Tentacules oraux ressemblent à 2 mains : grands lobes plats digités
Six (voire moins ou plus) branchies contractiles et ramifiées, insérées séparément et directement sur le dos
Coloration très variable : adultes 1) rouge vif uni, ou 2) orange uni, ou 3) rouge ou orange moucheté de blanc et/ou jaune, parfois avec taches rouges
Adulte : bordure du manteau enroulée vers le dos et de la même couleur. Si dérangé, il déroule le bord pour montrer une large bordure 1) rouge avec ou sans liseré blanc, ou 2) blanche et une bande rouge vif
Juvénile : coloration et forme très différentes – bord du manteau non enroulé.
Tout petit : manteau blanc translucide avec taches rondes violettes. Ligne marginale blanche séparée du bord.
Nage ondulatoire très gracieuse en pleine eau, s'il est dérangé
Danseuse espagnole.
C'est le nom commun, simple, que cette espèce a toujours porté jusqu'à ce que la présence avérée d'autres espèces du même genre, qui étaient pareillement nommées, appelle à un qualificatif supplémentaire, sanguine.
Spanish dancer (GB), Spanische Tänzerin (D), Spaanse danseres (NL)
Ces noms communs sont utilisés pour l'ensemble des espèces d'Hexabranchus.
Hexabranchus praetextus Ehrenberg, 1828
Doris sanguinea Rüppell & Leuckart, 1830
Hexabranchus suezensis Abraham, 1876
Hexabranchus petersi Bergh, 1878
Albania formosa Collingwood, 1881
Doris imperialis Saville-Kent, 1897
Hexabranchus plicatus Hägg, 1901
Mer Rouge, Indo-Pacifique tropical Ouest et centre
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]De la mer Rouge et l'Afrique du Sud jusqu'au Pacifique central (sauf Hawaï, qui hébergerait 2 espèces-sœurs, endémiques).
On peut la rencontrer notamment à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie Française.
La révision du genre en 2023 (Tibiriçá et al.) a réparti le « complexe sanguineus » en cinq espèces différentes (H. aureomarginatus, H. giganteus, H. lacer, H. sandwichensis, et H. sanguineus). Elle situe trois d’entre elles (H. giganteus, H. lacer et H. sanguineus) dans le domaine indo-Pacifique. Les deux autres sont cantonnées au Pacifique Nord : H. aureomarginatus est endémique d’Hawaï et H. sandwichensis est présente à Hawaï et dans l’atoll Johnston.
De la zone intertidale* jusqu' à la pente externe, parmi les coraux et les éponges. Espèce rencontrée entre 1 et 50 m, le plus souvent de nuit.
Nudibranche mesurant communément plus de
La coloration est très variable : chez les adultes, elle va du rouge vif uni à l’orange en passant par le rose, avec ou sans mouchetures blanches ou jaunes.
Les auteurs de la révision de 2023 distinguent quatre « lignées », géographiquement réparties et dont les patrons de couleurs diffèrent.
Chez l'adulte : la bordure du manteau* est enroulée vers le centre du du dos et de la même couleur. C'est seulement lorsqu'il est dérangé, que l'animal déroule le bord de son manteau pour montrer une large bordure blanche et une bande rouge vif.
Chez le juvénile : la coloration et la forme sont très différentes et le bord du manteau, moins développé, n'est pas enroulé. Les variations géographiques des couleurs des juvéniles se déclinent comme suit :
Les rhinophores* sont assez frappants : la partie supérieure en forme de massue est lamellée et porte environ 40 lamelles, les troncs sont lisses, leur fourreau est très court.
Les branchies ramifiées sont au nombre de six (parfois moins et parfois plus). Elles sont insérées séparément et directement sur le corps sans fourreaux. Les branchies ne sont pas rétractiles mais seulement contractiles.
Les tentacules oraux ressemblent à 2 mains et sont formés de grands lobes plats digités
Les espèces suivantes, de part leurs distributions respectives, sont beaucoup moins concernées par la confusion avec H. sanguineus, qui n’y est pas documentée :
Il n’y a pas encore de documentation précise sur la diète de l’espèce telle qu’elle est comprise par la récente révision du genre (2023). A titre indicatif et pouvant aussi concerner d'autres espèces d'Hexabranchus,, voici ce qu’il en était avant cette révision : c'est un mangeur d'éponges mais il ne semble pas être spécialisé dans une espèce particulière. Des spicules* provenant de différentes espèces d'éponges ont été retrouvées dans des contenus stomacaux.
D'après Francis (1980), H. sanguineus mange les éponges Ancorina acervus (Bowerbank), Callyspongia sp., Cliona sp., Haliclona sp., ou Adocia sp., Mycale sp. , ou Zygomycale sp., Pachastrella sp., Paraesperella sp., Petrosia sp., Stelletta sp., et Xestospongia exigua (Kirkpatrick). Selon Rudman, 2000 (Sept.7) d'autres personnes ont observé qu'il mange aussi Leucetta solida et d'autres espèces de Halichondria.
Ce nudibranche est hermaphrodite*. La copulation s'effectue tête-bêche.
Hexabranchus sanguineus pond des œufs agglutinés dans un ruban rose en spirale ondulante. Ce ruban est généralement à l'échelle du pondeur, de grande taille et assez haut.
Parmi ses branchies, et se "promenant" sur tout le corps, on trouve souvent un ou deux individus de la très belle crevette commensale Zenopontonia rex.
Les pontes font l'objet de prédation d'autres nudibranches, éolidiens et notamment de Favorinus tsuruganus qui a souvent été surpris dévorant les œufs d'Hexabranchus sanguineus.
Ce nudibranche est capable de nager en pleine eau en ondulant gracieusement, grâce à la contraction des muscles dorso-ventraux, tout le long de son corps.
Les informations suivantes sont antérieures à la révision du genre de 2023, mais il est très probable qu’elles s’appliquent aussi à l’espèce revisitée par ce travail :
D'après W.B. Rudman : "Comme de nombreux nudibranches, Hexabranchus sanguineus semble être protégé d'une manière ou d'une autre contre la prédation par les poissons.". Cependant, l’article consacré à la révision du genre note que le baliste titan (Balistoides viridescens) a été observé en train de prédater H. sanguineus.
La coloration rouge vif de son manteau a longtemps été considérée comme un signal "danger" pour les poissons. Au cours de ces dix dernières années, il a été clairement montré que H. sanguineus est d'un goût désagréable, et potentiellement toxique, ceci étant dû à des substances chimiques présentes dans son corps et dans sa ponte. Ces molécules (macrolides) sont presque identiques aux molécules répulsives trouvées dans Halichondria, une des éponges mangées par ce nudibranche ; cette éponge produisant ces molécules répulsives pour se protéger contre la prédation par certains poissons.
On peut penser que H. sanguineus capture ces molécules répulsives lorsqu'il se nourrit de cette éponge. Après une légère modification de la structure de ces molécules, il les stocke dans son épiderme et dans sa ponte afin de se protéger et protéger sa descendance.
Pourtant la protection de la ponte par ces substances n'est pas assurée vu que d'autres espèces de nudibranches comme Favorinus tsuruganus Baba & Abe, 1964 et Favorinus japonicus Baba, 1949 mangent la ponte de H. sanguineus aussi bien que la ponte d'autres espèces d'opisthobranches.
H. sanguineus adulte se cache normalement pendant la journée dans des trous du récif et sort seulement bien après le coucher du soleil. On trouve les juvéniles pendant la journée.
Le mode de déplacement naturel de la danseuse est de ramper sur le substrat et non de danser.
Lorsqu'il est dérangé, ce nudibranche réagit en exhibant le bord blanc de sa « jupe » rouge.
Danseuse espagnole : nom provenant du mouvement de la robe des danseuses de flamenco espagnoles qu'imite le manteau désenroulé d'Hexabranchus sanguineus lorsqu'il nage en pleine eau.
sanguine : provient de son nom scientifique d'espèce, sanguineus.
L'espèce s'est longtemps appelée simplement "danseuse espagnole" jusqu'à ce que la présence avérée d'autres espèces du même genre, qui étaient pareillement nommées danseuses espagnoles, appelle à un qualificatif supplémentaire, sanguine.
Hexabranchus : du grec [hex-] = six, et du latin [branchia] = branchies, donc à six branchies.
sanguineus : du latin [sanguineus] = couleur de sang, d'après la couleur du spécimen décrit par Rüppell et Leuckart.
H. sanguineus n'a pas toujours six branchies – il peut avoir moins ou même plus.
Numéro d'entrée WoRMS : 599253
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Doridina | Doridiens | Corps aplati. Anus dorsal entouré complètement ou partiellement par des branchies de remplacement ramifiées qui peuvent être rétractées (voire absentes). Mangeurs d’éponges, habituellement armés de spicules calcaires internes. |
Famille | Hexabranchidae | Hexabranchidés | Corps mou. Tentacules buccaux en larges lames aplaties. Rhinophores rétractiles et branchies contractiles. |
Genre | Hexabranchus | ||
Espèce | sanguineus |
Individu en Nouvelle Calédonie
Remarquez les six (parfois moins, parfois plus) branchies ramifiées insérées séparément et directement dans le corps.
Plage de Poe, Nouvelle Calédonie
N/A
Variante de robe : rouge vif
La robe est ici d'un rouge vif uniforme !
Un regard qui ne s'arrête pas à la "grosse bête" remarquera la crevette symbiotique au bord du manteau.
Hurghada (Egypte), 17 m, de nuit
25/10/1992
Variante de robe : jaune
Version jaune d'or à rectangles rouges près de la bordure !
Passe en S, Mayotte, 15 m
2002
Bordure du manteau
Chez l’adulte, la bordure du manteau est enroulée dans la direction du dos et de la même couleur. Lorsqu'on dérange l’animal, il déroule le bord pour montrer une large bordure blanche et une bande rouge vif.
Plage de Poe, Nouvelle Calédonie
N/A
Branchies et crevette impératrice
Une crevette Zenopontonia rex se tient parmi les branchies que l'on peut ici observer en détail.
Hurghada (Egypte), 17 m, de nuit
25/10/1992
Rencontre et câlin
Deux individus se mettent en position de copulation, tête-bêche sur leur côté droit respectif. En effet, les organes de la reproduction débouchent sur le flan droit, derrière la tête, et il s'agira de les mettre en contact !
La roche du Préfet, La Réunion, 15 m, de nuit
23/03/2011
Reproduction : détail
Sur cette vue rapprochée, on distingue facilement les deux "pénis", de même couleur que le corps. Ils sont entrés en contact et l'échange de gamètes mâles va pouvoir s'opérer (peut-être même que l'opération est en cours..).
Suite à cela, chacun des deux partenaires va pouvoir aller pondre de son côté.
La roche du Préfet, La Réunion, 15 m, de nuit
23/03/2011
Ponte 1
La ponte d'Hexabranchus sanguineus se rencontre assez facilement et se voit bien, fixée sur les rochers ! Elle se présente comme un ruban rouge à rose, assez haut et enroulé en une spirale antihoraire. Ce ruban est constitué de centaines de petits œufs agglomérés dans du mucus.
El Quseir (Egypte), Mer Rouge, 15 m
11/2006
Ponte 2 : détail
Détail de la ponte. Le ruban rouge rencontré sur les pierres contient des centaines d'œufs, agglomérés dans un mucus glaireux. De ces œufs écloront des larves, qui se transformeront, pour les plus chanceuses, en juvéniles de danseuse espagnole. Ces juvéniles de quelques millimètres ne ressembleront pas encore à leurs aînés !
Torfa, Wadi Lahami (Egypte), mer Rouge, 10 m, de nuit
1510/2008
Grand juvénile de danseuse
Il reste difficile de d'indiquer l'espèce exacte des juvéniles du genre Hexbranchus, notamment entre H. sanguineus et H. lacer. La distribution ne suffit généralement pas. C'est même le cas avec les adultes du genre !
Archipel des Togian, Sulawesi (Indonésie), 16 m
16/10/2004
Nage
Hexabranchus sanguineus adulte nageant en pleine eau. On voit bien la flexion dorso-ventrale.
Mais l'image arrêtée ne rend pas grâce à l'esthétisme de cette nage.
Near Gardens, Sharm El Sheikh, Sinai, Mer Rouge (Egypte), 16 m, de nuit
29/12/1987
Crevette nettoyeuse impériale
Cette crevette débarasse le tégument de la danseuse espagnole des débris qui pourraient s'y trouver, et doit aussi se nourrir des desquamations du nudibranche.
Hurghada (Egypte), 17 m, de nuit
25/10/1992
Rédacteur principal : Anthony DELUNEL
Rédacteur : Lindsay WARREN
Rédacteur : Philippe BOURJON
Vérificateur : Jean-Pierre COROLLA
Responsable historique : Cédric MITEL
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Francis M.P., 1980, Habitat, food and reproductive activity of the nudibranch Hexabranchus sanguineus on Tongatapu Island, The Veliger, 22(3), 252-258.
Rudman W.B., 1986, The Chromodorididae (Opisthobranchia: Mollusca) of the Indo-West Pacific: Noumea purpurea and Chromodoris decora colour groups, Zoological Journal of the Linnean Society, 86(4), 309-353.
Rüppell E., Leuckart E.S., 1828-1830, Neue wirbellose Thiere des rothen Meers, Mollusca in: Atlas zu der Reise im nördlichen Afrika von Eduard Rüppell. Brönner, Frankfurt am Main. Mollusca pp. 1-47.
Tibiriçá Y., Pola M., Pittman C., Gosliner T.M., Malaquias M.A. & Cervera J.L., 2023, A Spanish dancer? No! A troupe of dancers: a review of the family Hexabranchidae Bergh, 1891 (Gastropoda, Heterobranchia, Nudibranchia), Organisms Diversity & Evolution, 46p.
Valdés A., 2002, How many species of Hexabranchus (Opisthobranchia : Dorididae) are there?, Molluscan Research, 22, 289-301.
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La page d'Hexabranchus sanguineus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN