Petite ascidie (5-7 mm) jaune-verdâtre
Corps presque cylindrique
Individus reliés par une fin stolon jaune
Orifice buccal à 12 lobes, cloacal à 6 lobes
Epibionte des bryozoaires
Miniature sea-squirt (GB), Ascidia miniatura (I,E), Miniatur-Seescheide (D)
Perophoropsis herdmani, Lahille 1887 (dénomination originale),
Perophora herdmani, uniquement dans le Weinberg Méditerranée,
Ecteinascidia minuta (Berrill, 1932)
herdmani est parfois retrouvé orthographié à tord herdmmani ou herdmanni avec deux "m" ou deux "n".
Méditerranée + ?
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française]Endémique (?) de Méditerranée pour certains et présumée cosmopolite des eaux chaudes pour d'autres auteurs. On ne sait pas grand chose sur cette petite ascidie, et il existe plusieurs espèces proches dans toutes les mers chaudes (voir espèces semblables). C'est en Méditerranée que nous l'observerons à coup sûr en plongée.
Les colonies sociales aux stolons rampants de Ecteinascidia herdmani sont fréquemment retrouvées en épibiontes* de bryozoaires (Flustra, Beania,...) dans les fonds coralligènes* en Méditerranée. Plus généralement, elles seront observées de 5 à 30 m où elles partagent l'espace avec les autres petites espèces (algues, hydraires, bryozoaires, autres ascidies miniatures,...) de la sous-strate des substrats* durs.
Ecteinascidia herdmani est une toute petite ascidie qui appartient à la famille des Perophoridés caractérisée par des zoïdes* en une seule partie reliés par des stolons*. Sociale, cette ascidie forme des groupements épars le long des stolons rampants et non pas des bouquets serrés. L'auteur de l'espèce, Fernand Lahille, en fait une description précise dans son ouvrage - Recherches sur les tuniciers des côtes de France - en 1890 :
<< La longueur maximum d'un individu étalé est de 5 à 7 mm, sa largeur de 2-3 mm. Les individus sont transparents, ..., et teintés de jaune-verdâtre.
Quand l'orifice buccal s'entrouvre, il paraît dentelé de douze petits lobes pointus ; mais lorsque l'animal est complètement épanoui, les dents se changent en lobes arrondis peu prononcés, qui s'infléchissent en dehors pour former une sorte de collerette perpendiculaire au tube buccal. Ce tube est deux fois plus long que le tube cloacal. Celui-ci présente toujours six lobes arrondis et se trouve situé à peu près au milieu du corps; sa direction est presque horizontale. ...>>
Description microscopique :
Si maintenant on examine l'animal à la loupe, on est de suite frappé par le réseau de lacunes sanguines de la paroi péribranchiale. Il est plus serré que chez les Perophora et empêche de voir nettement la branchie. Au niveau de l'intestin rectal, les lacunes sont plus larges qu'en tout autre endroit. ...>>
Il n'est pas très facile de distinguer les différentes espèces d'ascidies miniatures qui couvrent les parois sous-marines. Il en existe un grand nombre, et leur observation nécessite beaucoup d'attention et une bonne loupe pour les identifier.
Genre Ecteinascidia :
Ecteinascidia styeloides : semblable, plus translucide, gris verdâtre, siphon cloacal légèrement plus haut, Europe, Pacifique et Caraïbes.
Ecteinascidia turbinata : siphons terminaux et cerclés de jaune ou orange vif, réellement transparents (branchie visible, 19 rangées de trémas), forme des bouquets plus serrés, principalement aux Caraïbes bien qu'également décrite comme présente en Europe.
Genre Perophora :
Perophora bermudensis : ascidie des mangroves. Petite (20-25 mm), transparente teintée d'orange voire d'orange vif, forme des bouquets serrés, les deux siphons sont terminaux. Caraïbes, mais décrite comme présente en Europe.
Perophora japonica : espèce invasive originaire du Japon et de la Corée. 4 mm, transparente et jaunâtre (stolons jaune vif aux ramifications anguleuses), proche visuellement de Ecteinascidia herdmani mais zoïdes plus petits. Distribution plus nordique pour l'Europe : Atlantique, Manche et mer du Nord. Observée pour la France en Normandie et en Bretagne Nord.
Perophora listeri : colonies constituées de nombreux zoïdes (5x4x2 mm) transparents reliés par un stolon peu visible. La branchie, l'estomac brun orangé et la chaîne de fécès grises sont visibles par transparence. Des côtes ouest des îles Britanniques à la Méditerranée.
Perophora multiclathrata : cosmopolite.
Perophora modificata : semblable, mais dans le Pacifique Ouest.
Genre Pycnoclavella (Clavelina) :
Les clavelines naines sont pédonculées et étaient regroupées sur le nom de Clavelina nana. Elles ressemblent par leur taille et leur biotope* à Ecteinascidia herdmani. Elles en diffèrent par une tunique plus transparente et des zoïdes pédonculés en forme de petites clochettes. Les couleurs vont du blanc sale à l'orange vif en passant par le jaune, les côtes branchiales (rangées de trémas) sont presque toujours bien visibles et colorées. Des études moléculaires récentes montrent la nécessité d'une révision sérieuse de ces genres et le regroupement des anciennes et nouvelles espèces sous la seule famille des Pycnoclavellidae : Pycnoclavella aurilucens (jaune), P. (Clavelina) nana, P. atlantica, P. brava, P. communis, P. martae, etc...
Comme les autres tuniciers, c'est un animal filtreur*. L'eau, chargée des particules nutritives, pénètre par le siphon* buccal. Ce dernier est muni d'une couronne de tentacules* sensoriels. Par contraction, ils sont capables de boucher l'entrée aux objets aspirés de trop grande taille. Le liquide qui a pénétré dans l'animal débouche à l'intérieur d'un sac branchial*, puis est amené au niveau de fentes que l'on appelle les trémas. Il passe ensuite dans la cavité péribranchiale, puis ressort par le siphon cloacal*.
Les particules sont retenues au niveau des fentes du filtre et sont enrobées par du mucus, l'ensemble constituant un agrégat nutritif qui est conduit par le battement des cils vers l'estomac via l'œsophage. La digestion y est facilitée par l'action d'une glande digestive qui y est accolée. Après le passage dans l'intestin, les déchets de la digestion sont évacués par un anus débouchant dans le siphon cloacal.
La reproduction des ascidies coloniales présente une alternance de cycles sexués et asexués. Elles sont hermaphrodites*, la fécondation est interne et le développement indirect.
Les périodes de reproduction sexuée pour cette espèce sont mal connues.
C'est par la reproduction asexuée que se forment les individus secondaires par bourgeonnement le long des stolons émis initialement par l'individu souche issu pour sa part de la reproduction sexuée.
Ecteinascidia : du grec [ek-] = hors de, à l'extérieur, [teinô] = tendon, tendre, étirer et [ascidi] = petit sac, bourse.
herdmani : en l'honneur de Sir William Abbott Herdman (1858-1924), professeur à Liverpool, savant ascidiologue anglais et membre de l'expédition Challenger.
[Noter que dans la "Faune de la France illustrée, n° IX, 1930" de Remy Perrier, l'espèce est à tort orthographiée "herdmanni" et fait, également à tort, référence à à Herdmann, un zoologiste allemand présumé avoir étudié les ascidies de l'expédition du Challenger.]
Numéro d'entrée WoRMS : 103754
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Chordata | Chordés | Animaux à l’organisation complexe définie par 3 caractères originaux : tube nerveux dorsal, chorde dorsale, et tube digestif ventral. Il existe 3 grands groupes de Chordés : les Tuniciers, les Céphalocordés et les Vertébrés. |
Sous-embranchement | Urochordata / Tunicata | Urochordés / Tuniciers | Chordés marins fixés (ascidies) ou pélagiques (thaliacés), solitaires ou coloniaux. Epaisse tunique cellulosique. Deux siphons, pharynx bien développé, la chorde larvaire régresse chez l'adulte (sauf chez les Appendiculaires). |
Classe | Ascidiacea | Ascidies / Ascidiacés | Tuniciers fixés. Solitaires ou coloniaux (seuls capables de bourgeonnement). Chorde uniquement au stade larvaire. Siphon inhalant au sommet, proche du siphon exhalant latéral. Souvent en eau peu profonde. |
Ordre | Phlebobranchia | Phlébobranches | Le sac branchial* a des sinus longitudinaux qui portent ou non des papilles internes mais qui ne sont jamais plissés. Ascidies essentiellement solitaires. Gonades* situées sur l’anse du tube digestif ou à proximité. |
Famille | Perophoridae | Pérophoridés | Zoïdes en une seule partie reliés par des stolons. |
Genre | Ecteinascidia | ||
Espèce | herdmani |
Petites ascidies reliées par un stolon
C'est par la reproduction asexuée que se forment les individus secondaires et ceci par bourgeonnement le long des fins stolons jaunes bien visibles ici. Ces stolons sont émis initialement par l'individu souche issu de la reproduction sexuée (fixation d'une larve planctonique sur un support favorable à son développement).
Notez la collerette dentelée de douze (difficile à compter en plongée !) petits lobes pointus de l'orifice buccal lui même surmonté d'un long tube cylindrique.
Capu di Vella, Galéria (2B), 23 m
17/10/2007
Miniature, translucide et jaunâtre
C'est sur des bryozoaires encroûtants que viennent se fixer le plus souvent ces petites ascidies jaunâtres.
Notez les bourgeonnements le long des fins stolons et la distance relativement grande entre chaque individu.
Jeu : combien d'individus appartenant à l'espèce Ecteinascidia herdmani comptez-vous sur cette photo ?
Réponse : environ 19 ! plus 3 à 4 Pycnoclavella sp. de couleur orangée.
Capu di Vella, Galéria (2B), 23 m
17/10/2007
large colonie éparse
Ces ascidies jaunes de très petite taille ont été vues sur un tombant relativement sombre.
Corse, Golfe d'Ajaccio, 50 m
20/04/2019
Ascidie sociale, non coloniale
Il est souvent difficile d'apercevoir ces ascidies miniatures dans la sous-strate animale et végétale des fonds durs.
Le Lavandou (83), 10 m
11/1999
Espèce pérenne
Ces jolies petites ascidies jaunes et translucides sont observées toute l'année en plongée.
Banyuls (66), 6 m
27/03/2010
Cohabitation entre deux petites espèces d'ascidies
En périphérie et jaunâtres, ce sont bien des ascidies miniatures Ecteinascidia herdmani, notez la position perpendiculaire et à mi-hauteur du corps des siphons cloacaux.
Au centre les individus transparents aux rangées de trémas branchiaux pigmentés d'orange vif appartiennent à l'espèce Pycnoclavella nana.
La roche aux éponges au large de la presqu’île de Giens (83), 29 m
27/10/2007
Branchie partiellement visible
Grâce au rétro éclairage sur cette photo, il est possible de distinguer sur les individus de gauche, les rangées de trémas de la branchie qui occupe bien la quasi totalité du corps. Sur un agrandissement de cette photo, on compte bien une quinzaine de trémas ovalaires et rapprochés. Ecteinascidia herdmani s'est ici développé sur un bryozoaire arbustif : la rose de mer, Pentapora fascialis.
La roche aux éponges au large de la presqu’île de Giens (83), 29 m
27/10/2007
Colerette buccale dentelée
Notez la collerette dentelée de douze petits lobes pointus de l'orifice buccal lui même surmonté d'un long tube cylindrique, ce tube est deux fois plus long que le tube cloacal. Celui-ci présente toujours six lobes arrondis et se trouve situé à peu prés au milieu du corps ; sa direction est presque horizontale.
Capu di Vella, Galéria (2B), 23 m
17/10/2007
Détail de la colerette dentelée
Photo prise dans la région de Banyuls/Cerbère (66) dans les années 80/90.
Côte Vermeille (66)
N/A
Colonie serrée
Photo prise dans la région de Banyuls/Cerbère (66) dans les années 80/90.
Côte Vermeille (66)
N/A
Schéma anatomique
Voir la légende sous le dessin.
Les Tuniciers des côtes de France, LAHILLE Fernand
Reproduction de documents anciens
1890
Rédacteur principal : Frédéric ANDRÉ
Vérificateur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Michel PEAN
Responsable régional : Frédéric ANDRÉ
La page d'Ecteinascidia herdmani dans l'Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN