Escargot de 4 à 8 cm à coquille fusiforme et spire pointue
Canal siphonal court, profond et incurvé vers l’arrière
Coquille à profil anguleux avec tubercules ou épines, développées en général sur 6 varices
Coquille ornée sur le dernier tour par 2 ou 3 bandes spiralées brunes ou violacées visibles également au niveau de l’ouverture
Murex tuberculé, rocher tuberculé, poivre, biou nègre
Banded murex (GB), Garusolo femina (I) Ronseggi (I), Busano (Es), Carnailla (Es), Busio-roxo (P), Purpurschnecke (D), Porphyra (Gr)
Phyllonotus trunculus (Linnaeus, 1758)
Murex trunculus (Linnaeus, 1758)
Trunculariopsis trunculus Linnaeus, 1758
Et de très nombreux autres synonymes (cf. CLEMAM)
Méditerranée et proche Atlantique
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Le rocher fascié est très commun sur toutes les côtes méditerranéennes en mer et dans les étangs profonds comme le bassin de Thau. Dans l’Atlantique, il est présent seulement sur les côtes proches de la Méditerranée, sur le littoral du Portugal et aux îles Canaries.
On le trouve sur fonds rocheux, vaseux et parmi les herbiers de l’étage infralittoral*, depuis la surface jusqu’à 50 m.
La coquille presque fusiforme, épaisse, massive, comprend 6 ou 7 tours étagés anguleux, avec une spire* pointue. Le dernier tour, volumineux, se termine par une large ouverture ovale à légèrement anguleuse avec un bord columellaire* lisse.
Cette ouverture se prolonge par un canal siphonal* court, profond et incurvé vers l’arrière.
Sa surface est ornée de nombreuses sculptures : fines stries et 6 à 9 cordons spiralés porteurs de tubercules au niveau de côtes axiales. En général 6 varices* sur le dernier tour arborent des tubercules plus grands ou des épines plus ou moins pointues.
On constate une grande variabilité des sculptures entre individus avec en particulier une présence dominante sur certains sites soit de formes tuberculées soit de formes épineuses.
La longueur moyenne est de 4 à 7,5 cm et peut aller jusqu’à 8,5 cm.
La couleur est blanchâtre, beige, ou brun clair, généralement associée à des bandes spiralées grises, violacées ou brun plus foncé. Ces bandes, souvent au nombre de trois sur le dernier tour, sont visibles en plus violacé à l’intérieur de l’ouverture. La couleur est souvent masquée par les algues et animaux fixés.
Un opercule* corné aux stries concentriques clôt la coquille quand l’animal s’y retire.
Organisation interne :
Le tube digestif commence par une trompe rétractile (proboscis*) très développée contenant la radula* et se prolongeant par l’œsophage.
Comme chez d’autres carnivores et nécrophages, la radula est étroite et relativement simple (de type rachiglosse*), avec trois dents par rangée transversale : une dent médiane (à plusieurs pointes) est bordée de chaque côté par une dent latérale.
Divers muricidés comme le rocher épineux (Bolinus brandaris) ou le cormaillot perceur (Ocenebra erinaceus), sont assez proches mais ne peuvent pas être confondus avec Hexaplex trunculus.
Hexaplex trunculus est un carnivore prédateur et nécrophage*. Il peut se nourrir de cadavres qu’il repère à distance grâce à son odorat. Cette aptitude est utilisée par les pêcheurs qui les appâtent avec des poissons et crabes morts.
Il s’attaque à des bivalves vivants dont il écarte ou perfore les valves à l’aide principalement de ses épines labiales et de sécrétions avant d’introduire sa trompe (proboscis*) pour se nourrir de la chair de sa proie en utilisant sa radula*.
Les sexes sont séparés, mais il n’y a pas de caractères externes différenciant facilement mâle et femelle si ce n’est la présence d’un pénis chez le mâle. Certaines femelles peuvent présenter un pénis se surimposant aux organes femelles, cette anomalie peut être due à une pollution des eaux par des composés chimiques comme ceux contenus dans les peintures antifouling actuellement régulées (tributylétain : TBT).
La reproduction se fait principalement en mai et juin, plusieurs individus se réunissent pour s’accoupler et pondre. Un nombre important d’individus peut parfois se regrouper pour former des sortes de « boules » de plus de 10 cm très convoitées par certains pêcheurs (en apnée). Les pontes se présentent en amas de capsules blanchâtres contenant plusieurs œufs. Les larves* vont éclore et se développer à l’intérieur de ces coques cornées avant d’en sortir sous la forme de jeunes mollusques rampants.
La coquille est souvent recouverte d’algues, d’éponges, de bryozoaires, de vers tubicoles et parfois d’autres mollusques.
La croissance de la coquille est discontinue. Le bord de la coquille s’élargit et grandit pendant un certain temps, puis la croissance s’arrête et des épines et des dentelures se forment sur le bord qui s’épaissit. Une nouvelle phase de croissance va suivre et se terminer à nouveau par une phase de repos. Les côtes épaissies ou varices* porteuses d’épines ou de tubercules sont les vestiges des anciens labres*, formés pendant les périodes de repos. Le nombre de varices sur un tour est caractéristique de l’espèce.
La croissance en hauteur, pour des coquillages mesurant 2 à 6 mm, est de l’ordre de 1 mm par mois ce qui correspond à 10 % d’augmentation du poids.
Le rocher fascié est le principal coquillage dont on a extrait la pourpre naturelle ou pourpre royale, depuis l’antiquité et jusqu’au moyen-âge. Connue des Phéniciens il y a 3500 ans, la préparation de la pourpre, colorant précieux, a engendré une industrie et un commerce florissant dans toute la Méditerranée. (cf. fiche Stramonita haemastoma).
La pourpre a pour origine la sécrétion d’une glande hypobranchiale, présente en général chez tous les escargots de mer. Cette glande, en forme de bandelette est située dans la cavité palléale* le long du rectum. Elle produit un liquide incolore qui, après libération, vire progressivement au violet au contact de l’air et sous l’influence de la lumière solaire, cette coloration devient insoluble et stable.
Des études actuelles des composés chimiques de la pourpre (CNRS Roscoff) révèlent des propriétés biologiques et pharmacologiques prometteuses.
Le rocher fascié est l’objet d’une pêche artisanale. Très apprécié des gourmets (il apparaît pourtant qu’il serait moins apprécié que Bolinus brandaris), cet escargot de mer est présent sur quelques marchés côtiers.
Il existe une taille minimale de prise et des dates d’interdiction de pêche sur certaines côtes.
Rocher : allusion à son aspect ; fascié = marqué de bandes.
Murex : nom d’origine latine donné aux gastéropodes dont on tirait la pourpre ; tuberculé : à coquille couverte de tubercules.
Hexaplex : du grec [hexa] = six et du latin [plex] = plis ou multiple, donc coquille à six plis ou varices.
trunculus : du latin [trunculus] = tronqué.
Numéro d'entrée WoRMS : 140396
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Caenogastropoda | Caenogastropodes | |
Ordre | Neogastropoda | Néogastéropodes | Coquille avec canal siphonal bien développé. Un repli du manteau forme un tube extensible : le siphon. La plupart sont des prédateurs ou nécrophages. Tous marins sauf le genre Clea. |
Famille | Muricidae | Muricidés | Coquille spiralée, de forme et de taille variables (13 mm à 300 mm environ), souvent ventrue avec un apex court ; en général de fortes varices qui, selon la forme du bord du manteau ont l'aspect de bourrelets, bosses, plis, épines et peuvent être ramifiées, écailleuses ou tuberculées. La croissance est périodique. La disposition et le nombre de ces varices est caractéristique de chaque espèce. Le canal siphonal est court ou très long, ouvert ou partiellement fermé. D'après Lindner 2011:97. |
Sous-famille | Muricinae | Muricinés | |
Genre | Hexaplex | ||
Espèce | trunculus |
Hexaplex trunculus forme épineuse
Hexaplex trunculus en place sur un rocher, la coquille épineuse est couverte d’algues.
Méjean, Côte Bleue (13), 10 m
08/07/2007
Vue de l’opercule et du canal siphonal
Il s’agit du même individu que sur la photo précédente. Sur la face qui était tournée vers le rocher, on voit le canal siphonal, l’opercule corné aux stries concentriques et en dessous (sur cette photo) au bord du labre, on voit une partie des 3 bandes violacées caractéristiques. Les épines sont bien visibles sur les 2 derniers tours.
Méjean, Côte Bleue (13), 10 m
08/07/2007
Forme tuberculée dans le bassin de Thau
Sur fond détritique (débris coquilliers et vase), cette forme tuberculée présente une couleur de fond rosé et des bandes brunes.
Bassin de Thau (34), Rouqueyrol, 3 m
12/04/2008
Hexaplex trunculus portant des crépidules
Des crépidules (gastéropodes) ont élu domicile sur ce Rocher fascié. Sur le dernier tour de la coquille, on distingue quelques côtes et les varices, correspondant à d’anciens labres à bord dentelé, porteuses de tubercules. Trois bandes spiralées brunes alternant avec des bandes claires sont visibles sur les parties non couvertes par divers organismes.
Bassin de Thau (34), 3 m sur fond détritique
27/10/2007
Hexaplex trunculus recouvert de divers organismes
La coquille de ce Rocher fascié est entièrement couverte par des algues et divers organismes.
Antibes (06), La Love, 12 m, sur fond détritique
08/08/2007
Description schématique de coquilles d'Hexaplex trunculus
Ce schéma illustre les caractéristiques principales des coquilles de forme épineuse à gauche et tuberculée à droite.
N/A
2007
Radula d'Hexaplex trunculus vue au microscope
La radula est étroite et relativement simple de type rachiglosse, avec 3 dents par rangée transversale : une dent médiane, à plusieurs pointes, est encadrée de chaque côté par une dent latérale.
Observation labo (Nîmes)
02/12/2007
Vue du pied
Hexaplex trunculus rampe sur la vitre d’un aquarium (individu du bassin de Thau).
Aquarium de Bouzigues
15/06/2006
Variabilité de forme des coquilles d'Hexaplex trunculus
Cette photo montre la variabilité de hauteur (3 cm à 7,5 cm) et de forme des coquilles.
Coquilles de différentes origines (Provence et Languedoc)
15/02/2008
Hexaplex trunculus près de la surface
Un Rocher fascié visible à la limite de la surface par temps calme, découvert temporairement.
Port de Frontignan (34), 0 m, bord vaseux du port
27/10/2007
Coquille occupée par un pagure
Après la mort du mollusque la coquille est souvent utilisée. Celle-ci est occupée ici par un pagure.
Kas (Turquie), 8 m
03/10/2007
Ponte d’Hexaplex trunculus
Pontes en amas de capsules blanchâtres contenant plusieurs œufs, déposées par plusieurs femelles. Ces pontes font suite à des accouplements réunissant plusieurs individus (4 sont visibles sur cette image).
Bassin de Thau (34)
20/05/2007
Hexaplex trunculus sur sa ponte
Hexaplex trunculus (femelle) sur sa ponte. Les larves vont éclore et se développer à l’intérieur de ces coques cornées avant d’en sortir sous la forme de jeunes mollusques rampants.
Bassin de Thau (34)
20/05/2007
Laisse de mer
On trouve souvent des résidus de pontes de murex en laisses de mer sur les plages.
Pianottoli (2A), sur la plage
11/2007
Prédation d'Halocynthia papillosa
Ce rocher fascié s'attaque ici à l'ascidie rouge Halocynthia papillosa.
Banyuls-sur-mer (66), 12 m
10/08/2018
Rédacteur principal : Claude WACQUANT
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Véronique LAMARE
Morton B., 2007, Drilling and chipping patterns of bivalve prey predation by Hexaplex trunculus (Mollusca: Gastropoda: Muricidae), Journal of the Marine Biological Association of the UK, 87, 933-940.
La page d'Hexaplex trunculus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN