Colonie encroûtante, érigée ou libre à l'aspect hirsute
Forme encroûtante recouvrante sur de grandes algues rouges ou brunes
Forme érigée ou libre ramifiée en petits buissons plus ou moins compacts
Ecorce de dentelle velue
Hairy sea-mat (GB), Corteza pilosa (E), Zottige Seerinde (D), Harige vliescelpoliep (NL)
Flustra pilosa Linnaeus, 1767
Membranipora pilosa (Linneus, 1767)
Flustra verticillata Ellis & Solander, 1786
Flustra dentata Ellis & Solander, 1786
Manche, Atlantique Nord-Ouest et Nord-Est, Méditerranée (rare)
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises], ● Atlantique Nord-OuestElle est largement répandue dans toutes les mers tempérées des côtes européennes, de la Scandinavie au nord à la Méditerranée (rare) au sud. On la rencontre également en Atlantique Nord-Ouest (golfe du Maine).
Pour sa forme encroûtante, elle est très commune sur les pierres, les substrats* durs des surfaces artificielles, les hydraires érigés, les coquilles de mollusques, sur certaines algues brunes comme les Fucus serratus et les laminaires, mais surtout sur les algues rouges telles Mastocarpus stellatus et Chondrus crispus. On peut la rencontrer du médiolittoral* inférieur jusqu'à une cinquantaine de mètres de profondeur.
La forme érigée ou libre est principalement observée sur des fonds sédimentaires ou des cuvettes sablonneuses en zones calmes balayées par des courants réguliers (bassin d'Arcachon).
Ce bryozoaire forme des colonies calcifiées, plus ou moins unilamellaires, blanches à gris argenté et souvent nettement « poilues ». Son aspect est très polymorphe en fonction du support et du milieu.
Sur des supports larges et souples (algues rouges ou brunes lamelleuses), il forme des encroûtements plats en forme d'étoile (± 5-10 cm) à développement irrégulier et anguleux parfois avec plusieurs couches se superposant ou se redressant légèrement.
Sur des supports filiformes (axes d'hydraires ou d'algues à thalles* étroits), il reste encroûtant et gaine entièrement ceux-ci.
Dans les cuvettes de sable, il peut se retrouver libre ou érigé, se présentant sous la forme de fines brindilles « poilues », ramifiées et à l'extrémité pointue. Dans ce cas les rameaux cylindriques sont constitués de 3 à 5 autozoïdes* pour leur largeur. Les rameaux de la forme libre d'Electra pilosa sont plus menus que ceux d'Electra verticillata.
Membranipora membranacea : se présente en colonie de forme plus régulière et souvent plus étendue. Ses zoïdes sont rectangulaires avec de courtes épines à chaque coin.
Electra verticillata, plus rare, il forme des touffes plus grandes et toujours fixées par une matte* dans le sable. Les rameaux sont plus épais, plus aplatis et plus rigides.
Electra posidoniae, moins calcifié, forme de petites lignes blanches sur les feuilles de posidonie. C'est une espèce limitée à la Méditerranée.
Cette espèce est un filtreur* suspensivore* microphage* ; il consomme des bactéries, des diatomées* ainsi que d'autres algues unicellulaires.
La nutrition des zoécies* est assurée de manière individuelle par chaque polypide* de la colonie. Lors de la prise de nourriture, l'opercule* s'ouvre et le lophophore* est érigé en entonnoir. Les cils des tentacules, capables de créer des microcourants, permettent l'acheminement des particules alimentaires vers la bouche au centre du lophophore.
Cette espèce peut se reproduire de façon sexuée et asexuée. Comme la plupart des Gymnolèmes, elle est hermaphrodite* protandre* et il y a oviparité*.
Dans la reproduction sexuée, l'incubation des œufs fécondés se fait dans une chambre incubatrice appelée ovicelle*. Ils sont ensuite libérés dans l'environnement et passent par un stade larvaire* planctonique*. La larve nageuse ciliée, après avoir passé plusieurs semaines dans le milieu pélagique*, va se fixer sur un substrat approprié. Après plusieurs métamorphoses, cette larve, qui reçoit le nom de cystide* formateur ou ancestrule*, va bourgeonner par reproduction asexuée. Ce bourgeonnement présente deux phases : développement en premier lieu du cystide suivi de la mise en place du polypide*.
Ce bryozoaire est la proie de prédilection de certains mollusques nudibranches : Adalaria proxima, Limacia clavigera.
De petits pycnogonides comme Achelia longipes peuvent également être associés aux colonies d'Electra pilosa.
Description microscopique :
Autozoïdes* ovales, oblongs, typiquement organisés en quinconce, à bords renforcés (± 0,53 sur 0,30 mm). Epines variables en forme et en nombre (13 au maximum) autour de la membrane frontale et une ± longue épine chitineuse et lisse constante, médiane, implantée en proximal* de l'opesia* et souvent visible à l'œil nu. Nombreux pores* sur le gymnocyste* visibles en proximal et opesia ovale occupant ½ à ⅔ de la longueur zoïdale. Lophophore* à ± 13 tentacules* translucides.
Plusieurs variations anatomiques ont amené certains auteurs à décrire de nombreuses formes, variétés ou sous-espèces (Electra pilosa dentata (Ellis & Solander, 1786) et Electra pilosa pilosa (Linnaeus, 1758)), toutes sont non valides à ce jour (2017).
Ecorce : pour la forme encroûtante à laquelle seule se réfère ce nom commun, l'aspect général fait penser à l'écorce d'un arbuste.
Pileuse : couvert de poils, en fait les nombreuses épines des autozoïdes*.
Electra : dans la tradition grecque Electre était la fille de Okeanos et de Téthys.
pilosa : du latin [pilosus] : couvert de poils.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Bryozoa / Ectoprocta | Bryozoaires / Ectoproctes | Petits animaux coloniaux filtreurs aquatiques fixés à un substrat. Tous les zoïdes sont en continuité physique et issus de bourgeonnement à partir d’un individu unique. Chaque zoïde porte un lophophore rétractile et est abrité dans une logette. |
Classe | Gymnolaemata | Gymnolèmes | Colonies polymorphes. Les zoïdes sont cylindriques ou aplatis, les lophophores circulaires. Les parois peuvent être calcifiées ou non. Presque tous marins. |
Ordre | Cheilostomatida | Cheilostomes | Bryozoaires calcifiés, zoïdes* en forme de boîte obturée par un opercule à charnière. Gymnolèmes les plus nombreux et les plus diversifiés des régions littorales, souples à rigides. Groupe au polymorphisme marqué où l’on trouve des individus différenciés (aviculaires, vibraculaires, ovicelles globuleux…). |
Sous-ordre | Anasca | Anasques | La paroi frontale (ventrale) est membraneuse, flexible. |
Famille | Electridae | Electridés | Colonie encroûtante ou érigée, uni ou plurilamellaire, avec un développement en longueur souvent semblable à des rubans, forme adaptée au support algual souple et étroit (majorité des espèces). Zoïdes ovales ou triangulaire arrondis. Opesia plus ou moins large, recouverte d'épines variables en nombre et inconstantes. Épine médiane proximale constante chez toutes les espèces. Pas d'aviculaire, de vibraculaire ou d'ovicelle. |
Genre | Electra | ||
Espèce | pilosa |
Dentelle sous forme érigée ou encroûtante
Bassin d'Arcachon / Cherbourg (15 m)
Hervé LIMOUZIN
Philippe LE GRANCHÉ
07/2008-08/1996
Dentelle
La colonie, en forme d'étoile, encroûte une algue rouge.
Fort de l'Est, Cherbourg (50), 15 m
11/08/1996
Forme encroûtante et lophophores
Observez les lophophores de l'écorce pileuse, encroûtante ici sur une algue rouge. Un helcion (Ansates pellucida) arpente également le thalle en quête de nourriture.
Trébeurden (22), 6 m
24/06/2008
Forme érigée et lophophores
Le duvet formé par les lophophores déployés est visible ici.
Hortense, bassin d'Arcachon (33)
12/05/2016
Réticulations encroûtantes
Ici sur une algue brune et en milieu faiblement éclairé.
Trébeurden, Bretagne Nord (22)
07/08/2006
Sur des algues rouges en lames
Sur les stipes des grandes laminaires, et à l'abri de la lumière directe, de nombreuses algues rouges en lames sont recouvertes, en partie ou entièrement, par le bryozoaire Electra pilosa.
La Moulière, Trébeurden (22), 7 m
09/08/2006
Sous la forêt de laminaires
Les fines frondes d'algues rouges sont presque systématiquement colonisées par Electra pilosa.
Bretagne Nord
2000
Electra pilosa & Membranipora membranacea
Attention, sur le haut (thalle vert du laminaire) il ne s'agit plus d'Electra pilosa, mais de l'espèce ressemblante et également encroûtante Membranipora membranacea. Electra pilosa se trouve sur les algues rouges en lames accrochées au stipe ("tronc") du laminaire.
La Moulière, Trébeurden (22), 7 m
09/08/2006
Explosion de la forme libre à Arcachon
A partir de fin Juin 2011, prolifération explosive d'Electra pilosa dans le bassin d'Arcachon. Ce bryozoaire recouvre tous les rochers sur 10 cm et 20 cm dans les fonds, sur une très grande surface.
Chez Hortense, bassin d'Arcachon (33), 10 à 20 m
15/07/2011
Laisse de mer (forme libre)
La marée a laissé de grande quantité de la forme libre d'Electra pilosa dans les rides de la plage.
La règle donne une notion de taille (largeur de la photo = 10 cm).
Plage de Lège-Cap-Ferret (33)
11/05/2017
Croûte épineuse blanche sur algue rouge
Les épines particulièrement longues sont bien visibles sur cette colonie hors de l'eau.
Saint Malo (35), estran
30/10/2011
Épiphytes en concurrence !
Sur une algue brune ("faux fucus"), Electra pilosa est en concurrence pour l'espace avec une petite colonie d'ascidie Botryllus schlosseri.
La Moulière, Trébeurden (22), 7 m
09/08/2006
Forme grêle et érigée
Bouquet accroché au substrat
Le Mimbeau, Cap Ferret, bassin d'Arcachon (33), 5-8 m
10/08/2008
Gros plan sur la forme érigée
Rameaux filiformes, épineux, pointus à leur extrémité.
Le Mimbeau, Cap Ferret, bassin d'Arcachon (33), 5-8 m
10/08/2010
Forme encroûtante au microscope
Autozoïdes ovales. Forme à courtes épines.
Sud Bretagne
01/07/2006
Recouvrement total d'une algue filiforme ramifiée
Il s'agit d'une des formes de Electra pilosa, ici ce bryozoaire a totalement recouvert une algue filiforme ramifiée, d'où son apparence. Ce spécimen a été rencontré en laisse de mer en Manche.
Longues-sur-mer (14), en laisse de mer
21/09/2017
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Rédacteur : Frédéric ANDRÉ
Correcteur : Aurélie FOVEAU
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Bunel N., 1998, Nudibranches et autres Doris : qui mange quoi ? , ed. CIRN/FFESSM, mémoire IFBS, 72p.
La page de Electra pilosa dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN