2 valves inéquilatérales et symétriques
Forme de triangle rectangle
Sculpture en treillis
Bord ventral crénelé
Couleur généralement vert olive
Rayons radiaux plus clairs
Périostracum fin et vernissé
Intérieur de la coquille de couleur blanche
2 dents latérales et 2 dents cardinales sur chaque valve
Sinus palléal profond
Olive de mer, haricot de mer, douceron ou blanchette (nord de la France), flion, fléot, fléon (Manche), pignon (Vendée), lusette ou luisette (île d’Oléron), tenouille, cébète ou lagagnon (Sud-Ouest), trialle, tanille, tenille, truille (Méditerranée). Il faut noter que ces noms vernaculaires sont employés conjointement pour toutes les espèces métropolitaines de Donax.
Banded wedge-shell, banded donax (GB), Sägezähnchen, gebänderte Stumpfmuschel, gebänderte Sägemuschel, gebänderte Dreiecksmuschel (D), Zaagje, gewone zaagje (NL), Kilemusling (DK)
Cuneus vittatus da Costa, 1778
Donax anatinus Lamarck, 1818
Donax ruber Turton, 1822
Donax atlanticus Hidalgo, 1867
Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée
Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]C’est une espèce commune qui habite toutes les côtes occidentales de l’Europe : du nord de la Suède en mer de Barentz au sud du Portugal en Atlantique Nord-Est. Sur les côtes françaises on peut le voir de la frontière belge à la frontière espagnole. Elle est également présente sur la côte occidentale de l’Afrique du Maroc à la Mauritanie ainsi qu’aux îles Canaries. Sa présence en Méditerranée est beaucoup plus rare.
Ce donace est rencontré souvent abondamment sur les grandes plages de sable fin des étages médiolittoral* inférieur et infralittoral* jusqu’à 20 m de profondeur environ. Il vit le plus souvent enfoncé verticalement dans le sable, les deux siphons dépassant seuls à la surface du sédiment. Parfois on peut le voir directement posé à la surface du sable. Cependant, quand il est dérangé ou à marée basse, il peut s’ensabler rapidement.
La coquille, très mince, est formée de 2 valves inéquilatérales* mais parfaitement symétriques. Elle a la forme d’un triangle rectangle, le sommet déporté vers l’arrière. Le dos tronqué se termine en pointe, l’avant est plus ou moins arrondi. Sa longueur mesure en moyenne 20 à 30 mm et ne dépasse pas 40 mm, sa hauteur est de 16 mm environ. Sa sculpture consiste en de fines lignes rayonnantes qui partent du sommet vers le bord ventral entrecoupées de lignes de croissance donnant un aspect général de treillis.
La coquille est de couleur blanchâtre, jaunâtre, vert olive à brune avec parfois des bandes concentriques mauves. Des rayons radiaux plus clairs sont visibles le plus souvent. Elle est recouverte d’un périostracum* fin et vernissé de couleur jaune-verdâtre à brunâtre. L’intérieur est de couleur blanche légèrement coloré de violet avec parfois des teintes jaunes ou orange.
Le bord ventral est crénelé faisant penser aux dents d’une scie.
Le ligament*, près du sommet, est petit, allongé et brun foncé. La valve droite possède 2 dents cardinales*, la postérieure assez grosse et bifide, l’antérieure courte et en forme d’arête ; 2 dents latérales* postérieures et une antérieure. La valve gauche arbore 2 dents cardinales plutôt fines dont l’antérieure est bifide*, une dent latérale antérieure et une postérieure. L’empreinte musculaire est peu visible, le sinus* palléal* profond atteint le milieu de la valve.
Les siphons inhalant et exhalant sont séparés sur toute leur longueur. Ils sont en général disposés verticalement côte à côte. L’inhalant est deux fois plus long que l’exhalant.
L’ouverture du siphon inhalant est frangée de tentacules* complexes à ramifications pennées* disposées en trois séries : 6 primaires, 6 secondaires et 12 tertiaires. Celle du siphon exhalant est de structure plus simple, ne portant que six tentacules disposés en une seule série. Comme chez les Tellinoïdes il n’y a pas de membrane valvulaire.
Donax trunculus Linnaeus, 1758 : la taille est souvent plus grande et la coquille, d’aspect plus lisse, ne comporte pas de sillons longitudinaux. Cette espèce est absente en Manche et en mer du Nord.
Donax variegatus (Gmelin, 1791) : la coquille forme un triangle plus allongé et le bord ventral est lisse au toucher. Sa taille est également plus grande.
Moerella donacina (Linnaeus, 1758) : cette telline a une forme moins anguleuse. Son biotope* est différent car elle préfère les sables grossiers. Sa couleur blanchâtre avec des rayons roses est nettement différente. Les dents près de la charnière ne sont pas identiques à celles des donaces.
Ce filtreur* suspensivore* actif aspire les particules organiques et le phytoplancton* en suspension à l’aide de ses longs siphons. Contrairement aux autres Tellinoïdes, le siphon inhalant n’explore pas, il reste presque immobile.
Les tentacules, apparemment, ne servent pas au filtrage comme chez les autres suspensivores. Les cils sur les branchies créent un courant d'eau ; cette dernière entre par le siphon inhalant, est filtrée par les branchies puis ressort par le siphon exhalant. Ce circuit d'eau lui permet d'assurer les fonctions de nutrition, de respiration et d'excrétion.
Cette espèce semble se nourrir en permanence.
Donax vittatus est une espèce gonochorique* qui peut se reproduire lorsque l'individu mesure plus de 2 cm. La maturité sexuelle débute bien souvent au printemps lorsque l'eau commence à se réchauffer et la reproduction a lieu en été.
Chez la plupart des individus, les gonades* régressent à l’automne et en hiver avec la diminution de la température et des ressources alimentaires. Elles se développent rapidement au printemps pour être matures pendant tout l’été. Il y a synchronisation entre les individus d’une même population. Le frai peut se produire à intervalles réguliers tout au long de l'été alors que les animaux ont des gonades matures.
Comme la plupart des mollusques, la ponte peut être provoquée par un stress (choc thermique ou salin), les gamètes* sont alors expulsés par le siphon exhalant. La fécondation est externe (en pleine eau), les œufs mesurent environ 70 µm de diamètre. Après la fécondation ils mesurent environ 80 µm de diamètre. Ils ont un chorion* mince et ne sont pas protégés. Le développement larvaire est planctotrophique* et la période larvaire dure 3 à 4 semaines.
Après une courte période de vie planctonique*, les œufs donnent naissance à des larves* trochophores* qui vont se métamorphoser ensuite en larves véligères* avant de se poser après quelques semaines sur le fond et d’adopter une vie benthique*.
Ce donace est un mets de choix pour de nombreux oiseaux qui fréquentent les grandes plages de sable comme les macreuses (Melanitta spp.) ou les eiders à duvet, Somateria mollissima (Linnaeus, 1758).
Cette espèce est également la proie, à marée haute, de nombreux prédateurs qui consomment tout l’animal ou seulement les siphons. Les premiers incluent des gastéropodes perceurs Euspira nitida (Donovan, 1804) et E. catena (da Costa, 1778), les seconds des crustacés, Crangon crangon (Linnaeus, 1758), Carcinus maenas (Linnaeus, 1758) et Liocarcinus holsatus (Fabricius, 1798)] et des poissons plats Pleuronectes platessa Linnaeus, 1758, Limanda limanda (Linnaeus, 1758) et Platichthys flesus (Linnaeus, 1758).
D’après Dollfuss 1912, la région postérieure de la coquille, vers le ligament, peut servir de point de fixation, à des touffes d’algues et d’hydraires (Ulva compressa, Ulva lactuca, Ceramium virgatum, Sphacelaria radicans, Campanularia flexuosa, Clytia johnstoni).
Dans la coquille, on note la présence possible de Pinnotheres pisum (Linnaeus, 1767) et de parasites très divers comme la métacercaire Gymnocephallus somateriae Levinsen, 1881 qui parasite les oiseaux consommateurs.
La durée de vie de Donax vittatus dépend de sa vitesse de croissance. Les D. vittatus en Europe ont une courte durée de vie (3 ans) à l'extrémité sud de leur aire de répartition géographique, mais la longévité augmente aux latitudes élevées et peut atteindre 6 - 7 ans dans les populations nordiques du fait de leur lent taux de croissance.
Chez D. vittatus, une augmentation de la mortalité peut survenir au printemps lorsque les réserves atteignent leur niveau le plus bas de l'année.
Cette espèce vivant juste sous la surface des sédiments elle est souvent délogée par l'action des vagues. Son pied large et puissant lui permet de se réenfouir immédiatement et donc de réduire le danger de prédation.
On a observé que ce donace profitait des marées montante et descendante pour se déplacer.
C’est une espèce comestible récoltée au râteau. Elle est consommée crue ou cuite, seule poêlée ou pour agrémenter certains plats (paella). Son goût est très délicat, un peu sucré.
Les Donax vittatus sortent du sable juste avant et après l'étale de marée basse et se déplacent par sauts, en rampant ou sont déplacés par les mouvements de l'eau. Les siphons peuvent être déployés dans le film d’eau pour assurer des échanges à ce moment.
Les Donaces comme les autres Tellinacés possèdent un organe sensoriel (l’organe sensoriel du muscle cruciforme) qui contient deux types de cellules sensorielles, l’un ayant une sensibilité à la vibration, l’autre à la stimulation chimique. Contrairement à la plupart des Tellinacés où la capsule sensorielle de cet organe s’ouvre dans la cavité siphonale, chez Donax la capsule est fermée, donnant la possibilité d’une plus grande sensibilité.
La mortalité augmente considérablement quand la salinité baisse en dessous de 20 pour mille.
Des études sur le terrain ont confirmé que les populations de Donax sont sensibles à la pollution par les hydrocarbures. Après l'échouement du pétrolier Amoco-Cadiz sur la côte bretonne, D. vittatus fait partie des espèces gravement touchées par l'échouement du déversement de pétrole sur les plages. Il avait complètement disparu des plages affectées où il était auparavant abondant, mais l'espèce a récemment commencé à réapparaître dans les mêmes zones.
La densité de population dans certaines zones peut dépasser 5000 individus/m2.Selon l’arrêté ministériel du 29 janvier 2013 la taille minimale de capture des Donax spp. pour la pêche à pied est de 2,5 cm sur les côtes françaises de la mer du Nord, Manche et Atlantique. Il n’y a pas de réglementation en vigueur pour cette espèce en Méditerranée, seul Donax trunculus est sujet à quotas ou interdiction aux pêcheurs de loisirs.
La pêche professionnelle artisanale est pratiquée avec des dragues à main tractées exclusivement par la force humaine. Ces dragues de 1 m de largeur environ sont munies d’un tamis permettant de récolter les coquilles supérieures à 2,5 cm, taille légale. Ces pratiques valent aussi bien pour Donax vittatus que pour les autres Donax ou les tellines.
Donace : francisation du nom de genre en latin.
des canards : nourriture préférée des canards macreuses.
Donax : du grec [dónacos] = roseau, anche, cornemuse. La forme de la coquille rappelle l’instrument de musique, les siphons, les tuyaux mélodiques.
vittatus : mot latin = orné de bandelettes, de rubans ou du latin [vitta] = bande et le suffixe (-atus] = avec. La coquille de couleur brun jaunâtre possède plusieurs zones régulières transversales de couleur violet pâle.
Termes scientifiques | Termes en français | Descriptif | |
---|---|---|---|
Embranchement | Mollusca | Mollusques | Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies. |
Classe | Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda | Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes | Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire. |
Sous-classe | Heterodonta | Hétérodontes | Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis. |
Famille | Donacidae | Donacidés | Coquille triangulaire cunéiforme, ligament externe, sinus palléal profond. |
Genre | Donax | ||
Espèce | vittatus |
Sur l'estran
Grand individu de 37 mm, découvert en 1980 sur un fond de sable.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circaliitoral
10/10/2016
Valves en épave
Les deux valves de cette donace sont inéquilatérales et parfaitement symétriques.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circalittoral
10/10/2016
Intérieur d’une valve
L'intérieur de la coquille est blanc, teinté de violet près du sommet.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circalittoral
10/10/2016
Dents cardinales
La valve gauche possède 2 dents cardinales, l’antérieure bifide, la postérieure saillante.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circalittoral
10/10/2016
Charnière de la valve droite
La valve droite possède 2 petites dents cardinales et 2 latérales postérieures.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circalittoral
12/10/2016
Vue dorsale
Sur cette vue dorsale on distingue la lunule et le ligament externe, petit et brun.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circalittoral
12/10/2016
Bord crénelé
Le bord ventral est crénelé.
Merlimont plage, Côte d'Opale (62), circalittoral
12/10/2016
Périostracum
Le périostracum, de couleur jaune-verdâtre à brunâtre, est fin et vernissé.
Plage de Nieuport, Flandre-Occidentale, Belgique, en eau peu profonde
10/10/2016
Siphons
Les siphons inhalant et exhalant sont séparés sur toute leur longueur. Ils sont en général disposés verticalement côte à côte.
Baie de Saint-Brieuc (22), médiolittoral inférieur
05/11/2010
Gravure ancienne coloriée
Les 3 espèces de Donax vivant sur les côtes françaises.
Gravure coloriée extraite de l'ouvrage de Ph. Dautzenberg : Atlas de
poche des coquilles des côtes de France, édité en 1913 par Léon Lhomme,
Librairie des sciences naturelles de Paris.
Reproduction de documents anciens
1913
Gravure ancienne
L’ouverture du siphon inhalant (en bas) est frangée de tentacules complexes à ramifications pennées, celle du siphon exhalant (en haut) est de structure plus simple.
Gravure extraite de l’ouvrage : History of British Mollusca and their shells (plate K, fig. 7).
Reproduction de documents anciens
1853
Rédacteur principal : Philippe LE GRANCHÉ
Correcteur : Yves MÜLLER
Responsable régional : Philippe LE GRANCHÉ
Quéro J.C., 1992, Les algues et invertébrés marins des pêches françaises, Institut français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, Direction des ressources vivantes, département ressources halieutiques, 2, 135p.
Ansell A.D., 1983, The Biology of the Genus Donax, Sandy Beaches as Ecosystems, Based on the Proceedings of the First International Symposium on Sandy Beaches, held in Port Elizabeth, South Africa, 607-635.
Dollfuss R., 1912, Une métacercaire margaritigène parasite de Donax vittatus Da Costa, Contribution à l'étude des trématodes marins des côtes du Boulonnais, Mémoires de la Société zoologique de France, 25, 85-144.
La page de Donax vittatus dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel : INPN
La page de Donax vittatus sur le site de référence de DORIS pour les mollusques est ici : MolluscaBase