Limace grisée et blanc moucheté
Taille de 3 à 5 cm et jusqu’à 7 cm
Pas de tentacules buccaux ni de rhinophores
Présence d'une coquille, à moitié recouverte par les parapodes dorsaux
2 yeux noirs au milieu du bouclier céphalique
Zone périoculaire non pigmentée
Haminée navicule, limace petit-bateau, haminoé, bulle gondole (da Costa)
Bubble shell (GB), Blasenschnecken (D), Aminoea (I)
Bulla navicula da Costa, 1778
Bulla cornea Lamarck, 1822
Haminoea cornea (Lamarck, 1822)
Bulla folliculus Menke, 1853
Haminaea navicula (Pruvot-Fol, 1954)
Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]L'haminoé petite-barque est rencontrée en Méditerranée (Algérie, Grèce, Espagne, France), en mer noire (Ukraine) et en Atlantique (Espagne, Portugal, France, Irlande).
En France, elle peut être particulièrement abondante dans l’étang de Thau dans l’Hérault.
L'haminoé petite-barque se retrouve habituellement dans un habitat sablo-vaseux avec des algues et en particulier dans les zostères. On la rencontre dans les premiers mètres ou dans la zone intertidale*, en particulier dans les lagunes côtières.
L’haminoé petite-barque a une taille de 3 à 5,5 cm de long et peut atteindre 7 cm.
Sa tête présente un bouclier céphalique* trapézoïdal. L’arrière de l’animal porte deux lobes* parapodiaux* visibles couvrant plus de la moitié de la coquille (parfois presque toute sa surface pour les plus grands spécimens) mais ne lui permettent pas de nager. Il n’y a ni tentacules* buccaux ni rhinophores*.
Le bouclier céphalique, légèrement concave en avant, est de couleur générale gris foncé, parfois presque noir, avec de nombreuses taches blanches et de petits points orange.
Le manteau* est pigmenté de points noirs, orange et blancs et est visible à travers la coquille transparente.
Les deux yeux sont proches et au milieu du bouclier céphalique avec une tache sombre entre eux. La zone périoculaire (autour des yeux) n’est pas pigmentée. La coquille est de forme globuleuse, fragile, mince et transparente et mesure, à taille adulte, jusqu’à 3 cm.
L’haminoé petite-barque est la plus grande espèce du genre sur les côtes européennes. Dans l’Etang de Thau, plusieurs espèces d’Haminoés (H. navicula, H. hydatis, H. exigua et peut-être H. orbignyana et Haloa japonica) sont rencontrées. Elles sont presque impossibles à différencier sans une analyse fine de leur coquille et surtout une dissection (de l’appareil génital mâle) de l’animal.
Haminoea hydatis a une coquille qui fait la moitié de l’individu et est plus petite (30 mm) que Haminoea navicula (70 mm). De plus, sa coquille est plus claire, a une forme moins globuleuse, avec des striations spirales et d’accroissement peu marquées et sa columelle* est moins concave. Sa coquille est peu recouverte par les lobes* parapodiaux* qui sont plus courts que chez H. navicula. Par contre, cette espèce peut nager occasionnellement.
Akera bullata ressemble beaucoup à Haminoea navicula mais a un corps plus allongé. Les parapodes sont plus amples alors qu’ils sont petits et courts chez H. navicula. Ces derniers lui permettent même de nager contrairement à H. navicula.
A. bullata a les yeux à la périphérie du corps alors que H. navicula a les yeux au centre du bouclier céphalique. Sa coquille est encore plus fragile avec une ouverture baillant vers le sommet. Le tentacule palléal* postérieur peut être absent dans certaines populations. Cette espèce ne s’enfouit pas dans le sédiment.
La forme des pontes de A. bullata est très différente de celle de H. navicula. En forme de rubans plus ou moins enroulés chez les Haminoea et en spaghettis blanc-jaunâtre similaires à celles des Aplysia spp. chez Akera bullata.
Le genre Haminoea est exclusivement herbivore, se nourrissant principalement de toute une gamme de diatomées*. En plus de la radula* il possède (comme les autres Céphalaspides) un puissant gésier musclé équipé de trois plaques (appelées plaques gésiales) dures pour écraser et moudre leur nourriture et de 6 petites épines permettant de contrôler vraisemblablement la quantité de nourriture qui est libérée dans et hors du gésier.
Les haminoés, comme les autres Céphalaspides, sont des hermaphrodites* simultanés (chaque individu possède les organes génitaux féminins et masculins fonctionnels). Elles pratiquent une fécondation croisée avec un accouplement impliquant la participation de deux animaux.
Les adultes de l’haminoé petite-barque (à partir de 10 à 30 mm de longueur) pondent d’avril à la mi-juin pendant la nuit ou très tôt le matin sur du sable fin limoneux ou des ulves et des zostères. La ponte dure entre 30 et 50 minutes. L’animal fait des va-et-vient disposant ainsi des chaînes d’œufs parallèles légèrement incurvées pour former un ruban courbe. La taille de la ponte dépend de celle de l’animal (15 mm de large et jusqu’à 70 mm de long). La ponte peut contenir entre 7000 et 15000 œufs. Les œufs sont blanchâtres ou jaunâtres, sphériques d’environ 145 µm de diamètre sont chacun dans une capsule légèrement ovale. Les capsules sont reliées entre elles (comme des perles sur un collier) par une chalaze*. Le tout est enveloppé d’une glaire (mucus) transparente parfois jaunâtre.
Les adultes meurent après la ponte. Leur cycle de vie est annuel.
De chaque œuf éclot une larve véligère* planctonique* nageuse (larve planctotrophique*) qui, ultérieurement, se métamorphosera* en un adulte miniature.
Cette espèce peut être présente en grand nombre et se déplacer en file au moment de la reproduction.
L’haminoé petite-barque est active la nuit et est cachée dans le sédiment le jour.
La forme du corps et la présence d’un bouclier céphalique* important reflètent un comportement de fouissage. Lorsque ces animaux rampent sur des substrats vaseux, le bord du bouclier céphalique se trouve juste sous la surface de la vase et un mince voile de mucus avec de la vase part vers le haut sur la surface dorsale. Derrière le mollusque, ce voile forme un tube aplati vaseux (une piste) qui marque sur le substrat le déplacement de l’animal. Les gastéropodes Céphalaspides sont généralement solitaires, à l'exception des espèces d’Haminoea qui ont un comportement social simple pendant la période de reproduction. Avant la copulation croisée, on peut observer une file simple d'individus suivant la traînée de mucus de l’animal en tête.
L’animal ne peut pas se rétracter complètement dans sa coquille et la fragilité de celle-ci et l’absence d’opercule* ne lui confèrent que peu de sécurité vis-à-vis d’un prédateur éventuel. L’haminoé petite-barque peut adapter la couleur de son corps à l’environnement en fonction du substrat ou des conditions de stress grâce à la présence de chromatophores* mélaniques* dans sa peau. Ces derniers peuvent se contracter ou se relâcher. Ainsi elle peut passer du foncé au clair en 4-5 heures.
Ces mollusques ont également attiré l'attention car, associés au comportement social, ils produisent et secrètent des phéromones* d'alarme (des haminols) lorsqu'ils sont inquiétés. Ces phéromones d'alarme sont probablement biosynthétisées par des glandes cutanées situées sur le bouclier céphalique, les lobes* parapodiaux* et le lobe palléal* postérieur.
Les Aglagidés (qui sont également des Céphalaspides) sont des prédateurs voraces d'autres opisthobranches, en particulier de Haminoea et de Bulla. Ils utilisent le chimiotactisme* pour suivre la piste muqueuse de la proie.
Enfin, l’haminoé petite-barque possède comme la plupart des opisthobranches à coquille un organe sensoriel particulier : l’organe de Hancock*. Cet organe joue un rôle dans la détection sensorielle (tactile et olfactive). Il est situé sur le côté droit entre le bouclier céphalique* et le pied et a un aspect de petite plume constituée de 12 à 20 fines lamelles.
Haminoé petite-barque : francisation du nom latin.
Haminoea : Peut-être pour Hamina, ville du golfe de Finlande. Le nom des gastéropodes n’a pas été expliqué par les auteurs (Turton & Kingston, 1830).
navicula : du latin [navicula] = petit bateau, petite barque.
Numéro d'entrée WoRMS : 140075
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Ordre | Cephalaspidea | Céphalaspides | Coquille externe ou interne, spiralée, très fine et réduite. Tête élargie en bouclier. Yeux développés. Pas de rhinophores. Cavité palléale à droite avec une branchie plissée. Parfois des parapodes. Marins et fouisseurs sur les fonds de sédiments. |
Famille | Haminoeidae | Haminoeidés | Coquille externe large et gonflée, fragile, qui peut contenir l'animal rétracté. Pas d'opercule. Bouclier céphalique arrondi, extensions tentaculaires postéro-latérales en forme d'oreille, qui cachent souvent l'avant de la coquille. Lobes parapodiaux de grande taille, qui souvent se rejoignent dorsalement au dessus de la coquille. |
Genre | Haminoea | ||
Espèce | navicula |
En balade
Les yeux au milieu du bouclier céphalique, avec une tache plus sombre entre eux, sont bien visibles. La zone périoculaire (autour de l’œil) est non pigmentée.
Etang de Thau (34), 4 m
22/03/2019
Un animal fouisseur
Un individu sur l'herbier de Zostera noltei, à moitié enfoui dans la vase molle.
Ile aux Oiseaux, Bassin d'Arcachon (33), 1 m
29/08/2002
Une coquille globuleuse
La coquille
est de forme globuleuse, striée, fragile, mince et transparente et mesure, à taille
adulte, jusqu’à 3 cm.
Plouezec (22), estran
11/02/2012
De profil
Cette vue rapprochée permet de distinguer la région olfactive de l’organe de Hancock, qui a l’aspect d’une petite plume marron située entre le bouclier céphalique et le pied.
Plouezec (22), estran
11/02/2012
Individu partiellement rétracté
Il n’est pas
possible pour cette espèce de complètement se rétracter dans sa coquille.
Plouezec (22), estran
07/05/2008
Ponte en cours !
Cet individu est en train de pondre. La forme de la ponte est un ruban plus ou moins enroulé et pouvant contenir entre 7000 et 15000 œufs jaunes qui sont bien visibles sur cette photo.
Etang de Thau (34), 3 m
31/01/2020
Détail d'une ponte
Les œufs de couleur jaune sont bien visibles sur cette ponte en forme de petite "chips".
Etang de Thau (34), 3 m
31/01/2020
Ponte sur l’estran
Ponte d’Haminoea navicula fixée sur des zostères sur l’estran.
Plouezec (22), estran
03/08/2011
Phéromones d'alarme
Cet individu, qui a certainement été inquiété, sécrète un liquide bleu qui correspond à des phéromones d'alarme (haminols).
Etang de Thau (34), 3 m
15/02/2020
Dessin de Haminoea navicula vue du côté droit
Sur ce dessin l’organe de Hancock est représenté avec sa région tactile (T) et sa région olfactive (H).
extrait de Guiart J. 1901 page 104 fig 56
Reproduction de documents anciens
1901
Comparaison des trois espèces citées dans la rubrique « espèces ressemblantes »
Les caractéristiques morphologiques des animaux et des coquilles des trois espèces sont visibles. Akera bullata ne porte pas toujours le filament postérieur.
D’après les dessins des planches 106 et 108 de Riedl 1983
Reproduction de documents anciens
1983
Rédacteur principal : Yann QUERREC
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Pascal GIRARD
Cimino
G., Passeggio A., Sodano G., Spinella A., Villani G., 1991, Alarm pheromones
from the Mediterranean opisthobranch Haminoea navicula, Experientia, 47, 61-63.
Edlinger K., 1982, Colour adaptation in Haminoea navicula (da Costa) (Mollusca:Opisthobranchia), Malacologia, 22, 593-600.
Guiart J., 1901, Contribution à l'étude des gastéropodes opisthobranches et en particulier des Céphalaspides, Mémoires de la Société Zoologique de France, 14, 6-217.
Malaquias M. A. E., Cervera J. L., 2006, The genus Haminoea (Gastropoda : Cephalaspidea) in Portugal, with a review of the European species, Journal of Molluscan Studies, 72, 89-103.
Marin A., Alvarez L. A., Cimino G., Spinella A., 1999, Chemical defense in Cephalaspidean gastropods : origin, anatomical location and ecological roles, Journal of Molluscan Studies, 65, 121-131.
Schaefer K., 1996, Review of data on cephalaspid reproduction, with special reference to the genus Haminaea (Gastropoda, Opisthobranchia), Ophelia, 45, 17-37.
Ballesteros M., Madrenas E., Pontes M., 2012-2019 “Haminoea navicula” in OPK-Opistobranquis.
La page de Haminoea navicula dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN