Couleur verte, voire rougeâtre ou brunâtre
Deux rhinophores enroulés et 2 parapodies
Points blancs bleus ou verts
Longueur allant jusqu'à 50 mm
Green Elysia (GB), Lumachina verde maggiore, elisia (I), Elysia verde (E), Grüne Samtschnecke (A), Groene zeenaaktslak(NL)
Laplysia viridis Montagu, 1804
Aplysiopterus neapolitanus Delle Chiaje, 1830
Actaeon elegans de Quatrefages, 1844
Elysia fusca Philippi, 1844
Elysia pagenstecheri Marcus Ev., 1982
Méditerranée, Atlantique, Afrique du Sud
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]Cette espèce se rencontre en Atlantique de la Grande Bretagne au Maroc, aux Canaries, à Madère, aux Açores et au Cap Vert, ainsi qu'en Méditerranée. Elle a également été observé en Afrique du Sud.
On rencontre principalement E.viridis sur son lieu de nutrition et sur des fonds rocheux colonisés par des algues : vertes, rouges, brunes et des phanérogames : posidonies, zostères. De la surface jusqu'à 20 mètres de profondeur environ.
Limace de mer pouvant atteindre 50 mm de longueur, Elysia viridis arbore le plus souvent une couleur verte d'où son nom. En revanche, on peut la rencontrer sous des couleurs plus « chaudes » : rougeâtre voire brunâtre. Son manteau* est parsemé de petits points blancs, bleus ou verts.
Elysia viridis possède 2 rhinophores* enroulés très visibles, au pied desquels se trouvent 2 points noirs : les taches oculaires. Elle possède également 2 petits tentacules* pédieux* et 2 parapodies* dorsales en forme d'ailes, bordées de blanc, qui s'étendent sur toute la longueur du corps. Sur certains individus, entre ses parapodies, on peut voir un système de vaisseaux dorsaux s'anastomosant. La coquille est inexistante.
Elysia timida (Risso, 1818) : couleur blanche avec points rouges.
Elysia flava (Verrill, 1901) : corps jaunâtre translucide, parapodies bordées de blanc et au travers desquelles il est possible de voir des amas verts.
Elysia margaritae (Thompson & Jaklin, 1988) : cette élysie peut atteindre la taille de 40 mm de long, au max. Le corps est vert-jaunâtre pâle avec des taches superficielles bleues sur la face extérieure des parapodes ainsi que rougeâtres à blanchâtres ici ou là. On peut noter la présence de pustules blanches sur le bord des parapodies.
Elysia hetta (Perrone, 1990) : espèce décrite dans le golfe de Tarente.
Elysia translucens Pruvot-Fol, 1957 : animal plutôt triangulaire, verdâtre quasi transparent. Parfois quelques petits points foncés ou taches blanches mais la transparence laisse entrapercevoir l'anatomie interne. Certains auteurs estiment que la ressemblance avec E. viridis est telle que l'on ne peut distinguer les deux espèces seulement en les conservant dans le formol puis en attendant qu'une décoloration totale ait lieu. E. translucens deviendrait alors entièrement blanche, tandis que E. viridis conserverait un un pigment grisâtre.
Bosellia mimetica Trinchese, 1891 : la bosellie est plutôt ronde et plate, difficile à trouver. Ce sacoglosse est entièrement vert, bien que parfois marqué de brun ou de blanc pour parfaire le mimétisme avec les articles* de l'algue Halimeda tuna sur laquelle on le rencontre (ainsi que sur Flabellia petiolata).
Elysia viridis se nourrit d'algues vertes, rouges ou brunes (comme Acetabularia sp., Bryopsis sp., Cladophora sp., Codium sp., Ulva sp., Vaucheria sp.), et d'autres phanérogames (posidonies, zostères.)
Selon Fretter (1941), Elysia applique sa face contre la surface d'un Codium et tandis qu'une sécrétion des glandes péribuccales et pédieuses (relatif au pied du mollusque) assurent une ferme adhérence, le sommet de l'odontophore* portant la radula* dirigée vers l'arrière fait saillie et se rétracte. La membrane cellulaire de l'algue se perfore et Elysia peut ainsi se délecter du contenu cellulaire en l'aspirant.
Elysia viridis est hermaphrodite*. Lors de l'accouplement dit « simultanément réciproque », les 2 individus jouent simultanément le rôle de mâle et femelle. Ils se disposent tête-bêche, flanc droit contre flanc droit ou tête contre tête, queue contre queue.
Les œufs blancs, de diamètre de 0,06-0,07 mm, sont déposés dans des masses gélatineuses allongées, plus ou moins filamenteuses et enroulées en spirale. L'éclosion suit de quelques jours le dépôt de la ponte et presque toujours au stade larve* véligère nageuse à coquille et opercule. Elle mène une vie libre dans le plancton* et se métamorphose au contact d'animaux ou de végétaux. Une seule génération annuelle.
Association avec les chloroplastes* des végétaux ingérés.
Elysia viridis récupère les chloroplastes et parvient à les faire assimiler à ses propres cellules, on parle de kleptoplastie* (de kleptein = voler et plaste = chloroplaste) qui signifie littéralement "vol de chloroplastes". Les chloroplastes ainsi stockés peuvent rester viables durant plusieurs semaines voire plusieurs mois. Ils fournissent à notre limace des sucres issus de la photosynthèse* dont elle pourra se nourrir. Les parapodies sont souvent largement étalées afin d'offrir, probablement, un maximum de surface aux rayons lumineux.
La radula est unisériée où seule subsiste la dent rachidienne (0-1-0) soit une seule dent par rangée. La dent usée d'E. viridis ne tombe pas, elle s'accumule dans une sorte de sac (d'où le nom de Sacoglosse pour l'ordre) en raison de la différenciation d'un asque (ou cæcum) en arrière de la radula.
Les points noirs au pied des rhinophores sont les taches oculaires, zones d'afférences lumineuses qui permettent sans doute à l'élysie de distinguer des contrastes de lumières et d'ombres.
Quand E. viridis est dérangée ou attaquée, elle peut produire un mucus défensif contenant des polypropionates [Gavagnin et coll., 1994] sécrétés de novo ( c'est à dire nouvellement synthétisées car absente chez les algues) chez la limace de mer, ayant un effet « repousse-prédateur ».
L'autre moyen de défense d'E. viridis est plus passif, il s'agit de l'homochromie*. E. viridis se camoufle naturellement grâce à son alimentation qui lui fournit une couleur verdâtre. Ceci lui garantit une parfaite harmonie de couleur avec les frondes* des végétaux verts sur lesquels on peut la trouver.
La locomotion d'Elysia viridis met en jeu la ciliature, la musculature, le pied et parfois les parapodies avec lesquelles elle peut nager.
Au cours d'expériences en aquarium, Stiliger vesiculosus, un autre petit Sacoglosse, a mangé les œufs d'E. viridis.
Traduction littérale du nom scientifique.
Elysia : du latin [Elysium] = l'Elysée (séjour des héros et des hommes vertueux après leur mort) et du grec [Elusia] = « Iles Bienheureuses », là où les héros et âmes vertueuses venaient se reposer.
viridis : en latin = vert.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Gastropoda | Gastéropodes | Mollusques à tête bien distincte, le plus souvent pourvus d’une coquille dorsale d’une seule pièce, torsadée. La tête porte une ou deux paires de tentacules dorsaux et deux yeux situés à la base, ou à l’extrémité des tentacules. |
Sous-classe | Heterobranchia | Hétérobranches | |
Super ordre | Sacoglossa | Sacoglosses | Coquille à paroi fine et en forme d’œuf ou de 2 valves, ou absente. Les espèces sans coquille sont pourvues de parapodies ou de cérates. 2 paires ou pas de tentacules sur la tête (rhinophores en tube). |
Famille | Plakobranchidae | Plakobranchidés | |
Genre | Elysia | ||
Espèce | viridis |
Verte parsemée de points blancs
Bien qu'elle puisse être rencontrée avec une couleur rougeâtre voire brunâtre, l'élysie verte est le plus souvent une limace de mer qui arbore une couleur verte plus ou moins parsemée de points blancs.
Etang de Thau (34), 4 m
20/04/2008
Avec des points bleus
Ce bel individu néerlandais présente un grand nombre de points bleus.
Grevelingenmeer, Zélande, Pays-Bas, 2 m
20/05/2006
Lieu de rencontre
E. viridis se rencontre sur son lieu de nutrition (algues et phanérogames). On voit clairement qu'E. viridis peut arborer des couleurs plus brunâtres.
Zélande (Pays-Bas), 1 m
20/06/2007
Sur l'estran
Il n'est pas rare de rencontrer Elysia viridis sous les pierres immergées de l'estran. Ses parapodies n'étant pas étalées dans l'eau, on reconnaîtra aisément cette espèce aux points bleus brillants de son manteau.
Landrellec (22), estran
06/2008
Deux rhinophores
L'Elysie verte possède 2 rhinophores enroulés très visibles.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
20/06/2007
Des parapodies dorsales
Outre 2 petits tentacules pédieux, l'élysie verte possède 2 parapodies dorsales en forme d’ailes, bordées de blanc, qui s’étendent sur toute la longueur du corps.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
20/06/2007
Des vaisseaux dorsaux anastomosés
L'élysie verte est un animal muni de parapodies dorsales, qui sont souvent largement étalées afin d’offrir, probablement, un maximum de surface aux rayons lumineux. Cette belle image laisse parfaitement voir le système de vaisseaux dorsaux. Sont bien visibles également les 2 rhinophores céphaliques enroulés et les deux taches oculaires.
Pertuis d'Antioche, entre Oléron et le continent (17), 2 m
20/08/2013
Panneau solaire
Les parapodies sont souvent largement étalées afin d’offrir, probablement, un maximum de surface aux rayons lumineux. A faible profondeur, sur des sargasses, elles reçoivent au maximum les rayons du soleil. Visiblement cela a un effet original sur cet individu qui, bien que seul au moment de la prise de vue, avait sa papille génitale bien visible....
Oosterschelde, Zélande, Pays-Bas, 2 m
08/06/2008
La reproduction en accéléré !
1. Poursuite nuptiale : Poursuite d'individus en vue de la reproduction. Les papilles génitales sont proéminentes, bien visibles déjà. Blanches, elles sont placées sur la droite, juste derrière la tête.
2. Enroulement : L'accouplement est précédé d'une phase d'enroulements afin de permettre la mise en contact des orifices génitaux. Les papilles génitales turgescentes sont proches l'une de l'autre, en face-à-face.
3. Accouplement. L'accouplement est réalisé ici : les deux individus ont réussi à accoler leurs orifices génitaux, placés sur la droite, juste derrière la tête.
4. Ponte. La ponte, collante, est déposée sur de petites algues.
Grevelingenmeer, Zélande, Pays-Bas, 2 m
Vincent MARAN
Alain-Pierre SITTLER
20/05/2006
Herbivore
L'élysie verte perce la membrane cellulaire des algues pour se nourrir en l'aspirant du contenu de la cellule. C'est pourquoi on la rencontre fréquement dans les biotopes végétaux.
Cet individu redescend d'une feuille de posidonie. Sur son chemin, quelques pontes qui ne lui appartiennent pas.
Etang de Thau (34)
03/05/2008
Locomotion
Au cours de son déplacement, E. viridis utilise la ciliature, la musculature, le pied et parfois les parapodies à l'aide desquelles elle est capable de nager.
Zélande (Pays-Bas), 8 m
20/06/2007
En Zélande
Une distribution nordique de l'espèce : la Zélande, province maritime du sud-ouest des Pays-Bas, sur la mer du Nord.
Site de Gemaal van Dreischor, Zélande, Pays-Bas, mer du Nord, 3 m
16/05/2015
Dans la lagune de Thau
Individus de Thau. Sa couleur verte est d'une homochromie parfaite avec les champs végétaux de la lagune.
Etang de Thau (34)
03/05/2008
Dans les Bouches-du-Rhône
Elysia viridis est fréquente sur l'ensemble de notre littoral, de la mer du Nord à la Méditerranée, comme ici à Marseille.
Marseille (13), 10 m
02/05/2008
Rédacteur principal : Samir ALLIOUANE
Vérificateur : Michel KUPFER
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable historique : Aedwina REGUIEG
Responsable régional : Alain-Pierre SITTLER
Gavagnin M., Marin A., Mollo E., Crispino A., Villani G., Cimino G., 1994, Secondary metabolites from mediterranean elysioidea: origin and biological role, Comparative Biochemistry and Physiology Part B: Biochemistry and Molecular Biology, 108, 107.
Hyman L.H., 1967, THE INVERTEBRATES, MOLLUSCA I, ed. McGraw-Hill, Etats-Unis, 792p.
Marín A., Ros J.D., 2004, Chimical defenses in Sacoglossan Opisthobranchs : Taxonomic trends and evolutive implications, Scientia Marina, 68(1), 227-241.
Wirz-Mangold K., Wyss U., 1958, FAUNE MARINE DES PYRENEES-ORIENTALES, OPISTOBRANCHES, ed. Herman, France, fascicule III, 71p.
La page d'Elysia viridis dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN