Corps blanc opalescent, étiré, d'une dizaine de cm
Nombreux cérates en forme de massue et issus d'une base commune
Cérates colorés en rouge vif à points blancs opaques
Deux taches rouges en avant
Rhinophores et tentacules labiaux blancs en bout
Piseinotecus gaditanus Cervera, García-Gómez & García, 1987
Calmella gaditana (Cervera, García-Gomez & García, 1987)
Flabellina confusa Gonzalez-Duarte, Cervera & Poddubetskaia, 2008
Atlantique tempéré et tropical, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ○ [Méditerranée française]Cette espèce a été décrite initialement en Espagne devant Cadix, puis aux îles du Cap-Vert en 1993, aux Canaries en 2003, et au Sénégal en 2005. A partir de 1997, on la rencontre fréquemment au Bassin d'Arcachon.
Un article de 2021 [Furfaro &al ] fait ressortir que l'espèce est également présente en Méditerranée.
Flabellina gaditana fréquente les substrats rocheux colonisés par les hydraires de genre Eudendrium, dans des eaux volontiers agitées de forts courants, de 3 à 30 mètres environ.
Nudibranche éolidien, de 8 à 12 mm de long en extension maximale.
Il porte de nombreux cérates* en forme de massue, colorés en rouge vif par la glande digestive visible par transparence. La surface des cérates est parsemée de points blancs opaques en relief. Une pointe blanche en bout correspond à un organe défensif, peut-être un cnidosac*, mais les nématocystes* n'y ont pas été identifiés.
Les cérates sont organisés en 5 à 6 groupes de chaque côté du dos, et naissent par ramification d'une base commune. Le nombre de cérates par groupe va diminuant de l'avant vers l'arrière, 6 à 8 pour le premier, jusqu'à 1 ou 2 pour le dernier.
Le corps est fin et élancé, blanc opalescent, avec un long pied effilé qui dépasse en arrière les derniers cérates. En avant, deux taches rouges, visibles en transparence, correspondent aux mandibules.
Les rhinophores* sont fins et longs, lisses, transparents à la base et blancs opaques sur leurs deux-tiers distaux. Les tentacules labiaux sont à peine moins longs que les rhinophores, blancs en bout, également.
Selon les saisons, ou les circonstances, on le rencontre étalé de toute sa longueur, en déplacement, ou pelotonné "en vrac" en train de manger, de copuler, ou de pondre.
Il existe à l'heure actuelle assez peu de risques quant aux confusion de Flabellina gaditana avec d'autres éolidiens de distribution commune sinon une autre espèce :
Une espèce cryptique, Flabellina confusa, a été décrite en 2008 par Gonzàlez-Duarte M-M., Cervera J-L. et Poddubetskaia M. Cette flabelline avait la même morphologie que Flabellina gaditana, le même biotope et la même alimentation. Seul un examen au microscope de la radula* semblait permettre une distinction entre les deux (celle de F. gaditana étudiée est trisériée -trois dents par rangée et celle de F. cavolini est unisériée). Néanmoins, en 2018, F. confusa ait été "synonymisée" avec F. gaditana (voir § "Informations complémentaires" infra).
Flabellina gaditana se nourrit d'hydraires du genre Eudendrium.
La reproduction a été observée tout au long de l'été. Les Flabellina, comme tous les nudibranches, sont hermaphrodites*. Les orifices génitaux mâle et femelle sont voisins l'un de l'autre et situés à l'avant droit du pied sous le premier groupe de cérates. Les deux partenaires adoptent donc une position tête-bêche pour se féconder réciproquement. En fait, les deux corps sont suspendus aux hydraires et tellement enchevêtrés qu'ils forment un amas de cérates rouges. Difficile alors de distinguer chaque protagoniste, même sur photo.
La ponte est déposée sur les rameaux d'Eudendrium. C'est un fin ruban blanc, formant une pelote irrégulière de 3 ou 4 mm de long. Chaque œuf est encapsulé séparément.
Flabellina gaditana et Edmundsella pedata sont présentes dans les mêmes zones, sur les mêmes hydraires.
La radula* chitineuse des nudibranches est un critère d'identification précieux pour les biologistes.
Flabellina gaditana présente deux fortes mandibules dont le bord masticateur porte deux rangées de fins denticules. Entre deux, la radula est formée d'une seule rangée de fortes dents en forme de fer à cheval, portant un denticule central et cinq ou six denticules latéraux plus petits. Sa formule : 21 (0-1-0).
Néanmoins, la présence d'individus à radula trisériée semble exister dans le bassin d'Arcachon (voir § Info complémentaires).
A partir de 1996-1997, plusieurs photographes sous-marins de la région bordelaise avaient des photos d'une limace rouge et blanche, sans nom mais abondante sur les rochers du Bassin d'Arcachon. Elle fut identifiée sous le nom de Piseinotecus gaditanus fin 1999 grâce à Gery Parent et Yves Müller. Plusieurs sites Internet la présentent ainsi.
En 2004, Marina Poddubetskaia, établie à Bordeaux, en envoie plusieurs spécimens à Juan-Lucas Cervera, qui avait fait la première description de l'espèce P. gaditanus en 1986-87. Ce nudibranche étant très rare en dehors du Bassin d'Arcachon et J-L Cervera était intéressé par en faire une étude complémentaire.
Surprise : parmi les "Piseinotecus gaditanus" à radula unisériée, se trouvaient des flabellines inconnues, macroscopiquement identiques, à radula trisériée (deux fortes mandibules dont le bord masticateur porte trois rangées de
denticules triangulaires. Entre deux, la radula est formée d'une triple
rangée de fortes dents. Les dents centrales en forme de fer à cheval,
portent une grosse cuspide triangulaire centrale et six ou sept
denticules latéraux pointus. Les dents latérales sont lisses et
pointues. La formule radulaire : 23 à 29 (1-1-1)). Après une étude approfondie, cette flabelline a été décrite en 2008 sous le nom Flabellina confusa.
Mais...
Si le nom d'espèce de Piseinotecus gaditanus a été modifié en 2017 [Korshunova &al 2017] pour devenir Calmella gaditana, le statut d'espèce à part entière de Flabellina confusa a, lui, été modifié en 2018, après des études moléculaires [Furfaro &al 2018] puisque ce taxon est considéré dorénavant comme un simple synonyme de Flabellina gaditana.
Faceline de Cadix : simple adaptation du nom scientifique, mettant en exergue le nom d'espèce signifiant Cadix.
Nom proposé par DORIS.
Flabellina : diminutif du latin [flabellum] = éventail.
Concernant les anciens noms de Genre de cette espèce :
- Piseinotecus : Il s'agit d'un nom de genre créé en 1955 par Ernst Marcus, malacologue allemand ayant fait, avec son épouse Evelyne, carrière au Brésil. Ce nom vient d'une anecdote domestique : une de leurs visiteuses, descendant l'escalier de la maison trébucha sur Teco, le chien des Marcus, et dit à leurs amis : "Pisei no Teco" (j'ai marché sur Teco). Le nouveau genre que Marcus était en train de décrire venait d'être nommé.
- Calmella : Eliot en 1910 découvre sur une espèce du genre Calma (Calma cavolini) une différence anatomique notable et non concordante avec la description du genre Calma existant. Il inventa donc spécialement le genre Calmella à partir du mot Calma. Calmella est ainsi un diminutif de Calma. Calma est un fils d'une divinité guerrière irlandaise.
gaditana : vient du nom de Gadès, colonie romaine devenue Cadix, au sud de l'Espagne. Le premier exemplaire décrit venait des rivages de Cadix.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Nudipleura | Nudipleures | |
Ordre | Nudibranchia | Nudibranches | Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre. |
Sous-ordre | Cladobranchia | Cladobranches | |
Famille | Flabellinidae | Flabellinidés | Éolidiens de forme étroite, avec des tentacules pédieux. Les cérates sont parfois insérés sur des pédoncules dorsaux. |
Genre | Flabellina | ||
Espèce | gaditana |
Faceline de Cadix en déplacement
Ce spécimen a été dérangé et rampe sur le substrat, après s'être un peu étalé. Il laisse sa ponte derrière lui. Les taches rouges des mandibules et l'œil sont bien visibles. L'auteur de la photo hésitait à l'époque avec Flabellina confusa, puisque rien ne permettait de la différencier extérieurement. Mais depuis, cette dernière espèce est devenue un synonyme de C. gaditana.
Du coup... :-)
Le Mimbeau, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon, (33), 10 m
10/08/2008
Individu bien étiré
Spécimen bien étalé, montrant tous ses cérates.
Grand-Banc, Bassin d'Arcachon (33), 3 m
05/09/1999
Individu de quelques millimètres
Les cérates sont bien visibles.
Notez la couleur blanche opaque du bout des rhinophores et tentacules labiaux.
Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon, (33), 5 m
28/08/20
Echelle de grandeur
Spécimen en balade sur une Zostera noltii, ce qui donne l'échelle.
Grand-Piquey, Bassin d'Arcachon (33), 5 m, de nuit
30/10/2004
Méli-mélo
Deux partenaires enchevêtrés en train de copuler.
Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon, (33), 3 m
07/1997
Holothype de l'ex-Flabellina confusa
Photos prises en aquarium, de l'individu qui a servi à décrire en 2008 l'espèce alors indépendante : Flabellina confusa.
Si l'aspect extérieur était similaire à Calmella gaditana, cet individu semblait ne pas présenter la même configuration radulaire.
Dix ans après, en 2018, des études moléculaires ont démontré qu'il s'agissait sans doute de C. gaditana et F. confusa a été ramenée à un statut de synonyme.
Ex-situ (individu prélevé Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 3 m)
20/09/2006
Avec sa ponte
Spécimen un peu pelotonné, au milieu des hydraires, avec sa ponte blanche.
Chez Hortense, Cap-Ferret, (33), 10 m, de nuit
23/09/2000
Copulation et ponte
Trois ou quatre individus sur la photo, plus ou moins enchevêtrés, en train de copuler et pondre.
St Yves, Arcachon, (33), 10 m, de nuit
11/08/2005
Ponte en aquarium
Photo prise en aquarium. Le spécimen, qui était l'holotype ayant servi pour l'étude sur Flabellina confusa, a pondu après sa capture.
Ex situ (Individu prélevé Chez Hortense, Cap-Ferret, Bassin d'Arcachon (33), 3 m)
20/09/2006
Au milieu des Eudendrium
Deux spécimens au milieu de leurs hydraires-nourriture favorite : les Eudendriums.
St Yves, Arcachon, (33), 10 m, de nuit
23/08/2006
Rédacteur principal : Michel BARRABES
Vérificateur : Marina PODDUBETSKAIA OSSOKINE
Responsable historique : Michel BARRABES
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Cervera J-L., Garcia J-C., Garcia F-J., 1987, Una nueva especie de Piseinotecus Marcus, 1955, (Gastropoda, Nudibranchia) del litoral ibérico, Boll. Malacologico, 22 (9-12), 215-222.
Furfaro G., Salvi D., Mancini E., Mariottini P., 2018, A multilocus view on Mediterranean aeolid nudibranchs (Mollusca): Systematics and cryptic diversity of Flabellinidae and Piseinotecidae, Molecular Phylogenetics and Evolution, 118, 13-22.
Furfaro G., Salvi D., Trainito E., Vitale F., Mariottini P., 2021, When morphology does not match phylogeny: The puzzling case of two sibling nudibranchs (Gastropoda), Zoologica Scripta, 10.1111/zsc.12484.
Gonzalez-Duarte M-M., Cervera J-L., Poddubetskaia M., 2008, Description of a new Northeastern Atlantic aeolid of the genus Flabellina (Mollusca, Nudibranchia), Bulletin of Marine Science, 82, 33-39.
Korshunova T., Martynov A., Bakken T., Evertsen J., Fletcher K., Mudianta W. Saito H., Lundin K., Schrödl M. Picton B., 2017, Polyphyly of the traditional family Flabellinidae affects a major group of Nudibranchia: aeolidacean taxonomic reassessment with descriptions of several new families, genera, and species (Mollusca, Gastropoda), ZooKeys., 717, 1-139.
Ortea J., Quero A., Rodriguez G., Valdes A., 1993, Presencia de Piseinotecus gaditanus (Gastropoda, Nudibranchia) en las Islas de Cabo Verde, Courier Forsch.-Inst. Senckenberg, 159, 221-224.
La page de Calmella gaditanus dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN