Corps large et robuste, grande taille atteignant 2 m
Robe gris clair à beige voire bleutée
Taches noires irrégulièrement réparties sur les flancs, en étoile autour des yeux
Grande bouche, lèvres bien développées
Mâchoire inférieure proéminente, tête pointue
Mérou marron, vieille tukula aux Seychelles, cabot malgache
Potato grouper, potato cod, potato bass, black-spotted rock-cod, brown-marbled grouper, brown-marbled reef cod, brown-marbled grouper, brown-marbled reef cod (GB), Mero patata (E), Garoupa batata (P)
Serranus dispar Playfair, 1867
Mer Rouge, région Indo-Pacifique de l'Afrique de l'Est jusqu'à l'Australie
Zones DORIS : ● Indo-Pacifique, ○ [Mer Rouge]L'espèce Epinephelus tukula est présente dans l'Indo-Pacifique Ouest, depuis la mer Rouge à l'Afrique de l'Est, jusqu'au sud du Japon et au Queensland en Australie. On la trouve également près des îles Paracels en mer de Chine méridionale.
Ce poisson sédentaire vit à proximité des récifs : il évolue principalement dans les chenaux récifaux profonds et à proximité des monts sous-marins, dans les zones de courant de 10 à 400 mètres de profondeur. Les juvéniles peuvent être trouvés dans les cuvettes supralittorales*.
Ce poisson a le corps large et robuste, gris clair à beige voir bleutée, avec des taches noires irrégulièrement réparties. Autour des yeux, on peut apercevoir des taches noires s’étirant en étoile.
La bouche est grande et entourée de lèvres développées bien remarquables. La mâchoire inférieure est proéminente par rapport à la supérieure, donnant un aspect pointu à la tête. En raison de la taille de l'animal, l'opercule* et le préopercule* peuvent être facilement observés par le plongeur.
Les nageoires de ce poisson sont noires et ponctuées de points noirs. Les nageoires pectorales sont arrondies et larges, les premiers rayons durs de la nageoire dorsale sont bien visibles lorsqu'ils sont dressés.
C'est l'un des plus grands mérous de l'Indo-Pacifique : en effet, seule la loche géante Epinephelus lanceolatus peut le surpasser en taille et atteindre 2,7 m de longueur.
Le mérou-patate peut être confondu avec d'autres espèces du genre Epinephelus :
- Le mérou blanc Epinephelus aeneus plus pâle et surtout plus petit
- Le mérou nébuleux Epinephelus erythrurus plus brun et beaucoup plus petit
- Le mérou marron Epinephelus fuscoguttatus plus petit et dont les taches sur le corps sont beaucoup plus irrégulières
- Le mérou-camouflage Epinephelus polyphekadion qui présente des taches plus foncées et irrégulières sur un fond plus clair
- La loche géante Epinephelus lanceolatus dont les taches sont blanchâtres
Le mérou-patate est carnivore et se nourrit, selon sa taille, de crustacés comme des crabes ou des langoustes, puis de mollusques comme les céphalopodes et de poissons, y compris de raies qu'il chasse à l'affût.
Comme la plupart des mérous, ce poisson est hermaphrodite* protogyne* (il change de sexe, d'abord femelle puis mâle). La plus petite taille corporelle à laquelle les femelles matures ont été observées était de 90 cm de longueur totale (Yeh, 2003). Cependant, il n'y a aucun enregistrement de la taille ou de l'âge auquel le changement de sexe naturel se produit.
À certaines périodes de l'année, les mérous matures se rassemblent pour se reproduire. Ils nagent rapidement en eau libre afin d'évacuer les gamètes* pour la fertilisation*. Les œufs migrent dans les courants parmi le zooplancton*. Après éclosions rapides, les larves* descendent jusqu'à une dizaine de mètres de profondeur où elles grandissent plus ou moins vite en fonction de la température de l'eau.
Ce poisson est plutôt solitaire et sédentaire. Il est considéré comme territorial et très agressif envers les intrus. Vis-à-vis des plongeurs, il est peu farouche et n'hésite pas à venir au contact. Ces caractéristiques le rendent vulnérable aux chasseurs sous-marins.
Ce poisson aime se réfugier sous des abris tels que grottes, surplombs, patates de corail et épaves.
La bouche est protractile* (capacité à être projetée vers l'avant). Cela permet l'aspiration des proies par augmentation du volume interne de la bouche.
Epinephelus tukula est une nouvelle espèce aquacole à fort potentiel économique (Yeh, 2003). En effet, il combine une valeur marchande élevée, un taux de croissance rapide par rapport aux autres mérous et une bonne adaptation à la captivité.
Un mérou hybride a été obtenu par insémination artificielle, en prenant E. akaara comme parent femelle et E. tukula comme parent mâle (Li, 2019).
Bien que le mérou Epinephelus tukula soit classé "en danger critique d'extinction" sur la liste rouge du Japon, l'UICN* (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a classé l'espèce dans la catégorie "Least Concern" en 2016, c'est-à-dire présentant une préoccupation mineure quant à sa durabilité. Il a toutefois été recommandé de prioriser les recherches concernant sa biologie et sa pêche en vue d'une éventuelle requalification de ce classement.
Un certain nombre de mesures de préservation sont d'ores et déjà en place localement visant à interdire sa pêche commerciale et/ou récréative (Afrique du Sud depuis 1992, Mozambique depuis 1999, Kenya et Tanzanie etc.). Toutefois la bonne application de ces restrictions demeure difficilement vérifiable au sein de certaines de ces zones.
Mérou : le mot vient de l’espagnol [mero], d’origine obscure, qui signifie « vieille de mer, mérou ». On trouve le mot espagnol francisé en 1752 dans la quatrième édition du Traité de l'orthographe franc̜oise, en forme de dictionnaire (Tome 2, p. 382) de P. Restaut, avec la définition suivante : « Méro : sorte de poisson ».
patate : vraisemblablement en référence aux taches ovoïdes sombres en forme de "patates" qui ornent ses flancs.
Epinephelus : du grec [epi] = sur et [nephelus] = nuage, "couvert de nuages". Ce mot décrit une livrée portant des taches contrastées, irrégulières, disposées de manière désordonnée sur tout le corps.
tukula : vieille tukula est le nom du poisson donné aux Seychelles et le mot
tukula proviendrait du malgache signifiant "mangeur d'hommes", en raison
de sa taille et de sa réputation locale. Morgan a gardé ce nom pour
cette espèce.
Numéro d'entrée WoRMS : 218246
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Vertebrata | Vertébrés | Chordés possédant une colonne vertébrale et un crâne qui contient la partie antérieure du système nerveux. |
Super classe | Osteichthyes | Ostéichthyens | Vertébrés à squelette osseux. |
Classe | Actinopterygii | Actinoptérygiens | Ossification du crâne ou du squelette tout entier. Poissons épineux ou à nageoires rayonnées. |
Sous-classe | Neopterygii Teleostei | Néoptérygiens Téléostéens | Poissons à arêtes osseuses, présence d’un opercule, écailles minces et imbriquées. |
Super ordre | Acanthopterygii | Acanthoptérygiens | Rayons épineux aux nageoires, écailles cycloïdes ou cténoïdes, présence d'une vessie gazeuse et pelviennes thoraciques ou jugulaires, sans être systématiquement présents, sont des caractères que l'on ne rencontre que chez les Acanthoptérygiens. |
Ordre | Perciformes | Perciformes | Nageoires pelviennes très rapprochées des nageoires pectorales. |
Sous-ordre | Percoidei | Percoïdes | Une ou deux nageoires dorsales dont les éléments antérieurs sont des épines aiguës. Nageoires pelviennes avec une épine, rayons mous. |
Famille | Serranidae | Serranidés | 1 à 3 épines sur l’arrière de l’opercule. |
Genre | Epinephelus | ||
Espèce | tukula |
Gros poisson au regard très expressif
Comme pour notre mérou brun méditerranéen, le fait d'être observé par ce gros poisson débonnaire ne laisse pas indifférent.
Cairns, Australie, 20 m
17/11/2015
Un énorme mérou !
Les taches ovoïdes sombres présentes sur les flancs du mérou-patate sont probablement à l'origine de sa dénomination vernaculaire. Les épines dorsales dressées de cet individu trahissent peut-être une humeur particulière : intérêt, dérangement, autre ?
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, 10 m
15/07/2018
Gros plan sur la robe
Les taches caractéristiques ornant les flancs du mérou-patate permettent de le distinguer des autres mérous de grande taille.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, 10 m
17/07/2022
Grande gueule
Le gros plan réalisé sur la gueule béante de ce gros mérou permet d'apercevoir les dents de la mâchoire supérieure, caractéristiques d'un prédateur soucieux de retenir les proies potentiellement glissantes qu'il aura capturées.
Cairns, Australie, 20 m
21/11/2015
Mâchoire inférieure proéminente
Cette vue de dessous permet de visualiser la configuration très avancée de la mâchoire inférieure.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, 20 m
18/07/2022
Déparasitage
Ce mérou-patate bénéficie d'opérations de nettoyage, dispensées par de petits labres spécialisés visibles au niveau de la joue et de la nageoire dorsale.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, 20 m
28/03/2017
Mérou sud-africain
Le récif d'Aliwal Shoal permet d'observer le mérou-patate en Afrique du Sud.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, 25 m
18/07/2022
Dans son habitat
La mérou-patate est sédentaire, cet individu s'est réfugié sous un surplomb rocheux en Afrique du Sud.
Aliwal Shoal, Afrique du Sud, 25 m
14/07/2018
Association de super prédateurs
Ce mérou-patate, à l'instar de nombreux requins, a été attiré par une opération de nourrissage, pratique controversée.
Cairns, Australie, 20 m
20/11/2015
Robe sombre
Cet indidu, au contact des plongeurs et reconnaissable à ses taches caractéristiques, revêt une teinte tirant vers le brun.
Umkomaas castle, Afrique du Sud, 21 m
24/10/2017
Un poisson peu farouche
Ce mérou semble désireux d'entrer en contact avec le plongeur, une expérience sans doute inoubliable.
Umkomaas castle, Afrique du Sud, 21 m
24/10/2017
En mer Rouge
Bien qu'il ne soit pas fréquemment rencontré en mer Rouge, le mérou-patate n'y demeure pas moins présent comme en témoigne ce cliché de 1995.
Shaab Rur um Gammar, Hurghada, Egypte, 35 m
04/1995
A Mayotte
Cet individu à la robe caractéristique de l'espèce a été rencontré dans une passe à Mayotte.
Passe bateau, Mayotte (976), 30 m
05/09/2022
Ponte en pleine eau
Cette ponte a été observée lors d'une plongée sud-africaine : elle a été déposée en pleine eau à une douzaine de mètres de profondeur, assez loin du fond et de ses habitants pour éviter une prédation trop importante. Le couple de géniteurs était toujours présent à proximité, sans qu'il puisse pour autant être considéré qu'il en assurait une défense active.
Umkomaas, Afrique du Sud, 12 m
17/07/2022
Vidéo : en Tanzanie
On visualise ici un mérou tanzanien très sociable de près d'un mètre de long.
Mafia Island, Tanzanie, 15 m
25/06/2015
Espèce ressemblante
Il existe d'autres mérous de grande taille au sein de l'aire de répartition du mérou-patate. La robe pâle constellée de grosses taches sombres permet de le différencier des autres espèces du genre Epinephelus, E. fuscoguttatus dans le cas présent.
Cairns, Australie, 20 m
21/11/2015
Rédacteur principal : Christophe PREUX
Vérificateur : Gaël MODRAK
Responsable régional : Gaël MODRAK
Kuiter R.H., T. Tonozuka, 2001, Pictorial guide to Indonesian reef fishes. Part 1. Eels - Snappers, Muraenidae - Lutjanidae, Zoonetics Australia, 302p.
Morgans J.F.C., 1959, Three confusing species of serranid fish, one
described as new, from East Africa, Annals and Magazine of Natural
History, 13:1-10, 642–656.
Murase A., Miki R., Wada M., Itou M., Motomura H., Senou H., 2018, Review of the Japanese records of an endangered grouper, Epinephelus tukula, with comments on its population status (Teleostei, Serranidae), ZooKeys, 772, 153-163.
Yeh S.-L., Dai Q.-C., Chu Y.-T., Kuo C, Ting Y., Chang C.-F., 2003, Induced sex change, spawning and larviculture of potato grouper, Epinephelus tukula, Aquaculture, 228, 371-381.
Li Z., Tian Y., Li L., Wu Y., Zhang J., Li Z., Wang L., Cheng M., Pang Z., Ma W., Zhai J., 2019, Characterization of the complete mitochondrial genome of the hybrid grouper Epinephelus akaara ♀ × Epinephelus tukula ♂, with its phylogenetic analysis, Mitochondrial DNA Part B, 4(2), 3350-3351.
La page d'Epinephelus tukula sur le site de référence de DORIS pour les poissons : Fishbase
La page d'Epinephelus tukula dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN