Ver aplati dorso-ventralement, de largeur globalement constante
Longueur comprise entre 3 et 4 cm (maximum 7 cm)
Corps de couleur variable, allant du gris au rouge en passant par le brun plus ou moins foncé
Présence de 15 paires d’élytres couvrant environ les 2/3 du corps
L’extrémité du corps laisse apparaître 8 à 15 segments
Polynoe extenuata Grube, 1840
Lagisca extenuata (Grube, 1840)
Polynoe plumosa Grube, 1840
Harmothoe plumosa (Grube, 1840)
Hermadion extenuata (Grube, 1840)
Lepidonotus dumetosus Quatrefages, 1866
Lepidonotus leachii Quatrefages, 1866
Harmothoe sarniensis Lankester, 1867
Lagisca ehlersi Malmgren, 1867
Lagisca jeffreysii McIntosh, 1876
Lagisca ehlersi pontica Czerniavsky, 1882
Evarnella triannulata (Moore, 1910)
Atlantique Nord-Est, Manche, mer du Nord, Atlantique Nord-Ouest
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestL’espèce est rencontrée dans les eaux de l’océan Atlantique Nord-Est et Nord-Ouest, de l’océan Pacifique Nord, de la mer Méditerranée et de la mer Noire.
L’espèce vit habituellement sur les fonds rocheux, depuis l’estran* jusqu’à plusieurs centaines de mètres de profondeur. De mœurs nocturnes, elle sera plutôt rencontrée sous les roches dans la journée mais on pourra la rencontrer en plongée parmi des éponges ou des hydraires. L’espèce semble également vivre sur des tapis d'algues, des rhizomes d'angiospermes*, sur des fonds meubles sableux à vaseux jusqu'à 400 m de profondeur, puisqu’elle est régulièrement collectée lors de dragages scientifiques.
Ce ver aplati dorso-ventralement est d’une largeur sensiblement uniforme. Le corps comporte au total 43 segments, dont la plupart sont masqués par les élytres. On observe la présence de 15 paires d’élytres* recouvrant environ les deux-tiers du corps. Elles peuvent parfois ne pas se rejoindre sur le dos. La première paire d’élytres est ronde tandis que les paires suivantes présentent une forme ovale à réniforme.
L’extrémité du corps n’est pas recouverte d’élytres et laisse apparaître 8 à 15 segments, dont la largeur diminue progressivement vers l’extrémité du corps, formant ainsi une queue bien distincte.
La couleur est variable, allant du gris au rouge en passant par le brun. Les segments de l’extrémité du corps, non recouverts par des élytres, affichent souvent des points noirs. Les élytres peuvent être de couleur uniforme ou comporter des marbrures. Ils présentent fréquemment une tache plus claire. La face ventrale est pâle et irisée.
La longueur du corps ne dépasse habituellement pas 4 cm de longueur, mais la littérature fait état d’individus collectés mesurant jusqu’à 7 cm.
Les espèces de la famille des Polynoidés présentent toutes une forte ressemblance, avec un corps allongé de largeur constante, recouvert de gros élytres*.
Le genre Harmothoe comporte à lui-seul 28 espèces dans l’Atlantique Nord.
Les espèces de cette famille que l’on pourra rencontrer classiquement sont Harmothoe impar, Harmothoe spinifera, Harmothoe clavigera, Harmothoe imbricata, Lepidonotus clava, Lepidonotus squamatus, Alentia gelatinosa et Polynoe scolopendrina.
Harmothoe extenuata se distingue nettement des autres espèces par l’extrémité de son corps non recouverte d’élytres, ce qui évite d’avoir recours à des critères de détermination plus complexes (comme la forme des tubercules présents sur les élytres). Par ailleurs, elle possède 15 paires d’élytres, alors que les Lepidonotus n’en n'ont que 12.
Polynoe scolopendrina possède également une partie du corps dépourvue d’élytres, mais cette partie représente la moitié du corps, soit beaucoup plus que chez Harmothoe extenuata.
Harmothoe extenuata est un prédateur, capturant ses proies à l’aide de son proboscis*, armé de quatre mâchoires.
Chez Harmothoe extenuata, comme chez la plupart des annélides, les sexes sont séparés et la fécondation est externe. On connaît peu de choses sur la reproduction de cette espèce.
Cependant, le comportement reproducteur d’une espèce proche, Harmothoe imbricata, a été décrit. Chez cette espèce, les couples se forment lors de la période de reproduction et se mettent à l’abri dans des anfractuosités de la roche. Le mâle se positionne sur le dos de la femelle. Lorsque la femelle a pondu, les ovules sont conservés sous les élytres. Le mâle émet son sperme, qui vient se loger sous les élytres de la femelle et féconde ainsi les œufs. Les expérimentations ont montré qu’un mâle placé à proximité d’une femelle dont les œufs sont déjà fécondés n’émettra pas son sperme.
Les œufs poursuivent leur développement sous les élytres de la femelle pour engendrer des larves* trochophores* planctoniques*. Ces larves se métamorphoseront* ensuite en juvéniles qui rejoindront le fond.
Harmothoe extenuata est parfois trouvée dans le tube d’autres polychètes.
Harmothoe extenuata semble avoir de très grandes capacités d’adaptation, à la fois en termes de température (on la trouve depuis l’Arctique et même dans le Saint-Laurent, jusqu’aux côtes nord-africaines), de pression et de salinité.
L’examen à la loupe binoculaire permet d’observer davantage de détails anatomiques :
Les élytres* de Harmothoe extenuata comportent, sur leur face ventrale, une couche de cellules bioluminescentes* (photocytes, cellules produisant de la lumière), qui réagissent en cas de manipulation des individus. La lumière émise par les photocytes est amplifiée par des turbercules autofluorescents qui traversent les élytres sur toute leur épaisseur. La fonctionnalité écologique précise de cette bioluminescence, qui est sous contrôle du système nerveux, n’est pas connue.
Une photoprotéine spécifique, la polynoidine, est responsable de cette bioluminescence, de couleur verte. Cette photoprotéine émet une lumière de longueur d’onde 510 nm lorsqu’elle est mise en contact avec un réactif produisant des radicaux superoxydes (02 ou HO). Il est intéressant de noter que cette photoprotéine a également été détectée chez des espèces de Polynoidés qui ne présentent pas de bioluminescence (Lepidonotus squamatus et Lepidonotus clava), ce qui suggère que cette protéine a évolué chez ces dernières espèces pour se transformer en dispositif permettant de capter les radicaux superoxydes. Ceci pourrait expliquer que les espèces non bioluminescentes ont une durée de vie plus longue que les espèces bioluminescentes.
Harmothoe amincie : traduction du nom scientifique.
Le nom de genre Harmothoe provient du grec ancien. Harmothoe est une héroïne de la mythologie grecque, guerrière amazone. Elle était l’une des compagnes de Penthésilée, reine des Amazones, tuée par Achille durant la guerre de Troie. Ce nom de genre a été attribué en 1856 par Johan Gustaf Hjalmar Kinberg (1820-1908), zoologiste suédois. Lors de sa description initiale des espèces rattachées à ce genre, il n’a pas expliqué pourquoi il retenait ce nom. Kinberg a désigné d’autres espèces d’annélides en référence à la mythologie grecque (comme Antinoe, par exemple).
Le nom d’espèce, extenuata, provient du latin pouvant signifier affaiblie, amincie. Le zoologiste polonais Adolph Eduard Grube (1812-1880) n’a pas donné d’explication sur le choix de ce nom d’espèce. Une hypothèse intéressante considère que c’est l’acception « affaiblie » qui serait ici à l’origine de ce choix, en référence à la facilité avec laquelle cette espèce perd ses élytres*, voire l’extrémité du corps. Mais ce nom peut aussi avoir été choisi en référence à l’extrémité amincie du corps, du fait de l’absence d’élytres.
Numéro d'entrée WoRMS : 130762
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Annelida | Annélides | Vers segmentés (annelés) à section cylindrique, à symétrie bilatérale constitués de segments semblables. Le premier segment porte la bouche et le dernier l’anus. Nombreuses formes marines, dulcicoles ou terrestres, libres ou parasites. |
Classe | Polychaeta | Polychètes | Annélides marines. Chaque segment porte des excroissances locomotrices (les parapodes) plus ou moins développées, munies de touffes de soies chitineuses rigides. Chez la plupart des espèces, la tête porte plusieurs organes sensoriels, des mâchoires, et souvent un panache branchial coloré. Animaux libres dans la colonne d'eau ou sur les sédiments mais aussi galéricoles ou tubicoles. |
Sous-classe | Errantia | Annélides Polychètes Errantes | La tête porte plusieurs organes sensoriels et des mâchoires. Animaux très mobiles et prédateurs. Parapodes biramés avec un notopode et un neuropode, chaque lobe du parapode a des baguettes squelettiques (acicule) liant le muscle parapodial aux lobes et aux soies ; cirres parapodiaux dorsaux et ventraux ; deux ou trois palpes sur le prostomium. |
Ordre | Phyllodocida | Phyllodocides | Tous les segments sont identiques, les parapodes sont saillants, bien développés, les soies longues (souvent composées). La région céphalique et les organes sensoriels sont bien développés, la trompe est souvent armée de mâchoires. |
Sous-ordre | Aphroditiformia | Aphroditiformes | présence d'élytres ou d'écailles sur des segments alternés. |
Famille | Polynoidae | Polynoidés | Des écailles (élytres) en deux rangées sur le dos. Les élytres alternent avec des cirres dorsaux intermédiaires. A l'avant, aucune à trois antennes et une paire de palpes. la présence et le point d'insertion des antennes latérales sur le prostomium est un caractère important pour l'identification. Deux paires d'yeux sessiles. Soies notopodiales bien developpées pour la plupart. |
Genre | Harmothoe | ||
Espèce | extenuata |
Sous les pierres en Méditerranée
Les élytres recouvrant les 2/3 du corps sont ici bien visibles.
Cap Peyrefite, Cerbère (66), 3 m
06/04/1994
Sous les pierres de l'estran normano-breton
A gauche, on distingue bien la partie postérieure du corps non recouverte par les élytres.
Saint-Malo (22)
01/11/2011
Un individu de couleur rousse
Individu photographié sous une pierre par petit fond. La détermination de cette espèce n’est pas certaine car, si la queue est bien dépourvue d’élytres, le nombre de paires d’élytres visibles est très inférieur à 15 (on en compte 9). Il pourrait donc s’agir d’une autre espèce de Polynoidés.
Cap Peyrefite, Cerbère (66), 3 m
05/04/1994
Vue d'ensemble
Vue
d'ensemble d'un individu trouvé sous une pierre de l'estran dont la base était
dans l'eau. Cet individu arbore une couleur plus claire que les individus
habituellement rencontrés.
Estran, Port-Béni, Pleubian (22)
13/08/2022
Rédacteur principal : Christophe QUINTIN
Vérificateur : Patrick SCAPS
Responsable régional : Yves MÜLLER
Barnich R., Fiege D., 2000, Revision of the Mediterranean species of Harmothoe Kinberg, 1856 and Lagisca Malmgren, 1865 (Polychaeta: Polynoidae: Polynoinae) with description of a new genus and a new species, Journal of Natural History, 34,10, 1889-1938.
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Grube A.E.,1840, Actinien, Echinodermen und Würmer des Adriatischen und Mittelmeers nach eigenen Sammlungen beschrieben, Königsberg: J.H. Bon. 92 pp., 12 figs.
Kinberg J.G.H., 1856, Nya slägten och arter af Annelider, Öfversigt af Kongliga Vetenskaps-Akademiens Förhhandlingar Stockholm, 12 (9-10), 381-388.
Moraes G.V., Hannon M.C., Soares D.M.M., Stevani C.V., Schulze A., Oliveira A.G., 2021, Bioluminescence in Polynoid Scale Worms (Annelida: Polynoidae), Frontiers in Marine Sciences, 8, 643197.
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Plyuscheva M., Martin D., 2009, On the morphology of elytra as luminescent organs in scale-worms (Polychaeta, Polynoidae), Zoosymposia, 2: 379-389.
La page de Harmothoe extenuata dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel :INPN