très claire
Ici les auréoles cerclant les tubercules sont très nombreuses, elles couvrent la quasi totalité de la surface. L'animal prend ainsi une teinte très claire et seules les papilles conservent une teinte marron.
Rade de Villefranche-sur-mer (06), 18 m
31/08/2006
Expulsion de filaments collants blancs
Dérangée, cette holothurie a la faculté d'expulser ses tubes de Cuvier par son anus, ils forment un "nuage" de filaments blancs très adhésifs mettant à mal ses prédateurs.
île de Vis, Croatie
2005
Tubes de Cuvier
Comme Holothuria forskali, avec laquelle elle a longtemps été confondue, H. sanctori peut rejeter des tubes de Cuvier par le cloaque en cas d'agression.
Pointe Crau de Nao, rade de Villefranche-sur-Mer (06), 12 m, de nuit
31/08/2006
Détail des podia ventraux
Vue rapprochée sur la sole pédieuse et sur les podia. Certains des tubes, terminés par des ventouses, sont déployés.
Grotte à corail, Rade de Villefranche-sur-mer (06), 9 m, de nuit
19/08/2010
Espèce qualifiée de thermophile :
aux portes de Marseille
Espèce qualifiée de thermophile, Holothuria sanctori pourrait être un bon indicateur du réchauffement de l'eau sur le littoral méditerranéen français.
Les observations à la limite de son aire de répartition, comme ici près de Marseille, sont à signaler (contacter pour cela le rédacteur de cette fiche).
Les Impériaux, îles de Marseille (13), 15 m
09/09/2007
Papilles et tubercules : anatomie comparée
Plus efficace qu'un long discours, voici les papilles des quatre espèces les plus communes sur nos côtes métropolitaines.
H. sanctori : papilles toujours marron sur des tubercules coniques et réguliers,
H. forskali : papilles blanches mais ponctuées de noir à l'apex sur des tubercules courts,
H. tubulosa : papilles jamais blanches sur des tubercules gros et irréguliers,
H. polii : papilles blanches, apex compris, tubercules irréguliers.
Véronique LAMARE & Patrick HEURTAUX
N/A
Sclérites* de H. sanctori
D'après Koehler R. dans Faune de France n°1
Reproduction de documents anciens
1921
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Sylvie DIDIERLAURENT
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page de Holothuria (Platyperona) sanctori dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN.