Dentale rougeâtre

Fustiaria rubescens | (Deshayes, 1825)

N° 5637

Méditerranée, Atlantique Est tropical

Clé d'identification

Coquille allongée en forme de défense d'éléphant légèrement courbe
Coquille translucide très lisse et très brillante, de 35 mm de longueur maximale
Coquille de couleur blanche à rougeâtre
Coquille ouverte aux 2 extrémités, la plus large correspondant à la tête et au pied

Noms

Noms communs internationaux

Reddish tusk (GB), Kahnfüsser, Grabfüsser, Elefantenzahn (trois noms généraux) (D)

Synonymes du nom scientifique actuel

Dentalium rubescens Deshayes, 1826
Episiphon rubescens (Deshayes, 1826)
Pseudantails rubescens (Deshayes, 1826)
Dentalium splendens O. G. Costa, 1830
Dentalium siculum Pilsbry & Sharp, 1897

Distribution géographique

Méditerranée, Atlantique Est tropical

Zones DORIS : ○ [Méditerranée française]

Cette espèce est présente en Méditerranée et sur les côtes de l'Atlantique Est du Portugal au Gabon.

Biotope

Le dentale rougeâtre vit dans le sable et le sable vaseux (les biocénoses* des fonds meubles instables) de l'infralittoral* et du circalittoral* jusqu'à 75 m de profondeur.

Description

La coquille en forme de défense d’éléphant est très légèrement courbe et ouverte aux deux extrémités. L’ouverture antérieure circulaire est la plus large, l’ouverture postérieure la plus étroite.
La longueur de la coquille varie selon les exemplaires de 5 à 35 mm.
La coquille translucide est de couleur blanche à rougeâtre, très lisse et très brillante.
Les jeunes individus portent sur la face ventrale une incision profonde près de l’extrémité la plus mince. Cette incision est rarement présente chez les adultes.
Dans l'ouverture antérieure, la plus large, l’animal possède un proboscis* à l’extrémité duquel se trouve la bouche. A côté de cette bouche, s’étend un pied conique fouisseur ainsi que 2 touffes de nombreux et fins tentacules filiformes très extensibles, aux extrémités en forme de massue : les captacules.

Espèces ressemblantes

Antalis vulgaris (da Costa, 1778) : la coquille blanche, opaque présente de nombreuses stries longitudinales du côté le plus fin. Ce dernier est souvent coloré de brun et présente quelques stries transversales de croissance. La coquille peut mesurer 30 à 60 mm de longueur et l’ouverture la plus large mesure jusqu'à 6 mm de diamètre.

Antalis entalis (Linnaeus, 1758) : coquille solide et épaisse de 25 à 50 mm de longueur, elle possède une ouverture ovale, des stries obliques. Cette espèce n’est pas présente en Méditerranée.

Antalis inaequicostata (Dautzenberg, 1891) : coquille solide de 30 à 60 mm de longueur avec 9 à 12 côtes longitudinales saillantes. La coloration est variable.

Ditrupa arietina (O. F. Müller, 1776), le faux dentale : ce n'est pas un mollusque mais un ver annélide polychète également présent sur le sable et muni d'un tube calcifié conique mais dont la grande ouverture se rétrécit légèrement.

Alimentation

Ce mollusque fouisseur est un microcarnivore. Il se déplace au moyen de son pied conique musculeux. Les captacules, les fins tentacules filamenteux très extensibles, sont disposés en deux bouquets autour de la tête. Leurs extrémités sont fortement ciliées et portent des cellules tactiles et chimiosensitives.
Lors de la quête de nourriture, les captacules sont étirés et pénètrent profondément dans les interstices remplis d’eau qui se trouvent entre les particules du substrat* meuble. Dans ce milieu, la faune interstitielle est très riche en organismes minuscules. Les proies sont des foraminifères, des diatomées*, d’autres organismes unicellulaires et des bivalves juvéniles. Ces proies sont capturées à l’aide de glandes adhésives et amenées à la bouche par les captacules. Un courant, dû aux mouvements des cils, propulse la nourriture vers la bouche. La radula*, à cinq rangées de dents, sert à écraser la nourriture.
Les captacules sont régulièrement remplacés.
Lorsque l’endroit a été complètement exploité, l’animal se déplace vers un autre lieu.

Reproduction - Multiplication

Les Scaphopodes sont gonochoriques* (les sexes sont séparés). Les gamètes* mâles sont libérés dans l’eau par l'ouverture postérieure et la fécondation externe a lieu probablement dans la cavité du manteau* de la femelle. Les œufs, enveloppés de mucus, sont expulsés également par l'ouverture postérieure. A l'éclosion, les œufs libèrent des larves* trochophores* lecithotrophiques* nageuses qui se transformeront en larves véligères* avec une coquille. Elles se métamorphoseront* en 5 à 6 jours et rejoindront le fond.

Vie associée

Les dentales peuvent être parasités par des protozoaires (animaux unicellulaires) et des trématodes (vers plats parasites).

Les coquilles vides sont utilisées comme habitat par des bernard-l’ermite, des annélides polychètes et des sipunculiens.

Les scaphopodes présentent de nombreux organismes ecto- et endosymbiotes*.

Divers biologie

L’animal vit dans du sédiment meuble (sable ou sable vaseux), enterré en position oblique. L’extrémité postérieure de la coquille dépasse seule hors du substrat*. Le pied conique et fouisseur et les captacules sortent par l'orifice antérieur. Ce dernier est plus large et tourné vers le bas dans le sable.

Informations complémentaires

Les dentales ne possèdent pas de branchies, les échanges respiratoires s’effectuent par toute la surface ciliée interne du manteau* et par les captacules. L’eau est aspirée par des mouvements ciliaires de l’orifice postérieur du manteau et est rejetée par la même voie avec les excrétions des reins et de l’intestin.

Les dentales, bien que cachés dans le sédiment, sont la proie de poissons de fond, d’annélides polychètes, de mollusques gastéropodes (surtout les espèces perceuses comme les natices et Scaphander lignarius), d’étoiles de mer.

Les dentales semblent vivre plusieurs années.

Des coquilles de dentales ont été trouvées sur des sites préhistoriques du Magdalénien (environ – 15 000 ans). Elles ont pu servir comme éléments de parures (colliers par exemple).
Des dentales ont également servi de monnaies dans des populations d’Amérique du Nord.

Origine des noms

Origine du nom français

Le nom de dentale est dû au fait qu’autrefois, on pensait que ces coquilles trouvées sur la plage étaient des dents de poissons.

Dentale rougeâtre : allusion à la couleur fréquente de la coquille de cette espèce.

Origine du nom scientifique

Fustiaria : du latin [fustis] = bâton, et le suffixe latin [-aria] = comme. Ce nom de genre a été donné en 1868 par le zoologiste et paléontologiste tchèque Ferdinand Stoliczka (1838-1874) qui a travaillé en Inde.

rubescens : participe présent du verbe latin [rubesco] = rougir donc rougeâtre.

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139999

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Scaphopoda Scaphopodes Coquille en forme de tube conique ouvert aux deux bouts. Présence de captacules. Ce sont les dentales, ou solénoconques.
Ordre Dentaliida Dentaliides Coquille en forme de défense d'éléphant. L'ouverture antérieure a le plus grand diamètre.
Famille Fustiariidae Fustiariidés
Genre Fustiaria
Espèce rubescens

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