Donace des canards

Donax vittatus | (da Costa, 1778)

N° 4295

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Clé d'identification

2 valves inéquilatérales et symétriques
Forme de triangle rectangle
Sculpture en treillis
Bord ventral crénelé
Couleur généralement vert olive
Rayons radiaux plus clairs
Périostracum fin et vernissé
Intérieur de la coquille de couleur blanche
2 dents latérales et 2 dents cardinales sur chaque valve
Sinus palléal profond

Noms

Autres noms communs français

Olive de mer, haricot de mer, douceron ou blanchette (nord de la France), flion, fléot, fléon (Manche), pignon (Vendée), lusette ou luisette (île d’Oléron), tenouille, cébète ou lagagnon (Sud-Ouest), trialle, tanille, tenille, truille (Méditerranée). Il faut noter que ces noms vernaculaires sont employés conjointement pour toutes les espèces métropolitaines de Donax.

Noms communs internationaux

Banded wedge-shell, banded donax (GB), Sägezähnchen, gebänderte Stumpfmuschel, gebänderte Sägemuschel, gebänderte Dreiecksmuschel (D), Zaagje, gewone zaagje (NL), Kilemusling (DK)

Synonymes du nom scientifique actuel

Cuneus vittatus da Costa, 1778
Donax anatinus
Lamarck, 1818
Donax ruber
Turton, 1822
Donax atlanticus
Hidalgo, 1867

Distribution géographique

Mer du Nord, Manche, Atlantique Nord-Est, Méditerranée

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Atlantique Nord-Est, Manche et mer du Nord françaises]

C’est une espèce commune qui habite toutes les côtes occidentales de l’Europe : du nord de la Suède en mer de Barentz au sud du Portugal en Atlantique Nord-Est. Sur les côtes françaises on peut le voir de la frontière belge à la frontière espagnole. Elle est également présente sur la côte occidentale de l’Afrique du Maroc à la Mauritanie ainsi qu’aux îles Canaries. Sa présence en Méditerranée est beaucoup plus rare.

Biotope

Ce donace est rencontré souvent abondamment sur les grandes plages de sable fin des étages médiolittoral* inférieur et infralittoral* jusqu’à 20 m de profondeur environ. Il vit le plus souvent enfoncé verticalement dans le sable, les deux siphons dépassant seuls à la surface du sédiment. Parfois on peut le voir directement posé à la surface du sable. Cependant, quand il est dérangé ou à marée basse, il peut s’ensabler rapidement.

Description

La coquille, très mince, est formée de 2 valves inéquilatérales* mais parfaitement symétriques. Elle a la forme d’un triangle rectangle, le sommet déporté vers l’arrière. Le dos tronqué se termine en pointe, l’avant est plus ou moins arrondi. Sa longueur mesure en moyenne 20 à 30 mm et ne dépasse pas 40 mm, sa hauteur est de 16 mm environ. Sa sculpture consiste en de fines lignes rayonnantes qui partent du sommet vers le bord ventral entrecoupées de lignes de croissance donnant un aspect général de treillis.

La coquille est de couleur blanchâtre, jaunâtre, vert olive à brune avec parfois des bandes concentriques mauves. Des rayons radiaux plus clairs sont visibles le plus souvent. Elle est recouverte d’un périostracum* fin et vernissé de couleur jaune-verdâtre à brunâtre. L’intérieur est de couleur blanche légèrement coloré de violet avec parfois des teintes jaunes ou orange.

Le bord ventral est crénelé faisant penser aux dents d’une scie.

Le ligament*, près du sommet, est petit, allongé et brun foncé. La valve droite possède 2 dents cardinales*, la postérieure assez grosse et bifide, l’antérieure courte et en forme d’arête ; 2 dents latérales* postérieures et une antérieure. La valve gauche arbore 2 dents cardinales plutôt fines dont l’antérieure est bifide*, une dent latérale antérieure et une postérieure. L’empreinte musculaire est peu visible, le sinus* palléal* profond atteint le milieu de la valve.

Les siphons inhalant et exhalant sont séparés sur toute leur longueur. Ils sont en général disposés verticalement côte à côte. L’inhalant est deux fois plus long que l’exhalant.

L’ouverture du siphon inhalant est frangée de tentacules* complexes à ramifications pennées* disposées en trois séries : 6 primaires, 6 secondaires et 12 tertiaires. Celle du siphon exhalant est de structure plus simple, ne portant que six tentacules disposés en une seule série. Comme chez les Tellinoïdes il n’y a pas de membrane valvulaire.

Espèces ressemblantes

Donax trunculus Linnaeus, 1758 : la taille est souvent plus grande et la coquille, d’aspect plus lisse, ne comporte pas de sillons longitudinaux. Cette espèce est absente en Manche et en mer du Nord.

Donax variegatus (Gmelin, 1791) : la coquille forme un triangle plus allongé et le bord ventral est lisse au toucher. Sa taille est également plus grande.

Moerella donacina (Linnaeus, 1758) : cette telline a une forme moins anguleuse. Son biotope* est différent car elle préfère les sables grossiers. Sa couleur blanchâtre avec des rayons roses est nettement différente. Les dents près de la charnière ne sont pas identiques à celles des donaces.

Alimentation

Ce filtreur* suspensivore* actif aspire les particules organiques et le phytoplancton* en suspension à l’aide de ses longs siphons. Contrairement aux autres Tellinoïdes, le siphon inhalant n’explore pas, il reste presque immobile.
Les tentacules, apparemment, ne servent pas au filtrage comme chez les autres suspensivores. Les cils sur les branchies créent un courant d'eau ; cette dernière entre par le siphon inhalant, est filtrée par les branchies puis ressort par le siphon exhalant. Ce circuit d'eau lui permet d'assurer les fonctions de nutrition, de respiration et d'excrétion.
Cette espèce semble se nourrir en permanence.

Reproduction - Multiplication

Donax vittatus est une espèce gonochorique* qui peut se reproduire lorsque l'individu mesure plus de 2 cm. La maturité sexuelle débute bien souvent au printemps lorsque l'eau commence à se réchauffer et la reproduction a lieu en été.
Chez la plupart des individus, les gonades* régressent à l’automne et en hiver avec la diminution de la température et des ressources alimentaires. Elles se développent rapidement au printemps pour être matures pendant tout l’été. Il y a synchronisation entre les individus d’une même population. Le frai peut se produire à intervalles réguliers tout au long de l'été alors que les animaux ont des gonades matures.

Comme la plupart des mollusques, la ponte peut être provoquée par un stress (choc thermique ou salin), les gamètes* sont alors expulsés par le siphon exhalant. La fécondation est externe (en pleine eau), les œufs mesurent environ 70 µm de diamètre. Après la fécondation ils mesurent environ 80 µm de diamètre. Ils ont un chorion* mince et ne sont pas protégés. Le développement larvaire est planctotrophique* et la période larvaire dure 3 à 4 semaines.

Après une courte période de vie planctonique*, les œufs donnent naissance à des larves* trochophores* qui vont se métamorphoser ensuite en larves véligères* avant de se poser après quelques semaines sur le fond et d’adopter une vie benthique*.

Vie associée

Ce donace est un mets de choix pour de nombreux oiseaux qui fréquentent les grandes plages de sable comme les macreuses (Melanitta spp.) ou les eiders à duvet, Somateria mollissima (Linnaeus, 1758).

Cette espèce est également la proie, à marée haute, de nombreux prédateurs qui consomment tout l’animal ou seulement les siphons. Les premiers incluent des gastéropodes perceurs Euspira nitida (Donovan, 1804) et E. catena (da Costa, 1778), les seconds des crustacés, Crangon crangon (Linnaeus, 1758), Carcinus maenas (Linnaeus, 1758) et Liocarcinus holsatus (Fabricius, 1798)] et des poissons plats Pleuronectes platessa Linnaeus, 1758, Limanda limanda (Linnaeus, 1758) et Platichthys flesus (Linnaeus, 1758).

D’après Dollfuss 1912, la région postérieure de la coquille, vers le ligament, peut servir de point de fixation, à des touffes d’algues et d’hydraires (Ulva compressa, Ulva lactuca, Ceramium virgatum, Sphacelaria radicans, Campanularia flexuosa, Clytia johnstoni).

Dans la coquille, on note la présence possible de Pinnotheres pisum (Linnaeus, 1767) et de parasites très divers comme la métacercaire Gymnocephallus somateriae Levinsen, 1881 qui parasite les oiseaux consommateurs.

Divers biologie

La durée de vie de Donax vittatus dépend de sa vitesse de croissance. Les D. vittatus en Europe ont une courte durée de vie (3 ans) à l'extrémité sud de leur aire de répartition géographique, mais la longévité augmente aux latitudes élevées et peut atteindre 6 - 7 ans dans les populations nordiques du fait de leur lent taux de croissance.

Chez D. vittatus, une augmentation de la mortalité peut survenir au printemps lorsque les réserves atteignent leur niveau le plus bas de l'année.

Cette espèce vivant juste sous la surface des sédiments elle est souvent délogée par l'action des vagues. Son pied large et puissant lui permet de se réenfouir immédiatement et donc de réduire le danger de prédation.

Informations complémentaires

On a observé que ce donace profitait des marées montante et descendante pour se déplacer.

C’est une espèce comestible récoltée au râteau. Elle est consommée crue ou cuite, seule poêlée ou pour agrémenter certains plats (paella). Son goût est très délicat, un peu sucré.

Les Donax vittatus sortent du sable juste avant et après l'étale de marée basse et se déplacent par sauts, en rampant ou sont déplacés par les mouvements de l'eau. Les siphons peuvent être déployés dans le film d’eau pour assurer des échanges à ce moment.

Les Donaces comme les autres Tellinacés possèdent un organe sensoriel (l’organe sensoriel du muscle cruciforme) qui contient deux types de cellules sensorielles, l’un ayant une sensibilité à la vibration, l’autre à la stimulation chimique. Contrairement à la plupart des Tellinacés où la capsule sensorielle de cet organe s’ouvre dans la cavité siphonale, chez Donax la capsule est fermée, donnant la possibilité d’une plus grande sensibilité.

La mortalité augmente considérablement quand la salinité baisse en dessous de 20 pour mille.

Des études sur le terrain ont confirmé que les populations de Donax sont sensibles à la pollution par les hydrocarbures. Après l'échouement du pétrolier Amoco-Cadiz sur la côte bretonne, D. vittatus fait partie des espèces gravement touchées par l'échouement du déversement de pétrole sur les plages. Il avait complètement disparu des plages affectées où il était auparavant abondant, mais l'espèce a récemment commencé à réapparaître dans les mêmes zones.

La densité de population dans certaines zones peut dépasser 5000 individus/m2.

Statuts de conservation et réglementations diverses

Selon l’arrêté ministériel du 29 janvier 2013 la taille minimale de capture des Donax spp. pour la pêche à pied est de 2,5 cm sur les côtes françaises de la mer du Nord, Manche et Atlantique. Il n’y a pas de réglementation en vigueur pour cette espèce en Méditerranée, seul Donax trunculus est sujet à quotas ou interdiction aux pêcheurs de loisirs.

La pêche professionnelle artisanale est pratiquée avec des dragues à main tractées exclusivement par la force humaine. Ces dragues de 1 m de largeur environ sont munies d’un tamis permettant de récolter les coquilles supérieures à 2,5 cm, taille légale. Ces pratiques valent aussi bien pour Donax vittatus que pour les autres Donax ou les tellines.

Origine des noms

Origine du nom français

Donace : francisation du nom de genre en latin.

des canards : nourriture préférée des canards macreuses.

Origine du nom scientifique

Donax : du grec [dónacos] = roseau, anche, cornemuse. La forme de la coquille rappelle l’instrument de musique, les siphons, les tuyaux mélodiques.

vittatus : mot latin = orné de bandelettes, de rubans ou du latin [vitta] = bande et le suffixe (-atus] = avec. La coquille de couleur brun jaunâtre possède plusieurs zones régulières transversales de couleur violet pâle.

Classification

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Mollusca Mollusques Organismes non segmentés à symétrie bilatérale possédant un pied musculeux, une radula, un manteau sécrétant des formations calcaires (spicules, plaques, coquille) et délimitant une cavité ouverte sur l’extérieur contenant les branchies.
Classe Bivalvia / Lamellibranchia / Pelecypoda Bivalves / Lamellibranches / Pélécypodes Mollusques aquatiques, filtreurs, au corps comprimé latéralement. Coquille composée de 2 valves articulées disposées de part et d’autre du plan de symétrie. Absence de tête, de pharynx, de radula et de glande salivaire.
Sous-classe Heterodonta Hétérodontes Charnière à dents dissociées. Siphon bien développé permettant aux organismes de se nourrir et de respirer tout en restant enfouis.
Famille Donacidae Donacidés Coquille triangulaire cunéiforme, ligament externe, sinus palléal profond.
Genre Donax
Espèce vittatus

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