Clés communes aux phases initiale et terminale :
Corps élancé et comprimé latéralement, à courbure dorsale faible et arc ventral prononcé
Museau tubiforme très long
En phase terminale (mâle) :
Corps uniformément bleu à bleu vert
Caudale fourchue à membrane paraissant tronquée, et filaments prolongeant les rayons extérieurs chez les grands individus
Nageoires impaires turquoise pâle à vert clair
En phase initiale (femelle) :
Plus petite que le mâle
Corps gris bleuté à brun rougeâtre avec zone abdominale blanche à jaunâtre
Séries longitudinales de taches brunes sur les écailles dans les 2/3 postérieurs du corps
Ligne brune à rouge de la lèvre supérieure à l’œil
Labre-oiseau, labre-prince, canard (Maurice), perroquet (Seychelles), poisson-oiseau (Maldives)
Gomphose bleu est le nom utilisé par Lacépède, descripteur de l’espèce en 1801
Bird wrasse, birdfish, blue green bird wrasse, checkerboard wrasse, green birdmouth wrasse, Indian ocean bird wrasse (GB), Vieja trompetera (E), Vogel lipfisch (D), Voëlvis (Afrique du Sud), Bodião trompeteiro (Mozambique), Theyofulhi (Maldives), Chulam, erachichulam, hibbaruhikkae (Inde), Gireva (Sri Lanka), Penguin hijau (Indonésie), Nuri kelicap, bayan (Malaisie)
Gomphosus coeruleus Lacépède, 1801
Gomphosus caeruleus klunzingeri Klausewitz, 1962
G. caeruleus caeruleus (présent dans l’océan Indien) et G. caeruleus klunzingeri (endémique de la mer Rouge) sont des taxons parfois employés comme valides pour distinguer les deux populations, mais ils sont considérés désormais comme des synonymes de G. caeruleus.
Mer Rouge et océan Indien
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]On trouve cette espèce en mer Rouge et dans l’océan Indien. Dans l'océan Indien sa distribution s'étend d’est en ouest de l’Afrique du Sud à la mer d’Andaman et à l’ouest de l’Indonésie en passant par Madagascar, les Mascareignes, la mer d’Oman, les Chagos et les Maldives. Dans la zone de suture des océans Indien et Pacifique, des îles Cocos (anciennement Keeling) à l’Indonésie, elle se mêle aux populations de Gomphosus varius.
Gomphosus caeruleus se rencontre dans les lagons et sur les pentes externes, en zones coralliennes ou rocheuses, jusqu’à une profondeur documentée de 35 mètres. Cette fiche présente toutefois une photo d'un mâle prise à 40 m.
Les deux sexes ont un corps élancé et comprimé latéralement. La hauteur du corps du mâle entre environ 4 fois dans sa longueur standard* (longueur sans la queue). La courbure du dos est faible, l’arc ventral est très prononcé. La longueur maximale documentée chez le mâle est de 32 cm.
Il existe un dichromatisme* et un dimorphisme sexuels importants :
Le mâle (phase terminale) : sa couleur est uniformément bleu foncé à bleu-vert. Le museau et le pédoncule* caudal sont parfois plus clairs.
La tête est très pointue du fait d’un museau tubiforme spectaculairement long, qui mesure 1/7e de la longueur totale (longueur avec la queue). L’œil est relativement grand, la pupille est cerclée d’un anneau clair, l’iris est émeraude. Les opercules* forment une pointe au-dessus de la base des pectorales.
La nageoire dorsale comprend 8 rayons durs et 13 rayons mous, les seconds sont plus hauts que les premiers ; l’anale compte 3 rayons durs et 11 rayons mous. L’une et l’autre sont turquoise à vert pâle plus ou moins translucides. La base de ces deux nageoires porte des écailles. Les pectorales ont la forme d’une aile antérieure de papillon dont les deux premiers tiers sont bleu foncé, le reste étant lie de vin avec un liseré noir. Les pelviennes sont translucides, les premiers rayons étant gris foncé, les autres gris très pâle. La caudale dessine une fourche dont les pointes s'achèvent en filaments chez les grands individus. Elle est de la même couleur que celle de la dorsale et de l’anale et apparaît tronquée entre les deux pointes. Elle peut aussi être discrètement trilobée.
La femelle (phase initiale) : sa morphologie est sensiblement identique à celle du mâle, mais elle est nettement plus petite.
La majeure partie du corps est gris bleuté à brun rouge. Cette couleur s’estompe vers la face ventrale entre les pectorales et le début de l’anale, et la gorge est blanche. La partie située après les opercules peut être jaunissante. Les écailles sont bordées de brun foncé, ce qui produit des séries de taches brunes sur les flancs.
La tête est bicolore : le tiers supérieur est gris bleuté à marron clair, les deux tiers inférieurs sont blancs. Le museau est tubiforme et porte une marque brune à rouge formant un V orne le museau de la partie antérieure des yeux à la lèvre supérieure. On trouve deux lignes de points ou de petits tirets derrière les yeux et quelques taches sur la nuque. Les yeux sont relativement grands, l'iris est doré.
La nageoire dorsale est brunâtre à liseré plus foncé, avec une tache noire à bord supérieur jaune à rouge orangé entre les quatre premiers rayons. Les rayons mous sont plus hauts que les rayons durs. La base de l’anale est formée par une bande brun clair, puis une série de taches ovales jaunes orne la membrane entre des rayons bruns, la nageoire s’achevant sur une large bande terminale brun foncé à discret liseré translucide. Les pectorales sont translucides à rayons jaunes, leur base porte une tache noire en partie antérieure. Les pelviennes sont translucides à blanchâtres, le second rayon peut être gris ou jaunâtre. La caudale est brun foncé à noirâtre avec un liseré translucide plus ou moins important selon l’âge des individus. La partie précédant le liseré prend souvent une teinte violette. Elle est arrondie chez les plus jeunes, et tronquée plus tard.
Il existe une variation en mer Rouge dont la livrée est ocre-jaune plus ou moins soutenu dans la moitié inférieure du corps, des pectorales à la caudale et l’anale incluses. Cette couleur peut aussi parfois marquer la partie haute des rayons mous de la nageoire dorsale. Cette variation a motivé la création de la sous-espèce G. caeruleus klunzingeri, endémique de la mer Rouge, mais ce taxon est considéré désormais comme synonyme de G. caeruleus.
Le juvénile : il a une livrée spécifique (se reporter au paragraphe Reproduction).
Sa morphologie particulière fait que Gomphosus caeruleus ne peut être confondu qu’avec son très proche parent :
Gomphosus varius en phase terminale (mâle) : il présente une large tache jaune à blanche, ou vert clair, faisant « épaule » entre le début de la dorsale et l’arrière des pectorales (ce motif descend parfois un peu plus bas). Il peut y avoir des motifs brun clair à rougeâtres derrière l’œil et des taches sur les joues, ces marques étant plus ou moins diffuses. Le bord des écailles est marqué de rose à brique ou brun clair et les rayons extérieurs de la nageoire caudale sont de couleur brique chez les mâles de taille moyenne.
Gomphosus varius en phase initiale (femelle) : il est difficile de discriminer les phases initiales des deux espèces. L’anale est brun foncé et porte une série de taches rondes jaunes isolées le long du premier tiers de la nageoire chez G. varius, alors que les taches jaunes de la femelle de G. caeruleus commencent dès la base et sont oblongues, mais ce détail n’est pas aisé à apprécier et pourrait connaître des exceptions.
L’espèce se nourrit de petits invertébrés que son museau tubiforme lui permet d’aller chercher dans des anfractuosités inaccessibles à d’autres ou entre les branches des coraux où ils se protègent. Toutefois, son écologie étant mal connue, il se pourrait que sa diète soit plus variée : son proche parent du Pacifique, Gomphosus varius, mieux étudié, est réputé consommer aussi des petits poissons. On peut le voir cogner contre une pierre de plusieurs mouvements secs un crabe qu’il tient dans sa gueule, pour briser sa carapace. Cette technique est fréquente chez les labres.
Il n’existe actuellement (mai 2018) qu'une étude consacrée à G. caeruleus. Cette étude, centrée sur le mode de reproduction et les stratégies reproductrices de l’espèce, montre qu'elle est très probablement hermaphrodite* protogyne*, comme son très proche parent Gomphosus varius, et qu’elle pourrait être diandrique*. Il est possible que les changements de sexe soient réversibles chez G. caeruleus, comme cela a été observé en aquarium chez G. varius. L’étude montre aussi que G. caeruleus se reproduit toute l’année et que la reproduction obéit à un rythme circadien* sur un territoire de reproduction temporaire. Cette reproduction est influencée par les phases lunaires et les variations saisonnières de la photopériode*. Les mâles de l’espèce développent des comportements harémiques (un seul mâle contrôle plusieurs femelles), mais cette stratégie disparaît au profit d’une stratégie de type lek-like* de courte durée (trois semaines) en début d’été austral. L’une des originalités de l’espèce (ou du groupe étudié) est une absence d’agressivité entre les mâles quelle que soit la stratégie de reproduction adoptée, alors que des combats entre mâles en période de reproduction sont documentés chez G. varius.
La reproduction se fait en couples. Quand une femelle est réceptive, elle vient se placer sous le mâle et le couple fait une ascension très rapide vers la surface (spawning rush), les gamètes* des deux sexes étant émis à l’apex* de cette ascension. La durée de la vie pélagique* des larves* n’est pas connue. A titre indicatif, elle varie de 42 à 72 jours chez G. varius.
Evolution de la livrée du juvénile vers celle de la phase initiale (femelle) :
Chez le très jeune juvénile la moitié antérieure du corps est bicolore, brune en moitié supérieure et blanche en dessous. La moitié postérieure est d’un blanc légèrement teinté de céladon. Un pointillé longitudinal blanc très discret marque l’axe de la nuque. Le museau est pointu, mais pas allongé comme celui des adultes. Toutes les nageoires sont translucides, à l’exception d’une tache noire à bord supérieur rouge entre les quatre premiers rayons de la dorsale.
Puis la moitié postérieure du corps verdit progressivement jusqu’au vert lime, la partie antérieure restant inchangée. Une ligne de petites taches blanches au-dessus de chaque œil s’ajoute au pointillé toujours présent sur la nuque. Le museau commence à s’allonger.
La partie brune progresse ensuite vers l’arrière du corps et des marques brun foncé apparaissent sur les écailles dans cette partie. Les marques blanches au milieu de la nuque disparaissent et le haut du crâne se couvre de petites marques brun rouge, une ligne de même couleur se forme derrière les yeux. Une ligne brun foncé partant de la lèvre supérieure et rejoignant les yeux est discernable. La tache noire apparaît sur la base des pectorales.
Enfin la partie brune couvre tout l’arrière du corps, la partie abdominale jaunit, toutes les écailles portent une marque et les nageoires se colorent, la caudale étant encore arrondie. Le museau commence à prendre sa forme adulte. L’étape suivante verra une jeune femelle de petite taille (entre 3 et 4 cm) avec l’ensemble de ses attributs pour ce qui concerne le patron.
Intermédiaire entre phase initiale et phase terminale (mâle) :
L’intermédiaire devient d’abord uniformément gris bleu ou gris vert, les deux couleurs étant très sombres. La partie abdominale reste un temps plus claire puis s’assombrit, mais le patron de couleurs garde les marques sur les écailles et les motifs des nageoires de la phase initiale, qui prennent une teinte violacée.
Puis il devient vert sombre ou bleu sombre en perdant les taches marquant les écailles, le dernier signe du sexe antérieur étant des traces résiduelles des motifs de la phase initiale sur les nageoires impaires, puis un liseré noir plus ou moins continu sur les nageoires dorsale et anale. Ces nageoires peuvent être jaunissantes ou verdissantes pendant un certain temps en livrée à dominante verte.
Hybrides :
Une recherche phylogénétique* suggère que le genre Gomphosus pourrait être inclus dans le genre Thalassoma. Des hybrides entre les deux genres existent : G. R. Allen prélève en 1994 dans les eaux de l’île Cassini (au nord-ouest de l’Australie) un hybride Gomphosus varius x Thalassoma lunare. Une observation du même hybride a été faite sur la Grande Barrière, et un hybride Gomphosus varius x Thalassoma duperrey a été vu à Hawaï. L’hybridation de G. caeruleus avec des espèces du genre Thalassoma ne semble donc pas impossible (T. lunare, notamment, est présent dans l’océan Indien, ainsi que de nombreuses autres espèce du même genre).
Cette espèce diurne est assez farouche en dehors des périodes de reproduction. Elle est très active, toujours en mouvement et capable d’accélérations spectaculaires. Les mâles sont généralement solitaires, mais on peut les voir nager par paires à la recherche de nourriture. Les femelles sont souvent observées en petits groupes apparemment non structurés, y compris en dehors des périodes de reproduction. Les juvéniles sont solitaires et très méfiants.
Ce poisson est difficile à capturer parce qu’il est très vif. Il est aussi réputé pour chercher à s’échapper d’un filet au-dessus de la ralingue flottante ou sous la ralingue plombée, ce comportement intelligent étant rare chez les poissons.
Seule la mâchoire inférieure est mobile, la mâchoire supérieure étant soudée au crâne. La bouche protractile se déploie complètement quand la mâchoire inférieure s’ouvre largement. Les dents sont disposées sur une seule rangée, elles sont caniniformes et très rapprochées. Deux canines incurvées plus grandes que les suivantes sont placées en avant de chaque mâchoire.
La ligne latérale*, comportant 28 écailles, suit le profil du dos jusqu’à l’aplomb des derniers rayons mous de la dorsale, puis elle rejoint l’axe médian du corps jusqu’au pédoncule* caudal.
Comme cela a été le cas pour de nombreuses espèces présentant un dimorphisme* et/ou un dichromatisme* sexuels importants, le mâle et la femelle de Gomphosus caeruleus ont souvent été considérés comme des espèces à part entière. Dans l’Histoire Naturelle des poissons, Lacépède, le descripteur, décrit la phase initiale sous le nom de G. varius (Planche 5 et p. 104) à la suite de sa description de la phase terminale sous le nom de G. caeruleus. Bennett, dans A selection from the most remarkable and interesting fishes found on the coast of Ceylon (1830), propose en page 3 une illustration de la phase initiale sous le nom de G. fuscus, et en page 30 une illustration de la phase terminale sous le nom de G. viridis. Des mésaventures taxonomiques similaires sont arrivées à G. varius.
Le statut de l’espèce pour l’UICN est LC (Least Concerned), autrement dit peu concerné par la nécessité de mesures de protection. L’organisation admet cependant que les captures en vue du commerce aquariophile pourraient à terme affecter certaines populations, et que l’espèce devrait alors être surveillée. Les inquiétudes peuvent aussi venir de la pression anthropique et de la dégradation corrélative des habitats : Ronald Fricke considère, dans la Liste Rouge associée à son inventaire des poissons de l’île de La Réunion (2009), que G. caeruleus y est en déclin significatif et le propose en haute priorité pour des mesures de protection locales.
L’étrangeté de sa morphologie et la beauté de ses couleurs le font apprécier des aquariophiles, malgré un prix élevé. Néanmoins, sa grande vivacité et son besoin constant de nage exigent un aquarium qui fasse au moins 600 litres et qui soit couvert, le poisson étant capable d’en sortir en sautant hors de l’eau. Il lui faut aussi des roches à anfractuosités pour qu’il puisse s’y cacher ou dormir. Il est considéré comme un pensionnaire robuste et d’entretien facile sous ces conditions.Labre-oiseau indien :
Labre : le mot est dérivé du nom scientifique de la famille des Labridae. Il vient du latin [labrum], qui signifie lèvre, en référence aux lèvres charnues des poissons de cette famille. L’origine du mot latin se trouve dans le grec [labrax], qui signifie vorace, et qui a été donné (avec [labros]) par les Grecs anciens au bar (Dicentrarchus labrax), connu pour sa gloutonnerie. La voracité des labres peut identiquement justifier le choix du nom de leur famille.
oiseau : la comparaison vient de la longueur et de la forme du museau du poisson, qui évoque le bec d’un oiseau. Elle est soutenue par sa nage (battement des pectorales), caractéristique des labres en général mais plus remarquable chez cette espèce du fait de la forme de ces nageoires et de leur coloration sur l’ensemble de la membrane.
indien : ce terme renvoie à la distribution de l’espèce, présente uniquement dans l’océan Indien et la mer Rouge.
Gomphosus : du latin [gomphus], dérivé du grec [gomphos], qui désigne une cheville de bois ou de métal, ou un clou.
Bernard-Germain Lacépède (1756-1825), travaillant sur une description de l’espèce que Philibert Commerson (1727-1773) avait laissée dans ses écrits, indique qu’il a préféré le nom générique grec [gomphos] à celui d’[elops] donné par Commerson, de façon à éviter « toute confusion du genre que nous décrivons avec une petite famille d’Abdominaux connus depuis longtemps sous le nom d’Elops » (Histoire Naturelle des Poissons, tome 3). Les Abdominaux sont le quatrième ordre de la classe des Poissons de Linné, Elops est l'un des genres de cet ordre. Les deux termes, [elops] et [gomphos] signifient tous les deux "clou", et font référence, dit Lacépède, à la « forme du museau de ce poisson, qui représente une sorte de clou ».
Le genre Gomphosus comporte deux ou trois espèces selon que le taxinomiste admet ou pas G. klunzingeri Klausewitz, 1962, taxon valide pour les uns et synonyme junior de G. caeruleus Lacépède, 1801 pour les autres.
caeruleus : ce mot latin signifie bleu sombre et renvoie à la couleur de la livrée du mâle de l’espèce.
La localité du type* est l’île Maurice.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Labroidei | Labroïdes | Une seule dorsale, dents molariformes formant un puissant appareil masticatoire. |
Famille | Labridae | Labridés | Lèvres épaisses. |
Genre | Gomphosus | ||
Espèce | caeruleus |
Phase terminale (mâle)
Les grands mâles sont d’un bleu très soutenu avec des nageoires impaires turquoise. Les individus plus jeunes peuvent être vert sombre avec des nageoires impaires vert pâle (ou jaunissantes quand la livrée terminale est très récemment acquise).
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
03/11/2011
Phase initiale (femelle)
Les femelles sont brun rouge en moitié postérieure du corps, cette couleur passant graduellement au gris bleuté en partie antéro-supérieure, avec une gorge blanche et un abdomen jaunissant. Une marque rouge en forme de V orne le museau de la pointe du museau aux yeux.
Les femelles de mer Rouge peuvent être d’un ocre-jaune plus ou moins soutenu dans la moitié inférieure du corps, des pectorales à la caudale incluse.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
11/09/2012
Mâle "récent"
Les mâles ayant récemment achevé leur mutation vers la phase terminale sont d’abord vert sombre avec des nageoires impaires jaunes qui portent encore des traces des motifs ornant les nageoires des femelles.
Puis ils bleuissent et leurs nageoires impaires deviennent vertes, comme l’individu photographié ici, avant de passer au turquoise. Notez les deux couleurs présentes sur la nageoire caudale, où le turquoise commence à gagner sur le vert. Notez aussi, sous le sujet, la présence d’un juvénile en début de mutation vers la livrée de phase initiale.
Mayotte
13/05/2012
Variation de la mer Rouge
La variation de mer Rouge présente, en phase initiale, une livrée ocre-jaune plus ou moins soutenu dans la moitié inférieure du corps, des pectorales à la caudale, anale incluse. Il s’agit de l’ancienne sous-espèce Gomphosus caeruleus klunzingeri, endémique de la mer Rouge, qui est devenue synonyme de G. caeruleus.
Abu Fendira Habili 2, Egypte, mer Rouge, 42 m
23/08/2011
Oiseau ou papillon ?
Les pectorales ont la forme d’une aile antérieure de papillon, ce sont aussi les seules nageoires du mâle à avoir un patron de couleur complexe. La nage dite « labriforme » est assurée quant à la propulsion par le battement des pectorales, la caudale servant à orienter dans la direction voulue. Cependant, en cas de stress, c’est la caudale (servie par le puissant pédoncule) qui permet les accélérations foudroyantes de cette espèce.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
31/10/2012
Bec
Un museau tubiforme spectaculairement long est à l’origine du nom vernaculaire des deux espèces du genre Gomphosus.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
12/12/2012
Bouche protractile
On voit ici la bouche protractile entièrement projetée vers l’avant. Cette capacité, qui permet de capturer plus facilement des proies, est répandue chez les labridés et dans d’autres familles de poissons. La mâchoire supérieure étant soudée au crâne, c’est l’ouverture complète de la mâchoire inférieure qui provoque la projection de la bouche.
Notez, dans la livrée de l’individu photographié, les marques brunes des écailles (arrondies et devenues bleues) et les motifs de couleurs sombres présents sur les nageoires impaires : il s’agit d’un intermédiaire passant de la livrée de phase initiale à la livrée de phase terminale. Autrement dit, c’est un jeune mâle puisque la mutation des organes reproducteurs est achevée avant que la livrée ne témoigne complètement de son sexe.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
14/09/2013
Mâchoires
La mâchoire supérieure (le maxillaire) est fixe alors
que l’inférieure (la mandibule) est mobile, son ouverture provoquant
l’extension de la bouche protractile.
Cette photo permet d’observer la
dentition de cette espèce : deux longues canines en crochet en partie
antérieure des deux mâchoires suivies par des dents caniniformes dont la
taille diminue régulièrement en allant vers l’arrière de la bouche.
L’animal a été trouvé mort en laisse de mer après le passage d’un
cyclone.
Côte ouest de La Réunion, sur la plage
25/04/2018
Juvénile et transition vers la phase initiale
A. La moitié postérieure du corps est vert lime et la moitié antérieure bicolore : brune en moitié supérieure et blanche en dessous. On observe des marques blanches dans la zone interorbitale. Le museau forme un « bec » mais n’est pas tubiforme.
B. La partie brune progresse ensuite vers l’arrière du corps et les marques brun foncé des écailles commencent à apparaître. Le museau s’est allongé.
C. La partie verte est réduite au pédoncule caudal, le bord postérieur des écailles présente des marques brunes jusque vers l’abdomen et les nageoires dorsale et anale sont teintées de brun-gris sans motifs discernables.
D. Cette très jeune femelle de moins de 4 cm présente la livrée de la phase initiale. Outre sa petite taille, la faible longueur du museau témoigne de son âge..
Lagon de l'Ermitage, La Réunion (océan Indien), 1,5 m
Philippe BOURJON
Elisabeth MORCEL
2017
Intermédiaire
On distingue encore, chez cet individu à la livrée intermédiaire entre celles des phases initiale et terminale, une trace diffuse de la marque rouge en V sur le museau caractéristique de la livrée des femelles.
En dehors de sa teinte uniformément gris-bleu, cet individu porte toutes les autres marques de la livrée initiale estompées par la couleur dominante. A l’exception de la tache noire à bord supérieur rouge-orangé entre les premiers rayons de la dorsale présente chez les juvéniles et les femelles.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
07/09/2013
Accouplement
Cette photo surprend un couple au milieu d’une ascension vers la surface, à l’apex de laquelle aura lieu une émission de gamètes synchrone chez les deux sexes.
Après quoi, les deux individus redescendront vers le substrat chacun de son côté, aussi vite qu’ils étaient montés.
L’ensemble du comportement dure environ une seconde dans les conditions locales (1,50 m de profondeur).
On distingue l’abdomen gonflé par une grappe d’œufs et l’orifice anal distendu chez la femelle.
Lagon de l'Ermitage, 1,5 m
05/12/2012
A l'apex !
Arrivés au sommet de leur ascension commune, les deux partenaires vont simultanément émettre leurs gamètes respectifs.
Ce comportement a lieu environ une seconde après l’ascension illustrée par la photo précédente.
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 0,80 m
27/10/2012
Déparasitage
Comme de nombreux poissons, Gomphosus caeruleus s’efforce de se débarrasser de ses parasites externes les plus accessibles en se frottant contre un relief, ou parfois sur le substrat. Pour les parasites moins accessibles, il y a les stations de nettoyage...
Lagon de l'Ermitage, La Réunion, 1,5 m
11/09/2012
Profondeur
Ce mâle est ici photographié sur les pentes du récif de Daedalus, en mer Rouge, à plus de 35 m, c'est à dire aux alentours de la limite de profondeur documentée .
Deadalus reef, mer Rouge, 40 m
22/09/2011
Mâle de la mer Rouge
Ce beau mâle réside par 12 m de fond en mer Rouge. On distingue les premières dents de la mâchoire inférieure. Il existe une variation de couleur chez les femelles de mer Rouge, mais les mâles ne sont pas significativement différents dans toute la distribution de l’espèce.
Mer Rouge, 12 m
19/05/2015
Aux Maldives
Cette espèce est présente dans tout l’océan Indien. Cette femelle a été photographiée aux Maldives.
Maldives, 18 m
22/03/2009
A Mayotte Est
Cette petite femelle est photographiée sur le tombant des aviateurs, sur l'est de Mayotte.
Ce tombant, assez magique, se trouve à 300 m de... la piste d’atterrissage de l'aéroport de Dzaoudzi (d'où son nom relatif aux aviateurs). Si le mur descend à bien plus de 60 mètres, c'est dans les premiers mètres que vous pourrez rencontrer le labre-oiseau indien.
Tombant des aviateurs, Mayotte, 14 m
08/10/2015
A Mayotte Ouest
Ce jeune mâle a été rencontré par très petit fond à N’Gouja, sur la côte ouest de Grande terre à Mayotte.
Notez les nageoires dorsale et anale vertes, alors que la caudale devient turquoise mais porte encore, à la base des rayons, des traces grises qui sont les derniers reliquats de la livrée de phase initiale.
N'Gouja, Mayotte, 1 m
25/11/2017
A La Réunion
L'espèce est bien présente à La Réunion.
C'est un poisson assez difficile à photographier car toujours en mouvement.
Lagon de la Saline-les-bains, La Réunion, 1 m
17/02/2016
A Madagascar
Ce mâle a été photographié dans le parc naturel marin de Tanikely, à Madagascar.
Nosy Tanikely ouest, Madagascar, 18 m
01/05/2011
Rédacteur principal : Philippe BOURJON
Vérificateur : Alain-Pierre SITTLER
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Bernardi G., Bucciarelli G., Costagliola D., Robertson D.R., Heiser J.B., 2004, Evolution of coral reef fish Thalassoma spp. (Labridae). 1. Molecular phylogeny and biogeography, Marine Biology, 144, 369-375.
Boyle K.S., Cox T.E., 2009, Courtship and spawning sounds in brid wrasse Gomphosus varius ans saddle wrasse Thalassoma duperrey, Journal of Fish Biology, 75(10), 2670-81.
Catala-Stucki R., 1970, Longévité d’organismes marins à l’Aquarium de Nouméa, Bulletin du Museum d’Histoire Naturelle, 2ème serie, 42(6), 1311-1314.
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La page sur Gomphosus caeruleus sur le site de référence DORIS pour les poissons : FishBase