Forme de boudin cylindrique allongé (25 cm en moyenne)
Consistance molle au toucher
Bouche et anus terminaux et opposés
Papilles coniques et blanches sur 7 rangées (en face dorsale)
Généralement noire (éventuellement brune ou jaunâtre)
Ejection des tubes de Cuvier si l'animal est dérangé
Concombre de mer, bêche de mer
Cotton-spinner, niggerspinner, black sea cucumber (GB), Oloturia nera, cetriolo di mare nero (I), Cohombro de mar negro, pepino de mar negro (E), Schwarze Seegurke (D), Zwarte zeekomkommer, gestippelde zeekomkommer (NL)
Mer du Nord, Manche, océan Atlantique, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce est observée sur toutes les côtes françaises. On la rencontre, en Atlantique, depuis l'ouest de l'Irlande jusqu'au Sénégal ainsi qu'en Méditerranée.
Cette espèce se rencontre essentiellement sur les fonds rocheux ou sablo-vaseux voire parfois dans certains herbiers (Zostères). On pourra la trouver depuis les premiers mètres jusqu'à une centaine de mètres.
Cet animal a un aspect vermiforme, allongé selon un axe bucco-anal. Ce concombre de mer, plutôt commun, mesure en moyenne 25 cm de longueur pour 5 cm de diamètre (de 15 à parfois 40 cm de long !).
Bien que la peau semble épaisse et molle, le tégument est fragile et se déchire facilement.
Une symétrie bilatérale en apparence se superpose à la symétrie pentaradiée propre à tous les échinodermes.
Bouche et anus sont terminaux et opposés.
La bouche est entourée d'une vingtaine de petits tentacules (de 18 à 22).
Le corps est, le plus souvent, noir. Il est recouvert de 7 rangées de papilles coniques peu proéminentes dont l'extrémité est blanche, terminée par un point noir à l'apex*. Il arrive que certains individus soient totalement bruns, d'autres sont jaunâtres.
La face ventrale est plus claire. Elle est munie de 3 rangées de tubes surmontés d'une ventouse (ou disque podial) : ce sont les pieds ambulacraires ou podia* permettant le déplacement de l'animal.
L'endosquelette d'Holothuria forskali est composé de très petites plaques calcaires. Ces sclérites* sont moins variées et moins grandes que celles trouvées chez les espèces voisines.
En cas d'agression et comme Holothuria sanctori avec laquelle elle a longtemps été confondue, Holothuria forskali peut rejeter, par le cloaque, de longs filaments collants : les tubes de Cuvier.
De très nombreuses erreurs d'identification persistent dans les guides sous-marins sur les holothuries du genre Holothuria. Voici les principales espèces voisines observées en plongée sur nos côtes :
Animal limnivore*, il se nourrit de fragments organiques posés sur le fond. Pour cela, il aspire les éléments du sol par sa bouche surmontée de petits tentacules* qui ramènent le substrat meuble. Il trie et ingère les substances comestibles et rejette par l'orifice anal celles qui ne sont pas métabolisables - notamment le sable - laissant derrière lui des excréments allongés sous forme de chapelets. Ces chapelets de fèces* sont fréquemment observés en plongée.
Les individus de cette espèce sont à sexes séparés. Pas de dimorphisme sexuel apparent. La fécondation est externe.
Les périodes de frai sont généralement données sur les mois d'hiver. Mais des études ([Despalatovic & al. 2003]) tendent à montrer une certaine disparité dans les dates de reproduction en fonction des zones géographiques. Des individus frayant on été rencontrés en été, en mer Adriatique... De plus, les cycles reproductifs semblent également être différents selon l'endroit et ne sont pas les mêmes par exemple dans l'Adriatique qu'aux Glénan, en Bretagne. Il faut donc pour l'instant admettre une grande variation sur ces éléments (probablement due aux facteurs environnementaux).
Pour expulser leurs gamètes* dans le milieu environnant, certaines espèces d'holothuries se dressent aux 2/3 de leur corps et émettent sperme ou ovocytes par le cloaque. Mais cette position n'a probablement pas été observée pour Holothuria forskali.
On peut apercevoir en période de reproduction un regroupement plus ou moins massif d'individus.
A des fins d'optimisation (gamètes* mâles et femelles doivent bien évidemment se rencontrer pour fécondation), l'émission des gamètes est synchronisée pour les individus d'une zone. La fécondation a donc lieu en pleine eau et donne une larve* très différente de l'adulte. Cette larve passera par plusieurs phases larvaires (dipleura -> auricularia -> doliolaria -> pentactula...) planctoniques* avant de tomber sur le fond et de se transformer ensuite en un adulte miniature.
L'aurin, Carapus acus, est un poisson connu pour parasiter certaines holothuries (certaines publications sur les Carapidés estiment le genre Carapus commensal*) en s'hébergeant dans l'anus de certaines espèces. Mais il n'est a priori pas répertorié comme parasite d'Holothuria forskali.
Des études en mer Adriatique (mais d'autres zones sont sans doute concernées) ont par contre montré que des turbellarides (vers plats) parasites pouvaient se trouver dans le cœlome et les intestins de certaines espèces d'holothuries. Holothuria forskali est surtout concernée par les vers Anoplodium sp., Anoplodiera voluta (dans la cavité cœlomique*) et Umagilla forskalensis, cette dernière étant la seule trouvée dans l'intestin de H. forskali.
La détection d’un danger ou tout autre stimulus provoque l'expulsion des tubes de Cuvier : ce sont des filaments défensifs extrêmement collants et gluants que l'holothurie rejette plus ou moins dans leur totalité par l'anus, décourageant ou repoussant de la sorte un éventuel agresseur.
Ces tubes sont régénérés avec les organes digestifs en quelques semaines si les conditions sont favorables.
Attention à ces tubes de Cuvier : il est difficile pour le plongeur trop curieux de s'en dépêtrer une fois manipulés. De plus, le contact avec ces filaments peut être plus ou moins désagréable car ils renferment des substances toxiques.
Enfin, il est fort concevable que l'acte d'expulsion des tubes de Cuvier génère chez l'animal un stress certain et il est fortement déconseillé de pratiquer la chose "pour le plaisir". Holothuria forskali va même, si l'excitation dérangeante perdure, jusqu'à éjecter par le même chemin son tube digestif !
Quand on les manipule, ces animaux se rétractent, mais H. forskali reste très molle (contrairement à H. sanctori qui est très rigide).
Une étude menée sur Holothuria forskali a montré que cette espèce, comme ses cousins Échinodermes oursins et étoiles de mer, possède sur chaque disque podial un système cellulaire complexe permettant l’adhérence au substrat et donc la locomotion. L’épiderme du disque podial est composé de 5 types de cellules. Deux d’entre eux produisent un mucus différent qui, par mélange, devient collant et permet l’adhérence. Un troisième type cellulaire, composé de cellules ciliées dites sécrétrices, permet selon toute vraisemblance de dissoudre la couche superficielle de « colle » fabriquée à la surface du disque et de provoquer le détachement. Les deux derniers types de cellules sont composés de cellules ciliées non-sécrétrices et de cellules de soutien. La stimulation des deux types de cellules ciliées coordonnerait les sécrétions d’adhérence et de détachement, et permettrait ainsi le déplacement. Il est probable que cette organisation du disque podial se retrouve de manière plus ou moins bien conservée chez toutes les espèces d’holothuries, fonction de la modification des podia selon les espèces. La détermination de la nature des sécrétions produites par ces classes d’Echinodermes pourrait à terme déboucher sur la fabrication de colles biomimétiques efficaces en milieu humide ainsi que d’antifouling pour l’entretien des bateaux.
A propos de la différence de coloration de l'espèce, [Koelhler 1921] implique la profondeur, avance que les individus vivant sur le proche littoral méditerranéen sont noirs à très foncés alors que les individus de couleur brune à jaune proviennent de profondeurs plus conséquentes.
Les Holothuries restent des animaux très recherchés en Asie pour leur intérêt gastronomique. Certaines espèces sont menacées de disparition dans le Pacifique et l'océan Indien. Mais Holothuria forskali n'a guère de valeur commerciale, elle n'est quasiment jamais pêchée (elle l'est en ex-Yougoslavie, par exemple) contrairement à d'autres espèces de nos côtes en Méditerranée (H. tubulosa, H. polii, …).
Holothurie : est directement traduit du nom de genre scientifique Holothuria ;
noire : à cause de sa couleur la plus fréquemment rencontrée.
Holothuria : du grec [holo-] = entier, complet et du grec [thuri-] = impétueux, fougueux.
La forme phallique de ces concombres de mer doit probablement avoir joué pour l'analogie...
forskali : dédié à Peter Forskål (ou Pehr Forsskål. On trouve aussi Forskaal) (1732-1763), naturaliste, orientaliste et voyageur finno-suédois qui, entre autres choses, décrivit les espèces animales et végétales des régions méditerranéennes orientales (Egypte, Yémen...). Ancien élève de Linné.
Numéro d'entrée WoRMS : 124501
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Echinodermata | Echinodermes | Symétrie radiale d'ordre cinq (chez les adultes). Squelette de plaques calcaires bien développé sous le derme. Présence d'un système aquifère auquel appartiennent les podia souvent visibles extérieurement. |
Sous-embranchement | Echinozoa | Echinozoaires | Echinodermes non étoilés de forme globuleuse ou allongée. Ce groupe renferme les oursins et les concombres de mer. |
Classe | Holothuroidea | Holothuroïdes | Echinodermes vermiformes, ouverture buccale à l’extrémité antérieure du corps et entourée d’une couronne de tentacules rétractiles, anus postérieur, une seule gonade : holothuries, concombres de mer. Endosquelette réduit à de microscopiques ossicules ou plaques, inclus dans la paroi du corps. |
Super ordre | Aspidochirotacea | Aspidochirotacés | |
Ordre | Holothuriida | Holothurides | (Anciennement: Aspidochirotida / Aspidochirotes) Symétrie bilatérale, avec une sole de reptation et des podia buccaux en forme d’écusson. Présence de poumons, pas de muscle rétracteur de la bouche. |
Famille | Holothuriidae | Holothuriidés | Podia munis d’ampoules. La gonade est placée à gauche du mésentère dorsal. |
Genre | Holothuria (Panningothuria) | ||
Espèce | forskali |
Noir mat
Le corps de cette holoturie est noir mat, recouvert de papilles côniques blanchâtres. La couleur est très variable chez cette espèce.
Aragnon, Côte Bleue (13), 9 m
17/08/2005
Pointes blanches
Cette photo rapprochée montre les nombreuses papilles blanches, coniques, qui recouvrent le corps ici noir mat.
Marseille (13)
22/04/1995
Noire par petits fonds
Parmi les algues rouges.
Îlot de l'Aragnon, Côte Bleue (13), 12 m
10/07/2010
Jaune en zones profondes
Dans la zone des 40 mètres, au pied d'un tombant prés de Marseille, cet individu montre une coloration bien jaune.
Île Elvine, Côte Bleue (13), 40 m
28/07/2010
Variante marron jaunâtre
Sur cet individu marron jaunâtre, la présence bien visible des papilles blanches sur toute la face dorsale permet l'identification de H. forskali.
Côte Vermeille (66)
N/A
Brun jaunâtre et pointes blanches
Bien que l'on observe souvent Holothuria forskali noire, on peut rencontrer des individus totalement bruns et d'autres jaunâtres.
Elvine, Côte Bleue (13)
06/05/2006
Reflets jaunes près de la sole
Voici les commentaires de Patrick Francour (chercheur à l'UNSA) sur cette photo, initialement postée sur le Forum :
"Il s'agit bien de Holothuria forskali. Contrairement à des espèces plus abondantes en Méditerranée (Holothuria tubulosa en particulier), il n'y a pas de problème de systématique chez cette espèce : tous les individus analysés ont montré le même génotype*. La couleur plus ou moins claire sur la face ventrale (en contact avec le substrat) est "normale" : elle peut aller du noir au brun clair. Dans certains cas, cela vire au "presque" jaune. Pour tous les patrons de coloration mentionnés, il reste toujours visibles les pointes blanches sur la face dorsale (supérieure) de l'animal comme critère de reconnaissance."
Brezellec (29)
05/2009
Juvénile
Les juvéniles sont de couleur jaune. Cet individu, très probablement de l'espèce Holothuria forskali, montre bien les papilles coniques dont l’extrémité est blanche, terminée par un point noir à l'apex.
Carry-le-Rouet, Côte Bleue (13), 10 m
13/08/2013
Côté fesses
Détail de Holothuria forskali côté cloaque. Certains détails sont, sur cet individu plutôt brun, bien visibles. On peut observer notamment les petits points noirs se trouvant à l'apex des papilles blanches. On voit également sur la face ventrale les podia qui permettent à l'échinoderme de se déplacer.
Archipel de Riou, Marseille (13), 15 m
25/04/2007
Expulsion des tubes de Cuvier
Les tubes de Cuvier sont expulsés par le cloaque (anus) en cas d'agression de l'animal et ceci se fait de façon assez violente et rapide.
Si la source de stress ne cesse pas, il est même possible que pour faire diversion et occuper l'agresseur, l'holothurie expulse une partie de ses viscères, dont le tube digestif !
Côte Vermeille (66)
N/A
Filaments défensifs
La détection d'un danger ou autre stimulus induit la sécrétion de filaments défensifs collants et gluants via l'anus, et dont il est difficile de se dépêtrer. Par ailleurs, le contact avec ces filaments peut être plus ou moins désagréable car ils renferment des substances toxiques.
Marseille, 12 m
10/08/2004
Expulsion des féces
Moment gênant avec un individu qui expulse ses excréments...
Porquières, Palavas (34), 12 m
27/10/2018
Fécès
Les fécès des holothuries brunes sont reconnaissables à leur forme en chapelet.
Bretagne, 15 m
2009
Individu albinos
Il s'agit très probablement d'une holothurie noire... pas noire du tout. Et même albinos.
Les individus vivant profond sont parfois plus clairs, mais ce n'est pas le cas de celui-ci, photographié à 17 mètres de profondeur et montrant une dépigmentation quasi totale.
Ouessant, Finistère (29), océan Atlantique, 17 m
11/08/2023
Crevette associée
Il est fréquent que les holothuries tropicales soient accompagnées de crevettes commensales.
Est-ce le cas pour notre Holothuria forskali ou cette photo est-elle une exception ? Vos témoignages nous intéressent !
Frioul, Marseille (13), 18 m, de nuit
06/2003
Sur un tombant de la Manche
Cet animal peut également se rencontrer au cours d'une plongée en Manche.
Trébeurden (22), 24 m
08/2006
Dans le golfe du Lion
Individu rencontré dans le golfe du Lion, sur la côte Vermeille. Il est de couleur noire, la couleur la plus classique pour cette espèce.
Côte Vermeille (66)
N/A
Sous un surplomb provençal
Cette espèce se rencontre essentiellement sur les fonds rocheux ou sablo-vaseux, sous les surplombs voire parfois dans certains herbiers.
Méjean, Côte Bleue (13), 25 m
07/05/2006
A Monaco
Une holohthurie "estrangère" : une monégasque brune dans le coralligène* méditerranéen. On peut distinguer au second plan, le chapelet de fécès que l'animal a laissé derrière lui.
Monaco, 22 m
26/08/2006
Sclérites de H. forskali
Sclérites* de Holothuria forskali telles que les présente R. Koehler dans l'ouvrage "Faune de France : Echinodermes"
D'après Koehler R. dans Faune de France n°1
Reproduction de documents anciens
1921
Rédacteur principal : Aedwina REGUIEG
Rédacteur : Alain-Pierre SITTLER
Vérificateur : Frédéric ANDRÉ
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Despalatovic M., Grubelic I., Simunovic A., Antolic B., Zuljevic A., 2003, New data about reproduction of the holothurian Holothuria forskali (Echinodermata) living in geographically different places, Fresenius Environmental Bulletin, 12(11), 1345-1347.
Flammang P., Jangoux M., 1992, Functionnal morphology of the locomotory podia of Holothuria forskali (Echinodermata, Holothuroida), Zoomorphology, 111(3), 167-178.
Götzl A., Goldschmid A., 2004, Parasitic turbellaria in Holothuria tubulosa, Holothuria forskali and Cucumaria planci in the northern Adriatic Sea in SPC Bêche-de-mer Information Bulletin, 19.
La page d'Holothuria (Panningothuria) forskali dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN