Faceline de Boston

Facelina bostoniensis | (Couthouy, 1838)

N° 561

Atlantique Nord-Ouest et Nord-Est

Clé d'identification

Large pied souvent dissimulé par de longs cérates dorsaux qui recouvrent également la queue
Cérates possédant une marque blanche presque à leur extrémité
Tentacules buccaux très longs avec des marques blanches
Rhinophores annelés avec des marques blanches

Noms

Noms communs internationaux

Boston facelina (GB), Brede ringsprietslak (NL)

Synonymes du nom scientifique actuel

Eolis bostoniensis Couthouy, 1838
Eolis curta Alder & Hancock, 1843
Eolis rufibranchialis Thompson, 1843
Eolis drummondi Thompson W., 1844
Eolis tenuibranchialis Alder & Hancock, 1845
Eolidia janii Vérany, 1846
Eolidia panizzae Vérany, 1846
Aeolis gigas Costa A., 1866

Distribution géographique

Atlantique Nord-Ouest et Nord-Est

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-Ouest

Depuis les côtes du nord-est de l'Amérique jusqu'aux côtes de l'Atlantique Nord-Est.

En ce qui concerne la Méditerranée, une publication de février 2020 de Leila CARMONA tend à montrer, sur des bases génétiques, que tous les individus de Méditerranée ayant été identifiés comme Facelina bostoniensis seraient en réalité de l'espèce Facelina vicina.

Biotope

La faceline de Boston affectionne les fonds rocheux, parfois recouverts d'un peu de sédiment, où elle pourra trouver ses proies.

Description

Ce nudibranche peut atteindre une longueur de 5,5 cm, ce qui est une belle taille pour un éolidien.
Le pied*, large, est souvent dissimulé par de longs cérates* dorsaux qui recouvrent également souvent la queue, partie terminale de ce pied. (Les cérates peuvent atteindre la moitié de la longueur du corps, ils donnent un allure assez large à l'animal). Comme souvent chez les éolidiens, les diverticules de la glande digestive, bruns ou roses, sont visibles par transparence dans ces cérates. Ceux-ci possèdent une tache blanche subterminale. Les tentacules buccaux sont très longs. Les rhinophores* sont annelés. Ces deux séries d'appendices possèdent des marques blanches bien visibles.
Sur la tête et sur la queue se trouvent également des marques blanches. Le tégument est par ailleurs translucide, et laisse voir certaines structures sous-jacentes, comme l'œsophage, rouge, situé entre la base des rhinophores. Autour de la bouche on peut remarquer une teinte rose, et parfois sur la tête un peu d'iridescence bleue. Quelques marques blanches peuvent ponctuer le corps. Des tentacules pédieux existent, mais ne semblent pas souvent visibles.

Espèces ressemblantes

Facelina auriculata (O.F. Muller, 1776), mais celle-ci est moins large que Facelina bostoniensis, elle possède des cérates moins longs qui laissent toujours sa queue apparente et possède davantage d'iridescence bleutée.

Facelina vicina : seules des études génétiques ont permis de distinguer les deux espèces ! Mais cela a débouché sur une répartition géographique assez stricte à ce jour : F. vicina vit en Méditerranée alors que F. bostoniensis vit sur les deux façades de l'Atlantique.

Alimentation

La faceline de Boston se nourrit d'hydraires comme Ectopleura larynx Ellis & Solander, 1786, Tubularia indivisa Linnaeus, 1758 et Clava multicornis (Forskal, 1775). Elle peut toutefois se nourrir d'autres hydraires quand les espèces précédentes sont absentes, et elle a déjà été observée en Norvège se nourissant aux dépends de Virgularia mirabilis (Müller O.F., 1776), une pennatule.

Reproduction - Multiplication

Ces mollusques sont hermaphrodites*, les individus s'échangeant simultanément leurs gamètes* pendant un accouplement croisé. Elle est déposée sous la forme d'un cordon spiralé "à la grecque", ce qui est fréquent chez les éolidiens, sur la base de Tubularia sp. par exemple.
Une prise de vue très rapprochée de cette espèce en cours d'accouplement a déjà montré une très étrange structure résultant de la dévagination et du gonflement d'organes sexuels.

Vie associée

Elle se trouve souvent à proximité de ses proies : Tubularia sp. et Clava multicornis.

Divers biologie

Un des moyens de défense les plus utilisés par les nudibranches, notamment les éolidiens, est la récupération des armes utilisées par leurs proies spécifiques et le recyclage de ces armes à leur propre profit. Ainsi, Facelina bostoniensis, qui mange la tête des polypes d'hydraires, non seulement n'est pas blessée par l'action fortement urticante des cnidocytes* de l'hydraire mais fait migrer ces cellules urticantes (une des hypothèses est que ces cnidocytes sont embryonnaires mais le mécanisme de cette immunité est encore grandement incompris) intactes jusqu'à l'extrémité de son système digestif et les stocke dans ses cnidosacs*, au sommet des cérates. Ces cellules urticantes sont désormais allouées à sa propre protection et se déclencheront si Facelina bostoniensis est attaquée. Dès lors, on ne connaît pas beaucoup de prédateurs à cet éolidien...

Deux traits caractéristiques des éolidiens sont la présence de cérates* (les appendices dorsaux) ainsi que l'absence du panache branchial visible ou présent dans d'autres sous-ordres.. En effet, la respiration des éolidiens se fait non pas au travers de branchies mais directement au travers de la membrane des cérates. On parle de respiration cutanée.

Les rhinophores* sont les organes "chimiques" des nudibranches. C'est entre autre grâce à eux que l'animal perçoit son environnement, reconnaît les signaux de ses congénères ou ses proies.

Ces rhinophores sont également utiles à l'orientation car sensibles aux paramètres physiques, comme le sens des courants, la luminosité, la température, etc.

Les tentacules buccaux sont, eux, plus précisément destinés à un rapport de contact avec l'environnement.

La radula*, pièce physique primordiale dans la nutrition de la plupart des mollusques opisthobranches, est une sorte de langue râpeuse, située dans le larynx et constituée de nombreux denticules acérés. La forme de la radula, des denticules, leur agencement, sont des éléments spécifiques d'une espèce donnée et sont discriminatifs quant à l'identification et la taxonomie de cette espèce. Son observation exige néanmoins du matériel optique de laboratoire.

Origine des noms

Origine du nom français

Faceline de Boston : francisation du nom scientifique (Facelina bostoniensis).

Origine du nom scientifique

Facelina : vient du latin et désigne un aspect avec des lignes. Ce terme a autrefois désigné les fagots dans lesquels Oreste aurait amené la statue de Diane de Scythie en Italie. Facelina est le surnom de Diane en Sicile.
L'adverbe latin facete concerne par ailleurs quelque chose d'élégant, de fin...

bostoniensis est la latinisation du nom de la ville d'Amérique du Nord : Boston. Ce nom a été donné en hommage au nom du lieu où s'est déroulé le premier acte de la Révolution des futurs USA : "The Boston Tea Party". En raison des taxes imposées par l'Angleterre à la jeune colonie, toute une cargaison de thé fut jetée à la mer par des insurgés, ce qui déclencha une suite d'événements qui amenèrent à l'Indépendance des USA.
Comme le dit avec humour Bill Rudman (The Sea Slug Forum), on peut quand même déplorer que cette action révolutionnaire, mais très polluante, ait du avoir pour conséquence la mort d'un certain nombre d'organismes marins, parmi lesquels des Facelina bostoniensis...

Il est à remarquer à ce propos que cette espèce, qui peut être observée de part et d'autre de l'Atlantique Nord, a d'abord reçu son nom sur les côtes américaines, et non pas sur les côtes européennes, comme c'est souvent le cas pour les espèces qui vivent de part et d'autre de cette zone géographique. Sur les côtes européennes, elle a été décrite en 1843 par Alder & Hancock (Eolis curta).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 139908

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Gastropoda Gastéropodes Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules.
Sous-classe Heterobranchia Hétérobranches
Super ordre Nudipleura Nudipleures
Ordre Nudibranchia Nudibranches Cavité palléale et coquille absentes chez l’adulte. Lobes pédieux souvent absents aussi. Respiration cutanée, à l’aide de branchies, de cérates ou d’autres appendices. Tête portant une ou deux paires de tentacules, les tentacules postérieurs ou rhinophores peuvent parfois être rétractés dans des gaines. Principalement marins ou d’eau saumâtre.
Sous-ordre Cladobranchia Cladobranches
Famille Facelinidae Facelinidés Eolidiens au corps grêle, aux cérates groupés en faisceaux, sans pédoncule. En général tentacules pédieux, rhinophores à lamelles ou annelés.
Genre Facelina
Espèce bostoniensis

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