Strombe-araignée arthritique

Harpago arthriticus | (Röding, 1798)

N° 5335

Océan Indien

Clé d'identification

Coquille calcaire, lourde et solide
Six grandes digitations, cinq labiales, une siphonale
Coquille blanche avec des marbrures et des stries marron
Protubérances sur la face dorsale
Lèvre externe jaune-orangé avec taches brun-pourpre et plis blancs fourchus
Opercule corné falciforme

Noms

Autres noms communs français

Strombe chiragre, ptérocère rugueux

Noms communs internationaux

Arthritic spider conch (GB), Arthritische Spinnenschnecke (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Lambis arthritica Röding, 1798
Lambis chiragra arthritica Röding,1798
Strombus divergens Perry, 1811
Strombus nigricans Perry, 1811

Distribution géographique

Océan Indien

Zones DORIS : ● Indo-Pacifique

Ce strombe est très présent dans l’océan Indien occidental (Afrique de l’est, La Réunion, Mayotte, Madagascar…). Il a été observé, de façon plus occasionnelle, sur les côtes du Sri Lanka et du sud de l’Inde. Récemment, on a signalé sa présence aux Philippines et en Nouvelle-Calédonie mais il semble que cela soit dû à l’introduction accidentelle des larves* véligères* de cette espèce dans les ballasts de bateaux.
A noter qu’il est absent en mer Rouge.

Biotope

Harpago arthriticus vit sur des fonds rocheux ou coralliens, des fonds détritiques*, sableux voire vaseux mais la plupart du temps recouverts d’algues ou de phanérogames* entre 1 et 30 m de profondeur.

Description

Le strombe-araignée arthritique possède une coquille calcaire, lourde et solide munie de cinq grandes digitations labiales* et d’une digitation siphonale*, toutes épaisses et incurvées vers l’arrière. La taille adulte est en général de 150 à 190 mm mais peut atteindre les 230 mm chez la femelle. En effet, on observe un dimorphisme* sexuel, le mâle est plus petit
que la femelle mais son ouverture est davantage colorée en orange strié de violet marron et blanc.
La coquille est blanche avec des marbrures et des stries marron. La face dorsale présente plusieurs rainures et stries formées par des protubérances plus ou moins contiguës. Sur la face ventrale, on distingue des lèvres épaisses qui bordent l’ouverture. La lèvre externe est jaune-orange avec des taches brun-pourpre entrecoupées de plis blancs fourchus. La columelle* est brun foncé avec des plis plus pâles. Au fond de l'ouverture, la couleur est blanche.
Les digitations arrêtent de se développer quand l'animal a atteint sa maturité sexuelle. Les juvéniles en sont dépourvus.

L’animal est blanchâtre avec des marbrures jaunâtres et grisâtres. Les yeux pédonculés* possèdent une sclère (couche externe résistante du globe oculaire) blanche, un iris coloré et une pupille noire. Un opercule* corné falciforme* obstrue l’ouverture de la coquille.

Espèces ressemblantes

Durant de nombreuses années, Harpago arthriticus et H. rugosus ont été considérées comme une sous-espèce de Harpago chiragra. Il faut reconnaître que les différences sont très ténues. En effet les stries sur le labre* peuvent dépendre du stade de développement de l'ouverture et donc de la maturité de chaque individu, ce qui peut fausser l’identification.

Harpago chiragra (Linnaeus, 1758) : cette espèce, très semblable, possède une columelle* et un labre* lisses. En fait, il faut examiner les stries columellaires sur le cal* pariétal*. Chez H. arthritica ces stries s'alignent sur la sculpture spirale du dernier tour.

Harpago rugosus (G. B. Sowerby II, 1842) : cette espèce est endémique* de Madagascar. Les stries columellaires conservent un angle avec la sculpture du dernier tour et la croise.

Lambis crocata (Link, 1807) : de taille plus petite (environ 110 mm), sa coquille possède sept longues digitations recourbées. L’ouverture est de couleur orange et dépourvue de plis noirs.

Lambis lambis (Linnaeus, 1758) : sa coquille est biconique et porte 7 digitations plus courtes. L'intérieur de la coquille est lisse et brillant. Bien camouflé il est plus difficile à observer car le côté externe de la coquille est recouvert de petites algues qui accumulent de fins sédiments.

Lambis robusta (Swainson, 1821) : sa taille est plus petite et la coquille possède sept digitations assez courtes et courbes. Il est endémique de Polynésie.

Lambis scorpius (Linnaeus, 1758) : il possède 7 digitations noueuses. Il vit dans les océans Indien et Pacifique.

Alimentation

Harpago arthriticus est une espèce herbivore qui se nourrit de tous les débris organiques qu’elle peut trouver.
Sa radula* est adaptée et permet de transpercer les cellules des algues et phanérogames* sous-marines.

Reproduction - Multiplication

Chez cette espèce gonochorique*, le mâle possède un pénis bien développé. Si l’accouplement a lieu le plus souvent entre deux individus, on a déjà observé deux, voire trois strombes mâles auprès d’une femelle en train de pondre. Après fécondation* interne, la femelle dépose sur le substrat* une ponte filamenteuse à l’allure de spaghettis qui contient entre 100 00 et 500 000 œufs minuscules enveloppés dans une gaine remplie d’une épaisse gelée.

Les embryons* se développent en une larve* planctonique* trochophore* pourvue d'une petite coquille spirale operculée et d'un voile cilié qui nage librement. Cette dernière se transforme en larve véligère* caractérisée par une couronne ciliée, le velum*, servant à la locomotion avant de se déposer sur le fond (phase benthique*) et devenir un jeune strombe en tout point identique aux adultes.

Divers biologie

Harpago arthriticus est une espèce à la nature nocturne marquée. Pendant la journée, ce strombe reste immobile à l’intérieur de la protection qui lui donne son épaisse et robuste coquille. La nuit, et grâce à sa sole* pédieuse musclée, il se déplace dans les zones sablonneuses à la recherche de sa nourriture.

Informations complémentaires

Dans les régions de l’océan Indien la coquille des ptérocères (Harpago arthriticus et H. chiragra) était utilisée autrefois par les indigènes comme arme dangereuse dans les combats au poing.

Le strombe-araignée arthritique ne fait l’objet d’aucune mention dans les listes rouges nationales et internationales.

La coquille de ce spectaculaire gastéropode est proposée régulièrement chez les négociants en coquillages.

Origine des noms

Origine du nom français

Strombe-araignée : du grec [strombos] signifiant toupie, coquille conique et araignée pour les digitations qui font penser à leurs pattes.

arthritique : affection articulaire d'origine inflammatoire provoquant la déformation des articulations (main par exemple) à l’instar des protubérances sur le dos de la coquille.

Origine du nom scientifique

Harpago : du grec ancien [harpázô] = rapace, griffes, harpon. Les digitations recourbées ressemblent aux griffes d’un rapace.

arthriticus : du préfixe grec [arthro] = articulation et du suffixe [ite] = inflammation pour maladie des articulations, goutte.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 738385

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Caenogastropoda Caenogastropodes
Ordre Littorinimorpha Littorinimorphes
Super-famille Stromboidea Stromboïdes
Famille Strombidae Strombidés

Coquille biconique. Premiers tours de la coquille avec des côtes radiales puis des varices noduleuses. Large pavillon lisse et nacré, avec des expansions digitiformes, une échancrure près de la base du labre (pour le pédoncule oculaire). Pied musculeux, opercule corné long, courbe et étroit (en faux), dentelé d'un côté. Herbivores.

Genre Harpago
Espèce arthriticus

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